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Cocktail et jupe courte...

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Message  Invité Sam 5 Sep - 17:21

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Prénom : Ann-Katrin
Nom : Schaeffer
Surnom : Ann, Kat ou Kyttie ( Katrina pour les intimes ^^ )
Âge : 24 ans

Epoque et lieu de naissance : 2026, Berlin, Allemagne.

Référent Voyageur : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Physique, Caractère :

Ann-Katrin est une belle femme. Son visage est encadré par de longs cheveux noirs dont elle prend religieusement soin. Sa peau est douce, légèrement dorée. Elle a de petits yeux noirs pétillants de malice, et un sourire coquin presque toujours collé sur ses lèvres pulpeuses. Ann est le genre de femme qui attire les regards. Elle se dessine sous des courbes très avantageuses, et s’en sert. Elle n’est pas très grande, mais assez jolie pour avoir été mannequin malgré ces quelques centimètres manquants.

Ann est une femme sulfureuse, au tempérament de feu. Elle est un peu comme une grande enfant, n’hésitant pas à faire du chantage affectif à ses amies, ou à faire des caprices quand elle n’obtient pas ce qu’elle veut. Elle est très optimiste, et presque toujours souriante. Les rares fois où ce sourire déserte son visage, mieux vaut ne pas se tenir trop près d’elle : elle mord, littéralement. Elle est très entière dans ses sentiments, autant les bons que les mauvais. Elle est têtue. Très têtue. Elle a un caractère dominant et a besoin d’être respectée, et admirée de son entourage. Elle se veut un peu le soleil de son propre système. Elle a besoin d’attirer l’attention, et tout particulièrement celle des hommes, qu’elle collectionne : elle est légèrement nymphomane.

Métier exercé : Serveuse au restaurant "Le Matrix" sur Néo New York.

Histoire :

- Les jeunes années -

Les parents d’Ann-Katrin ne voulaient pas d’enfant. Alors quand sa mère apprit qu’elle était enceinte, elle décida d’avorter. Ann devait sa naissance à un stupide accident, un test raté à l’hôpital qui avait fait croire à sa mère qu’elle risquait la mort si elle se débarrassait de l’enfant. Elle le garda donc, sans jamais apprendre que ce test ne lui avait, en fait, jamais été destiné.

Le bébé fut mis au monde un premier Août, sous le soleil brûlant de l’été. On lui donna le prénom de sa grand-mère, parce qu’il fallait bien qu’elle ait un nom, et aussitôt l’on chercha une nourrice. Il fallait dire que cette naissance n’était véritablement pas la bienvenue, et les neufs mois d’attente n’y avaient rien changé. Les parents de la petite Ann n’avaient pas changé d’avis, mais avaient eu au moins la bonté d’âme de ne pas abandonner l’enfant. La première fois que madame Shaeffer prit sa fille dans ses bras, elle fut malheureuse de constater qu’en plus d’être  indésirable, ce petit être était fort laid, et elle haussa les yeux au ciel, songeant à ce qu’elle pourrait bien faire pour éviter à sa fille de souffrir de ce physique ingrat. Certes, ce n’étaient pas là les premières pensées habituelles d’une maman, mais on ne pouvait pas dire que celle-ci soit une véritable « maman », seulement une femme ayant accouché d’un petit humain. Aussi ne prit-elle pas de congé spécial pour célébrer cette naissance, préférant retourner à son travail.

Monsieur Schaeffer, Gregor de son prénom, travaillait dans l’entretient des Néo-Cités. Il prenait chaque matin le grand ascenseur qui montait au cœur de Néo Berlin, jusqu’au sommet, où il était en charge, avec ses collègue, de vérifier l’état des projecteurs, des systèmes de protection, du champ de force, du ciel artificiel, et autres technologies luxueuses propres aux Néo-Cités. Il gagnait plutôt bien sa vie, mais avait la fâcheuse habitude de parier, et de boire, aussi ne ramenait-il pas grand chose au domicile conjugal. Gregor n’aimait pas les enfants. Il trouvait ces derniers dégoûtants, et coûteux, et encombrants. Avoir Ann n’était pas une excellente surprise. Mais malgré ses nombreux défauts il aimait sincèrement sa femme, et il n’avait pas hésité à transformer son bureau en pouponnière quand il avait été question qu’elle puisse mourir. Il préférait un bébé et sa femme que de perdre les deux.

Madame Schaeffer, elle, c’était une autre histoire. Maike Shaeffer, née Bräun était l’ainée de treize enfants. Sa mère était morte en donnant naissance à la dernière, et par conséquent, Maike s’était vue endosser à vingt-deux ans le rôle de maman de rechange, et plus ou moins élevé seule la fratrie. Rencontrer Gregor avait été un souffle de liberté pour elle, mais elle s’était promis de n’avoir jamais plus à changer de couches, ou chanter de berceuses. Depuis ses dix-sept ans, la mère d’Ann-Katrin travaillait dans un restaurant de la capitale allemande. Elle n’aimait pas forcément faire le service, mais elle n’avait pas fait beaucoup d’études, et ce poste avait été une chance pour elle : le restaurant appartenait aux parents de sa meilleure amie, laquelle avait insisté pour qu’elle soit prise sans faire état de son absence totale de diplômes. Elle ne gagnait pas grand chose, mais assez pour payer sa part des frais quotidiens, et s’offrir un petit plaisir de temps en temps. Le hobby de Maike, c’était la mode. Elle avait toujours apprécié les vêtements luxueux, les belles chaussures, les accessoires en abondance, le monde des défilés et les silhouettes filiformes des mannequins sur les podiums. Elle aimait les belles choses, admirait les belles femmes. Elle aurait rêvé faire carrière dans le mannequinat. Oui mais voilà, elle n’avait pas le physique pour, et ses quelques tentatives s’étaient soldées par des déceptions. Quand elle avait appris pour sa grossesse, madame Schaeffer avait immédiatement eu peur de perdre sa taille de guêpe. C’était d’ailleurs l’une des raisons, en plus du fait qu’elle sortait à peine du calvaire d’élever ses frères et sœurs, qui l’avaient poussée à ne pas vouloir garder l’enfant. L’obligation de mener cette grossesse à terme l’avait anéantie. Elle disait au revoir à sa liberté, et bonjour aux kilos qu’elle ne perdrait jamais. Non, vraiment, elle ne pourrait jamais aimer cette chose qui allait sortir d’elle. En voyant par la suite que ce bébé était, pour ainsi dire, vraiment moche, elle avait été attristée de se rendre compte qu’elle ne pourrait même pas avoir le bonheur de faire de sa fille l’accomplissement de ses rêves d’enfant. Mais pouvait-on lui en vouloir, elle avait oublié que peu de bébés tout juste nés pouvaient se vanter d’être esthétiquement agréables. Ainsi, les premières années de la fillette ne furent pas comblées d’amour, ou peut-être heureusement par celui de sa nourrice qui la chouchoutait.

