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Ötis Albamanus

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Ötis Albamanus Empty Ötis Albamanus

Message  Invité Dim 5 Fév - 15:33

    Prénom : Ötis
    Nom : Albamanus
    Surnom : La main blanche
    Âge : 34 ans

    Epoque et lieu de naissance : Gałęzie, 1760, France. Lieu de naissance inconnu, a vécu quelques temps au couvent des Cordeliers d'Embrun (franciscains), actuelles hautes Alpes

    Physique, Caractère : S’il était un homme plutôt grand pour son époque, il est loin d’être un géant, il porte alors un bon mètre soixante quinze. Ses épaules larges lui assurent une certaine envergure mais il n’est pas du tout athlétique. Un religieux qui a toujours aimé lire, pénitent et enclin au jeûne n’a pas beaucoup de gras superflus. Sa silhouette n’est en tout cas pas particulièrement marquante en comparaison de sa peau. D’un blanc presque surnaturel, Ötis est albinos. Ce teint n’a rien de flatteur chez lui et accentue un aspect cadavérique dont il se serait bien passé. Ses cheveux coupés courts sont d’un blond presque blanc et ses deux pupilles de glace ont parfois des auréoles rougeâtres si le soleil s’est trop imposé à lui. Il serait presque un enfant de la lune. Blessé à l’œil gauche, il garde une vilaine cicatrice au niveau de la pommette. Il n’a rien d’un homme laid mais il n’a rien non plus de séduisant. Peut-être que l’expression de son visage y est pour quelque chose, il ne sourit pratiquement jamais accentuant sans le vouloir cette distance énigmatique. Il ne semble pas forcement en colère ni même agressif mais on se méfie de lui de façon systématique. Il parle d’ailleurs avec douceur la plupart du temps mais il se peut qu’une teinte démente paraisse s’il s’engage dans un discours passionné.

    Ötis est un grand solitaire. Il a fréquenté pourtant des gens au cœur grand mais il ne s’est jamais vraiment attaché à eux dans le sens affectif du terme. Il ne cherche pas à nuire à son prochain mais cultive un rapport à l’autre particulièrement déroutant. Sa foi est un ciment complexe sur lequel sa raison s’est forgée. Très bon orateur lorsqu’il exerce, il n’est pourtant pas bien bavard, ne s’intéressant généralement pas assez aux autres pour s’investir personnellement. Les hommes de sa communauté sont ses frères et il est d’une loyauté sans faille. Les autres, ne font que passer. Ce n’est pas du mépris mais Ötis préfère réfléchir aux problématiques existentielles plutôt qu’à sa petite personne. Ainsi, il ne sait pas parler pour lui-même, s’étant oublié depuis fort longtemps pour préférer servir le Seigneur. Il peut parfois sembler inoffensif - bien que son aspect ne puisse laisser indifférent -, perdu dans ses nébuleuses réflexions mais ses supérieurs savent qu’il n’a pas la conscience des autres hommes et qu’il saura se montrer intraitable s’il a trouvé réponse à ses questions.

    Ordre choisi : Mystique préoccupant.

    Métier exercé dans l'époque d'origine : Moine

    Métier ou fonction après son premier voyage : Prêtre d’abord et peut-être Grand Prêtre ensuite ? Il voudra étudier les nouvelles perspectives de ce monde et cherchera des façons de le faire tourner rond.



Histoire :


- Les jeunes années-


    Il avait six ans et la charrette s’éloignait bien vite. Un petit blond chétif, plus pâle que la lune elle-même, qui espérait que la poussière de la route lui donne meilleure mine. Sa mère ne s’était pas retournée, son père non plus d’ailleurs. Il s’était efforcé de fixer sa petite sœur quelques instants pour mémoriser son visage. Petite créature pleine de vie, de quelques mois, miroir d’insouciance avec de si grands yeux qui le voyaient oui, mais qui ne s’en souviendraient jamais. Ötis avait pleuré mais il n’avait pas cherché à courir après ceux qui n’étaient plus les siens. A quoi bon ? Ses jambes étaient trop lourdes, terrassées par le chagrin pour imaginer défier un cheval pressé. Sa mère n’avait pas ri mais elle lui avait dit d’être sage pour que quelqu’un le prenne. Le jour se fanait doucement et le petit garçon épuisé par l’émotion tremblait plus qu’il ne grelottait. Il sortit un bout de pain de sa poche qu’il s’était gardé pour le voyage et étouffa en quelques bouchées les plaintes qui s’échappaient encore malgré lui. Lorsque son ventre trouva le silence, l’enfant s’installa sur le bord de la route, dans un tas d’herbe un peu plus haute et s’endormit.

    Le son familier et réconfortant des cloches le tira du sommeil mais l’horizon ne lui rappelait rien. Il sauta sur ses pieds et regagna la route en espérant y trouver quelques visages familiers mais non, ils n’étaient toujours pas revenus le chercher. Le garçon se décida à progresser alors, en direction des cloches. La bas, il y aurait du monde, ce devait être dimanche, ses parents l’y auraient attendu. Un bruit de voiture lui parvint enfin et il se retourna, soulagé mais le cheval était trop sombre pour ressembler à Zina. Elle ralentit pourtant à sa hauteur et il dévisagea la femme à la gorge profonde qui le scrutait avec perplexité. Non, sa voix était trop perçante pour être celle de sa mère et ses cheveux trop bruns.

    -T’es d’où mon p’tit ? Ötis la regarda, implorant mais n’arriva pas à répondre. Il désigna de son index la direction qu’elle venait d’emprunter. La bourgeoise - car ce devait en être une à la vue de sa si jolie toilette - le fit grimper à ses côtés pour regagner l’église où elle compter se rendre. Quelle bonne chrétienne aurait laissé un gamin dans le fossé ? Sur le parvis, le petit retrouva de son énergie pour sauter avant que la voiture ne s’arrête et chercher ceux qui l’avaient égaré mais alors qu’il veillait sur les gens qui rentraient dans l’église, il n’en reconnut aucun. Est-ce que c’était l’église où il était déjà allé ? Il leva les yeux sur sa porte, ses vitraux, il était incapable de s’en assurer. Le petit garçon se mit alors à pleurer, persuadé de s’être perdu un peu plus. Ses parents avaient du revenir à la route et ils se feraient gronder pour s’être sauvé.

    La bourgeoise avait prévenu son curé et celui-ci trouva l’enfant et l’invita à entrer après lui avoir donné quelques paroles rassurantes. Il s’occuperait lui-même de retrouver ses parents et pour mieux réussir et attirer les faveurs divines pour leur entreprise, ils devaient d’abord célébrer la messe tous deux. Ötis approuva d’un large signe de tête et suivit religieusement l’office depuis l’un des premiers rangs. Une fois le culte célébré, le prêtre convia le petit à manger, conscient qu’il n’était pas de cette paroisse là. Il l’interrogea du mieux qu’il put mais ce petit garçon ignorait beaucoup de choses. Il s’appelait Ötis mais ne connaissait pas son nom ni celui de sa ville. Le teint si blafard de ces enfants étaient parfois vu comme une malédiction pour les familles et il redoutait bien le pire, ce qu’il s’était passé. Parce que le garçon était particulièrement sage, le prêtre le garda auprès de lui le temps de contacter un orphelinat. Au bout de deux semaines, Ötis eut encore à pleurer de chaudes larmes pour trouver refuge cette fois, dans une bâtisse tenue par des religieuses.

