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Magdalena Rompierre

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Magdalena Rompierre Empty Magdalena Rompierre

Message  Invité Mer 9 Sep - 13:54


Centre Hospitalier Gérard Marchant
134 route d'Espagne
31000 TOULOUSE
tel. 05 61 75 02 28 / fax 05 61 75 02 29
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FICHE DE RENSEIGNEMENTS

Date d'admission : 13 mars 2015
Nom : Rompierre
Prénom :  Magdalena (Surnom : Mac)
Sexe : Féminin
Date de naissance : le 10 mai 1994 à Toulouse, France
Age : 21 ans
Adresse actuelle : pas d'adresse fixe
Téléphone : 06 85 28 96 31
Emploi : sans emploi
Taille : 1m62
Poids : 50 kg
Personne à contacter en cas d'urgence : Mme ROBERT Annie (curatrice)
Numéro de Sécurité Social : 2 94 05 31 555 274 42
Régime : CMU
Mutuelle : /
Groupe sanguin : O+
Allergies : /
Traitement : contraceptif oral
Antécédents : /

Magdalena est une jeune femme au visage angélique. Blonde aux yeux verts, ses cheveux mi-longs et sa carrure lui donnent un aspect d’insouciance. Le vert perçant de ses yeux intensifie son regard. Ses cheveux lâchés, plus ou moins entretenus, dénotent l'attention qu'elle y porte avec le peu de moyens dont elle dispose. Pas très grande et plutôt fine, elle paraît presque amaigrie. Un petit bout de femme fragile qui arpente les chemins sinueux de la vie. Seul ses trais du visage marqués ne reflètent pas son jeune âge, présumant une maturité précoce.
Ses vêtements sont modernes, choisis avec goût. Cependant, en y regardant de plus près, ils sont bon marché, usés à certains endroits, rafistolés à d'autre. Magdalena y accorde de l'importance, comme à son apparence, mais ses moyens limitent son choix et le renouvellement de sa garde robe. Elle n'a finalement que peu de vêtements et jongle avec la variété de composition de tenues qu'elle peut se permettre.  


Séance n°1 : le 18/03/2015

- Bonjour, je vous en prie, installez-vous. Je me présente, je suis Louise BERRARD, psychologue. Vous avez déjà vu un psychologue dans votre vie ?

- Ho oui …

- Nous allons nous voir régulièrement et nous allons travailler ensemble sur tout ce qui fait votre vie pour vous aider à aller mieux.

- Je sais. Quand est-ce que je pourrai sortir d'ici ?

- Justement, cela dépendra de nos séances de travail et de leur qualité.

- Bon, ben alors commençons tout de suite. Plus vite ça sera fait, plus vite je pourrai sortir.

- Bien. Tout d'abord, j'aimerais apprendre à vous connaître, à connaître un peu votre histoire, comment vous avez grandi. Commencez par me parler de vos plus jeunes années.

- J'ai bu du lait pour avoir des os solides … Qu'est-ce que vous voulez savoir ?

- Tout ce que vous aurez envie de me dire.

- Je suis née à Toulouse le 10 mai 1994 d'une mère un peu débile et d'un père un peu trop alcoolique. Je suis la troisième d'une fratrie de cinq enfants : deux grands frères et un petit, une petite sœur, la dernière.

- Pouvez-vous me parlez de vos parents, comment étaient-ils ?

- Alors … la naïveté de ma mère l'a sûrement poussée à se laisser embarquer par le premier venu, et c'était mon père... Il est beaucoup plus âgé qu'elle. Leur relation a toujours été explosive, à se demander ce qui a motivé leur couple ! Ils se disputaient souvent. Maman restait à la maison et s'occupait du ménage. Mon père travaillait plus ou moins et, lorsqu'il ne travaillait pas, il était souvent absent. Il pouvait être très agréable, parfois très câlin. A d'autres moments, il était agressif, dans ses propos et dans ses gestes brusques. Dans ce cas, il valait mieux ne pas être dans la même pièce que lui, sous peine de prendre une torgnole. « Une bonne gifle, ça n'a jamais fait de mal à personne ! ». Même Maman le fuyait parfois et venait se réfugier dans la chambre avec nous. Ça avait pour avantage de faire revenir le calme dans la maison. Enfin si on peut appeler ça du calme : mon père qui crie, se met à casser des objets dans le salon ...

- Parlez-moi de vos frères et sœurs.

- Gaëtan est l’aîné … enfin était, il est mort. Il avait 4 ans de plus que moi. Martial, mon autre grand frère, a 24 ans. Ils étaient très proches vu qu'ils n'avaient même pas un an d'écart. Mon petit frère, John, doit normalement avoir 18 ans. Et Emma, ma petite sœur, a 13 ans.

- Y a-t-il d'autres membres de votre famille que vous côtoyiez régulièrement étant plus jeune ?

- J'ai quelques vagues souvenirs de mes grands-parents. (Maternels car je n'ai jamais connu ceux du côté paternel). Il me semble que je les voyais de temps en temps, quand j'étais petite. Ils nous achetaient des cadeaux, des habits etc... Mais mon père ne les a jamais portés dans son cœur, il n'arrêtait pas de faire des commentaires sur eux. Je vous passe les détails, mais il était assez cruel les concernant... Un jour, mon père et ma mère ont eu une terrible dispute à leur sujet. Et du jour au lendemain, on ne les a plus vus. Sinon, personne d'autre.

- Que pensez-vous de ça ?

- A l'époque, j'étais trop petite pour cogiter ce genre de trucs. Pt'être que j'avais le sentiment qu'ils étaient sympathiques et que je les appréciais. Maintenant, ben … j'en sais rien … j'm'en fous, j'crois …

- Racontez-moi comment cela se passait à la maison ?

- Il n'y avait qu'une chambre dans l'appartement où nous vivions. Mes parents dormaient sur le canapé du salon, les enfants s'entassaient dans l'unique chambre. Mais, ça n'était pas toujours respecté : s'il nous arrivait de nous endormir quelque part, mes parents ne nous déplaçaient pas, nous dormions là où nous étions. Après : l'agitation, les cris, les disputes, aussi bien entre adultes qu'entre enfants et qu'entre adultes et enfants. Le bordel quoi ! Face à mon père, les enfants perdaient toujours alors que ma mère, elle, se faisait bouffer, elle cédait ; que ce soit face à mon père ou face à nous, d'ailleurs ! Une fois, mon grand frère a voulu intervenir dans une dispute entre mes parents. Il s'est pris une trempe mémorable ! Depuis ce jour, aucun des enfants n'osa plus intervenir dans les disputes de mes parents. On se débrouillait le reste du temps, on s'adaptait à l'irrégularité du quotidien qui nous était devenue habituelle. On se lavait quand, tout à coup, un de nos parents nous le demandait, ce qui créait encore plus de disputes ! On mangeait aussi bien à 18h qu'à 22h en fonction de ce qu'il y avait ; attablés ensemble ou chacun avec une assiette, disséminés un peu partout dans la maison. Seuls les horaires de l'école étaient des repères fixes pour nous.

