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Samuel Black

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Samuel Black Empty Samuel Black

Message  Invité Sam 22 Sep - 23:23

    Prénom : Samuel
    Nom : Black
    Surnom : Sam'
    Âge : 30 ans

    Epoque et lieu de naissance : Ego vixit in tempore vocans se Galezie. Ego ex Paris, in Gallia liberum. Cordeliers regio vivere.*
    Ego natus anno est 1769.**


    Spoiler:

    Description Physique :
    « Ego sum monstrum* »
    Samuel est un homme assez grand, pour ne pas dire imposant. Légèrement plus grand que les gens qui le côtoient, donc, il mesure environ un mètre quatre-vingt trois ; du moins, à Paris il mesure cette taille. Car en effet, en France, à cette époque, selon l'endroit où l'on se trouve, le mètre ne fait pas la même longueur. Les mesures n'étaient pas encore universelles. Ses cheveux, noirs comme un nuage annonçant un orage, sont mi-longs et toujours coiffés vers l'arrière. Aîné d'une famille bourgeoise, le grand homme qu'est Samuel s'est toujours vêtu de vêtements que l'on pouvait qualifier de luxueux. Paré de riches bijoux -du moins, ils pouvaient pâlir face aux bijoux que portait la noblesse-, il faisait attention aussi à se soigner lui.

    Son visage est doux et, au premier regard, ce que l'on peut se dire, immédiatement, c'est que cet homme ne ferait sans doute pas de mal à une mouche, qu'il est un homme pacifique. Il est relativement maigre lorsqu'on le regarde, ce qui ne fait que conforter les gens dans leur précédente hypothèse de lui ; en réalité, il n'est pas plus maigre que les autres, il est juste plus grand. Son poids est plus réparti que chez quelqu'un d'autre, ce qui donne une impression de... maigreur.
    Au début de sa vie, jusqu'à ses vingt ans dirons-nous, son teint était un petit peu pâlot. Son visage était blanc, mais pas blanc comme de la neige ou comme un fantôme ; blanc lumineux, comme un éclair. Quelque chose de flagrant sur ce visage était son manque de confiance. C'en était étrange.

    Ses bras et ses jambes ? L'on ne peut pas vraiment les décrire, car il n'y a pas grand chose à dire sur eux. Ses jambes sont d'une taille normale, assez musclées -les restes de ses courses d'entraînements matinales avant la Révolution- tandis que ses bras sont, eux aussi, de taille normal, mais un peu moins bien musclés que ses jambes.

    « Sed mutata** »

    A l'époque de la Révolution, les bras et les jambes de Samuel se sont musclés. Pourquoi ? Car il s'est battu pour la liberté. Son visage a abandonné son teint blanc pour une teinte plus vivante, plus bronzée. Son visage montrait une plus grande confiance en lui, il cessa de porter des bijoux et des vêtements luxueux pour des tenues plus conventionnelles. Il souriait plus et son visage prenait une apparence plus heureuse que lors d'avant la Révolution. N'était-ce pas une bonne chose ?

    Spoiler:

    Description Psychologique :
    « Libertatem, aequalitas, fraternitatis. Hi hallmarks vitae.* »

    Samuel est un farouche défenseur de la liberté, de l'égalité et de la fraternité entre les peuples, et en tout premier lieu au sein du peuple Français. Il aime être accompagné de ses frères, de son peuple, et ne refusera jamais la compagnie d'un des siens. Sachant parler, voire même parlant trop parfois, Samuel est ce que l'on peut appeler un « bon orateur » et sait encourager les gens à le suivre. Quand il parle, les personnes l'écoutant sont prêtes à tout laisser et à se mettre derrière lui, peu importe le lieu où il compte les mener. Il est prêt à tuer lorsque cela est nécessaire et n'a pas de remord pour avoir fait cela après.

    Il n'est pas du tout dans le genre hautain et se lie facilement d'amitié avec les autres ; à vrai dire, il préfère parler aux gens que les mépriser. Très sociable, sa famille a toujours pensé que le mieux pour lui serait une carrière politique. Sa sociabilité lui vient du fait que jamais sa famille ne s'occupa de lui et qu'il recherche l'affection d'autres personnes pour combler ce manque ; mais ceci lui a aussi enseigné l'autonomie, qui est une de ses grandes qualités. Il est capable de se débrouiller seul, tout du moins plus que certains autres, et n'est pas dans le genre dépendant.

    Spoiler:

    Ordre choisi : Voyageur

    Métier exercé dans l'époque d'origine : Soldat Révolutionnaire, puis soldat de l'armée Napoléonienne.

    Métier ou fonction après son premier voyage : Cela dépendra du voyage.

    Histoire :