    Il y vécut quatre ans et apprit à lire. Ötis était un enfant calme, il n’avait pas beaucoup d’amis parce qu’il inquiétait par sa peau blanche et par ses yeux translucides mais il se faisait respecter malgré lui, inspirant la crainte. Les sœurs tentaient pourtant de le mêler aux autres et de balayer les rumeurs impies au sujet d’une malédiction mais cet enfant était différent et tous le voyaient. Lorsqu’il eut dix ans, la mère supérieure le convoqua à son bureau. Pour introduire la conversation, elle lui déclara qu’il était un enfant abandonné. Une vague nostalgique et de profonde tristesse l'envahit alors, c'était la première fois que l'on mettait les mots sur ce qu'il était. Jamais il n'avait voulu y repenser.

    -Sais-tu quoi faire de ton avenir mon garçon ? Ötis secoua la tête pour répondre par la négative.

    Il avait l’âge pour aller au Collège du petit séminaire mais celui-ci coutait cher, même pour des religieux. Ils n’y envoyaient que les garçons qui voulaient apprendre et ils cherchaient à savoir si lui, voulait apprendre. L’orphelinat pouvait lui trouver un travail d’apprenti en ville s'il préférait ou bien le placer dans un collège militaire pour qu’ils servent le pays, au frais de la Nation. Autrement, ils lui offriraient le collège s’il préférait se consacrer à Dieu. L’albinos était jeune mais il prit vite sa décision : la ville il connaissait, à chaque fois il essuyait les railleries ; la guerre, il n’aimait pas ça, il n’aimait déjà pas se battre avec ceux qui se jouaient de lui…

    -Je m’appliquerai pour servir l’Eglise ma Mère.

    La femme se redressa un peu surprise qu’il prenne sa décision si vite et avec tant d’assurance. Elle lui assura qu’il avait encore un peu de temps pour réfléchir mais Ötis semblait bel et bien décidé à embrasser ce nouvel avenir.

    -Il te faut un nom.

    -Un nom… L’enfant baissa la tête, ahuri de ne jamais avoir pensé à cette problématique. Je ne connais pas mon nom.

    -Ötis Albamanus. L’enfant regarda la femme avec grand étonnement. C’est ce qu’il est inscrit sur ton dossier. La main blanche… Elle sourit. Cela te va bien c’est le Père Ducret qui l’avait trouvé, celui qui t’a envoyé jusqu’à nous tu te souviens… Veux-tu le garder ?

    Ainsi, cet homme avait trouvé ce petit nom. Il avait cherché à remplir la case du patronyme en observant le garçon qui jouait du contraste des rayons du soleil au travers de sa paume. Il avait gardé le prénom d’Ötis parce qu’il avait espéré que ses parents souhaiteraient le retrouver et sans doute avait-il été baptisé sous ce nom ? L’enfant de six ans avait déjà effleuré le sol d’une église il était donc très probable que sa famille soit pratiquante bien que ce prénom ressemble davantage à un surnom qu’à celui d’un saint. Ötis approuva son nom d’emprunt.

    Les quatre années du petit séminaire furent compliquées. Ötis était entouré de jeunes garçons issus de milieux très différents du sien et il suivait les classes de théologie quand d’autres faisaient plus de géométrie. Ils n’étaient pas beaucoup à être promis au service religieux. Les autres racontaient qu’ils allaient reprendre les affaires de leurs parents, devenir de grands généraux ou bien médecins. Le jeune homme aimait bien les écouter penser. Il ne s’était jamais laissé à rêver et lorsqu’il s’y essayait, une petite voix lui disait que cela était dangereux pour lui. Le seul rêve qu’Ötis avait un jour réussi à articuler lorsque le professeur de lettres l’avait questionné, avait été que le temps cesse de filer. Beaucoup s’étaient ris de lui mais il n’en avait pas été vexé. Il trouvait contrariant que les choses évoluent alors qu’il préférait que les choses demeurent.


-La maturation –


    Après le Collège, Ötis gagna le Grand séminaire. Il découvrit de grandes choses qui nourrirent son cœur et son esprit. Il apprenait vite, il était assidu, il était malléable. Le jeune homme était devenu impressionnant. Il était assez grand par rapport aux autres, un bon mètre soixante quinze, ses épaules étaient larges et son menton stricte. Il était loin le temps où l’on venait le taquiner. Sa voix, il la maniait pourtant avec délicatesse car il demeurait un homme mesuré et ne cherchait jamais à hausser le ton mais il inspirait aux autres une grande méfiance. Est-ce qu’il pouvait se mettre en colère ? Il avait le visage d’un spectre et malgré ses cheveux d’anges, l’éclat de ses pupilles d’azur était trop froid pour le rendre chaleureux. Pendant ces longues années d’études, il se découvrit un vrai talent d’orateur. L’enfant discret était devenu un homme à l’aura calme et imposante. Il écoutait les autres et ne cherchait pas le débat. Quand il parlait, il était difficile de tout cerner… On disait qu’il frôlait tantôt la démence et tantôt le génie. Une si mince frontière entre illumination et discrédit.

    Enfin, à l’âge de vingt ans, en 1780, on lui demanda d’aller goûter à une femme avant de prononcer ses vœux. Ötis ne trouva pas même la requête étrange tant il buvait tout ce qu’on lui disait. Il y voyait là une épreuve et une assurance. Il trouvait ses pairs sages de lui permettre d’ôter à jamais le doute que les jeunes hommes connussent et il s’offrit une jeune femme aux boucles d’ébène et à la peau très ambrée. Le contraste de leur peau était une véritable poésie et cette vision fut pour lui l’un des meilleurs souvenirs de cette soirée. La femme était exquise et il fut suffisamment enthousiaste pour que cela ne dure pas bien longtemps. Néanmoins, l’instant avait été précieux et la femme lui avait demandé pourquoi il ne voulait pas fonder de famille. Il releva la tête, l’air concentré mais préoccupé, comme s’il était devant une problématique de calcul qu’il éluciderait en usant d’un théorème. Il n’y avait pourtant nul théorème pour l’orienter et il répondit presque satisfait, que c’était là une brillante question sur laquelle il devrait se pencher. Il fut ordonné prêtre quelques mois après.

    Le jeune prêtre eut alors de nombreuses propositions mais seule la vie de moine reçut écho en lui. Il demanda à son abbé et rapidement, il entra dans une communauté de franciscains dans laquelle il se sentait apte à s’épanouir. Un homme discret et inquiétant, c’était ce qu’on entendait le plus souvent de lui. Pourtant, il avait la main sur le cœur mais on ignorait si ce n’était pas ce même cœur qui lui gelait les doigts. Jamais, il n’eut de profonde compassion pour autrui, il eut pour simple ambition de suivre les règles qu’on lui imposait. Albamanus sonnait comme une rédemption, est-ce qu’il avait eu du sang sur les mains avant d’entrer au cloître ? Les rumeurs commençaient à gagner en ampleur mais il resta imperturbable et n’accusa aucune de ces diffamations.

    Il était un homme de confiance, il était jeune mais pourtant on le disait sage. Il y avait ce dilemme entre ce qu’il inspirait aux autres et ce qu’il offrait de ses homélies inspirées. Issu d’un ordre de mendiant, Ötis savait éprouver la faim et le froid pour servir la véhémence de sa foi. Il partait parfois dans d’autres couvents pour échanger avec ses frères et vivre l’itinérance avec engagement. Mais le couvent des cordeliers d’Embrun était un peu son chez lui.