En plus d’avoir choisi cette étrange famille pour naître, Ann avait eu la bonne idée de se faire « enfant du continent ». Ce qui signifiait qu’elle était née sur la terre ferme, et non sur l’une des Néo-Cités. Et donc, qu’elle appartenait à une caste inférieure, et qu’elle ne profiterait pas des privilèges que connaissaient les « enfants des nuages ». Dans son monde à elle, le temps se déréglait chaque année un peu plus. Le soleil se faisait plus chaud, les nuits plus froides, l’argent était rare, la nourriture aussi. Parfois même, l’eau était coupée durant quelques jours. Bref, ce n’était pas la joie.

Heureusement pour elle - ou pour Maike, allez savoir -, en grandissant Ann devint une petite fille tout à fait charmante, voir même plutôt jolie. Sa mère n’y fit pas véritablement attention les premières années, car à vrai dire elle ne faisait pas vraiment attention à sa fille en règle générale. Sa nourrice, elle en revanche ne s’y trompa pas. Cette petite allait devenir une femme sulfureuse. Cet avantage notable lui apporta la préférence des professeurs à l’école, et l’envie de ses camarades, ce qui fit aussi qu’elle fut très vite entourée de toute une ribambelle de têtes blondes qui se prétendaient ses amis. C’est dans sa troisième année de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qu’elle rencontra sa première véritable amie.

Elles avaient neuf ans toutes les deux, dans la même classe depuis toujours, mais elles ne se découvrirent que cette année là, durant un voyage scolaire exceptionnel : leur classe était invitée à visiter la plateforme de Néo Berlin. Elles s’étaient retrouvées dans le même groupe de visite, lequel avait été par un amusant hasard, confié à la garde du père d’Ann-Katrin. Les camarades de la jeune fille furent bien sûr tous émerveillés d’apprendre que le papa de leur camarade passait ses journées à astiquer les circuits de la Néo-Cité. Et cette petite Shelly Blanchard tout particulièrement.

Shelly était née en France, sur la plateforme de Néo Paris. Ses parents y avaient vécu un temps, mais ils avaient rapidement déménagés, car ils étaient de grands romantiques et que leur but dans la vie était de faire le tour du monde. Ils ne comptaient plus les déménagements, mais il était certain qu’ils avaient déjà posé le pied dans au moins chaque pays du monde. Berlin était la cinquième ville que voyait la petite Blanchard, et elle s’y plaisait bien. C’était d’ailleurs la première fois que la famille restait aussi longtemps au même endroit. Ils prévoyaient de rester jusqu’à la fin de la Grundschule, ce qui voulait dire jusqu’aux douze ans de leur fille. Cette idée n’avait jamais dérangé Shelly, qui aimait les voyages surement autant que ses parents. Mais cette rencontre avec Ann-Katrin Schaeffer allait changer sa vie.

Le lendemain de la fameuse visite, elle se présenta à Ann, arborant son plus beau sourire. La brune lui rendit son sourire, habituée à être admirée. Mais elle ne s’attarda pas vraiment, car Shelly n’avait pas le profil des enfants qui lui tournaient autour. La preuve en était que depuis trois années qu’elles fréquentaient la même classe, elles ne connaissaient même pas le prénom de l’autre. Pour Ann, Shelly était « la petite rousse qui dort au fond de la classe le jeudi matin ». Oui parce que le mercredi était pour la petite fille une journée pleine en émotions : c’était la journée de visite des alentours avec ses parents. Elle se couchait toujours très tard, et était toujours fatiguée le jeudi matin. Un peu intimidée, la rouquine tendit une main mal assurée à sa camarade.

- Salut. Je m’appelle Shelly. Je sais qu’on n’a jamais vraiment parlé toutes les deux, mais j’aimerais bien remédier à ça, si tu n’y vois pas d’inconvénient ?

Ann avait trouvé que Shelly avait un accent très amusant, et n’avait vu aucun problème à ajouter une tête à son harem amical. Alors elle avait accepté. De ce jour là, les deux petites étaient devenues inséparables. Elles se racontaient tout, leurs secrets, leurs coups durs, leurs petits bonheurs, tout. C’est ainsi qu’Ann apprit qu’il existait en ce monde des parents aimants, soucieux de la vie de leur enfant et attentionnés ; et Shelly apprit ce que signifiait l’expression « être invisible », qu’il existait une mauvaise liberté, et que tous les parents n’étaient pas de gros bisounours.

Il y avait une chose chez Ann qui avait le don d’énerver prodigieusement son amie rousse. En effet la jeune fille était très belle. Elle avait de longs cheveux noirs, un regard profond, une peau dorée, un sourire coquin, bref, tout ce que elle, Shelly, n’avait pas, et elle en jouait. Oui, c’était en effet son droit de mettre à profit ce cadeau de la nature, mais elle en jouait trop, et ça, Shelly se disait que ça finirait par lui jouer des tours. Elle s’amusait à se maquiller pour paraître plus grande que son âge, elle s’habillait de façon peu recommandable, et même « draguait » des garçons. Ce n’était pas tous les jours bien sur, car malgré tout Ann était une bonne élève, mais souvent les deux filles sortaient en ballade dans la capitale, faisaient du lèche vitrine, et même parfois des essayages comme les grandes stars. C’était amusant. La brune en profitait pour raconter les rêves de sa mère d’être mannequin. Elle disait qu’elle voulait devenir célèbre, pour qu’enfin Maike s’intéresse à elle. Elle voulait que sa maman soit fière d’elle. Mais bien entendu, ça n’était dans leurs têtes de petites filles que de vagues rêves qui se dessinaient au loin.

Il faut bien comprendre que sur le sol, la vie n’est pas celle que l’on mène en haut, sur les cités. En bas, ce ne sont que les petites gens, ou les marginaux. Les stars, eux, ceux aux grands destins, ils vivent tous sur les plateformes. C’est normal d’ailleurs, c’est dans l’ordre des choses. Mais il faut alors intégrer que rien de formidable n’arrive plus en bas. Rien. Et les rêves d’enfants restent toujours des rêves d’enfants. Et pourtant.