    - Les jeunes années -

    Samuel naquît en l'an 1774 dans la ville de Paris, la capitale du grand Royaume de France. Né d'un père bourgeois désargenté et d'une mère noble l'ayant aider à appartenir au "Grand Monde" de l'époque, le pauvre petit n'était malheureusement pas réellement aimé par sa famille. Ses deux parents n'étaient mariés que par contrainte, pour l'alliance entre leurs deux familles. Ils ont eux-mêmes décidé de se marier pour augmenter leur puissance respective, car ils étaient incroyablement cupides et assoiffés de pouvoir. Ils avaient couché ensemble pour le plaisir une seule fois dans toute leur vie conjugale, et c'est à cause de cela qu'est né Samuel ; "à cause", car sa vie ne sera pas un modèle de vie parfaite, loin de là. A une époque, son père avait lu et soutenu les philosophes des lumières, il possédait un esprit libéraliste, en devenait presque haineux et haïssait totalement la noblesse ; il vivait dans les petits bourgs où s'entassaient à la pelle les paysans du Royaume et mais sa femme l'avait radicalement changé, et il était devenu un Monarchiste en puissance. Bientôt, il devint riche et dans tout le Comté de Toulouse l'on parlait du jeune Bourgeois devenu noble par on ne sait quelle magie. Mais là, le drame arriva : il eût un fils. Préférant s'occuper d’accroître son pouvoir personnel, s'acoquiner avec les autres nobles et faire de la chasse, il ne s'occupa pour ainsi dire pas du tout de son fils. Sa mère était comme son mari et, finalement, il fut éduqué et élevé par une gouvernante. Le petit Samuel ne connut pas réellement ses parents, qui restaient trop peu de temps à ses côtés et, finalement, il développa une grande autonomie. Ce passage lui apporta autant de qualités que de défauts ; depuis ce triste épisode de sa vie, il cherche une présence familiale forte et recherche constamment l'affection, ce qui peut parfois causer quelque soucis ; mais il en est également ressorti bien plus autonome et aimant. Sa gouvernante lui fit connaître plusieurs personnes de son âge par le biais de goûter organisés dans le château familial et il "grandit" littéralement avec eux, au lieu de grandir avec ses parents ou d'éventuels frères et soeurs. Ses "amis" étaient, bien entendu, des fils de nobles et, bien trop tôt, il fut séparé d'eux. Il ne les revit plus alors qu'il n'était encore que trop jeune. Il ne garda aucun souvenir concret d'eux ni des moments qu'il aura passer à leurs côtés, ce qui est fort dommage...
    Le reste de sa jeunesse et ce, jusqu'à l'adolescence, se déroula sur le même modèle. Il avait un précepteur attitré qui lui apprenait à parler, à lire, à écrire, mais aussi à se tenir dans le Grand Monde. Il passait de longues heures à lui enseigner le Latin, cette langue morte mais que tous les nobles se devaient de connaître. Le jeune Samuel l'adorait, il aimait tenir de véritables conversations entièrement en Latin avec son précepteur. Très tôt, il développa un fort caractère patriotique, se traduisant par une envie d'aider les petites gens, le Tiers Etats, composé de paysans. Ses parents en étaient attristés et refusaient qu'il fasse cela, mais qu'y pouvaient-ils ? Ils n'étaient jamais avec lui, ne faisaient jamais rien pour lui. Ils n'avaient aucun réel contrôle sur leur fils, seule la gouvernante en avait un. Mais cette dernière s'acharnait à l'aider à aller dans cette direction plutôt que dans celle de ses parents. Ces derniers tentèrent de découvrir d'où lui viennent ses idées mais ne trouvèrent pas. Ils ne pensèrent même pas que la gouvernante puisse être la cause de tout cela, ayant confiance en elle. Pour tenter de détruire ces idées, d'empêcher Samuel de trahir sa caste sociale, ils entreprirent maintes actions ; le jeune fils, plutôt que de s'y opposer, se plia à leurs désirs mais continua, dans l'ombre, ses actions pour le bien du peuple.
    Il passa toute sa jeunesse à Paris, dans la Capitale. Néanmoins, les caisses du Royaume étaient désespérément vides, et le roi n'y faisait rien. Les parents de Samuel, durant les peu de fois où ils étaient là, en parlaient ; oui, ils étaient devenus bien plus influents depuis l'époque de la naissance du petit, et avaient accès à quelques... informations importantes. La richesse de ses parents faisait qu'il avait tout ce qu'il voulait, et c'était d'autant plus vrai lors de son adolescence. Il faisait tout ce qu'il voulait. Et ce qu'il voulait, c'était aider le Tiers Etat. Chaque jour, il allait donc aider ceux qui en avait besoin, jusqu'à l'âge adulte, en parallèle de son enseignement. Un peu avant l'arrivée à l'âge adulte, il se décida à se lancer dans une carrière militaire, alors que ses parents lui destinaient une carrière politique. Cela donna lieu à une véritable dispute entre fils et parents, remportée bien entendu par ces derniers...

    - La maturation -

    Tout démarrait promptement dans une vie comme celle de Samuel. Tout. L'on ne pouvait pas souffler, du moins pas après sa majorité. De l'âge de dix-huit ans jusqu'à l'âge de vingt ans, le jeune Black dût s'adapter au milieu politique auquel sa famille l'avait destiné. Il était obligé de s'y adapter, d'y vivre. Il devait être présent constamment dans le Grand Monde, devait se battre politiquement contre ses "adversaires". Mais cela ne lui plaisait pas. Il aurait préféré une carrière militaire, et de loin. Chaque jour, l'épuisante monotonie. Il se rendait dans un véritable palace, possédant de magnifiques murs blancs, une vaste salle de bal dans laquelle les nombreuses réunions se déroulaient, tous les jours -ou presque- pour parler à des pseudos êtres "supérieurs". Les nobles... Tsss... Durant son temps libre, Samuel se contentait de se battre pour aider le Tiers Etat. Puis tout bascula de nouveau, comme si tout n'était qu'un rêve avec des revirements plus étranges les uns des autres. Comme si la réalité s'abolissait peu à peu, laissant au rêve toute la place qu'il désirait.
    Les Etats Généraux furent convoqués par le roi. Cette auguste assemblée allait se réunir pour la première fois depuis cent-cinquante années d'histoire. Ils allaient présenter les problèmes de la nation au garant du peuple Français et allaient l'aider à résoudre le problème du déficit. Samuel allait se présenter. Il voulait devenir un élu, il voulait être présent là-bas. Il voulait représenter... le Tiers Etat. Étrange pour un Noble, et pourtant, il ne fût pas le seul à faire ce genre de chose. De Mirabeau se présenta aussi ; Black le connaissait de vue, mais sans plus. Quelques nobles et éclésiastiques se présentèrent également, et ils furent élus. Samuel faisait parti de ce groupe. Il allait pouvoir aider mieux que durant tout le reste de sa vie le peuple. Et il n'avait que vingt ans.
    Il se rendit à Paris le plus vite possible. Là-bas, le roi fit un court discours pour expliquer la situation. Il ne valait pas mieux que les parents du jeune élu. Ensuite, ce fût au tour du Ministre des Finances du Roi, Monsieur Necker, de présenter la situation. Cela avait l'air réellement grave. Les trois ordres se retirèrent pour discuter et tout se déroula bien durant les premiers jours.