- Et comment vous entendiez-vous avec vos frères et sœurs lorsque vous étiez plus jeune ?

- J'admirais mes deux grands frères. Ces deux grands gaillards qui se bagarraient entre eux et osaient répondre aux parents. J'étais bluffée par toute cette agitation qu'ils créaient, émerveillée. J'ai commencé à faire comme eux. Je donnais des petits coups à Maman en signe de rebellion. Je courais dans l'appartement pour qu'on ne m’attrape pas ; me débattais lorsque ça arrivait. Je me souviendrai toujours : quand j'étais petite, je me bouchais les oreilles avec mes mains afin de filtrer le plus du bruit possible que faisait mon père. Mes frères me prenaient à tour de rôle dans leurs bras pour me réconforter, jusqu'à ce que je m'endorme. Qu'est-ce que j'étais jeune à cette époque … J'étais un peu jalouse à l'arrivée de mon petit frère. J'avais senti que ma mère avait moins de temps à me consacrer. Je n'appréciais pas beaucoup ce petit bout'd'chou qui avait pris ma place de dernière. Puis c'est passé. En grandissant, il est devenu colérique. Mes deux grands frères, eux, l'ignoraient totalement à partir du moment où ils pouvaient se chamailler entre eux. Plus il grandissait et plus mon petit frère devenait insupportable, surtout après l'arrivée de ma petite sœur. Lorsque ça lui prenait, il se mettait à hurler, à se rouler par terre. Il nous arrivait de descendre au parc en bas de notre immeuble pour y échapper quelques instants. Mon père avait une solution radicale : il l'enfermait dans la salle de bain jusqu'à ce qu'il se calme. Parfois, on l'entendait taper contre la porte et l'intérieur de la pièce. Il lui est même arrivé plusieurs fois d'y passer la nuit. Mon petit frère était le seul à répondre à mon père. Il ne le provoquait pas, mais il était le seul, alors qu'il était encore petit, à  ne pas se laisser faire, même par notre père. Il a souvent pris des sacrés torgnoles, mais il le cherchait bien ! La salle de bain a souffert : le carrelage était cassé, certains carreaux manquaient, le miroir était brisé … Il a même réussi à provoquer une fuite au niveau des chiottes. Ma mère a dû appeler en urgence un plombier, mes parents se sont disputés le soir même, elle s'est pris une sacrée rouste … enfin bref, le train-train habituel quoi ! Ma petite sœur, quant à elle, est devenue le centre de l'attention de ma famille. Nous avions une attitude protectrice envers elle, et pour cause, elle est atteinte de trisomie 21. Tout le monde se sentait impliqué dans sa protection. Mon père, lui, la protégeais à sa manière : il l'ignorait. Au fil des années, elle est devenue capricieuse, une vraie enfant pourrie gâtée. Nous étions tellement tous après elle qu'elle pouvait faire de nous ce qu'elle voulait. Et elle était très maligne et mesquine avec ça. Une vraie peste à l'époque ! Lorsqu'une personne refusait ce qu'elle voulait, elle arrivait dans son dos à casser ou abîmer quelque chose. N'ayant aucune preuve, cela se retournait forcement vers cette personne qui se retrouvait soit puni (par mon père), soit lésé. Ma petite sœur n'était jamais punie. Et elle était la seule à ne pas aller à l'école. Allez savoir pourquoi, elle m'admirait !

- Merci. Ce sera tout pour aujourd'hui. La prochaine fois, nous parlerons de votre adolescence. Vous pouvez rejoindre le pavillon. Bonne journée.

- Est-ce qu'on a suffisamment avancé pour que je sorte plus vite ?

- Pour cela, il nous faudra plus d'une séance …

- Pfff …


Séance N°2 : le 5/04/2015

- Je suis pas prête de sortir s'il faut attendre autant entre 2 séances !

- Bonjour. Je vous en prie, installez-vous.

- Bon. De quoi vous voulez parler aujourd'hui ?

- Nous nous en étions arrêté juste avant votre adolescence. Il me semble judicieux de commencer par là.

- Pfff … Je vois pas en quoi raconter ma vie peut servir … Enfin, j'ai pas vraiment le choix ! Je suis rentrée au collège, j'avais de mauvaises notes. J'avais pas beaucoup d'amis parce que je me prenais tout le temps la tête avec tout le monde. Et puis, de toute façon, je préférais être seule. Les autres ne s'intéressaient pas à moi, et c'était pas plus mal ! Je supportais pas grand monde. Je répondais à tout. Mes notes étaient catastrophiques. Ha, ça je l'ai déjà dit … J'accompagnais mon père au bar. Et toute la famille a été placée en foyer. Question suivante ?

- Attendez un peu, vous allez trop vite. Toute votre famille a été placée ?

- Un jour, les services sociaux avec des policiers ont débarqué à la maison et ils ont emmené tout le monde. Sur le moment, j'ai eu la peur de ma vie. Je me suis prostrée dans la salle de bain, je tremblais et je pleurais. Je répétais « Ne m'touchez pas, je vous en prie. » Heureusement qu'il y avait l'assistante sociale du collège ! J'ai reconnu sa voix et ça m'a rassurée. Au final, mes deux frères et moi étions dans un foyer pour ados, mon petit frère dans un foyer pour troubles du comportement, ma petite sœur dans un foyer pour enfants handicapés, Maman dans un foyer pour adultes handicapés et mon père en prison.

- Qu'est-ce qui a motivé tous ces placements ?

- Le comportement de mon petit frère et le mien. L'assistante sociale du collège a fait une enquête auprès de nous.

- Et pourquoi votre père s'est-il retrouvé en prison ?

- Il a abusé de moi ! Il m'a amené dans ce bar où pleins d'autres hommes ont aussi abusé de moi !!! C'est bon, on peut passer à la question suivante maintenant ?!!

- Très bien. Finalement, vous avez passé beaucoup de temps à me parler de votre enfance mais vous êtes très rapide en ce qui concerne votre adolescence. Arrivez-vous à m'expliquer pourquoi ?