- Rupture -


    Le Pape Pie VI avait succédé au franciscain et celui qui avait grandi avec les Jésuites dut bientôt subir l’affolement révolutionnaire. Les récoltes furent mauvaises et toute la société s'égarait alors. Les nobles perdaient en moyen, le clergé était montré du doigt et le petit peuple se sentait saigné. Les discussions s’affolaient à Versailles et jusque dans le petit couvent franciscain, on entendait parler des députés cléricaux qui avaient beaucoup à faire. Ötis ne savait quoi penser. Il avait lu Rousseau mais ne comprenait pas tout. Les hommes se perdaient à trop rêver et ils attisaient leur propre soif. C’est ce qu’il en retenait principalement. Une grande peur traversa les campagnes. Des miliciens de toute part menaçaient les plus simples paysans et tout aussi terrifiés que révoltés, ceux-ci finirent par s'en prendre à ceux que l'époque semblait privilégier. C’était l’été 1789 et le couvent fut ravagé. L’automne s’abattit puis l’Hiver. Le peu de biens du couvent fut confisqué pour la Nation.

    Le monde avait changé et Ötis détestait cela. Il avait du tuer un homme qui, armé d’une fourche, avait menacé de trop près l’abbé. Aujourd’hui, on annonçait que leur communauté n’avait plus droit d’être. Le Pape ne semblait pas les voir, eux, cœurs chrétiens déchirés. On les pria de revenir à une vie civile.. Mais quel sens cela pouvait-il avoir pour eux ? Ötis avait sa vie, une unique vie et elle était au service de Dieu, il ne connaissait rien d’autre et détestait tous ces patriotes inconscients et égoïstes. Quelques uns partirent vers l’étranger, d’autres prêtèrent un odieux serment à la Nation que le Pape ne reconnut même pas et les derniers, les plus fidèles, furent emprisonnés.

    La question religieuse fit beaucoup de vagues. Entre les frères, certains s’égaraient. Ils embrassaient même les valeurs de jacobins, parfois soucieux du Roi choisi par Dieu, parfois soucieux d’une forme d’égalité entre les hommes. Ötis n’en avait que faire, bien que les ancestrales querelles avec les dominicains l’interrogèrent. Sa foi à lui était contemplative et il n’était en rien intéressé alors, il ne souffrait pas trop de la prison. Il avait entendu la sentence : « coupable de fanatisme, dix ans pour le fantôme. » Il avait plissé les yeux mais n’avait pas ressenti d’angoisse particulière. Il avait trente ans à présent, et les choses changeaient toujours et trop. La petite cellule donnait un caractère pénitent au disciple cordelier et cela le laissait plutôt serein.

    Automne 1794, la révolution, toujours elle. Voilà qu’on le fit sortir de prison. Coupable pour les uns, alliés pour les autres, Ötis était libre. Errant dans la cité de Grenoble sans trop de repères, il était un non-mort. La prison l’avait amaigri, ses traits étaient plus durs que jamais et la vilaine blessure des altercations avec les paysans lui donnait cet air menaçant. Pâle comme un messager morbide il ne connaissait plus ce monde et maudissait ces hommes qui méprisaient le pouvoir que Dieu leur avait confié. Ils étaient cupides, ils détruisaient tout au nom de leur seul intérêt. Ils n’auraient jamais dû jouer du temps qui appartenait à tous. La vie et la mort c’est tout ce qu’il considérait mais l’éternité se conjuguait aussi au présent.

    Ötis errait dans les ruelles, vêtu de sa bure grise et sombre, la corde précieusement nouée à sa taille. Que risquait-il qu’il n’avait pas déjà enduré ? La Terreur planait, les gens se méfiaient de tout le monde et ne cherchaient presque plus querelle. A la sortie de la ville, la main blanche s’arrêta dans une ferme. L’homme de la maison avait connu quelques franciscains et les portaient en estime. Il lui offrit du pain et un coin de sa grange pour la nuit. Ötis le remercia d’une prière et se retira pour ne plus effrayer ses enfants. Il n’était pas souriant cela était vrai, il n’était pas même beau, juste inquiétant. Il ne trouva pas le sommeil assez vite, la folie des hommes le tourmentait. La vie, la mort, l’éternité, l’avenir, le passé, le futur. Une question de patience et de temps.

    Il s’efforça de fermer les yeux mais un chuchotement lui parvint…


    Possessions : sa tenue de religieux : bure, corde, chapelet, sandales et un morceau de pain.

    Permissions : * lègère : j'accepte qu'on fasse supposer au personnage qui fait face à mon personnage la raison de mes réactions, mes pensées, mes réactions futures mais cela doit rester extrapolation du personnage de l'autre joueur et ne pas mettre en scène véritablement mon personnage. Je suis néanmoins conscient que l’action peut nécessiter qu’on m’implique. Un petit MP et tout est réglé !

    Autorisez-vous les autres joueurs à influer sur le jeu de votre personnage via la zone RP Blue Hospel, c'est à dire à vous atteindre par le monde des rêves ? Oui

    Disponibilités in RP (cadence de jeu): Je vais dire deux fois par mois. Ainsi je préfère faire de bonnes surprises plutôt que de faire attendre tout le monde.

    Espace personnel : insérez ici le lien à votre espace personnel ( il n'est visible que des membres connectés)

    Crédits avatar : Paul Bettany, « Silas » Da vinci code.

    Crédits signature : Idem et à venir.

    Note: J'espère avoir respecté la cohérence historique, ne pas hésiter à me dire si quelque chose cloche.

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Message  Le Dévoreur de temps Ven 17 Fév - 0:07

La Grande Terreur avait laissé ses dernière traînées sanglantes dans les rues des citées de France. Grenoble, petite ville nichée au pied de la Chartreuse. Les remugles des évènements de l'été restaient ancrés dans les murs. Odeur de putréfaction, de brûlé , de crasse et d'eaux douteuses jetées pour rincer les traces des égarements d'une révolution qui avait échappé à ses instigateurs, telle un cheval fou écrasant aveuglément ses ennemis et ses premiers enfants. La haute silhouette rasait les murs de pierre de la vieille ville. Elle s'arrêta dans une auberge de poste pour y trouver une monture. Le voyageur avait manqué son rendez-vous de peu mais l'homme marchait vite. Bien qu'il l'eut localisé à la prison de la cité, il avait un peu raté son point de chute et avait du traverser la place du marché ce qui n'avait pas été si simple. Lorsqu'il s'était présenté aux portes de la prison et avait demandé à voir le concierge. Il s'était entendu dire que le moine avait été libéré. " Il est parti l'oiseau, y a pas une heure et bon vent. L'avait le mauvais oeil, pour sûr" .

Ötis Albamanus ne semblait pas manquer à ses geôliers. Notre aventurier des couloirs informels et obscurs avait plusieurs fois ressenti ses soupirs intérieurs, happé par les attentes informelles de certaines âmes qu'il effleurait au fil de ses errances temporelles. Lorsque Robespierre l'avait supplié de le soustraire à l'invention d'un docteur génial du nom de Guillotin, il n'y avait pas accédé, ayant trop en mémoire le supplice subi quelques mois plus tôt par un général de l'armée du Rhin avec lequel il avait noué amitié et qui n'avait d'autre tort que d'être né noble et d'avoir laissé son armée se reposer devant Mayence. Un homme qui condamnait à la guillotine celui qu'il avait voulu nommer quelques temps auparavant ministre de la Guerre ne pouvait qu'être inconséquent ou profondément idiot ou encore pervers. Notre voyageur avait trouvé charmant et homme d'honneur le premier mari de celle qui serait l'impératrice des français. Un général qui meurt d'avoir voulu être humain avec ses troupes, qui ayant décidé de s'accorder retraite sur ses terres, est arrêté aux portes de la mairie de son fief qu'il servait avec dévouement ne pouvait être à ses yeux que le plus honorable des héros, de ceux que l'Histoire ignore que les histoires des petites gens connaissent.