    Mais si tout se déroulait toujours bien, que serait la vie ? Que serait notre vie si elle ne nous imposait pas des épreuves, si nous ne devions pas nous battre pour obtenir ce que nous désirons ? Les portes furent fermées au Tiers Etat. C'en était trop, trop d'affronts, d'injustice, d'humiliation. Mirabeau entraîna le reste des Députés vers le jeu de paume. Les hommes se dirigeaient d'un pas rapide et pressé vers la salle de jeu, un peu plus loin. Les costumes noirs des représentants voletaient fébrilement dans l'air, accompagnant la douce brise et le mouvement des jambes des hommes les portants. Les grondements des représentants légaux du peuple étaient perceptibles de loin, leur fureur pouvait être ressentie sur des kilomètres. Tous tenaient leurs livres de lois, de revendications, comme s'ils avaient entre leurs mains l'arme de la liberté, de la vengeance. L'étrange cortège fut bientôt rejoint par le peuple lui-même, ceux qui les avait envoyés là. Des hommes et des femmes, tous différents les uns des autres suivirent le groupe de Députés jusqu'au Jeu de Paume. Les bruits de pas sourds des hommes en colère apportait à Samuel un grand bonheur. Enfin, les choses allaient changer. Ils arrivèrent au grand bâtiment, l'investir et firent sortir les joueurs sans autre forme de procès. Ils les emportèrent jusqu'aux vestiaires, le jeune Samuel aida à décrocher le filet et d'autres hommes apportèrent une table. Puis on appela Bailly. Bailly, l'homme de toutes les situations. Il s'approcha lentement de la table, au centre de la pièce. Il regarda tout le monde autour, jeta un regard inquiet à l'assemblée ; puis enfin, il posa son cahier sur la table et monta dessus. Il se prépara à prononcer un discours, qui resterait sans nul doute célèbre dans les années à suivre. Il leva la main et commença à parler. "Faisons le serment, ici et maintenant, de ne jamais nous séparer et de nous rassembler partout où les circonstances l'exigent jusqu'à ce que nous ayons donné à la France une Constitution."
    Aux fenêtres, de nombreuses personnes étaient présentes. Le peuple Français avait suivi les Députés. Tous ensembles, élus comme paysans, ils levèrent la main et crièrent "Je le jure". C'était fait. Le premier pas vers la liberté avait été accompli...

    Mais quelques heures après, tous furent réunis à Versailles. Le Roi avait à parler. C'est ainsi que dans cette grande pièce, somptueusement décorée, Louis XVI fit un discours.

    -Ainsi, je déclare nulle, illégale et inconstitutionnelle les décisions de la prétendue Assemblée Nationale qui s'est réunie malgré mes ordres. Je suis l'unique garant de mon peuple, et si vous m'abandonnez dans une si belle entreprise, c'est vous qui serez abandonnés, et pas moi !

    Après ceci, il donna des ordres. Il voulait que tout le monde se sépare. Non, pas cette fois. Tandis que les Nobles et le Clergé obéirent, se levèrent en criant "Vive le Roi" et en quittant la salle, tels des chiots obéissants, dans leurs tenues trop serrées et moches qui plus est, l'Assemblée Nationale nouvellement créée resta dans la salle du trône. Aucun des hommes ne voulait se lever, tous refusaient de se plier à la volonté du Roi. Pourquoi ? Car ils étaient là pour le peuple. C'était le peuple qui les avait envoyés ici, et ils savaient ce qu'ils devaient faire. Bailly se leva alors et se déplaça, assez rapidement, vers l'un des sièges devant le trône. Il s'assit, posa ses mains sur la table et attendit, alors que tous les représentants du Tiers Etat étaient là, devant lui. Ils attendaient que quelque chose se produise, un nouveau coup d'éclat à ces temps troubles. Et cette chose arriva.

    Un homme arriva dans la pièce. Il remarqua Bailly et s'avança un peu, avant de remarquer le reste des Députés. Aucun ne sourcilla, sauf Samuel, trop jeune. Il tourna les yeux et regarda le nouveau venu, le détaillant rapidement. Il portait un uniforme bleu et blanc, un chapeau parfaitement ridicule et un sabre au côté. Il se tenait parfaitement droit mais son allure ne lui prêtait pas un charisme exceptionnel, et il ne semblait pas homme à avoir une grande autorité. Il s'approcha du Président de l'Assemblée Nationale et lui demanda qui il était, ainsi que ce qu'il faisait là. Bailly répondit tout à fait honnêtement, ce qui eût pour seul effet d'énerver ce représentant du Roi. De quel droit faisait-il ça ? Ce n'était pas ses airs de soldat borné qui allaient l'aider ! Mirabeau se leva alors et cria qu'ils n'étaient présent ici que par la volonté du peuple et qu'ils n'en sortiraient que par la force des baïonnettes. Samuel se leva alors, accompagné de plusieurs autres Députés, et tous applaudirent. Un tonnerre d'applaudissement résonna et emplit la salle, des "vives Mirabeau !" sortaient de toutes les bouches, et la joie de ne plus devoir être un esclave emplissait le coeur de Samuel. Il pouvait enfin aider le Bas-Peuple et se venger de ses parents...
    Mais il y avait toujours un revers à la médaille. Les Députés apprirent bien vite l'arrivée de bataillons étrangers sur le Champ de Mars. Cela constituait un véritable outrage et, déjà, le peuple se battait pour les chasser. "Les Suisses et les Allemands ne sont pas les bienvenus chez nous !" se dit Samuel, à raison. Beaucoup pensaient comme lui, et l'exprimaient plus ou moins violemment dans la Capitale. Le Noble étant devenu élu du peuple n'en pouvait plus. Il s'échappa et se rendit dans les rues de la ville, dans le quartier du Palais Royal. Et ce qu'il vit dépassa toutes ses espérances.