- Parce que vous croyez que ça me fait plaisir de parler de l'époque où ma famille a explosé ? De me rappeler que ma mère a sombré dans la dépression et le mutisme ? Que ma petite sœur pleurait à chaque fois ? Que mon petit frère devenait de pire en pire, insupportable ? Que Gaétan s'est tué en voiture trois mois après ses 18 ans et sa fin de prise en charge ? Que son décès a complètement anéanti toute la famille, en particulier mon autre grand frère, ma petite sœur et Maman ?

- Je comprends. Et vous, comment avez-vous vécu cette période ?

- Moi ? J'étais révoltée ! Contre les règles bidon de l'institution, contre toutes les mêmes têtes que je voyais tous les jours au foyer. A quoi ça sert que j'apprenne à faire la cuisine si je n'ai même pas de quoi m'acheter à bouffer ? Contre mon petit frère irrespectueux qui me faisait honte ! Contre Maman qui coulait petit-à-petit. Elle avait déjà changé avant le placement. Elle était devenue triste et prenait des médicaments. Mais c'est devenu encore pire ! Et Martial, qui était apathique, j'avais envie de le secouer ! Et ma petite sœur qui n'arrêtait pas de pleurnicher ; je ne vois pas pourquoi on se voyait si c 'était pour passer notre temps à pleurer …

- Vous auriez souhaité retrouver votre famille comme elle était avant le placement ?

- Hmm … Je me rends compte qu'il y avait des choses qui n'allaient pas dans notre manière de vivre, mais au moins, on était ensemble …

- D'accord, et qu'avez vous fait ensuite ?  Et après le foyer ?

- J'avais économisé pour me payer le permis et une voiture. Le foyer m'avait fait passer un CAP Agent de Propreté et d'Hygiène. Ils m'ont aussi trouvé un appart et un boulot. Donc dès que j'ai été installée, la prise en charge s'est arrêtée. A partir de ce moment là, il a été difficile pour moi de joindre les deux bouts. Et j'ai été virée ! Alors je bossais ça et là, des emplois saisonniers, ce genre de job. Puis j'ai rencontré Nicolas. On est sorti ensemble quelques temps et je me suis installée chez lui. Enfin chez sa mère. Et d'un coup, il m'a foutu à la porte sans raison. Il a dit qu'il voulait plus me voir ! Et me voici ici !

- Ce que vous êtes en train de me dire c'est que votre tentative de suicide est à cause de cette rupture amoureuse ?

- Ouais, c'est bon, je sais ce que vous pensez, vous me jugez, vous croyez que c'est rien et que c'est une excuse bidon pour se suicider !!! C'est bon, moi je dis plus rien ! Ça me saoule !

- Comme vous voulez. Sachez qu'il nous reste 10 min de séance et que, si vous voulez sortir rapidement, il est préférable d'utiliser ce temps à bon escient.

- J'ai pas envie de parler de tout ça !

- Alors si vous ne voulez pas parler ni de votre adolescence, ni de votre rupture, de quoi voulez-vous parler ?

- … Maman me manque … Elle est morte une semaine avant que Nico me foute dehors. Je ne suis même pas allée à son enterrement car j'avais la tête trop prise par des disputes à la con !

- Avez-vous eu récemment des nouvelles de vos autres frères et sœurs ?

- Pas depuis que je suis avec Nico.

- Peut être que ça serait une bonne chose de commencer par là. D'après ce que je comprends, votre famille est importante pour vous. Entretenez ces liens. Ils sont des ressources pour vous, même si vous n'en avez pas conscience. Alors exploitez-les.

- Je vais vous laisser, je pense que les 10 minutes sont écoulées … Bonne fin de journée …


Séance N° 3 : le 20/04/2015

- Bonjour. Comment allez-vous aujourd'hui ?

- Ça va. J'ai eu une permission de sortie pour aller sur la tombe de Maman. J'ai eu des nouvelles de ma petite sœur. Elle m'a donné les numéros de mes frères mais je n'ai pas encore réussi à les joindre.

- Bien. Êtes-vous prête à reparler de cette rupture qui vous a amenée à vous faire du mal ?

- Faut bien …

- Bien. Racontez moi un peu comment vous l'avez connu et comment a évolué votre relation ?

- On travaillait ensemble dans le même hôtel-restaurant. Lui, il faisait la plonge au resto et moi j'étais femme de ménage sur l’hôtel. On a rapidement accroché et on est sorti ensemble. On ne se voyait pas beaucoup vu nos horaires. Puis nos contrats saisonniers se sont terminés et on a continué à se voir de manière irrégulière. Dès fois, j'avais pas de nouvelles pendant plusieurs jours … Quand j'y repense, j'aurais mieux fait d'être gouine plutôt que bi ! Les mecs, ça crée toujours que des problèmes ! Enfin, bref. Je me suis installée chez lui et sa mère. J'arrêtais pas de me prendre la tête avec elle. Une vraie peau de vache ! Elle n'arrêtait pas de me donner des ordres et je ne supportais pas ça ! Nico était souvent absent ; on ne se voyait finalement pas plus qu'avant. A cause des tensions avec sa mère, on se disputait. Il ne me défendait jamais ! Alors, je lui ai demandé de trouver une solution à la situation. Suite à une violente dispute qu'on a eu tous les trois, il a pris mes affaires, les a foutues dehors et « Je ne veux plus te voir. ». Sur le moment, j'ai rien compris. Je me suis retrouvée seule avec une partie de mes affaires et ma 205 toute pourrie. Et c'est cette nuit, que j'ai …

- Que vous … ?

- Que je me suis ouverte les veines avec un bout de verre que j'ai trouvé …

- Qu'est-ce que vous pensiez à ce moment-là ?

- J'étais partagée entre la rage contre lui (je voulais littéralement lui casser la figure) et la tristesse car son attitude m'avait blessée. J'étais désespéré, effondrée. Je ne voyais qu'une solution : mourir.

- Et aujourd'hui, qu'en pensez-vous ?

- Je suis toujours partagée. Je me demande s'il en valait la peine. Et même temps, je sais que je l'aime encore.

- C'est normal de penser ça aujourd'hui. Vous êtes en train de faire le deuil de votre relation. J'ai une autre question : que pensez-vous de son attitude envers vous ?

- Parfois, je me demande si je n'étais pas sa chose. Il était souvent absent et quand il était là, il fallait que je me consacre à lui. Comme je l'aimais, je le faisais. Mais finalement je me dis que j'aurais apprécié qu'il soit plus présent et que nous ne vivions pas chez sa mère, bien sûr … Et puis, avant qu'il ne rompt, on se disputait tout le temps. Finalement, je cédais toujours parce que je l'aime.

- Vous l'aimez toujours ?