C’était un jour banal, un de ceux où les deux amies avaient décidé de jouer les apprenties adultes, maquillées et perchées sur de hauts talons, défilant à travers les rayons des magasins, discutant de faux sujets empruntés aux grands. Elles étaient là, à regarder les robes, quand Shelly remarqua qu’un homme d’une trentaine d’année les observait. Ce regard insistant braqué sur elles lui donna des frissons dans le dos. Elle avait l’impression que quelque chose ne tournait pas rond. Alors elle pressa son amie à quitter la boutique, ce que cette dernière accepta de faire, non sans grogner avant. Une fois à l’abri du regard de l’homme, la rouquine se sentit mieux. Elle aurait voulu rentrer. Elle allait soumettre l’idée à Ann, quand la porte de la boutique s’ouvrit. C’était lui. Le type les avait suivies. Le sang ne Shelly ne fit qu’un tour alors qu’il approchait d’un pas rapide vers elles. C’était trop tard. Il allait se produire un malheur. Elle n’osa pas crier. Le brusque changement d’attitude de son amie fit tourner les yeux à Ann-Katrin, qui remarqua enfin l’inconnu qui s’approchait d’elles.

- Hé, les filles !

La brune n’était pas du genre peureuse. Et on ne lui avait jamais appris qu’il fallait se méfier des inconnus. Alors au lieu de prendre ses jambes à son cou, la petite fit un large sourire pour accueillir le nouveau venu.

- Bonjour !
- Salut. Vous n’êtes pas avec vos parents ?

Tout en posant la question, il avait fait mine de regarder autour de lui. Ann répondit qu’elles étaient seules, Shelly lui écrasa violemment le pied.

- Aie ! Mais t’es malade qu’est ce qui te prend ?!
- On ne doit pas parler aux inconnus,
chuchotta-t-elle.

L’homme fit un sourire tendre. Il glissa une main dans sa poche, et en tira une petite carte en carton rose qu’il donna à Ann.

- Ton amie a raison. Tiens, comme ça je ne serais plus vraiment un inconnu. Je m’appelle Hugo Flinn. Je dirige une agence de mannequinat. Et vous mademoiselle, dit-il à l’attention d’Ann, vous avez un très beau visage. Je pense que vous seriez un modèle parfait.

La petite avait des étoiles plein les yeux. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Est-ce que tout cela arrivait réellement ? Tenait-elle vraiment entre ses mains les coordonnées d’un « directeur d’agence de mannequinat » ? Cette journée avait soudainement un goût inhabituel : le goût du bonheur à venir. Enfin. Sa mère serait fière d’elle.

- Il y a mon numéro sur la carte. Parles-en à tes parents, et s’ils sont intéressés pour te faire passer un casting, qu’ils appellent. Je serais ravi de te revoir.

Puis il salua les deux enfants, et les laissa là sans plus d’explications.

Quand elle rentra chez elle, ce petit morceau de bonheur entre les doigts, qu’elle alla trouver sa mère qui fit un effort surhumain pour lui prêter ne serait-ce qu’un minimum d’attention, elle sentit que sa vie entière était sur le point de basculer. Elle se voyait déjà, habitant un appartement immense au cœur de Néo-Berlin, enchainant les défilés pour les plus grandes marques, gagnant plus d’argent qu’il ne lui en faudrait en une vie, adulée, respectée, et surtout, acclamée par ses parents qui seraient fiers d’elle. Elle rêvait de grandeur, elle rêvait d’un envol vers les cieux. Elle se disait que désormais, plus rien n’était impossible.

Maike fut transportée de joie en apprenant la nouvelle. Elle pensa même une nanoseconde qu’elle aimait sa fille, mais ce sentiment lui parut si étrange qu’elle oublia bien vite cet élan d’affection. Elle composa le numéro sur le carton le soir même, et Ann obtint son premier rendez-vous d’affaire dès le lendemain, sur Néo-Berlin. Pour l’événement, Maike prit un jour de congé pour accompagner sa fille. Le casting fut un exploit. La directrice d’une chaîne de grand luxe qui était présente voulut signer immédiatement pour s’approprier le visage de l’enfant. On fixa des tarifs exorbitants. Mais tout cela paraissait tout à fait normal. Le premier shooting aurait lieu la semaine suivante. Et après cela, tout s’enchaîna très vite. Ann-Katrin fut retirée du système scolaire normal, et fut inscrite à un programme de cours par correspondance : madame Schaeffer estimait que son enfant devait être toujours fraîche et reposée au cas où une séance se décidait à la dernière minute, il ne fallait donc plus qu’elle perde son temps sur des chaises de classe. Les premiers mois, Shelly et elle trouvaient du temps pour se voir, et elles ne voyaient pas vraiment la différence, car elles n’étaient que des enfants, et que pour les enfants le temps s’écoule bien plus vite. Mais avec le temps, les deux meilleures amies durent se voir moins souvent, et elles se manquaient l’une à l’autre sans pouvoir pourtant remédier à cette situation désagréable. Un soir où Ann fut autorisée à dormir chez son amie, celle-ci lui conseilla de s’enfuir. Mais Ann refusa catégoriquement. Ce n’était pas comme si elle appréciait réellement ce travail, mais sa mère lui portait enfin tout l’intérêt dont elle avait toujours rêvé. Elle l’avait même entendu dire à une de ses clientes que sa fille était « son plus beau trésor ». Oh, elle savait que tout était dû au mannequinat, mais ça lui faisait tant de bien. Alors elle préférait continuer cette hypocrisie que de risquer de tout perdre.

Suite à cette nuit de longue discussion, les visites de l’une à l’autre furent de moins en moins fréquentes. Ann ne sortait plus que pour se montrer aux journalistes et divers photographes. Sa vie était calquée sur du papier à musique. Elle devenait de plus en plus douée, et son visage était voulu dans le monde entier. Hugo, qui était devenu son agent, suggéra à la famille de laisser leur fille entreprendre des voyages de promotion. Il fallait vendre son image dans d’autres pays du monde.

- Un visage comme celui de Kitty, disait-il, il faut le montrer au monde entier !

Alors l’on décida qu’elle était assez grande pour entreprendre des tournées autour du globe.