    Un homme, du nom de Desmoulins, monta sur une table. Il n'était pas mal habillé, mais ne portait pas de vêtements luxueux. Il était l'un des Députés du Tiers Etat, tout comme Samuel. Ce dernier s'approcha lentement, écoutant son appel. "Citoyens ! Citoyens !" criait-il. Ainsi, tous autour, homme ou femme, pauvre ou bourgeois, se rassemblèrent autour de lui, écoutant ce qu'il avait à dire.

    -Le Roi a renvoyé Necker !, cette déclaration fut suivit d'un "hooooo !" de la part de tous. Necker était, depuis toujours, un ami du peuple. Il n'avait jamais eu de mauvaises intentions, et son renvoi allait sans doute déchaîner les foules. C'est le signe ! C'est le signe d'une Saint-Barthélémy pour les Patriotes ! Ce soir même, les bataillons, Suisses et Allemands, sortiront du Champ de Mars... Pour nous égorger ! Nous n'avons qu'une seule ressource : Les arrrmes ! Aux armes ! Aux armes ! Tout Paris doit prendre les armes ! "Aux armes ! Aux armes !" répétez le peuple de Paris. Ils étaient prêts à mourir et à se battre pour leur liberté. Et Samuel aussi. Il s'approcha, les yeux s'illuminant, pour mieux écouter le discours de cet homme, qui allait pouvoir unifier le peuple Français contre le tyran qui ose se déclarer leur ami. Mes amis ! Nous connaissons notre ennemi ! Mais nous devons nous reconnaître entre nous !, il regarda autour de lui et décrocha d'un arbre une cocarde verte. Il avait une idée grandiose. Que tous ceux qui veulent se battre, avec fierté, comme un défi. Mettent cette cocarde verte ! Verte ! Couleur de l'espérance ! Ce sera, notre symbole, notre uniforme, notre victoire !

    Le peuple s'embrasa. Tous décrochèrent une cocarde verte et l'accrochèrent à leurs vêtements, quels qu'ils soient. C'était une véritable foule qui s'assemblait désormais autour de Desmoulin. Tout le monde applaudissait, provoquant un brouhaha assourdissant, mais ramenant l'espoir en chacun. Tous pourraient désormais savoir que les choses allaient changer. En bien ou en mal, mais elles allaient changer, et c'est tout ce qui comptait pour eux...

    -Regardez ! Le parrain de police est ici ! Oui ! C'est moi qui appelle mes frères à la Liberté ! Mais vous ne m'aurez pas vivant ! Et je saurais mourir glorieusement, plutôt que de voir la France demeurer esclave !

    "Ouiiiiii ! Vive la Liberté !" S'écrièrent en coeur les personnes présentes. Le temps de l'espoir était venu.
    Samuel se souvenait encore, des années plus tard, de la suite des évènements. La foule en furie avait battu les membres de la police et avait couru à travers la ville jusqu'aux invalides. Tous ceux qui voyaient le spectacle les rejoignaient, y compris moi. Nous étions prêts à mourir pour la Liberté qui nous était si chère et qui paraissait aussi si lointaine. Et, alors que nous déambulions dans les rues de la ville par cette chaude journée de Juillet, les Invalides nous apparurent. Armés de fourches, de marteaux et de haches nous fracassions les vitres et la porte, avant de distribuer des armes à tout le monde. J'en attrapai une au passage, un bon fusil, et le rechargeai. J'avais appris à m'en servir grâce à mon percepteur. Arme à l'épaule, doigt sur la détente et oeil dans la visée.
    Nous nous rendîmes ensuite au Club des Cordeliers. Partout dans la Capitale, les réunions étaient sévèrement réprimées et l'armée n'hésitait pas à engager le combat. Dans plusieurs quartiers de la ville, les Hussards Allemands avaient attaqué des paysans, faisant à chaque fois plus de victimes. Danton, un homme très influent, faisait alors un discours, embrasant les foules comme Desmoulin l'avait fait à peine une heure plus tôt. Notre District était prêt à se battre lui aussi, et tous vinrent signer les papiers d'engagements de Danton, moi également. Les fusils étaient aux Invalides, et la poudre ? La poudre, à la Bastille !

    **********************

    Ils étaient tous rassemblés dans le District, brandissant fourches, fusils, haches et tout ce qui pouvait servir d'armes. Les soldats de la Liberté avançaient vers la Bastille, le fort effrayant la Commune. Samuel se trouvait au centre de cette foule enragée, prête à tout pour conquérir cette Liberté chérie, cette Liberté tant attendue. L'espoir s'est embrasé, et plus rien ne pourra l'éteindre. "La poudre ! La poudre ! La poudre ! La poudre ! La poudre !" criaient les représentants de cet Espoir. Ils allaient l'emporter, car la Liberté combattait avec eux et les soutenait. Samuel frissonnait encore en repensant à la suite des évènements :
    Un groupe de personnes, le Comité Permanent de l'Hôtel de Ville, fut autorisé à entrer pour converser avec le Gouverneur. Nous exigions alors le retrait des canons, criant "Enlever les canons !". Mais tout ne se passa pas comme prévu : ils reculaient les canons. Craignant que c'était pour les charger, un homme cria "ILS VONT TIRER !" et la panique saisit tous les hommes du District. Le délégué de ce même District fut prévenu et il entra dans la Bastille. Sur les toits, nous voyions un groupe d'hommes escalader les murs et s'introduire à l'intérieur. Eux pourraient nous ouvrir, au moins.