- Je ne sais pas …

- Trouvez-vous en ce Nicolas des similitudes avec quelqu'un que vous avez connu ? Un de vos proches ?

- Oui, un peu de mon père …

- Qu'avaient-ils en commun tous les deux ?

- Le fait d'être souvent absent sans que je sache où, le fait que je sois à sa merci. C'était lui qui décidait de ce qu'on faisait et quand on le faisait. Le fait que, finalement, l'un comme l'autre, n'en avait rien à foutre de moi …

- Je vois des larmes. Cela vous touche ?

- Comment voulez-vous que ça ne me touche pas ? Je me rends compte que personne n'en a rien à faire de moi ; tout le monde me considère comme une chose dont ils font ce qu'ils veulent . Vous êtes sûre que vous êtes censée m'aider ? Parce que là, ça a plutôt tendance à faire l'effet inverse …

- Il y a des gens pour lesquels vous comptez : vos frères et sœurs ainsi que votre maman avant qu'elle ne décède. Vous m'avez dit que vos grands frères prenaient soin de vous quand vous étiez jeune, que vous étiez un modèle pour votre petite sœur. Votre maman avait des problèmes, certes, mais elle n'a jamais été maltraitante envers vous. Souvenez-vous de la peine que le décès de votre frère a provoqué. Ils auraient tous la même peine si c'était vous aujourd'hui.

- Oui, je comprends …

- Nous sommes ici ensemble pour trouver ce qui cause votre désarroi afin que vous trouviez la force pour le surmonter. L'analogie que vous faites entre votre père et votre ex-compagnon est un point de départ. Beaucoup de faits présents s'expliquent par la similitude de faits passés. Les mettre à jour permet de travailler dessus afin de ne pas reproduire un passé qui est douloureux. Vous avez envie d'aller mieux ?

- Oui …

- Bien. Alors, nous allons faire en sorte, ensemble, que cela arrive. Je pense que nous allons arrêter la séance pour aujourd'hui.

- Merci. Au revoir.


Séance n°4 : le 15/05/2015

- Je suis désolée, mais franchement, je vais rester encore longtemps ici ? J'en peux plus. Faut que je sorte, que je vive. Je peux plus rester enfermée ! Faut que je m'occupe. En plus, ma sœur veut que je l’emmène faire les magasins pour son anniversaire !

- Nous allons voir ça … La dernière fois, nous avons parlé de cette analogie qu'il y a entre votre père et votre ex-conjoint. Pour mieux comprendre, parlez-moi de votre père et uniquement de lui. Comment était-il avec vous ?

-  Petite, il me faisait peur, alors j'étais très obéissante, pour éviter de prendre des coups. Heureusement pour moi, mes frères en prenaient plus. Il a toujours été plus ou moins câlin avec moi quand il n'était pas violent. Mais il n'était pas vraiment impliqué dans le quotidien, tout ça. Il demandait jamais si on avait passé une bonne journée, si ça se passait bien à l'école … Un jour, je l'ai entendu parler de tiercé au téléphone. Je l'ai questionné et il m'a emmené dans un bar. Je crois que c'est la seule fois qu'il a tenu une promesse … Une fois là-bas, j'ai demandé où était les toilettes et un homme m'a montré. Innocemment, je l'ai suivi. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme je le pensais. Il a commencé à me caresser les cheveux en me questionnant. Puis, il a voulu être proche physiquement de moi et m'a touché à travers mes vêtements. Il me mettait mal à l'aise. La scène a peut être duré à peine quelques secondes mais j'ai eu l'impression qu'elle était beaucoup plus longue. En revenant, il a dit à mon père qu'il fallait que je revienne.  Je ne voulais pas y retourner mais mon père m'y a obligé. Au bout de quelques fois, je lui ai dit. Il m'a pris par la gorge et m'a menacé : « Si tu dis quoi que ce soit à quelqu'un, tu le paieras cher. Maintenant, tu fermes ta gueule et tu vas être une gentille petite fille. » A chaque visite dans ce bar, les choses allaient de mal en pis. D'abord cet homme puis d'autres. Les choses allaient crescendo. Bientôt, je n'étais qu'un objet que les hommes se passaient. Parfois, j'étais violée. Même mon père se prêtait à ce nouveau jeu. Lorsque je rentrais à la maison, je courais dans la salle de bain. Je pleurais toutes les larmes que mon corps pouvait produire et je me douchais. Je me lavais, me frottais pendant une bonne heure pour enlever toute la salissure que je ressentais. Quand on a été placé, la police a réussi à démonter le réseau de pédophilie du bar et mon père a été jugé et emprisonné.  Je ne l'ai vu qu'une seule fois. Il me fusillait du regard, comme s'il allait me tuer dès qu'il sortirait. Et je ne l'ai plus jamais revu.

- Que pensez-vous de tout ceci ?

- J'aurais jamais dû demander d'aller voir le tiercé. Si je n'avais pas demandé, je n'y serais jamais allée. Et personne n'aurait été placé. Tout est de ma faute …

- Ce n'est pas de votre faute. C'est votre père qui a un problème. Il était absent, violent, il ne s’intéressait pas à ses enfants. Son rôle de père aurait dû être de vous protéger des autres. Or il a fait l'inverse. Vous m'avez parlé d'un réseau de pédophiles, ce qui veut dire que vous n'êtes pas la seule. Donc, ce n'est pas de votre faute si ces hommes s'en prenaient à d'autres filles. Vous n'êtes pas non plus à l'origine du placement de toute la famille. Votre mère n'était pas en mesure d'assumer l'éducation de ses 5 enfants et votre père absent et violent ne comblait pas cette carence. Vous le dites : les enfants étaient livrés à eux-mêmes. Si vos parents avaient eu des ressources, ça aurait sûrement été différent, ils auraient pu se faire aider. Mais la situation a continué à se dégrader et le placement est devenu inévitable.

- Vous avez sûrement raison …

- Qu'aimeriez-vous dire à votre père aujourd'hui ?

- Que c'est un salaud. Qu'il m'a sali, qu'il aurait dû me protéger mais qu'il ne l'a pas fait. Que c'est peut être mon père biologique mais qu'il n'a pas été un bon père. Que c'est pas grâce à lui que j'ai réussi à avoir un appart et un boulot. Que je souhaite maintenant qu'il sorte définitivement de ma vie, de mes pensées, de mon mal-être. Que je préfère faire comme s'il était mort, pour enfin pouvoir aller de l'avant et passer à autre chose. Pour que ce qu'il m'a fait ne me hante plus. Pour que je sois plus forte que lui !