La sixième année de Grundschule de Shelly touchait à sa fin. La jeune fille et ses parents préparaient le déménagement. Ils avaient choisi de s’installer au Canada, ayant trouvé un super plan immobilier vers Toronto. La jeune fille voulut en avertir son amie, mais en arrivant au domicile des Schaeffer, on l’informa que celle-ci n’était pas à la maison. La petite rousse se sentit trahie. Ann était partie sans la prévenir. Cette fois, elles s’éloignaient pour de bon.

- La maturation -

Ann et Shelly ne s’étaient plus jamais reparlé après l’incident de la visite chez les Schaeffer. Au départ, l’Allemande n’avait pas compris le silence de son amie, et au lieu de faire un pas vers elle en s’en préoccupant, elle prit la mouche et décida qu’elle pouvait très bien mener sa nouvelle vie sans elle. Après tout, maintenant elle était reconnue, et elle était épaulée par sa maman ! Elle avait bel et bien tout ce dont elle avait toujours rêvé.

Pourtant, les mois se succédant, l’argent s’accumulant dans ses poches, Ann-Katrin ne pouvait s’empêcher de penser qu’il lui manquait quelque chose, au fond. Une chose sur laquelle elle refusait obstinément de mettre un nom, car elle ne voulait pas s’avouer qu’elle avait pu manquer de discernement en choisissant de se fermer les portes de l’amitié. Alors elle s’efforçait de ne pas y penser. Ou plutôt, elle se jouait de ses sentiments, elle s’en servait pour être meilleure. Sur les plateaux, elle était d’un professionnalisme presque effrayant, car elle était parfois plus juste que d’autres mannequins ayant plus d’expérience. Elle brillait tant par sa beauté que par cette impression qui s’échappait de sa façon d’être, cette chose qui la rendait inaccessible. Mettant un pied après l’autre sur les podiums, elle s’imaginait que chaque personne du public était l’une des têtes de son harem amical, et alors pendant un court instant, il lui semblait qu’elle n’était plus seule. Puis elle retournait en loge, elle regagnait sa chambre d’hôtel ou le domicile familial, et la supercherie tombait avec le rideau, et elle restait là, inerte des heures durant à fixer un plafond trop blanc, se demandant ce qui lui faisait tant de mal alors qu’elle aurait dû se sentir tellement épanouie. Parfois elle pleurait. Mais jamais elle ne permettait à sa conscience de discuter avec son subconscient, car elle savait qu’elle n’aimerait pas ce qu’elle entendrait alors.

Ce jour là était le deuxième jour d’Août 2042. Ann avait fêté ses seize ans la veille, sur un plateau de renommée mondiale à Néo Tokyo. Ce fut un grand moment, avec moult félicitations, profusion de champagne, et distribution de cadeaux hors de prix. Plus évidemment, comme dans toute soirée mondaine qui se respecte, des saladiers de drogue dure disposés un peu partout dans la salle. Au milieu de cette effervescence d’invités dont elle ne connaissait pas la moitié des visages, la jeune fille était restée assise, observant la décadence du monde des paillettes, et de plus en plus en proie à un tourment intérieur, terrassée par un vent glacé qui hurlait en elle, lui rappelant mesquinement qu’elle était à mille lieux de ce qu’elle avait rêvé pour son anniversaire. Oui. Enfin, pour ses seize ans, Ann s’était décidée à mettre un nom sur cette peine, et c’était le visage de la douce Shelly qui s’était imposé, un visage consterné et au regard semblant ne pas la reconnaître. C’est sûrement comme cela que son amie française l’aurait regardée à ce moment précis, entre les verres d’alcool, la musique trop forte, les tenues trop courtes, et les rails de coke abandonnés sur les tables. Tout cela ne leur ressemblait pas. Elle avait un peu honte, derrière son masque de froideur, honte de l’avoir laissé tomber. Voilà presque quatre années qu’elles ne s’étaient plus donné la moindre nouvelle. Quatre ans sans une vraie amie sur laquelle s’appuyer, c’était terriblement long. Et terriblement triste.

Cette seconde journée d’Août, donc, Ann la commençait seule, étendue comme à son habitude, enroulée dans les draps réchauffés par son sommeil, observant le lever de soleil artificiel sur les écrans de la bulle de Néo Tokyo. C’était magnifique, car ça ne ressemblait pas aux levers de soleils sur terre. Là, les plaques se teintaient progressivement de bleu pâle, puis de rose, lequel virait au rouge et explosait dans une multitude de tons orangés. Sur terre, ça ressemblait plus à un vieux néon d’entrepôt qui peinerait à s’allumer. L’Allemande était fatiguée. Elle avait peu dormi, et la journée approchante qu’elle savait chargée ne l’enthousiasmait absolument pas. C’est donc à contre cœur qu’elle se tira du lit. Elle noua rapidement ses cheveux, revêtit son jogging, et attrapa le petit sac dans lequel elle rangeait ses affaires de sport. Elle jeta un dernier regard à la baie vitrée, puis elle sortit de sa suite pour se diriger vers le complexe sportif de l’hôtel.

La journée avait été longue, et ennuyeuse, et la séance photo prévue dans la soirée ne semblait pas beaucoup plus palpitante. En se rendant au studio, Ann avait une sorte de mauvais feeling, comme une boule dans la gorge qui l’empêchait de respirer correctement. Elle ne savait pas vraiment pourquoi. Est-ce que les souvenirs de Shelly devenaient trop douloureux ? Est-ce que le manque de sommeil la ramollissait ? Est-ce que cet anniversaire étrange fanait sa bonne humeur ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Mais elle se sentait mal. En poussant la porte, elle découvrit le décor exotique mis en place pour les photos. Elle songea qu’elle avait un bleu sur la cuisse à cause d’une rencontre inopportune avec une table-ninja, et espéra ne pas avoir à poser en maillot de bain.

- Ouhou ? Y a quelqu’un ? lança-t-elle.