    Là-haut, ils agitaient leurs chapeaux. Ils nous faisaient signe d'entrer ! Mais les gardes des portes ne les ouvrirent pas. Les hommes infiltrés le firent, ouvrirent les portes et abaissèrent le pont-levis. Cela écrasa les jambes d'un de nos hommes, mais nous n'y fîmes pas attention. Nous entrions dans la Bastille, et rien ne nous arrêterait plus. "Yaaaaaaaaaaaaaaah !". La prise de la Bastille débutait aujourd'hui et maintenant. Mais là-haut, sur les murs, les soldats firent feu. Ce fût un réel carnage, un bain de sang. Des dizaines d'hommes et de femmes tombaient autour de moi. L'odeur mélangée de la poudre et du sang me provoquait une nausée étrange, et je sentais que ma tête commençait à tourner. Je fis un pas pour me mettre à couvert, alors qu'une balle atteignit mon compagnon, un homme m'accompagnant depuis le début. Il s'écroula à terre, raide mort. Je pris mon fusil, m'agenouillai aux côtés de plusieurs autres tireurs et nous ripostâmes, ou du moins tentions-nous de le faire. A l'abri, là-haut, ils étaient beaucoup plus invulnérables que nous. J'entendais le bruit grave que provoquait les coups de feu, le sifflement des balles résonnait dans mon oreille. Nous nous faisions massacrer sans pouvoir nous défendre réellement, mais la Liberté nous appelait, et elle nous écoutait. Je commençais à fredonner un air, me donnant du courage. "Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines...". Je ne pouvais toucher aucun homme là-haut et tous s'écroulaient autour de moi. Derrière, de courageuses personnes firent venir des chariots de paille et y mirent le feu, tentant ainsi d'enfoncer la porte. "Ami entends-tu les bruits sourds du pays qu'on enchaîne...". Je m'insérai alors dans l'escorte d'un des chariots, mon fusil à l'épaule, sans cesser de tirer. Mais ils amenèrent les canons...

    "Ohé partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !". Les canons firent feu. Le massacre fut encore plus grand. Les groupes de combattants de la Liberté volaient, de véritables pans de l'armée des citoyens étaient totalement détruits. Les maisons elles-mêmes étaient prises pour cible. Nous avions perdu. Je lâchai mon fusil et soulevai un blessé. Je n'avais pu me résoudre à le laisser là et, plutôt que de ne penser qu'à ma propre sécurité, je préfère sauver une vie. Raisonnement illogique pour un Noble n'est-ce pas ? Hé bien je ne me sentais plus un Noble. J'étais un homme du peuple, un point c'est tout. Je transportai le blessé jusque sous un chariot, arrachai un bout de ma manche pour panser sa plaie. J'entendis également un bruit de tambour. L'armée...

    Ils arrivaient en grande pompe. Plus personne ne savait que faire, pas même Samuel. Tous sortirent de leurs cachettes, le sang sur leurs visages et leurs corps séchant peu à peu. Tous étaient mal en point et, pourtant, aucun ne perdait l'espoir. Et ils avaient raison. Le capitaine de cette compagnie tira son sabre au clair et cria "Vive la nation !" suivit par ses hommes. Ils étaient sauvés.
    Les canons furent mis en place. Les gardiens de la Bastille avaient perdu toute combativité, et il fut plus facile encore de mener l'assaut. Les morts, se chiffrant par centaines auparavant, avaient diminuer. La bataille n'était pas réellement perdue. Et ce que tous considéraient comme la fin n'était en fait que le début. Les soldats stoppèrent le Gouverneur, qui désirait faire exploser la poudre, et capitulèrent. La prise de la bastille était achevée...
    Qu'arriva-t-il au gouverneur ? Je vais vous le dire : Sa tête fut coupée puis mise sur une pique, et mit au centre d'un bûcher. Les soldats de la Révolution dansaient joyeusement autour de cette même tête.

    __________________________________________________

    Qu'arriva-t-il ensuite ? Un groupe de volontaires forma un corps défensif à Paris et prit le nom de "Garde Nationale". Samuel fut l'un des premiers volontaires et hérita du grade de Capitaine. Ils demandèrent tous à ce que La Fayette devienne leur général et le Roi donna son aval. Le premier corps défensif ouvert aux simples citoyens était créé.

    Désormais Garde de la Nation, Samuel fut affecté à la défense du Palais du Roi. Et le Palais fut littéralement "pris d'assaut" par les femmes de Paris, qui réclamaient du pain. Ils n'eurent d'autre choix que de leur ouvrir les portes. Le jeune Black et quelques autres se rendirent ensuite au Club des Cordeliers, n'obéissant réellement qu'à Danton ; il déboula d'ailleurs et déclama un nouveau discours. Le District des Cordeliers se mit en marche pour soutenir les femmes, qui marchaient sur Versailles pour demander au Roi de nourrir son peuple...

    *****Une année plus tard****

    Tout s'était bien passé. Un semblant de stabilité était revenu en notre Royaume. Le Roi habitait à Paris et la Garde Nationale le protégeait, lui et son habitat, le Palais des Tuileries. Tous les jours, ils gardaient Sa Majesté et son Palais. Chaque jour. La monotonie commençait à s'emparer du coeur de Samuel. Il ne voulait pas cette vie. La vie de Garde Nationale était bien trop lassante pour être celle qu'il voulait. Il désirait quitter ce corps et entama le processus pour un peu avant la fête de la Révolution. Le processus se finit pile pour cette journée, à laquelle il participa. Il avait vécu la Prise de la Bastille, un an plus tôt ; et il était désormais certain que la vue des gens qui travaillent ensembles, comme des amis de toujours, était un bien plus beau spectacle qu'une bataille n'apportant que la mort. C'était le jour après la nuit.