- Vous voyez : finalement, toute cette haine que vous avez en vous n'a qu'un seul objet : votre père. Si vous arrivez à extérioriser cette rage de manière définitive vous pourrez ensuite réfléchir à ce que vous souhaitez réellement afin que cela diffère de votre passé. J'ai une bonne nouvelle : votre sortie est envisageable. Cependant, je vous conseille vivement de poursuivre notre travail thérapeutique. Alors, qu'allez-vous faire en premier dès que vous allez sortir d'ici ?

- Un bon MacDo ! La bouffe est vraiment dégueulasse ici …


Séance n° 5 : le 10/06/2015
Magdalena Rompierre ne s'est pas présentée.

Centre Hospitalier Gérard Marchant
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RAPPORT DE SORTIE

Un léger sourire apparaît au coin des lèvres mais le tout reste timide et réservé. Magdalena ne souhaite pas entrer en relation avec les autres. C'est une jeune femme qui se protège dans sa solitude où elle pense que personne ne peut l'atteindre.
Au premier abord, la jeune fille donne l'impression d'être sûre d'elle. Son attitude, un brin impertinente, laisse à penser qu'elle en montre plus qu'il n'y paraît. Son assurance,  désinhibée, révèle le côté meurtri qu'elle cache au fond d'elle. Le plus important pour elle réside dans son apparence et non dans ce qu'elle est réellement. Si elle se concentre sur son être intérieur, un sentiment de dévalorisation l'envahit. Elle ne peut alors que se cacher derrière des artifices tels que vêtements, maquillage.
Elle attache beaucoup d'importance à son hygiène corporelle. Toujours propre, elle a le souci du détail. Elle passe beaucoup de temps dans la salle de bain, non pas à s’apprêter mais à se laver. En effet, elle se sent souillée à vie. Pour compenser ce sentiment, la seule solution qu'elle a trouvée est de se laver le plus possible et le plus longtemps.
Ses réactions ne sont pas constantes. Elle fait partie de ces gens hyper sensibles et hyper réactifs, réagissant au quart de tour, parfois de manière démesurée, exagérée par rapport à la situation. Parfois provocatrice, elle peut s'énerver facilement, s'emporter. Si elle se sent agressée, elle s'en prend à la personne concernée ou à une personne plus faible qu'elle. Elle fuit ensuite la situation conflictuelle et n'assume pas son comportement. Son agressivité réactive, « rentre dedans », cache sa grande vulnérabilité et ses repères faussés par son histoire de vie. A certains moments, elle décroche, donne l'impression d'être ailleurs, dans un autre monde. Son esprit s'absente, se protège dans une bulle qu'elle seule voit. Elle peut se montrer agréable comme désagréable en fonction des personnes et du contexte. Elle est volatile et instable que ce soit dans ses relations ou d'un point de vue professionnel. Son caractère changeant ne donne pas envie aux autres d'apprendre à la connaître, ils préfèrent s'éloigner d'une personne qu'ils estiment « compliquée ». Elle ne s'ouvre pas, ni ne se confie facilement, jamais entièrement. Cette caractéristique, ajoutée à ses absences, donne parfois l'impression qu'elle cache quelque chose, au plus profond d'elle-même. Lorsque l'attention est trop dirigée sur elle, elle se dirige vers des détails insignifiants extérieurs à elle. Cela permet à son interlocuteur de se concentrer sur autre chose ; de l'oublier, au moins le temps d'un instant. Aussi, il est étonnant de voir comment elle est capable de virevolter son comportement lorsqu'elle veut se rendre intéressante. Cela arrive en présence d'un groupe de personnes du même âge, ou lorsqu'elle accorde étrangement de l'importance à une personne plus âgée. Dans ces moments, elle a besoin de se démarquer des autres ; ce qui prouve le besoin de reconnaissance énorme qui sommeille en elle.
Ainsi, sa participation aux activités est fonction de son humeur. Plusieurs sentiments se mêlent dans sa tête, leur passage de l'un à l'autre est parfois abrupte, sans réelles justifications. Elle devient donc une personne difficile à cerner car il n'est pas toujours possible d'anticiper ses réactions, sautes d'humeur et ressentis.

Analyse :
Elle fonctionne selon des mécanismes de défense qu'elle a développés et qui sont maintenant bien ancrés. Inconsciemment, elle fait tout pour provoquer le rejet des autres, l'échec de ses projets. Son attitude renvoie à quelqu'un qui saborde de manière volontaire mais inconsciente ses chances. Elle n'a connu que l'échec et le sentiment d'être dévalorisée. Tout ressenti inverse et positif représente l'inconnu et lui fait peur. Dans sa manière de réagir, elle cherche à se repositionner toujours dans l'échec ou le rejet qu'elle connaît parfaitement.
Elle a fortement développé sa capacité d'adaptation car elle paraît à l'aise en toute situation. C'est une carapace, une manière de se protéger, de ne pas montrer ses faiblesses. Les vacillements de son comportement montrent justement que son aisance comporte des failles. Elles s'expriment par les observations ci-dessus. C'est dans ces moments-là que le mal-être est visible. La mise en confiance peut induire un lissage de son comportement et permettre la confidence. Elle a besoin d'être rassurée par l'environnement qui l'entoure afin de s'ouvrir. Elle est en recherche de reconnaissance et de valorisation.

Conclusion :
Elle n'a pas conscience du potentiel qu'elle pourrait exploiter pour réussir sa vie et être heureuse. Tout cela est masqué par des sentiments qui l'assombrissent, qui la détruisent de l'intérieur, qui continuent de la maltraiter au plus profond de son être.  
Magdalena est un personnage complexe, complexité qui s'explique par son histoire de vie, mais fascinant car difficile à cerner.