Hugo lui répondit qu’il arrivait, et lui demanda d’enfiler la robe posée sur le rocher en plastique. Sans réfléchir, la brune se déshabilla, attrapa le bout de tissu et le fit glisser sur sa peau. Au même moment, son manager fit son apparition, accompagné du photographe. On lui expliqua qu’il s’agissait d’un petit shooting, avec seulement trois tenues, pour un rajout de pages sur un magasine de collections légères. En effet, la robe qu’elle portait ressemblait plus à un T-shirt qu’à une robe véritablement. Seuls les matériaux très fluides indiquaient qu’il s’agissait d’un vêtement de nuit. Pendant qu’elle prenait les poses demandées par le photographe, Ann remarqua le regard particulièrement insistant d’Hugo. Elle se demanda si elle avait fait quelque chose de mal, et se promit de lui demander une fois la session close. En deux heures, le tout était bouclé. Hugo et Ann-Katrin se retrouvèrent seuls, et celui-ci en profita pour la féliciter du travail formidable qu’elle faisait chaque jour. Elle lui sourit, plaisanta un peu. Mais elle était toujours fatiguée et tendue, et elle ne fit pas vraiment attention quand il se rapprocha d’elle, un peu plus que d’habitude. Elle ne pensait qu’à sa chambre. Alors quand Hugo glissa sa main sur sa hanche de façon un peu trop sensuelle, la jeune fille ne réagit absolument pas normalement. Elle le laissa l’embrasser dans le cou, puis sur la joue, et enfin tourner son visage pour l’embrasser sur la bouche. Quand il l’attira a lui, indiquant très clairement à sa modèle qu’il attendait plus, elle ne cria pas, ne paniqua pas. Non, elle se mit tout simplement à rire. Un rire incontrôlable remontant directement de ses tripes. Elle se tordit en deux, larmes aux yeux, incapable de stopper ce fou rire infernal. Vexé, Hugo resta planté là, partagé entre tenter des excuses et la menacer pour qu’elle ne parle pas. Mais jamais ô grand jamais il ne se serait attendu à ce qu’elle lâche, entre deux éclats de rires et essuyant ses larmes :

- Je jette l’éponge ! C’est fini cette fois, j’arrête. Au revoir Hugo. Je te souhaite une bonne continuation.

Sur ce elle attrapa l’enveloppe qui contenait l’argent de ses cachets pour ses apparitions à Néo-Tokyo, son billet retour pour Berlin, ses affaires, et sortit du studio, plantant là son manager plus trop sûr de lui, et une carrière prometteuse qui ne lui convenait absolument pas.

Bien entendu, le temps qu’elle s’en retourne « à la maison », madame Shaeffer avait été mise au courant de la démission de sa fille, et elle l’attendait de pied ferme, hors d’elle, et bâton en main. Ann ne s’en étonna pas. Au contraire, elle écouta les hurlements d’hystérie de Maike sans sourciller, un vague sourire toujours vissé au coin des lèvres, sachant enfin ce qu’elle voulait et aurait dû faire depuis le début.

- Tu es complètement folle ma pauvre fille ! Complètement ! Tu te rends compte d’à côté de quoi tu passes ! Une carrière comme celle-là, on fait tout pour la garder ! Quitte à être un peu plus gentille avec ton manager !

Elle avait dit ces derniers mots avec un ton tellement plein de sous-entendus, et un regard si insistant qu’il fut impossible pour Ann de ne pas comprendre. Elle haussa un sourcil.

- Attends… Tu es en train de me dire que j’aurais dû me laisser violer, là ?

La femme devant elle qu’elle ne songeait plus désormais à appeler « maman » se redressa, la fixant d’un air hautain, bras croisés, et arborant une moue contrite.

- J’ai seulement dit que tu pourrais faire un effort.

Ann n’en revenait pas. Comment une mère pouvait-elle décemment suggérer une telle chose à son enfant ? La prise de conscience qui suivit cette conversation encouragea la brune à couper court avec cette vie-là. Elle fit de rapides bagages, prit ses papiers, son argent, tout ce qui lui serait utile désormais, et elle retourna à l’aéroport, où elle prit le premier avion pour l’Amérique, le pays de tous les possibles.

Sur place, grâce à sa célébrité pas encore entachée, Ann trouva rapidement un endroit où se loger. De plus, elle ne manquait pas d’argent, et avait même calculé qu’elle avait de quoi subvenir à ses besoins jusqu’à ses trente ans sans jamais travailler, et en ayant un train de vie agréable. Elle chercha tout de même un emploi. Une femme dans l’hôtel où elle résidait lui suggéra de se rendre sur Néo New York, tant qu’elle était populaire, et puisqu’elle était jolie, elle ne peinerait pas à trouver du travail. Ann-Katrin remercia la femme, et se débrouilla pour rejoindre la capitale volante quelques jours plus tard.

On ne lui avait pas menti : Ann fut embauchée dès la première porte qu’elle poussa. Son employeur était le patron d’un cybercafé, le Matrix, qui avait deux filles particulièrement branchées mode et qui avaient suivi le parcours de la jeune Allemande de très près. Ce fut donc un honneur pour lui de la recevoir. Il savait qu’elle n’avait pas exactement l’âge légal pour travailler, mais quand elle lui expliqua posément sa situation, il comprit qu’elle était plus mature que son âge, et qu’elle avait vraiment besoin de se changer les idées. Il lui offrit même de loger dans le petit appartement inoccupé au-dessus du restaurant. Elle accepta avec joie. Et elle s’installa ainsi dans une sorte de train-train quotidien.

Quelques mois plus tard, un événement incroyable se produisit. Alors qu’Ann nettoyait quelques verres derrière le bar, un couple et leur fille adolescente poussèrent la porte du restaurant et rejoignirent une table, en riant. L’Allemande s’était figée en reconnaissant les visages, et son cœur lui avait semblé cesser de battre un instant. Shelly ! C’était elle, là, assise sur la banquette de cuir rouge, c’était elle avec ses boucles rousses et ses taches de rousseur qui lui constellaient le visage. Des larmes de joie lui brouillèrent la vision, et elle dut les essuyer plusieurs fois avant de pouvoir voir correctement. Elle s’approcha doucement de la table, un peu intimidée par ces années qui les séparaient, et c’est d’une voix tremblante qu’elle demanda :

- Vous avez choisi ?

Intriguée par la grande émotivité de la serveuse, Shelly leva les yeux, et reconnut aussitôt son amie d’enfance. Elle se figea, perdant un instant son grand sourire, se sentant soulevée par l’émotion elle aussi. Alors enfin, le destin se décidait à les réunir ? Elles éclatèrent de rire de concert, et ce furent là les plus belles retrouvailles qu’il ait été donné de voir, si bien que les parents de la rouquine acceptèrent qu’elle passe la nuit chez Ann. Durant la soirée, elle rattrapèrent le temps perdu, se racontant tour à tour leur vies de ces quatre dernières années. Elles rirent, elles pleurèrent, elles chantèrent, elles se retrouvèrent tout simplement. Et c’est lovées l’une contre l’autre qu’elles s’endormirent au petit matin, heureuses que leurs chemins se soient finalement recoupés.