    En 1792, Samuel s'engagea dans l'armée Française. La guerre approchait à grand pas. La guerre que Samuel avait toujours rêvé de connaître. Il espérait pouvoir changer le cours des choses par sa seule présence, sans aucun doute. Mais la guerre n'allait pas être une épreuve pour lui. Elle allait beaucoup apprendre à notre jeune héros. En Avril, la guerre commença. Son bataillon fut envoyé à la frontière Belge pour se battre contre les armées Autrichiennes. Immédiatement, la cavalerie de ces dernières lança la charge. Les soldats Français stoppèrent leur progression et se préparèrent à tirer. Arme à l'épaule, oeil dans la visée. "Feuuu !". Le massacre n'était pas dans le camp du jeune Black cette fois, non. Pas un mort. Mais la cavalerie Autrichienne fut réellement décimée. L'un après l'autre, ils tombaient. Les chevaux, les hommes s'effondraient, laissant couler leur sang. Mais ils étaient trop nombreux. Ils arrivèrent bien vite au niveau de l'infanterie ennemie et la Victoire changea de camp. Partout, les hommes tombaient, pourfendus par les épées des soldats ennemis. Samuel parvint à s'enfuir avec quelques hommes. Le bataillon était presque entièrement détruit.
    Dans la Capitale, ça jasait de nouveau. Le Roi utilisait son véto continuellement pour stopper la guerre, et les électeurs ne le supportaient pas. Le Roi fut agressé dans son propre Palais par ces mêmes électeurs... Samuel était loin de tout cela désormais. Son rêve s'accomplissait.

    L'Assemblée décréta très vite la patrie en danger. Les bataillons Marseillais furent appelés à combattre et Samuel, ainsi que les restes de son bataillon, leur furent assignés. Ils allaient combattre les armées du Duc de Brunswich, le meilleur général Prussien. En chemin, ils rencontrèrent un petit enfant, qui sifflotait une petite chanson. Une chanson très connue, que beaucoup de personnes sifflotaient. Le capitaine de l'unité lui demanda de la chanter et il eût sans doute un déclic. Toute l'armée s'organisa et, sur le sentier qu'ils empruntaient, alors qu'ils n'étaient plus très loin de l'armée ennemie, un étrange chant, mélangé aux sons des instruments, s'éleva dans l'air.

    « Allons Enfants de la Patrie,
    Le jour de Gloire est arrivé !
    Contre nous de la tyrannie,
    L'étendard sanglant est levé !
    L'étendard sanglant est levé !
    Entendez-vous dans les campagnes,
    Mugir ces féroces soldats ?
    Ils viennent jusque dans nos bras,
    Egorger nos fils, nos compagnes !
    Aux armes citoyens !
    Formez vos bataillons !
    Marchons, marchons,
    Qu'un sang impur ! Abreuve nos sillons !
    Aux armes citoyens !
    Formez vos bataillons !
    Marchons, marchons,
    Qu'un sang impur ! Abreuve nos sillons ! »

    Alors que le chant touchait à sa fin, l'armée ennemie était en face. Elle avait entendu les Français chanter à la gloire de leur nation et était paniquée. Allaient-ils perdre ? Allaient-ils abandonner ?

    __________________________________________________________________

    Les Français avaient gagné. Ils avaient remporté la bataille et fêté ceci dignement dans la ville la plus proche. Ils se rendirent ensuite à Paris, pour aider Danton et le peuple à réellement prendre le pouvoir. Leur travail était de prendre les Tuileries. Ils paradèrent dans la ville en chantant la Marseillaise et arrivèrent au lieu qu'ils devaient prendre et tenir. La Garde Nationale trahit le Roi et rejoint alors l'armée. Louis XVI a perdu... Mais ses hommes refusent d'abandonner. Sitôt les portes ouvertes, les soldats de Louis de Capet tirèrent sur les soldats de la République. Un violent combat s'engagea alors entre les Suisses et les Français. Ces derniers, en surnombre, écrasèrent l'ennemi, au prix de nombreuses pertes...
    Durant les années à venir, la vie de Samuel se résuma à faire la guerre.