Mme BERRARD Louise, psychologue, le 20 mai 2015

Le 10 juin 2015, une vieille 205 rouge est garée sur le parking de l'hôpital psychiatrique. « J'y vais ou j'y vais pas ? ». Une jeune fille assise derrière le volant fume une cigarette. L'intérieur de la voiture est rempli d'affaires. Sur le siège passager, des détritus d'aliments et d’emballages sont disséminés un peu partout. Sur la banquette arrière, une couette et un oreiller sont installés pour faire un lit douillet. Dans le coffre, on peut apercevoir des tas de tissus qui se superposent et laissent à penser que ce sont des habits, des serviettes  …
La blonde aux yeux verts ouvrent la boîte à gants. Là, s'entassent en vrac brosse à dents, dentifrice, gel douche, brosse à cheveux, shampooing et un rouge à lèvre dont elle se saisit. Le rétroviseur qu'elle tourne pivote dans un grincement plaintif. Elle s'applique délicatement le rouge sur ses lèvres. « Être obligée d'acheter un article pour avoir droit à des échantillons, c'est n'importe quoi ! Pfff … »
Ainsi maquillée, la demoiselle balance le rouge à lèvre sur le siège d'à côté et écrase sa cigarette dans un cendrier de fortune. Puis elle entreprend une escalade pour accéder à l'arrière de la voiture. « Elle est passée où ma veste ? » Elle fouille dans ces tissus posés en boule et en sort l'objet de sa recherche : une veste en jeans. Elle la renifle avant de l'enfiler. Elle quitte la voiture par la porte conducteur en récupérant au passage les clés et son paquet de cigarettes. Une fois dehors, elle verrouille la portière, range les clés dans la poche de sa veste et allume une cigarette. Elle s’appuie contre l'aile avant de sa voiture et prend deux bonnes bouffées.
« De toute façon, elle me sert à quoi cette psychologue ? C'est pas de ma faute ! Mais c'est pas elle qui a eu John au téléphone et qui s'est faite traitée de tous les noms ! Pfff … Ça sert à rien … Le seul truc sur lequel elle a raison, c'est que mon père est un salaud et que j'ai jamais pu lui dire ! Il serait peut être temps, remarque … Emma m'a dit qu'il était sorti l'an dernier … Mais bon, vu comme je le connais, ça va se retourner contre moi … Il faut que je sois plus forte que lui ! Mais comment être plus forte que des insultes et des coups ? … Je sais : il me faut une arme ! Faut que je retrouve Martial. S'il fait toujours son trafic, il doit pouvoir me récupérer ça. Mais pourquoi son numéro fonctionne plus ? Je vais aller voir si je le trouve à Empalot. C'est là bas qu'il traînait la dernière fois que je l'ai eu. Finalement, j'ai pas besoin de cette psychologue pour m'aider et me trouver des objectifs dans la vie ! »
La jeune fille jeta sa cigarette à moitié fumée, récupéra ses clés, monta dans la voiture et démarra en trombe. Un nuage de fumée noire laissa pendant quelques secondes les marques de son passage.

Environ un mois plus tard, dans une tour d’immeuble délabrée, au sixième étage, se situait un petit appartement deux pièces. Il était composé d'une petite chambre et d'un petit séjour. Un coin cuisine, ou du moins ce qu'il en reste, occupait une partie de l'espace principal. Le papier peint des murs se décollait à cause d'une humidité omniprésente. La moisissure s'y développait donnant une odeur à l'air ambiant. Le sol était recouvert d'une moquette sombre jonchée de taches diverses à différents endroits. Elle était tellement abîmée qu'il en manquait des bouts ci et là. Cependant, cela n'était pas très visible étant donné le nombre d'objets variés qui jonchaient le sol. Il n'y avait pas beaucoup de mobilier. Une table basse, un clic-clac. Une grande table occupait le centre de la pièce mais celle-ci était cassée et recouverte d'affaires en tout genre. Une grande poubelle située à côté de la porte d'entrée débordait de déchets. Les mouches s'en donnaient à cœur joie et on devinait de petits asticots qui profitaient de cet approvisionnement à foison. Ce n'était sûrement pas les seuls être vivants à s'être invités étant donné l'état d'insalubrité du logement.
Sur le futon, un jeune homme fumait une cigarette conique au parfum raffiné. Non loin de lui, Magdalena s'affaira. Elle cherchait des affaires qu'elle souhaitait rassembler.

- Tu peux pas arrêter de fumer cette merde dans l'appart ?! Y'a un balcon ! Va fumer dehors ! Je supporte pas cette odeur ! S'exclama la jeune femme, sans cesser de retourner tout ce qu'elle trouvait.

Martial lui répondit sans même bouger d'un pouce :

- Ben quoi ? C'est la même odeur que la cigarette.

- Non pas vraiment …

- Et mon pote, il fume aussi du shit à l'intérieur de son appart.

L'homme tenta de se justifier. Puis, il tira une grande bouffée et recracha un nuage blanc au dessus de sa tête.
La jeune femme trouva enfin ce qu'elle cherchait : son paquet de cigarette. Nerveusement, elle en tira une et l'alluma avec le briquet situé dans la poche de son pantalon.

- Il revient quand d'ailleurs ton pote ? On va pas rester squatter son appart tout le temps.

Elle resta debout face à son frère. Celui-ci se renfonça encore plus profondément dans le canapé. La tête en arrière, il tenta de dessiner des ronds avec la fumée qu'il recrachait.

- Ben quand il sera là, c'est qu'il sera revenu …

- Super …

Magdalena était stupéfaite du changement qu'elle avait observé chez son frère. Il était dépendant à tout un tas de drogues. Son travail consistait à contribuer largement au trafic dans la ville pour le compte d'un dénommé Big Boss. Afin que Martial puisse fournir à sa sœur ce qu'elle voulait, elle avait dû y participer, elle aussi, afin « d'acheter » cet objet.

- Bon, j'y vais. C'est le dernier jour que je bosse pour ton patron. J'espère que tu as pu récupérer ce que je voulais.

- T'inquiète ... je le récupère ce soir quand Big Boss aura eu les recettes de la journée.

Elle récupéra son sac à main tout en levant les yeux au ciel et franchit le seuil de la porte, cigarette au bec.

Un mois et demi plus tard, le soleil d'été brûlait au zénith. Plusieurs jours de canicule s'étaient enchaînés et la ville suffoquait sous son nuage de pollution. Au petit matin, la petite 205 rouge était garée le long d'un bois dans la périphérie de Toulouse. Une jeune fille au visage angélique dormait sur la banquette arrière du véhicule. Elle fut réveillée d'un coup par un bruit qui la surprit.

- Toc, toc, toc !

Elle se leva d'un bon et reconnut rapidement le visage de la personne qui venait de toquer au carreau : Martial. Elle s'habilla en toute hâte et sortit du véhicule afin de le rejoindre.
Elle enchaîna rapidement avant qu'il ne puisse commencer à parler :

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Heu … Ben c'est assez délicat …

Le jeune homme paraissait mal à l'aise. Mais Magdalena, impatiente, reprit avec une vive énergie :

- Tu veux encore de l'argent ? J'en ai pas ! Je peux pas toujours t'aider, Martial ! Tu fais chier ! T'as qu'à demander à ton « Big Boss ». Toi qui fais toujours ce qu'il te demande, il pourrait te remercier en te donnant plus de tune. Moi j'en ai pas !

