Allez je ne vais pas tomber dans les classiques, sinon je vous parle de Madame Bovary pendant une heure ce qui peut être très soporifique...
Voici un livre qui ne mange pas de pain et m'a bouleversée pourtant. Le film existe aussi, j'espère pouvoir....bref !
Il s'agit de Un jour de David Nicholls
Je dois avouer qu’au départ je suis restée dubitative sur le pourquoi de ce chassé-croisé amoureux mais je vous rassure, toutes les réponses arrivent à qui sait attendre et la saveur de cette histoire n’est pas du tout mise en danger. On suit en effet la vie de Emma et Dexter pendant deux décennies. Une vie ponctuée par tout ce qui définit le mot : blessures, trahisons, amitiés, amours, travail, engagements… Mais surtout une vie qui a tissé un lien invisible et à la fois tellement parlant, un fil d’infini entre deux êtres qui se sont trouvés puis rejetés par peur, incompréhension. Emma a des ambitions artistiques très prononcées et elle met tout en œuvre pour réussir tandis que Dexter est dans l’auto-destruction, la recherche de lui-même et le paraître. Ils décident donc de rester amis malgré les sentiments secrets qu’ils nourrissent l’un pour l’autre sans jamais vraiment les révéler. En vingt ans on les voit évoluer de façon différente mais rien ne peut les séparer, pas même les parasites extérieurs et leurs propres démons. Plusieurs fois, ils tentent d’exprimer leurs sentiments d’une manière très maladroite et pourtant sincère mais il faudra encore des épreuves pour qu’ils se jettent dans l’aventure de perdre leur amitié ambigüe. Et la vie se rappellera à eux, encore une fois, dans la douleur…
A vingt et quelques années, Emma est en pleine recherche de ce qu’elle veut faire exactement de sa vie. Elle sait que ça se tournera vers l’art, l’écriture sûrement mais elle a aussi des convictions, un caractère de feu et des principes parfois caducs. C’est une bosseuse, une fonceuse dans le travail. Elle est pourtant très compliquée. On ne sait si elle a peur de vivre ou si elle ne sait pas comment s’y prendre même si elle ne s’appesantit jamais sur son sort. Tout au long du livre, en prenant sa vie en main, en se débarrassant de ses peurs de jeunesse, elle embellit à tous les niveaux. Elle inverse la tendance du temps et s’accomplit vraiment.
Dexter quant à lui est beaucoup plus insaisissable. Il est écorché, il est dans le jeu malsain de la destruction, la sienne et celle de ceux qui l’entourent. Peut-être que son passé pourrait expliquer son comportement, sa psyché, malheureusement, l’auteur ne s’est pas assez penché dessus pour qu’on le sache. Et pourtant, il sait aussi aimer à merveille. Un peu comme Emma, il n’ose pas. Ils ont finalement tous les deux peur du rejet, de l’échec. Ne vous trompez pas, le personnage est très intéressant et à la fin, il m’a totalement touchée coulée mais je n’en dis pas plus.
Ce livre est éprouvant. Tout d’abord car on a envie de les secouer, de leur ouvrir les yeux, de leur dire qu’ils passent sur la moitié de leur vie pour les mauvaises raisons. On aimerait aussi souffler à l’un comme à l’autre toutes les hésitations qui font de leurs rendez-vous des actes manqués. Mais ce livre est sublime. Il montre toutes les turpitudes de l’âme humaine, toute la complexité de l’amour au milieu d’une vie, d’une histoire personnelle et surtout, il donne espoir. Si on s’aime, on s’aimera. C’est ce que je retiens de ce livre et c’est tellement énorme.
Nicholls maîtrise à la perfection ses personnages, il les dépeint avec une virtuosité goûteuse mais il tisse la toile de leurs vies dans différents pays en vrai connaisseur. Tous les détails, les descriptions frisent la perfection dans l’imperfection de cet amour.
J’insiste sur le fait que ce n’est pas un livre pour se pâmer, c’est un livre qui fait réfléchir, qui demande qu’on donne de soi.