    - Rupture -


    C'était une journée comme les autres pour Samuel. Une journée des plus banale. La guerre faisait rage, la Deuxième Coalition étant créée depuis peu. Le jeune Black était un commandant talentueux de Napoléon Bonaparte. Ils progressaient en Égypte dans la guerre contre les courageux Mamelouks, mais c'était terriblement difficile. L'armée était affaiblie et malade et ne tiendrait sans doute plus très longtemps. C'était même sûr. Elle était condamnée depuis que Napoléon était reparti discrètement vers Paris. Samuel en avait marre de cette guerre. Marre des combats incessants, marre de ce soleil capable de détruire un homme à lui seul, marre de ce sable partout sur des dizaines, sur des centaines de kilomètres ! Une nouvelle fois le soleil, écrasant, implacable, s'était levé. Samuel était déjà éveillé depuis une bonne heure et était assis sur un rocher, attendant le réveil des autres. Il regardait au loin, le regard vide, l'air absent. Ses yeux regardaient le tapis de sable semblant s'étendre sur l'infini mais son esprit voyait plus loin. Beaucoup plus loin. Son esprit voyait l'aventure, sous toutes ses formes. Il rêvait depuis maintenant plusieurs années de vivre l'aventure comme il le souhaitait, de n'avoir aucune contrainte, de visiter tous les lieux ! Il se leva, souriant. Il aimait rêver, cela lui conférait un sentiment de paix intérieure. Il réfléchit un instant et se dit que rien ne pouvait être pire que ce qu'il avait déjà vécu. Rien. Il se convainquit que cette journée ne serait, finalement, ni pire ni meilleure que celles qu'il vivait d'ordinaire dans ce désert sans fin.
    Lorsque la trompette résonna pour que tout le monde se réveille, l'on put constater la disparition de quelques hommes. Tous les jours, un ou deux soldats disparaissaient mystérieusement. On avait pensé à des désertions au début, mais des désertions ne seraient pas aussi régulières. C'était réellement étrange. Le général avait lancer des instigations pour découvrir ce qui se passait, mais d'habitude, tout cela passait vraiment par-dessus la tête de Samuel. Il ne pensait qu'à revoir Paris, sa douce Paris. Il se souvenait du temps de la Révolution. L'aventure chaque jour, la guerre pour obtenir sa liberté... C'était ça la vraie vie. Mais là c'était différent. Cette fois, un ami et compagnon de Samuel, qui était avec lui depuis le début de la campagne d’Égypte, avait disparut. En découvrant cette disparition, le commandant s'effondra à terre. A genoux, les mains sur le visage et les larmes commençants à monter jusqu'à ses yeux, il commença à s'intéresser de plus près à ceci.
    Quelques jours après, certains réapparurent. Dont l'ami de Samuel. C'était étrange. Comment avaient-ils fait ? Et puis, pourquoi étaient-ils tous à moitiés cinglés, ou au contraire extrêmement joyeux ? Certains d'entre eux étaient complètement fous, ils n'avaient plus aucun repères et ils erraient sans but à travers le camp. D'autres revenaient donner leur démission au général : ils étaient devenus, par on ne sait quel moyen, riches. Très riches même. L'ami de Samuel, lui, était parmi ceux qui apparaissaient complètement déboussolés. Mais il était revenu, et c'est tout ce qui comptait ; le commandant finit par ne plus s'y intéresser du tout. Il aida son ami à revenir « à la normale ».
    Ils étaient enfin arrivés dans une ville. Entre temps, de nouvelles disparitions avaient eu lieu. Samuel ne s'en souciait plus. Cela n'était pas ses affaires, il n'avait pas à s'en mêler. Mais dans cette ville, tout était encore plus étrange ; des étrangers étaient présents. Mais pas n'importe quels étrangers : Ils étaient habillés étrangement. Ils parlaient une langue étrange, rarement la même. Ils erraient, sans but ni repère, à travers la ville. Mais qui étaient-ils réellement ? Des fous ? Un peuple de nomades arriérés fraîchement arrivés dans le monde civilisé ? C'était absolument sans importance.

    Mais Samuel en avait réellement marre de cette vie. Il était lassé de son quotidien, en avait marre de tout ça et voulait de l'aventure. De la réelle aventure. Il voulait s'amuser, voyager. Il apprit qu'un groupe de ces gens ayant disparu et étant revenu se trouvait dans la ville où son unité stationnait. Ni une, ni deux, il commença à se rapprocher d'eux. Pourquoi ? Pour faire comme eux. Ils s'appelaient entre eux « Voyageurs » et c'était ce qu'il fallait à Samuel. Il se rapprocha de plus en plus d'eux et, finalement, il est devenu une connaissance pour eux. Et l'un d'entre eux, discutant un jour avec lui, lui avait demandé :

    -Tu es lassé de ta vie, n'est-ce pas ? Tu la trouves trop monotone, ton quotidien t'ennuie, c'est pour ça que tu cherches à te rapprocher de nous. Je me trompe ?

    -Non, c'est bel et bien ça.

    L'homme approcha sa tête de l'oreille de Samuel et lui chuchota des indications. Il lui fallait se rendre en dehors de la ville, à la tombée de la nuit. La bas, « Il » viendrait le chercher et l'emmènerait voyager, lui ferait quitter sa vie si monotone. Il s'exécuta et, à la soirée, parvînt à sortir de la ville. Il « L' » attendit. « Il » ne tarderait sans doute pas à venir...

    Possessions : Un uniforme de soldat, un sabre, quelques pièces de 1799.

    Permissions : Autorisez-vous la pnjisation de votre personnage par vos partenaires ? Merci de spécifier sur le pnjisomètre votre tolérance.
    • contrôlée : j'accepte la pnjisation de mon personnage mais je souhaite que le rp me soit soumis par mp avant postage. (Cela implique un rallongement du temps d'échange surtout si vous n'êtes pas souvent disponible, veillez donc à bien choisir des comparses de RP qui ont la même disponibilité que vous )


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Message  Le Dévoreur de temps Dim 23 Sep - 19:01

On dit souvent que l'ennui est la mort de l'âme et l'oisiveté mère du vice. Le Dévoreur n'était pas à même de juger de la véracité de ces adages populaires, lui qui n'avait jamais goûté à aucun des deux états. Il était donc curieux de rencontrer ce soldat qui s'ennuyait si loin de son pays. La réflexion qu'il se fit au sujet de sa situation l'amena à penser que Samuel Black, nom étonnant pour un français, d'ailleurs, ne s'ennuyait que parce que ses supérieurs hiérarchiques l'y contraignaient en faisant stationner sa compagnie dans un endroit où il ne se passait rien -peut-être bien le seul de la planète à cette époque- l'obligeant ainsi à se morfondre sous peine d'être accusé de trahison ou de désertion. Il se remémora les indications données par son contact au sujet du gradé des armées napoléoniennes et se dit qu'il trouvait décidément le profil sympathique. L'homme semblait avoir des qualités utiles pour être un bon voyageur. Pour autant, le Dévoreur aimait à se faire une idée "sur pièce" et la nécessité de la rencontre avant toute décision définitive s'imposait une fois de plus. Certes l'homme vivait à une époque où l'évolution technologique avait déjà amorcé sa grande progression, le plus souvent au service de la guerre d'ailleurs, mais , même s'il était sans doute un esprit ouvert à tous les possibles et avide d'aventure, rien ne pouvait l'avoir préparé à ce qui l'attendrait dans les Couloirs du Temps. Rien! D'ailleurs, s'y faisait-on un jour complètement ? Le grand Voyageur lui-même avait encore du mal parfois à remettre toutes ses idées en place et à s'accommoder le cerveau de toutes ces pérégrinations.