Leur amitié renaissante était grandement facilitée par le récent déménagement de la famille sur la plate-forme. Ils avaient été invités par des cousins éloignés à vivre tous ensemble dans ce qui ressemblait à une grande ferme, mais sans les animaux, sur les bordures de la cité. Aussi la jeune Shelly Blanchard passait le plus clair de son temps libre au Matrix, aidant son amie et discutant quand elle n’avait pas de devoirs.

Une journée comme ça, où elles étaient toutes deux accoudées à une table, sirotant une grenadine en regardant passer les gens sur la place de la fontaine, elles virent arriver une jeune fille aux longs cheveux noirs tout emmêlés, essoufflée comme si elle avait couru un marathon, et semblant étrangement inquiète. En âme charitable, Ann la héla et lui dit d’approcher.

- Salut ! T’as l’air perdue, ça va ?

La fille déglutit péniblement, reprenant sa respiration.

- Ou-ouais, merci … Je ... Je cherche mes …

Elle sembla hésiter sur le terme exact à employer.

- Mes parents. Je me suis laissé distraire à peine une seconde et puis … Je ne les trouve plus !

Ann-Katrin fit un grand sourire à la petite pour lui paraître rassurante. Elle lui proposa de se joindre à Shelly et elle pour une grenadine, appuyant sur le fait que, perdue pour perdue, elle pouvait bien profiter du soleil et de la terrasse pendant que ses parents la cherchaient. La fille sembla hésiter, puis jetant un regard envieux à Shelly et son verre, elle accepta finalement, remerciant l’Allemande timidement. Leur conversation tourna principalement autour des cheveux de Shelly, et du calvaire que représentait leur entretien, mais au bout d’un moment, la nouvelle venue – qui disait s’appeler Abigail – posa un jeu de clef sur la table, auquel était accroché un bien étonnant porte-clef. Il s’agissait d’une grosse perle de porcelaine rose pâle sur laquelle était peint le mot « DAFFY » en lettres fluorescentes. Ann ouvrit de grands yeux, reconnaissant l’objet. Il s’agissait là d’un modèle collector de porte-clef à l’effigie d’un groupe très connu qui avait eu un tragique accident quelques années plus tôt. Shelly et elle avaient approximativement tous les albums des Black Toy, aussi furent-elles plus qu’enthousiastes. Encore plus quand cette Abigail leur révéla, un peu gênée, qu’elle se trouvait être la fameuse enfant rescapée de l’accident. Les deux amies étaient folles. Bien qu’elles se sentent tout de même désolées pour la jeune fille, qui avait perdu toute sa famille, elles ne purent s’empêcher de poser tout un tas de questions plus étranges les unes que les autres à Abby. Finalement, elles virent arriver des parents affolés qui furent ravis de retrouver leur enfant entre de bonnes mains, et il leur fallut se dire au revoir. Mais avant cela, elles échangèrent leurs adresses et numéros de téléphone, et Abigail décida même de céder le porte-clef à Ann-Katrin, pour la remercier de la grenadine. Puis les Goldstein s’éloignèrent avec leur fille, et dans les mains secouées des trois adolescentes se dessinèrent les premiers traits de ce qui allait être une belle histoire d’amitié.

- Rupture -

Quand Ann ne s’affairait pas derrière le comptoir du Matrix, elle passait son temps avec Shelly, ou en soirée. Non, en soirée, et avec Shelly. Et Abigail parfois, quand cette petite coincée trouvait le courage de se traîner hors de son grand appart’ de riche. Mais c’était assez rare, et les trois amies se retrouvaient donc rarement ensemble.

Ce jour là, Ann-Katrin se sentait en pleine forme. Nous étions le 14 Février, le jour de la Saint-Valentin, et elle se préparait une soirée endiablée dont elle seule avait le secret. Tout était prêt. Il ne lui manquait plus qu’une seule chose : trouver un partenaire masculin ! Car oui, bien qu’elle soit charmante et pourvue d’attributs plus que convaincants, la belle Allemande était célibataire. Certes, c’était un choix de sa part, car elle se voulait une femme facile, mais exigeante, et très attachée à sa liberté. Elle collectionnait donc les belles histoires d’un soir. Ce besoin perpétuel de renouveau exaspérait religieusement Shelly, qui elle croyait encore au prince charmant, et n’avait d’ailleurs, malgré ses vingt-quatre ans révolus, toujours pas côtoyé le moindre garçon. Pas même embrassé un dans une soirée, et accusé l’alcool. Non. Rien de rien. Ann trouvait ça plus étrange que triste, mais triste quand même. Enfin, voilà quelles étaient les pensées de cette brune sulfureuse, en ce 14 Février, accoudée à son bar, et se demandant quel membre de la gent masculine elle allait bien pouvoir se mettre sous la dent. Perdue dans de si profondes et existentielles pensées, la jeune femme n’entendit pas le léger tintement de la sonnette du restaurant indiquant l’entrée d’un client. Ce n’est que lorsqu’une voix familière glissa jusqu’à elle qu’elle se rebrancha à la réalité, et releva ses yeux sur un visage fin, encadré de longues mèches blondes. Abigail !

- Abigail Oska Leroy sort de son appart chicos ?! J’aurais tout vu !

Elle se pencha au-dessus du bar, attirant son amie contre elle, trop heureuse de la voir. Les deux amies [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], et Ann comprit rapidement l’enjeu de la situation : un homme ! Oui, sa petite Daffy s’était visiblement dégottée un gars, même si elle affirmait le contraire. D’ailleurs, la réaction plus qu’excessive de l’Américaine quand Ann avait voulu s’approprier le phénomène – il fallait le voir ce type, avec ses cheveux tout blancs et ses grands airs, un vrai tombeur celui-là ! – avait fini de convaincre la brune quant aux sentiments de son amie. Elle avoua d’ailleurs un peu plus tard qu’il s’agissait bien là d’un rencard. Ann-Katrin se demanda pourquoi elle lui avait tout d’abord caché le scoop, puis elle songea que son amie avait peut-être voulu être tout simplement discrète. Après tout, c’était bien du genre d’Abby. Alors elle ne lui en tint pas rigueur.