Il avait donc laissé ce Pierre, promoteur du nouveau Dieu, de l'Etre Suprême, passer de vie à trépas avec un détachement terrible, y voyant une petite revanche de toutes les âmes étêtées sur le père de la Terreur la plus appliquée. Puis notre inlassable arpenteur de temps avait laisser divaguer ses escales dans les provinces françaises. Qui pouvait savoir combien d'hommes ou de femmes aspiraient à quitter ce cauchemar éveillé par tous les moyens ? Bien sûr, il ne pourrait accéder à toutes les requêtes, certaines époques étaient comme des forêts inextricables dont les épineuses lamentations s'accrochaient à son manteau. Il eut été lâche, qu'il ne s'y serait plus jamais aventuré mais il n'était pas lâche et toute époque pouvait receler ce qu'il recherchait depuis si longtemps. Il revenait donc à cette période noire de l'histoire de France, de même qu'il ne boudait ni l'obscurantisme de certaines époques de l'histoire des empires du levant, ni les sombres premiers pas du Haut Moyen Age. Chaque souffle le passionnait, chaque destinée au creux de ces tourmentes. Parfois illustres, parfois anonymes comme la main blanche qu'il venait trouver en ce Grenoble tourmenté et révolutionnaire.

Menant sa monture à brides abattues, il finit par le localiser dans la grange d'une ferme d'allure chaste. Cela ressemblait bien au personnage. Il aurait sans doute dormi dans le poulailler si le maître des lieux n'avait eu des bovins. Il le sentit immédiatement; comme les fois précédentes ou il l'avait effleuré, donnant sans doute au brave moine l'illusion que Dieu étendait sur lui sa main. Il n'avait guère d'état d'âme à ce sujet, pas de sentiment de blasphème ou d'usurpation. Après tout,ses comptes étaient soldés depuis longtemps avec les instances divines. Il y avait belle lurette qu'il s'était donné quelques libertés avec les notions les plus sacrées des préceptes de toute religion. Celles d'immortalité et de destin le faisaient particulièrement sourire. L'homme qui partageait sa couleur de carnation semblait endormi, aussi chuchota-t-il avant même de se glisser dans la grange. Il appréhendait de la part du moine une réaction hystérique et réfléchit à la façon de présenter les choses. Aussi, alors qu'il avançait sur le chemin boueux qui menait à la bâtisse, psalmodiait-il, à voix basse,des paroles rassurantes.

" Je suis venu pour t'aider ... Ecoute la voix qui te parle ... D'autres temps sont plus cléments pour toi, d'autres lieux plus accueillants"

Il poussa un battant de la porte haute qui grinça sur ses gonds fatigués et secoua son manteau sur lequel perlaient les gouttes de sueurs du cheval. Il s'assit sur une botte de paille et tira son paquet de cigarettes de sa poche tout en songeant " Pas très indiqué de fumer en ces lieux Herr Major Danzas !" Et il répondit à haute voix sans s'en rendre compte.

- J'ai déjà fumé dans des endroits moins indiqués.

Il songea avec écoeurement à la réserve de Zyklon de la division. Il avait perçu du mouvement au fond de la grange, sans doute l'homme de foi, intrigué de voir rougeoyer sa cigarette. Il allait le prendre pour un démon sans aucun doute.

- Bonsoir Ötis ! Tu n'as pas trop froid dans la paille ? Les temps sont durs, pas vrai ?
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Message  Invité Lun 20 Fév - 19:18

Il pensa d’abord à un mirage. Parfois le jeûne rendait l’esprit si libre que l’inconscient se mêlait à l’univers et on percevait alors des mystères que nul autre ne pouvait capter. Pourtant, l’aspect concret des propos le fit douter. Ötis était épuisé et n’avait pas réagi au grincement de la porte. Le paysan était chez lui, il pouvait bien venir chercher de quoi s’occuper et il avait cru à cause du silence que ce n’était que le chant du vent. Finalement, les mots avaient retenti, clairs et pragmatiques. Le moine se redressa lentement, un peu engourdi par le sommeil qui était presque parvenu à le cueillir et posa un regard sans surprise sur l’homme. Il prit quelques secondes avant de comprendre qu’il ne s’agissait pas du maître des lieux armés de couvertures ou d’autres luxueux effets. Celui-là, il ne l’avait jamais vu.

Son teint était pâle et Ötis crut d’abord qu’ils avaient un lien de parenté car il n’avait jamais croisé d’autres albinos que lui puis, il détailla sa tenue sans pouvoir vraiment émettre de jugement. Il était un homme en retrait du monde, rien ne l’étonnait sinon tout. Il portait cette naïveté d’acceptation face à l’inconnu, dénué d’aprioris ou de craintes. Il se leva et frotta un peu maladroitement sa bure pour en ôter les brins de paille. Il tourna de nouveau le visage vers le visiteur, sans grand enthousiasme mais sans agressivité, prêt à encaisser toutes les réalités.

-Jonathan le fermier m’a offert ce coin de paille pour la nuit. Est-ce qu’il a changé d’avis ?

L’homme se souciait de choses inutiles mais il connaissait son prénom. Il venait donc sur les recommandations du propriétaire. Ötis s’inclinerait bien évidemment à la moindre des volontés de ce dernier. Il avança de quelques pas, comme pour prouver qu’il était disposé à partir sans causer le moindre ennui et profita du jeu de lumière des astres pour mieux percevoir les traits de l’homme. Il portait ce regard inoffensif qu’ont les enfants, inconscient que cela puisse être incorrect.

-Je pense que vous devriez garder votre petite pipe pour un salon. Un accident coûterait trop cher aux bouches à nourrir qu’il y a ici et je n’aimerais pas qu’ils se souviennent de mon passage.

Les vêtements de l’homme attisèrent finalement la curiosité du moine. Il n’était pas très soucieux des modes et entre le cloître et la prison, il manquait de beaucoup de notions. Néanmoins, il savait reconnaitre le nouveau ou l’insolite, l’homme devait être riche pour de si fines coutures.

-Êtes-vous juge ? Je crains que Jonathan ait mal compris mes intentions s’il est venu vous quérir et ce, qu’importe votre rang. Je lui accorde toute raison dans ce cas, il a une bien belle famille pour oublier de s’inquiéter pour elle. Je pars de ce pas si c’est ce que vous venez me demander. J’irai dormir sous l’arbre de la providence mais je vous prie de lui pardonner Monsieur, car je crois qu’il vous a dérangé pour rien.

Il lui fit un signe de tête pour marquer la fin de son discours et chercha à lire en ses yeux une once d’explications comme s’il préférait trouver lui-même réponse à ses questions. Les mystères du monde ne le tracassaient pas, qu’importe les raisons du paysan, son messager l’avait tiré du sommeil et ce ne pouvait être que pour le prier de partir.

-A moins que je puisse vous être utile à quelque chose?
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Message  Le Dévoreur de temps Dim 26 Fév - 1:00

Le voyageur hocha lentement la tête avant d'écraser entre le pouce et l'index sa cigarette à moitié consumée. Déjà, le malheureux moine s'effarouchait comme les prisonniers dans les baraquements lorsque les officiers entraient à l'improviste. Il sentit la vieille odeur de la peur et de la prison sur les vêtements du moine, une odeur qui lui avait aussi en certains temps été familière.