- En fait, c'est plus compliqué que ça … Depuis que tu ne travailles plus pour lui, Big Boss a décidé de déduire de mon salaire tous les déficits créés par ton absence … Et là, tu vois … je suis en manque, il faut absolument que j'achète de l'héroïne … J'ai jamais été autant en manque …

La jeune fille commença à s'énerver, se mit à faire de grands gestes brusques :

- Et tu veux que je fasse quoi ? Que je vende ma voiture alors que j'y vis dedans ? Que je braque une banque pour que tu puisses te shooter ?

Le jeune homme paraissait anormalement sensible au niveau des oreilles. Chaque son plus fort lui donnait mal à la tête. Il finit par mettre ses poings sur ses tempes.

- Non, mais ça serait bien si tu pouvais retravailler pour Big Boss …

Martial ne pouvait s’empêcher de parler d'une voix calme, ce qui eut pour effet de calmer sa sœur.

- Désolée, mais c'est hors de question ! J'ai travaillé pour lui pour pouvoir m'acheter un flingue, j'ai payé ma dette. Il devrait plutôt me remercier d'être aller te chercher à ta sortie de prison il y a deux mois. Désolée mais il faudra te débrouiller tout seul cette fois, moi, j'ai d'autres projets …

Il releva la tête suite à cette dernière phrase.

- Quoi ?

- Je veux retrouver notre père et lui dire ce que j'ai sur le cœur.

C'était la première fois que Magdalena avoua son projet à quelqu'un. En le prononçant, elle fut prise par un moment de doute. Mais elle ne pouvait plus faire marche arrière. Ses yeux se mirent à regarder le sol.

- Et tu crois que c'est une bonne idée ? Je veux dire, tu crois qu'il va te laisser faire ?

La voix de Martial dénotait sa surprise. Elle se fit petite et peu assurée.

- Justement, pourquoi tu crois que j'avais besoin d'un revolver ?

La jeune femme regarda à nouveau son frère droit dans les yeux avec un je ne sais quoi de détermination. Et après un moment de silence :

- Faut que j'y aille d'ailleurs. A plus.

Sans aucun autre signe d'au revoir, elle monta dans sa voiture et démarra. Le jeune homme resta en lisière du bois à regarder la voiture qui s'éloignait, sans bouger.

Quelques heures plus tard, Magdalena arriva au commissariat central.  Elle pénétra dans le vieux bâtiments suivant les panneaux « accueil ». Deux personnes étaient devant elle au guichet et quelques autres traversaient ça et là le hall d'entrée. Lorsque ce fut son tour, elle découvrit l'officier qui se tenait face à elle de l'autre côté. Son uniforme lui donnait un air sérieux. Il se tenait droit et était très courtois.

- Bonjour, Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?

L'homme lui sourit. Elle lui renvoya son sourire.

- Bonjour, je recherche mon père, il a disparu. L'assistante sociale a déclaré sa disparition il y a plus de 6 mois. Je voulais savoir si je pouvais rencontrer quelqu'un qui pouvait m'en dire plus sur l'enquête à son sujet.

Sa voix était calme mais déterminée. L'officier garda son calme naturel et lui répondit de manière compréhensible.

- Vous savez, il y eu beaucoup de disparitions inexpliquées cette année. Le service est débordé. Je peux vous faire remplir un formulaire et nous vous recontacterons dès que nous aurons des informations, ce qui est peu probable.

Il attrapa une feuille ainsi qu'un stylo afin de le tendre à la jeune fille.

- Non, merci. J'ai déjà rempli ce formulaire, il y a trois semaine et je n'ai eu aucun nouvelle. C'est pour ça que je me suis à nouveau déplacée et que je VEUX voir quelqu'un.

Son ton devenait agacé et un brin impatient. La motivation de la jeune fille était sans faille. Elle n'était pas là pour perdre son temps mais pour avoir des réponses.

- Désolée, mais ce n'est pas possible. Je vous l'ai dit le service est débordé. Mes collègues ne peuvent pas se permettre de recevoir toutes les personnes qui le demandent au détriment de leurs enquêtes en cours. Des associations de groupes de soutien ont été créées suite à ces disparitions nombreuses. Vous pouvez peut être essayer de vous diriger vers l'une d'elles.

- J'ai déjà essayé et à part se plaindre, je ne vois pas en quoi ça aide à retrouver des personnes disparues !

De l'agacement, elle passait petit à petit à l'énervement. Son impatience se faisait de plus en plus sentir. Mais l'homme en face d'elle restait d'un calme impassible.

- Je suis désolée mais je ne peux rien faire d'autre pour vous.

Têtue, elle n'était pas prête de lâcher et de repartir bredouille. Elle enchaîna, en espérant que l'officier céderait le premier :

- Mais vous ne pouvez même pas me dire quoi que ce soit sur la disparition de mon père ? Je sais pas moi : des utilisations de cartes de crédit, des trucs sur les vidéos surveillance ou je sais pas quoi ! Il faut que je retrouve mon père !

- Je ne peux pas vous répondre …

Devant l'attitude inchangée de son interlocuteur, la jeune fille bouillonnait. Le ton monta et elle se mit à crier. L'agressivité l'emporta :

- Et comment je fais moi en attendant ? On dirait que vous n'en avez rien à faire ! Les gens disparaissent et vous, vous faites rien ! Mais vous comprenez pas : j'ai BESOIN de retrouver mon père ! J'AI BESOIN DE RETROUVER MON PERE !!!

Magdalena avait hurlé cette dernière phrase tellement fort que toutes les personnes présentes dans ce hall d'accueil s'étaient arrêtées et la dévisageaient. La jeune femme sentit tous ces regards portés sur elle. Une flopée de larmes monta au plus profond d'elle-même sans qu'elle puisse la contrôler. Elle se mit à courir hors de l'enceinte du bâtiment sentant qu'elle ne pouvait retenir cette tristesse qui la submergeait. Une fois dehors, elle continua de courir et se réfugia dans un coin isolé. Ce fut sous le vieux porche d'une maison. Là, elle se mit en boule et laissa couler tout son chagrin longtemps retenu. Elle sentait qu'elle échouait dans sa quête alors qu'elle n'avait jamais été aussi motivée de toute sa vie. « Même ça, je ne suis pas capable de le faire ... »

Possession :


La jeune femme est habillée d'un jean usé au niveau des genoux, d'un débardeur noir et d'une paire de basket imitation converse. Un stylo piqué à la piscine lui coiffe ses cheveux. Elle a avec elle son sac à main dont elle ne se sépare jamais. Un  grand sac de type cabas rempli d'une multitude d'objets variés : son téléphone portable et son chargeur, ses clés de voiture, son porte-feuille avec quelques pièces dans la partie porte-monnaie, sa carte de piscine (qu'elle utilise pour avoir accès aux douches), sa carte de retrait (montant plafonné par sa curatrice à 60€ par semaine), la carte de visite de sa curatrice (dont elle n'a pas de nouvelles depuis son hospitalisation), son rouge à lèvre, sa brosse à cheveux, son gel douche, une plaquette de pilules entamée, trois paquets de cigarettes dont un entamé et deux briquets, une bombe lacrymogène périmée depuis un an et demi, une boîte de chewing-gum à la fraise et une petite bouteille d'eau.