Jusqu’à la fin du repas, Ann ne put s’empêcher de rôder autour de la table, espérant entendre quelques détails croustillants de la discussion qu’avait son amie avec ce type. Mais c’est vers la fin du repas qu’elle tira le pompon ! Alors qu’elle se rapprochait pour demander innocemment s’ils voulaient autre chose, Ann entendit distinctement :

- Ensuite, on pourra faire ça dans l’ascenseur ...

Ce qui, bien sûr, lui tira un large sourire. Mais avant qu’elle n’ait pu faire le moindre commentaire, le fourbe s’était échappé. Abby, elle, allait passer à la casserole ! Ann se tortilla d’amusement.

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Son amie blonde se trouva être bien moins coopérative qu’elle ne l’avait espéré. Elle éluda avec brio toute question nécessitant une réponse de plus de deux syllabes, pour annoncer finalement qu’elle partait. Ann s’en étonna. Ce n’était pas une chose habituelle, pour Abigail, de voyager. D’ailleurs, si elle ne se trompait pas, il allait s’agir là de son tout premier voyage. Mais quand son amie lui joua les amoureuses éperdues, elle se força à y croire, même rien qu’un peu. Après tout, même si elle mourrait d’envie de tout savoir, elle se douta que la blonde lui raconterait tout à son retour. Alors elle accepta de la laisser partir.

Malgré la mauvaise nouvelle du départ d’Abigail, Ann avait passé une excellente Saint-Valentin, et même une excellente semaine après ça. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, et jamais elle ne se serait douté, quand son téléphone portable se mit à sonner, que la conversation qu’elle allait avoir puisse tout bouleverser en une seconde.

- Allô ?
- Ann-Katrin ? C’est Mary, la maman d’Abigail. Je ne te dérange pas ?


Les parents d’Abby ? Ce n’était pas commun comme appel ! Que pouvaient-ils bien lui vouloir ?

- Non, pas du tout ! Comment allez-vous ?
- Euh … Bien, je te remercie… Ann-Katrin, excuse moi de te demander ça mais … Tu as des nouvelles d’Abby ? Cela fait plusieurs jours qu’elle ne nous a pas contactés, et avec les récents événements …


Mary resta évasive sur les dits éléments, ce qui piqua la curiosité d’Ann. Elle commença même à se douter que quelque chose d’aussi louche que grave lui était passé sous le nez.

- Abby ? Mais… Elle est partie en voyage ! Elle ne vous a rien dit ? Elle est passée au restaurant l’autre jour, avec son petit ami.
- Son petit… Abigail a un fiancé ?


Décidément, c’était étrange. Abigail racontait tout à sa mère adoptive. Elle ne serait jamais passée à côté d’un amoureux.

- Un certain Vladimir. Excusez-moi, mais de quels « évènements récents » vous parlez ? Je ne suis pas certaine de comprendre …
- Et bien tu sais, sa maladie …


Ann eut soudainement un choc. Il lui fallut une seconde pour avaler ce qu’elle venait d’entendre, et se laissa doucement tomber sur l’une des banquettes du restaurant.

- Quelle maladie ?

Madame Goldstein resta un instant silencieuse.

- Tu… Elle ne t’a rien dit ?

Ann pouvait très clairement entendre les sanglots montant dans la voix de la femme. Elle déglutit péniblement, attendant la suite.

- Ann… Je ne sais pas comment t’annoncer ça… Abigail a fait des examens à l’hôpital.

Des larmes se mirent à rouler sur les joues de l’Allemande sans qu’elle  tente de les retenir. D’une voix brisée elle ajouta :

- Je ne comprends pas…
- Elle va mourir, Ann. Abigail a une tumeur.


Et alors tout prit soudainement un sens, comme un puzzle dont on trouverait l’emplacement de la dernière pièce. Enfin, tout était clair, mais ce qu’elle comprenait ne lui plaisait absolument pas. Ann-Katrin explosa en sanglots, et dut raccrocher au nez de Mary, incapable d’ajouter le moindre mot. De toute façon, elle savait qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur.

C’était donc ça, le secret. Cette petite étincelle dans le regard de son amie, c’était l’espoir de vivre encore un peu. Ann était folle de rage qu’Abby ne lui ait rien dit, mais au fond elle comprenait. Elle savait qu’elle n’avait pas pensé à mal, seulement à les protéger, elle et Shelly, de ce terrible fardeau. Mais tout de même. C’était injuste. Elle ne pouvait pas comme ça, décider de ne rien dire, et de disparaître, de priver tout le monde des derniers moments qu’ils auraient pu passer avec elle. C’était terriblement égoïste, et ça ne lui ressemblait pas. Alors une idée folle, née du désespoir de la belle Allemande, germa dans son esprit. Et si ce Vladimir était un médecin de l’hôpital, qui lui aurait proposé un traitement pas encore homologué ? Ces tests qu’on faisait sur les animaux, une mourante pouvait bien les faire aussi non ? Surtout si ça pouvait marcher. Et elle ne sut pas vraiment comment, mais Ann se leva, et séchant ses larmes, elle se persuada qu’elle retrouverait Abigail à l’hôpital. Elle enfila sa combinaison thermique, puis d’un pas déterminé se dirigea vers le Grand Hôpital.

La jeune femme avait fait un tel scandale en arrivant, que le personnel s’était empressé de l’enfermer dans une pièce isolée, et forcée à prendre un calmant. Elle patientait là, tremblante, fulminant de rage, se demandant de quelle manière très douloureuse elle pourrait bien assassiner le type aux cheveux blancs quand elle l’aurait en face d’elle. C’est donc tout naturellement que quand la porte de la salle s’ouvrit, elle se saisit du tabouret sur lequel elle était assise une seconde plus tôt, le leva haut au-dessus d’elle, et le rabattit violemment sur la tête du pauvre médecin.

- Aie ! Mais vous êtes folle !

Ce n’est seulement après qu’elle constata que ce médecin n’était pas le type du rencard.

- Euh… Pardon, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre.

Le docteur lui jeta un regard choqué tout en se frottant le haut du crâne.

- Et ben heureusement que je suis pas ce type, sinon je ne donnerais pas cher de ma peau ! Qu’est-ce que vous lui voulez, à mademoiselle Leroy ?

Prise de court, Ann battit des paupières, un peu perdue. Elle ne s’attendait pas à ce que ce type lui parle d’Abby, surtout pas aussi tôt dans la conversation. … Si on pouvait appeler ça une conversation.

- Vous… Vous connaissez Abigail ?

L’homme soupira.