- Non, il ne sait même pas que je suis là. C'est moi l'intrus à vrai dire. Désolé pour la petite pipe qu'on nomme cigarette là d'où je viens. C'est une sale habitude dont je n'arrive pas à me défaire, mais ne t'inquiète pas, elle ne nuira qu'à moi. D'ailleurs, elle est déjà éteinte, regarde.

Il se leva et commença à arpenter le sol en terre battue de la grange. Si l'homme ne le prenait pas pour un démon, il n'en était pas moins très angoissé et agité. Il allait devoir le rassurer et rassurer un homme de Dieu était bien la tâche à laquelle il s'était le moins préparé. Il préférait affronter l'effronté, assujettir l'insoumission que secouer l'affliction ou réfuter les hallucinations.

- Je ne suis pas juge et encore une fois, Jonathan, que je ne connais pas, n'a rien à voir avec mon arrivée en ces lieux. J'ai à vous parler et si vous ne voulez pas me suivre, vous pourrez demeurer en ces lieux aussi longtemps que le brave homme le voudra.

Il s'arrêta soudainement d'aller et venir puis plongeant son regard d'acier dans les yeux de glace qui l'observaient avec une politesse trop contenue, il dit posément:

- Je crois que c'est moi qui peut vous être utile à quelque chose. Vous ne devriez pas avoir peur de moi mais je comprends votre méfiance en ces temps troublés

Devant l'absence apparente de réaction d'Ötis, il posa une simple question car il ne savait pas comment se comporter avec un homme si doux dans l'intention et si abrupt dans l'apparence autrement que par la patience. Lui aussi avait souvent du faire face aux regards peu amènes et aux chuchotements d'effroi sur son passage. Nombre de fois il avait entendu des paroles qui l'avaient fait sourire. " Il fait froid dans le dos ! ", "La beauté du Diable", "Il est si pâle, comme s'il était gelé, il est peut-être mort ! " et s'il savait faire front quand c'était de lui qu'il s'agissait, il ne savait pas comment adoucir le monde aux yeux d'un homme qui en avait certainement entendu tout autant et même plus. Il ne pouvait que partager ce qu'il avait trouvé comme parade à cet état dans lequel il s'était réveillé, dans un lieu inconnu.

- Vous sentez-vous chez vous dans cette époque ? N'aimeriez-vous pas connaître l'oeuvre de votre créateur dans toute sa vaste expression ? Ne souhaiteriez-vous pas aller là où la foi et le besoin vous appellent ? Voilà quelques temps que je vous suis et je sais que vous vous accommodez en apparence de bien des choses mais si vous pouviez mieux servir votre raison d'être, le refuseriez-vous pas simple résignation ?


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Message  Invité Sam 3 Mar - 14:17

Le visiteur faisait preuve de légèreté mais de compréhension. Il se fit d’ailleurs plutôt attentif aux souhaits de l’albinos car il éteignit rapidement cette cigarette sans prendre de travers les paroles du moine. Ötis pouvait paraître froid alors quand il s’en souciait, il usait de jolies tournures pour ne pas froisser les autres. La familiarité gagna du terrain et cela le rendait un peu suspect. L’homme lui parlait peut-être comme à un frère. Le franciscain ne le connaissant pas, il ne préféra pas l’accueillir trop vite en ses rangs. Il s’était levé et tournait sur quelques pas en veillant le religieux du coin de l’œil. Le moine le trouvait étrange mais il n’avait pas peur. Il ne connaissait pas Jonathan mais connaissait son nom… Ce point était somme toute plus important pour lui et renouait avec la première hypothèse du lien du sang.

Les questions grandissaient mais la main blanche ne dirait mot. Il écoutait, patient, rigide et le cœur de plus en plus rude sur ce que ce personnage était venu lui porter comme éclaircissement. L’air neutre et maîtrisé du pieu avait du parler pour lui car l’homme avait senti qu’ils n’étaient plus aussi proches en faisant naître l’ombre de la méfiance. Peut-être que les présentations avaient été faites car l’homme réinstalla de la distance par un vouvoiement courtois. Il devait se douter qu’il y avait des pans infranchissables que le prêtre ne laisseraient pas se fissurer. Contre toute attente, cet étranger si différent prouva lui ressembler en touchant avec véracité qu’il était douteux. Ötis lui avait tendu la main, par dévotion absolue et cet homme lui retournait l’offre en toute simplicité. Ötis écouta… Car un homme ne propose pas d’aider un religieux sans raison.

L’homme lui faisait face, confiant, sérieux, sinistre. Ils étaient fait de la même substance à n’en point douter. Les questions sur la raison de sa venue tambourinaient mais parce qu’il évoqua un horizon qu’il comprenait mieux, il balaya les dérangements de sa petite existence pour s’épancher sur la lumière divine. Son visage se détendit, la conversation portait sur un terrain plus propice à l’échange. Oui il valait toujours mieux parler de conceptions spirituelles que de bases primaires. Il se fichait au fond de la raison de sa venue, il était là voilà tout, par la volonté de Dieu qui avait voulu se manifester en de multiples obstacles.

Ötis essaya de sourire pour paraître charmant mais ce type de rictus ne lui étant pas familier, il ne savait l’entretenir et la furtive grimace s’effaça aussi vite qu’elle était apparue. S’il ne se sentait pas en phase ? S’il ne voulait voir l’œuvre du Créateur ? S’il ne voulait pas mieux le servir ?

-Je suis missionné avant d'être missionnaire, Monsieur. Ce présent est celui qui m’a valu d’exister parce que ma route devait croiser ceux qui y étaient également. La constance des époques est absolue. L’œuvre du Seigneur est trop vaste pour que mon âme sache un jour en décliner toute la grandeur mais je m’applique en chaque instant à goûter en toute conscience… Oui en toute conscience…

Son regard s’échappa un instant sur le côté comme s’il cherchait justement à renouer avec son impression la plus intérieure avant de retrouver les yeux de l’homme, une étincelle volontaire et un poil agressive en son sein. Sa voix se fit plus tranchante comme s’il avait entendu une sorte de reproche ; son portrait se déclinait soudain avec moins de douceur.

-La résignation enseigne que je sers malgré moi. Si vous me suivez, ils savent. Je ne ferai pas le serment hérétique et je suis ce que mon cœur m’a fait. Tenteriez-vous d’apprendre à un enfant à respirer sous l’eau ?

L’image était crue mais la tension le gagnait. Mort aux impies qui chercheraient à le convertir. Il crispa sa mâchoire et releva très légèrement le menton sans s’en rendre compte. Il n’y avait plus grande patience et docilité en ce moine. Beaucoup de certitudes et tout autant de dévotion…

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Message  Le Dévoreur de temps Lun 19 Mar - 23:05

Le Dévoreur de Temps médita en silence les paroles du moine et sentit que la tâche ne serait pas simple pour lui faire entrevoir sans susciter de la terreur, l'opportunité qu'il lui offrait. Comment exposer ce qu'il pouvait ouvrir sans passer pour le Malin lui-même ? Comment Moïse s'y était-il pris pour ne pas paraître démoniaque au peuple élu lorsqu'il avait ouvert les flots pour lui offrir une échappatoire ? Le peuple voulait vivre et avait une armée exterminatrice sur les talons. Ötis, lui, n'avait que la persécution d'une révolution en marche et le vivait sans doute comme un chemin de croix nécessaire, une mise à l'épreuve de sa foi déjà affirmée. Comment lui donner envie de porter ses pas dans un autre temps ? L'homme s'assit à nouveau sur une botte de foin et sortit de sa poche un petit paquet enveloppé dans un torchon. Il le déplia à côté de lui et entreprit de découper le pain et le fromage.