Permission :
J'accepte  la pnjisation de mon personnage  et fais confiance à mes comparses de jeu pour être fidèle à son esprit général . Si jamais quelque chose me choque dans sa pnjistion, je le leur signalerai sans rancune par mp et de façon polie et aimable afin qu'ils rectifient.

Autorisez-vous les autres joueurs à influer sur le jeu de votre personnage via la zone RP Blue Hospel, c'est à dire à vous atteindre par le monde des rêves ? Oui

Disponibilités in RP (cadence de jeu):
une à deux fois par mois

Ordre choisi : Ambitieux

Espace personnel : *

Décharge responsabilité :

Moi, joueur du compte personnage Magdalena Rompierre, déclare avoir pris connaissance que ce forum comporte une sous section interdite et cachée aux - 18 ans. Je prendrai soin de protéger la sensibilité des plus jeunes en usant des espaces consacrés si mes récits contiennent des propos violents, choquants ou à caractères érotiques. Toute infraction délibérée sera sanctionnée par la suppression de mon compte. Je prends connaissance de ces conditions en m'inscrivant et les accepte. L'administration du forum ne saurait en être tenue pour responsable.

Crédits avatar :
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Message  Invité Mer 9 Sep - 19:35

Bonsoir Magdalena,

ta fiche était-elle terminée ?

Si oui, le Dévoreur viendra te donner toutes les informations concernant la prochaine validation de ta fiche Wink

@ très vite
AnonymousInvité
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Message  Invité Ven 11 Sep - 10:52

Oui, j'estime quelle est terminée sauf si les MJ pensent qu'il y a des modifications à faire.
C'est pour ça, n'hésitez pas à me faire des retours. Vous connaissez mieux le jeu que moi.
Merci.
AnonymousInvité
Invité


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Message  Le Dévoreur de temps Sam 12 Sep - 14:17

Bonjour Magdalena ! Sois la bienvenue sur Autres Vies. Je viens d'achever la lecture de ta fiche qui raconte l'histoire d'un personnage attachant au parcours difficile.

Pour ma part, sur le plan contextuel, je n'ai rien à reprendre. Je te laisse donc aux bons soins d'Alceste et de sa relecture orthographique et syntaxique qui t'indiquera par mp les corrections éventuelles à apporter.

Lorsque ce sera fait, signale-le ici même et je t'indiquerai alors la marche à suivre pour ton entrée en jeu.

Je te souhaite de bien t'amuser parmi nous ! Au plaisir de te croiser en RP !

A bientôt !
La plume : Genèse et Philosophie des lieux.
Empreinte : L'histoire de Vladimir Stanzas ou comment on devient le Dévoreur de Temps
Espace personnel : D'une porte cochère à l'autre {en construction}
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Message  Invité Lun 14 Sep - 18:31

Ton personnage est en effet bien construit  et son comportement et sa sensibilité sont très en accord avec le milieu difficile où elle a grandi.
Le cas de la petite soeur est le seul point qui  me paraît  manquer un peu de crédibilité dans l’époque et le lieu où il se situe.
D’abord, le diagnostic de trisomie 21. Les enfants atteints de ce trouble sont connus pour leur caractère très doux et affectueux, extrêmement attachants. La petite "peste", "maligne", que tu décris ne correspond pas vraiment à ces traits.
Mais on peut toujours penser à une interprétation personnelle de Magdalena.
Par ailleurs le fait de ne pas scolariser l’enfant n’est autorisé par la loi française que si les parents sont aptes à fournir à domicile un enseignement valable. Ce n’est donc guère plausible qu’Emma soit gardée à la maison vu le milieu familial .

Il me reste à agiter ma petite balayette à lettres fugueuses, celles qui se cachent dans tous les claviers (malgré leur air très correctement aligné ).
J’envoie le résultat par le prochain courrier. Félicitations pour l’entrée sur AV de Magdalena en petite 205 rouge. Bon séjour parmi nous.
Alceste range sa balayette et sort son épée pour filer  dans le Vortex où il doit sauver le peu qui lui reste de peau.
AnonymousInvité
Invité


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Message  Invité Lun 14 Sep - 22:53

On pourrait effectivement débattre sur la trisomie 21 et la scolarité.
Pour ce personnage, je me suis inspirée des jeunes avec qui je travaille ou ai pu travaillé. La scolarité est obligatoire à partir de 6 ans et il n'y a que depuis récemment que les écoles ont obligation d'accueillir les enfants handicapés. De plus, il n'y a souvent pas assez de places dans les structures spécialisées ce qui fait que les enfants handicapés les intègres parfois à l'âge de 8 ans. Magdalena et sa sœur ont pas mal d'années d'écart, ce qui fait qu'Emma était assez jeune au moment du placement (6-8 ans max). Magdalena ne sait pas pourquoi sa sœur n'allait pas à l'école.
En ce qui concerne le caractère, les enfants atteint de trisomie 21 aiment jouer la comédie, faire rire, faire des blagues et peuvent parfois être un peu fourbe et très têtu. Leur comportement,  comme n'importe quel enfant, dépend aussi de leur éducation. On comprend ici que le côté enfant roi et surprotégé va forcement induire une intolérance à la frustration qui n'est pas propre à ces enfants là. Le coté "maligne" est finalement propre à l'environnement familial dans lequel grandissait Emma, elle copiait/collait les comportements qu'elle voyait des plus grand (adultes comme enfants). Si on remarque bien, cette attitude ne perdure pas après le placement. Ce trait est aussi vu par Magdalena qui en a sa propre interprétation, comme tu le disais justement.

Suite aux corrections d'Alceste, ma fiche est mise à jour. Je vous dis donc : à très vite !
AnonymousInvité
Invité


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Message  Invité Mar 15 Sep - 10:54

Ton analyse du cas d’Emma  répond très bien à mes questions et  quant à l’absence de prise en charge scolaire ou médico-éducatif, laissons-en la  responsabilité aux autorités locales.

Tout est donc en ordre . J’espère te lire le plus tôt possible en RP.
AnonymousInvité
Invité


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