- Je ne sais pas, si je dis oui, vous allez me flanquer un nouveau coup de tabouret ?

La brune constata qu’elle n’avait pas lâché son « arme ». Elle le laissa tomber, un peu gênée.

- Euh non, promis !
- Bon… Et bien oui, je la connais.


Le cœur de l’Allemande rata un battement.

- Alors… Alors c’est vrai, elle est ici ?
- Ça en revanche, j’ai bien peur que non. Je n’ai plus revu mademoiselle Leroy depuis son examen.


Ann-Katrin prit un instant pour enregistrer la nouvelle. Et une chose la fit tiquer. Visiblement, elle s’était trompée sur le compte de ce Vladimir. Ce n’était pas lui le médecin. Non, le médecin c’était cet autre type, là, devant elle. Son sang ne fit qu’un tour. Une force venue d’elle ne savait où lui fit soulever le pauvre gars par la chemise, et le coller au mur avec une si grande violence qu’il en eut le souffle coupé. Il la regarda affolé. Elle était d’autant plus terrifiante qu’elle semblait tout à fait calme.

- Vous mentez. Vous savez quelque chose, vous savez où est Abby. Dites-le moi, ou je vous tue.

Quelque chose dans la voix de la jeune femme fit comprendre au médecin qu’elle n’utilisait pas là une image ou une exagération. Non. S’il ne parlait pas, elle allait vraiment le tuer. Et heureusement pour lui, il avait de quoi sauver sa peau.

- Ok ! Ok ! Calmez-vous ! Je ne sais pas où est votre amie.

Ann le souleva un peu plus haut, le faisant couiner.

- Mais je sais qu’elle est entre de bonnes mains, je vous le jure !
- Quoi, ce type,
rugit-elle, tu me dis que tu connais le type aux cheveux blancs ?

Le médecin fit oui de la tête, affolé.

- Le Dévoreur de Temps ! C’est comme ça qu’il se fait appeler ! C’est… C’est moi qui lui ai parlé de votre amie ! Elle avait tout à fait le profil …

Ann lâcha l’homme qui retomba lourdement sur le sol. Le Dévoreur de temps ? C’était quoi ce pseudo à la con ? Non. Non, ce n’était pas un « pseudo à la con ». C’était un surnom. Et il était carrément flippant. Qu’est ce qu’il allait lui faire, ce type, à Abby ? Un mouvement près du sol prévint Ann que sa source de renseignement tentait de se tirer. Elle le ramassa, et le replaqua au mur.

- C’est qui ce mec ? Il lui veut quoi à Abby ?
- Rien ! Rien ! Il veut seulement aider les gens qui en ont besoin !
- Aider ? Mais c’est quoi son job putain, clown ? Qu’est ce qu’il va lui faire ? Et où il va l’emmener ? Parle !


Le pauvre médecin avait commencé à pleurer. Il n’était pas du genre peureux, mais cette fille, elle avait vraiment un truc mauvais dans le regard.

- J’en sais rien, je vous le promets ! Il voyage dans le temps, c’est tout ca que je peux vous dire !

Ann ouvrit de grands yeux. Il voyage dans le temps ? C’est tout ce que ce gars avait trouvé pour sauver sa vie ? Elle songea qu’il était soit vraiment stupide, soit légèrement suicidaire. Puis elle croisa son regard. Quelque chose clochait. Ce type disait la vérité. La brune savait ces choses là. Mais comment … Ça expliquait pourtant tellement de choses. Et elle ne sut pas vraiment pourquoi, mais cette nouvelle idée la fit se détendre instantanément. Cependant, elle devait en savoir plus. Elle devait comprendre pourquoi son amie ne lui avait rien dit. Et surtout, il fallait qu’elle mette la tête au carré à ce sale type qui lui avait volé sa copine. Elle eut un haut-le-cœur en se souvenant qu’elle l’avait dragué très ouvertement.

- Ton Dévoreur là, t’as moyen de le contacter encore ?
- Euh…


Les doigts d’Ann se resserrant sur son col forcèrent le médecin à se décider.

- Oui ! Je peux ! Oui !

Un sourire machiavélique se dessina sur les traits de la jeune femme.

- Très bien. Alors tu vas lui faire passer un message pour moi ! Tu vas lui dire que la serveuse du Matrix a deux mots à lui dire. Tu vas lui dire que je l’attends dans deux jours, qu’il soit au restaurant à quinze heures exactement. Et surtout, fais lui bien comprendre que s’il ne vient pas, il aura ta mort sur la conscience.

Sur ce elle lâcha le pauvre homme, replaça ses vêtements correctement, se recoiffa, et avant de sortir ajouta dans un sourire :

- Prie pour qu’il vienne. Parce que sinon, aucune cachette ne sera assez bonne.

La suite de la soirée et la journée suivante furent mises à profit pour préparer un plan d’attaque. Ann voulait questionner le Dévoreur, autant sur ce qu’il avait fait d’Abby, que sur ses soi-disant pouvoirs. Elle voulait bien lui faire comprendre que voyager dans le temps n’était pas une raison valable pour disparaître sans donner de nouvelle, et surtout sans prévenir personne. Et il fallait aussi qu’il comprenne qu’il était extrêmement mal poli de ne pas au moins s’excuser d’avoir enlevé sa meilleure amie. S’il lui révélait tout ce qu’elle désirait savoir, elle le laisserait partir. Dans le cas contraire, Ann s’était procuré du GHB. Elle n’allait bien sûr pas s’en servir à des fins, disons, charnelles, mais comptait plus sur son effet somnifère pour pouvoir plus facilement maitriser son entretient. Si elle devait y recourir, elle n’hésiterait pas. Elle tenterait évidement en premier lieu l’approche plus amicale, car elle n’était pas certaine que séquestrer le seul type capable se lui rendre son amie soit une excellente idée. Mais comme disait Shelly « mieux vaut prévenir que guérir » ! S’il refusait de lui dire ce qu’elle souhaitait entendre, elle trouverait un autre moyen que ses sourires pour le faire parler.

Alors quand tout fut prêt, que les deux jours étaient passés et que les quinze heures allaient sonner, un large sourire étira les lèvres d’une Ann confiante et sûre d’elle. Tout à fait détendue, elle s’occupa en lustrant des verres, attendant sagement que l’on pousse la porte du restaurant.

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Possessions : Elle garde toujours une photographie de Shelly et elle, et le porte clef offert par Abigail à leur première rencontre.

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