- Vous avez sans doute dîné chez Jonathan mais j'aurai plaisir à partager avec vous ces mets frugales.

Il lui tendit une large tranche de pain sur laquelle était posée un petit fromage d'alpage odorant.

- François aurait approuvé la simplicité de cette collation, n'est ce pas ? Votre ordre a à présent plus d'un demi millénaire d'existence et le coeur des hommes n'a pas oublié qu'il prêchait l'humilité. C'est cette révolution en marche qui s'affole, devient arrogante et fait oublier à leur âme que les mineurs n'ont jamais servi que le peuple et refusé les richesses des régnants.

Comme le franciscain ne s'approchait pas malgré une grimace qui aurait pu être un sourire, le voyageur posa l'offrande sur la balle de paille à côté de lui et poursuivit entre deux bouchées.

- Ce n'est pas la première fois, ni la dernière que l'humanité est amnésique des gens qui lui font du bien. L'histoire se répétera encore et encore mais l'ordre des franciscains va renaître sous peu. A peine le temps de la vie d'un homme... Votre Dieu patientera jusque là. Vous pourrez endurer le temps qui vous reste en le servant dans l'ombre parce que pour vous, il est en votre coeur. Mais s'il m'avait mis sur votre route pour que vous puissiez mieux le servir ? Comment savoir ?

Il avait un peu honte, le voyageur, de prêcher une parole à laquelle il ne croyait plus depuis longtemps et auprès d'un homme fervent. Aussi se tût-il à la recherche d'un nouvel élan argumentatif, recherche qu'il ponctua d'un long soupir. S'il pouvait simplement lui dire qu'il avait besoin d'envoyer quelqu'un à la recherche d'une âme en peine, une âme chère, laissée par lui en arrière dans le chaos de l'Histoire... Mais il ne pouvait pas. Il ne parvenait pas à verbaliser ses voeux muets, tus depuis si longtemps. Dommage car peut-être le moine se serait-il laissé toucher par une histoire personnelle, un appel à l'aide, plus que par un invitation à aller batifoler en robe de bure dans les champs temporels en quête des services les plus urgents à rendre au Divin. Pourtant jamais le Dévoreur ne dévoilerait ses desseins secrets, ni ce qui avait précipité l'homme qu'il était dans le vortex en un élan désespéré.

- Voudriez-vous aider vos frères là où ils en ont grandement besoin ?

Il songea au rôle des franciscains dans le temps qui lui était contemporain.

- Est- ce que vous accepteriez de voyager dans le temps, en ayant la certitude de pouvoir servir votre Foi ?

C'était risqué comme question, car le moine pouvait lui rétorquer qu'il servait Dieu en tout lieu et temps aussi bien, du moment qu'il faisait de son mieux. Mieux que mieux, était-ce accessible à un humble pétri de modestie ? Peut-être pouvait-il penser qu'il ne servirait jamais mieux son Dieu que dans l'adversité de la Terreur actuelle.

- Je devrais peut-être me taire ...

L'homme en noir se levait déjà, presque convaincu, par lui-même, d'avoir fait fausse route.

- Pardonnez-moi ... Je ne vous importunerais pas davantage...


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Message  Invité Sam 24 Mar - 21:50

L’homme s’installa de nouveau et sortit cette fois de quoi grignoter. Il était un homme simple appréciant les petits instants alors, il devait être un bon chrétien. Le visiteur demanda d’abord si le moine avait dîné et celui-ci, comprenant que l’homme souhaitait partager un peu de son repas, comprit l’utilité de répondre à la question. L’homme voulait être poli et ce n’était sans doute qu’une question d’éducation que de ne pas manger devant un autre sans l’y inviter également, mais Ötis savait aussi que l’intérieur de son estomac ne pouvait foncièrement inquiéter l’étranger. Aussi, il aurait du mentir pour ne pas conforter les codes sociaux qui le dépassaient mais son ventre le trahit dans un bruit très caractéristique. La dernière croute de pain n’avait pas été bien copieuse… Il aurait pu baisser les yeux mais il n’était pas responsable. Il était prêt à céder à la tentation et reprendre quelques forces qui ne seraient pas un grand mal mais la mention d’un « François » bien familier le figea dans une verticalité des plus statiques.

Il semblait connaître la valeur de l’Ordre du moins, il les estimait assez pour se tenir en cette grange avec lui. L’homme éclaira alors le prêtre sous un nouvel angle. Un Ordre nouveau pour les humbles ? Etait-ce là une nouvelle de Rome ou seulement une trêve des évêques soumis ? Ötis scrutait l’étranger avec méfiance mais profond sérieux. Il mangeait et s’adonnait à des propos peu cohérents mais le moine ne chercha pas là une faille psychique non, au contraire il cherchait des pistes dans les images inconscientes et les bribes de son cheminement. Le suspect devenait intéressant. Le silence planait pourtant, rigide et sans doute plus froid qu’une statue de marbre, le franciscain n’encourageait décidément pas à la confession.

L’homme en noir perdit alors de son élan et se redressa, présentant ses excuses pour les instants partagés et manifesta la vive intention de partir… C’était un bien curieux personnage qui oubliait même son bout de fromage. L’albinos approcha pour prendre la collation et mordre dedans, comme s’il venait de reprendre vie, comme si son esprit et son corps étaient véritablement dissociés en deux entités bien différentes.

-Le fromage m’a manqué mais ainsi il est mieux apprécié, merci. Il poursuivit comme si le monde entre les deux propos n’existait pas en récitant ce qu’il était dans les règles… Partir dans un abandon total à la Providence, ce fut bien l’itinérance pratiquée par Jésus et ses douze apôtres. En s’appuyant sur le dépouillement missionnaire, ils étaient contraints d’aller à la rencontre des autres et à s’en remettre à eux « pour l’amour de Dieu ».

Il prit quelques instants pour apprécier une nouvelle bouchée.

-La méfiance n’est pas une valeur à nos yeux. Je suis ignorant de votre volonté mais cela ne m’inquiète pas pour moi non, seulement pour vous. Si je suis ignorant de votre personne, je sais de moi qu’il n’y a pas grand espoir autre que ce que Dieu m’a permis d’offrir. Avez-vous de l’eau ?

Cette question flotta dans l’air, évidente pour lui car son gosier se faisait sec.

-Je vous aiderai et vous suivrai du mieux que je le puis et qu’importe le temps. Mes vêtements ne sont pas très chauds mais j’ose croire que vous m’aiderez à trouver un manteau si besoin. C’est que mon chemin n’a plus de direction en ces temps incertains alors je pense que vous êtes une boussole qui arrive à point.

Il s’approcha de lui pour lui lancer un regard quelque peu bienveillant et à la fois écrasant de certitude.

-Ne vous inquiétez pas de ma Foi. Si vous êtes venu trouver un moine, ce n’est pas pour prier pour lui.

Ötis finit enfin sa petite collation et espéra avoir redonné confiance à son interlocuteur. Ciel qu’il aurait fait un bien piètre prêtre. Il n’avait jamais aspiré à officier dans une paroisse et bien heureusement… Il était véritablement dépourvu d’un certain sens de la communication. Ses fidèles auraient été bien malmenés avec un confesseur tel que lui. La main blanche se tourna vers sa couche improvisée et constata qu’il n’avait pas grand-chose à prendre. Il replia le torchon dans lequel il y avait les dernières miettes de pain et replaça la corde à sa taille. Son chapelet en main et ses sandales aux pieds, il n’avait pas même de Bible en sa possession. Il leva les yeux sur l’inconnu, avec un léger caractère naïf.

-Où allons-nous ?
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Message  Le Dévoreur de temps Mer 28 Mar - 23:43

L'âme sur le seuil, l'autre la retient. Il allait pousser le battant pour sortir de la grange mais le moine l'interpella comme s'il ne pouvait se résoudre à suspendre définitivement l'entretien. Sans se retourner de peur de voir une illusion se briser, le voyageur écouta les paroles de l'humble qui le surprenaient finalement. Il eut un petit sourire que nul ne pourrait voir dans la nuit noire et surtout pas celui qui le provoquait puisqu'il lui tournait le dos. Dos qui se voûta imperceptiblement lorsque le moine évoqua sa " volonté". Que pouvait en effet appréhender cet homme simple de ce qui animait le voyageur ? Une grande lassitude l'envahit mais il se raidit et s'efforça de n'en rien laisser paraître. A peine sa main se crispa-t-elle sur le battant de la lourde porte en bois lorsqu'il la poussa.

- Je reviens...

Il avait repéré un puits en contournant le bâtiment pour en trouver l'entrée et savait comment étancher la soif de cet homme en quête d'une direction. Il laissa filer le seau dans le cercle d'eau noire et le fit remonter bientôt tanguant d'éclaboussures d'argent. En se penchant, il vit son reflet se découpant en sombres mouvances dans le disque laiteux du ciel. Il se redressa et hissa le seau pour le porter à l'intérieur de la grange, vers l'autre enfant de la lune. Deux êtres à la peau claire et aux cheveux immaculés ? L'un de naissance , l'autre marqué par les soubresauts d'une vie.

- Voilà de quoi étancher votre soif... Je ne sais pas si vous avez comme certains frères une petite timbale en fer blanc dans votre attirail .

Il posa le seau aux pieds de l'homme de foi et se redressa avec une ombre de sourire aux lèvres. Il avait eu l'air d'apprécier le repas, le bougre. Le voyageur avait bien entendu l'allusion glissée dans la citation. S'en remettre aux mains des personnes croisées sur le chemin, pour l'"amour de Dieu" et il y vit un signe d'encouragement .

- La méfiance ne doit pas être confondue avec la prudence. Je pense que lorsqu'on aime on oublie parfois la prudence et que c'est même la preuve ultime d'amour, ne croyez-vous pas ? Vous le pouvez comprendre mieux que quiconque. La vraie foi ne doit-elle pas se manifester sans attendre de certitude ?

Il désigna le seau d'eau d'un petit geste de la main.

- Buvez... C'est l'eau de la terre, fraîche et limpide. De celle qui étanche la soif. Comme l'espoir peut apaiser la faim par sa chaleur si faible soit-elle. Vivant, c'est ainsi que vous servirez le mieux la foi qui vous anime.

La méprise des mots, toujours possible et embusquée derrière chaque phrase. Encore plus lorsque des siècles ou des frontières séparaient les hommes. Ötis n'avait pas tellement tort lorsqu'il s'égarait entre les temps. Depuis qu'il avait quitté celui d'où il venait, y abandonnant une moitié de lui-même, le Dévoreur n'avait jamais connu que la pluie et la grisaille de celui dont parlait le moine. On pouvait bien traverser les époques comme les anticyclones ou les dépressions, lorsqu'on le faisait seul dans son coeur, il n'y avait pas de beaux jours et de doux printemps. Le soleil était mort pour l'homme dont l'amour vivait en un autre temps. Le voyageur envia le franciscain qui pouvait transporter partout et en tout temps l'objet de son amour. Bienheureux innocent. Il le regarda savourer le morceau de fromage. Même dans sa délectation, le dévot était frugal. Il lui fallait pourtant l'éclairer un peu différemment. Il le devait, pour la survie du brave homme.

- Je vais m'absenter, pour mieux vous équiper dans votre voyage. Pourtant, je ne vous laisse pas sans nouveau sujet à méditer. Même si vous aurez à affronter les intempéries de vos pérégrinations, c'est surtout les écueils de l'autre temps que vous devrez déjouer. Ötis, je vous offre de voyager à travers les siècles et non seulement à travers les caprices du climat. Mais vous n'avez pas tort. Pour affronter [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], un manteau bien chaud ne sera pas de trop.

Il essaya un sourire chaleureux à l'attention de l'albinos mais ne fut pas certain d'être réconfortant. Il était si difficile de se montrer réconfortant pour un homme qui demandait qu'on ne se soucie pas de lui.

- "Qui est Zorvan ?" me direz-vous. Je ne le sais pas moi-même. Mais je sais ce qu'il fait et quel est son rôle. Il est mon complice, gardien d'un lieu et portier de trois mondes. Vous avez votre Saint Pierre, j'ai le mien. Leurs clefs sont bien différentes. Là où je vous mènerais, si vous le souhaitez vraiment, Zorvan garde le seuil de trois mondes très différents. Celui de vos rêves se nomme [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], un monde où le rêve le plus secret d'une âme peut prendre corps et influer parfois sur la réalité au réveil.

Il scruta le visage d'albâtre blanc et vit le regard d'opale rose se troubler .

- Peut-être préférerais-tu revivre ton parcours de foi à l'envers dans quelques extraits et fouler le couloir du [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] mais je ne sais si ta foi refuse ou encourage le retour sur soi-même et la contrition sur les actes passés.

Il s'était laissé aller à un ton plus familier sans y prendre garde. C'était presque naturel lorsqu'il entrait en empathie avec un possible élu. Pourtant, il ne savait comment le moine allait percevoir cette familiarité. Il n'était pas impressionné par la Foi mais quelque fois par sa manifestation dans le coeur humain. Il se trouva presque timide en voulant annoncer la troisième porte possible et raffermit sa voix.

- Il y a aussi [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui pourrait être très troublant pour un homme de Foi. Que penseriez-vous, Ötis, d'arpenter une autre réalité, un monde apparemment identique en tout point à celui que vous connaissez mais pourtant marqué d'intangibles différences ? Tout y semble normal, jusqu'au moment où l'improbable surgit.

Le paroles de l'humble revinrent en son esprit encore une fois. S'il ne s'inquiétait de la flamme qui brûlait l'âme d'Ötis, il se souciait de la direction que celui-ci allait choisir, il se souciait de savoir s'il allait survivre à l'épreuve du vortex sans croire à l'oeuvre du Mal et s'il n'allait pas voir en Zorvan un suppôt du Malin. Il savait que de l'épreuve dans l'antichambre pouvait sortir un Ötis différent et plus ou moins ouvert à l'idée de l'aider. L'avertir et le rassurer sur ce qu'il n'avait pas encore vécu sans l'alarmer, quelle gageure.

- Je vais vous laisser un petit moment pour quérir ce qui sera nécessaire à votre voyage. Temps qui va vous permettre de réfléchir encore, d'affermir votre décision de me suivre, de choisir votre destination. Quelle qu'elle soit, n'oubliez pas une chose : je ne suis venu à vous que parce que vous m'avez appelé. Sans en avoir conscience, vous m'avez fait venir à vous. Je ne vous demande pas de renoncer à ce que vous êtes mais au contraire de l'être, plus que jamais. Vous ne devrez pas douter que je vous veux du bien. Vous serez éprouvé durement par Zorvan, mais simplement pour vous éviter de vous perdre par la suite dans les méandres du Temps. Je serais là lorsque vous m'appellerez et il vous semblera normal d'être là quand je vous appellerai.

Il se dirigea alors vers la porte de la grange et se retourna une dernière fois pour murmurer " à bientôt, Ötis !" et s'évanouit dans une lumière moirée.

[HRP]
Spoiler:
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Message  Invité Jeu 26 Avr - 23:20

L’homme poussa la lourde porte. Quelques mots s’échappèrent d’entre ses lèvres et c’était là une promesse. Ötis aurait pu craindre qu’il oublie de revenir mais alors qu’il ne l’aurait pas retenu s’il n’avait rien mentionné, il était confiant pour le coup car l’étranger s’était déclaré de son propre gré. Ötis profita des rayons lumineux des cieux pour porter son attention sur la grange. Elle était une fort belle bâtisse et heureux de cet instant de plénitude, Ötis ferma les yeux pour demander au Seigneur de protéger Jonathan et les siens. L’air se faisait plus que frais et le moine retrouva un peu de sa paillasse pour patienter jusqu’au retour de l’inconnu.

Enfin, il revint armé d’un seau. Ötis fut bien surpris que l’homme se soit dérangé alors qu’il aurait seulement pu indiquer au religieux où se situait le point d’eau. La main blanche se pressa pour décharger l’homme en le remerciant, d’une voix nerveuse car peu habitué à ce qu’on se donne du mal pour lui. Il plongea ses mains dans la soyeuse morsure de l’onde et porta à sa bouche quelques gorgées.

-Cela fait bien longtemps que je n’ai plus ma gourde. Elle ne valait pourtant rien mais il faut croire qu’un des gardiens s’attendaient à ce qu’elle soit bénie du Saint Père.

Il leva les yeux sur l’homme en se redressant lentement, une ombre ayant traversé l’éclat de ses yeux. Cet homme craindrait peut-être d’apprendre qu’il était face à un ancien prisonnier, il valait mieux se méfier et s’expliquer..quoi qu’il venait de loin…Depuis quand le suivait-il finalement ? Qu’est-ce qu’il pouvait attendre de lui ? Il y avait bien des milliers de questions qui fusèrent en quelques fractions de seconde. L’homme ne sembla pas cerner ses interrogations ou craindre qu’il puit avoir été prisonnier non.. sans doute le savait-il déjà. Il clamait justement comme l’amour de Dieu poussait parfois à l’imprudence..s’il parlait pour lui, il se sentait donc porté par une mission.

Ötis s’était assis sur un carré de paille, attendant qu’on lui énonce le sort qui lui était désormais destiné. Il n’y avait pas là d’impatience ni de crainte non. Il était à un point de départ pour toute chose, il n’avait même plus de congrégation… L’inconnu semblait satisfait et il pria l’albinos de l’attendre pendant qu’il chercherait de quoi l’habiller. Ötis voulut se lever pour protester car il n’était pas de ceux qu’on servait mais la suite du discours l’interpela bien davantage.

« voyager à travers les siècles et non seulement à travers les caprices du climat » cela était clair mais ne voulait rien dire. Etait-ce un antique cercle d’initiés qui venait le cueillir ? Cette pensée étriqua sa poitrine et il sentit son souffle se couper. Les vertiges pointaient presque. De tous les souhaits que son humble âme aurait pu formuler, servir auprès des plus pieux n’aurait pu être une meilleure façon de l’exaucer. Il baissa la tête pour forcer ses yeux ronds à retrouver leur calme. Non il ne pouvait croire à une telle opportunité. La sérénité lui parvint de nouveau, progressivement. Il priait silencieusement, demandant pardon au Créateur d’avoir pu se sentir si chanceux ou extraordinaire. Il jura de jeûner durant cinq jours et cinq nuits pour faire taire ses élans d’orgueil.

« Qui est Zorvan ? » L’homme continua son récit ne remarquant sans doute pas comme un moine pouvait si facilement se briser. Oui.. qui est Zorvan.. Ötis n’avait pas vraiment cerné le propos mais il s’accrocha aux mots qu’il comprenait sans réussir à les tisser entre eux. Ainsi, il y avait un gardien, tel le pieu Simon, possédant les clefs d’un paradis bien autre. Le moine sentit les traits de son visage se durcir. Il n’était pas très chrétien de décliner d’autres paradis sinon pour mieux tenter le diable…

Ötis sentit la colère gronder en lui. Ce visage était si familier au sien et il encourageait à se détourner des voies naturelles. Etait-ce là un homme ayant pactisé avec le démon pour proposer de visiter un monde de rêves et de tentations? Cette entrevue était-elle déjà un rêve, une épreuve de son courage et de sa détermination ? Une chose était certaine, cet homme disait juste, il était là parce que Ötis le voulait. Il était là parce qu’il n’avait nul autre voie à suivre et parce qu’il était une épreuve…

L’homme le salua enfin, avec un air plus rassuré. Sans doute était-il amusé des méandres dans lesquelles il espérait perdre le moine. S’il lui voulait du mal ? Cela lui importait peu. Seul un cœur gonflé d’arrogance pouvait croire que les engeances du diable se retourneraient sur lui. Ötis était faible, il n’écraserait sans doute pas le moindre démon mais il savait que la bienveillance du Christ déjouerait à jamais les tentatives du malin. La silhouette s’envola par enchantement mais le prêtre n’en fut plus étonné. Il rêvait peut-être et c’était là une apparition nécessaire. Il aurait à prouver de sa lumière, déjouant la tentation, il le ferait.

Il réfléchit aux propositions de l’homme. Une terre de rêve, c’était un cadre idéal. Le supplice était déguisé et sans doute qu’il apprendrait sur lui. Le champs de l’oubli.. voilà une ombre bien sévère qu’il ne voulait pas explorer. Son passé il n’en voulait plus et il n’avait rien à regretter. Quant à l’épreuve d’un monde de mensonge, il ne sentait pas là la quête à mener pour lui. Il était seul, il n’avait pas à explorer la vérité et l’amour de son prochain. Il était décidé. Il suivrait cette apparition quelle soit ange ou démon parce que son épreuve était là. Il ne devait pas s’inquiéter de la mission de la créature car si Dieu lui envoyait, il ne pouvait en cerner tous les mystères. Il devait faire de son mieux à lui, pour aiguiser son libre arbitre, apprendre et ainsi servir au mieux.

Après s’être rafraichi de quelques poignées supplémentaires, le moine ôta sa robe et versa le seau sur sa tête. Le froid le saisit avec vigueur et il en profita pour se frotter un peu. Qu’il était bon de n’être qu’un humain. Qu’il était bon de sentir sa chair si faible et fragile. Qu’importe le voyage, il était un humble qui ne brillerait d’aucune autre façon qu’en restant à sa place. Habillé et frais, il s’allongea pour fermer les yeux.

-Comment appelle-ton celui qui ne s’est pas présenté ? Donne moi ton nom et je te suivrai jusqu’au blue Hospel.

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Message  Le Dévoreur de temps Mer 10 Oct - 0:12

Fiche archivée pour cause d'absence d'un mois annoncée par Ötis. Sera désarchivée à son retour.
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Message  Le Dévoreur de temps Sam 10 Nov - 0:42

Fiche archivée en l'absence de retour du membre après le mois de délai accordé. Pourra être désarchivée sur demande si une nouvelle inscription du membre se fait.

suite du RP archivé dans Tace sed memento [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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