Il venait de quitter l'Antichambre de Zorvan qui lui avait fait un rapide état des premiers pas de deux voyageurs et avait eu toutes les peines du monde à ne pas écarquiller les yeux à l'énoncé, imagé, comme savait le faire le brun à l'esprit tarabiscoté, des aventures de Démétrios et d'Ötis qui, chacun de leur côté n'avaient guère été épargnés par le sombre gardien. Pourtant, ces aventures rocambolesques et dramatiques n'étaient encore pas trop tordues par rapport à ce qui les attendait dans le Champ des Oublis. Le Dévoreur de Temps avait beau savoir qu'il faisait partie intégrante de ce processus installé depuis des temps immémoriaux sans doute et qu'il en était maintenant le plus grand instigateur, la rouerie et l'imagination sans borne de son acolyte étrange le surprenaient toujours . La présence de Zorvan dans l'Antichambre était antérieure à ses propres aventures temporelles à lui, et cet être bizarre restait auréolé d'un mystère très partiellement dévoilé à ses yeux. Au Dévoreur incombait la lourde tâche de jauger les apprentis voyageurs avant de les soumettre au traitement douteux du Gardien de l'Antichambre. Il s'était parfois trompé ou peut-être, avait été trompé par des suppliques trop vibrantes de leur part et les avait malheureusement envoyés subir de cruelles déconvenues, la mort quelques fois, hélas! Il eut la gorge nouée à cette pensée mais tenta de modérer son auto flagellation, acte pour lequel il était remarquablement doué, en se disant que ces pauvres voyageurs manqués ne supportaient de toute façon plus leur vie avant la rencontre. Maigre consolation en vérité, car il ne pouvait s'ôter de l'esprit que tôt ou tard, l'espoir serait revenu dans la vie morne de ces égarés, s'ils n'avaient été happés par le vortex temporel.

La nuit était tombée sur le campement, apportant une fraicheur bienvenue dans l'enfer du désert. Soulagement de courte durée car dans quelques heures, le froid viendrait caresser les soldats dans leur sommeil agité. Le froid du désert, sans doute le plus traitre, tant on a du mal à le concevoir après la fournaise du jour. Pour l'heure, la température était encore agréable. Les hommes étaient réunis autour des bivouacs, finissant leur ration identiques à celles de la veille, constituées des chasses du désert : rôti de rongeur des sables et de serpent, purée de cactées, sans les épines, et mauvaise eau de vie distillée dans les souks de la grande ville africaine la plus proche. De quoi alimenter bien des carences et des délires. Le scorbut côtoyait la fièvre jaune et le paludisme. Les insolations et la déshydratation du jour faisaient leur lot de victimes. Ainsi étaient divisées les troupes napoléoniennes stationnées depuis quelques mois dans ce coin de désert inhospitalier auquel les fils de France n'avaient pas été préparés. Il y avait ceux qui déliraient sous les tentes et ceux qui discutaient autour des feux, essayant de tromper leur ennui, qui chantant, qui racontant un fait de guerre glorieux aux côtés du petit caporal, qui écoutant simplement les autres, le regard perdu dans les flammes. Samuel était de ceux-là, mais de plus en plus en retrait. Le Dévoreur l'avait observé bien des fois sans manifester sa présence et il avait vu le lent retrait du jeune noble qui ne se reconnaissait plus dans l'armée qu'il avait tant chérie. "Défendre la Mère Patrie". Ces mots ne pouvaient que trouver résonance dans le coeur de Radu Stanzas. Pourtant lui aussi avait battu en retraite devant des alliances douteuses qui lui avaient fait perdre jusqu'à l'amour. Lui aussi ne s'était plus reconnu dans l'uniforme qu'il portait alors, lui aussi avait déserté par le seul moyen à sa disposition: la science. Il se devait, du moins le pensait-il, d'aider tous les hommes et soldats qui croisaient sa route et n'avaient pas la chance d'être des savants travaillant sur la physique quantique et ses dérivées à faire de même.

Ce soir-là, il mit donc à profit le fait que le jeune officier s'était isolé en haut d'une dune pour l'aborder enfin concrètement.

- La nuit est belle et la fraîcheur appréciable, ne trouvez-vous pas, Commandant ? Cependant vous devriez veiller à étaler votre cape goudronnée avant de vous assoir sur la dune. C'est l'heure où les serpents et scorpions aiment à chercher chair à piquer de leurs aiguillons.

Lui-même prit soin de se défaire de son long cache poussière et de l'étaler sur le sable blond avant de s'asseoir au côté du soldat. On pouvait avaler les heures et les siècles avec la facilité de l'ogre aux bottes de sept lieues et demeurer vulnérable aux piqûres de ces bestioles et il gardait un souvenir cuisant à la fesse gauche de l'amour d'un scorpion noir qui lui avait valu quelques jours de délire entre la vie et la mort, dans la colonne de panzer où il avait été affecté à son corps défendant. Il était alors bien plus jeune que le commandant Black, bien plus jeune ... Est ce que ce constat avait un sens désormais ? Comme Zorvan et comme tous les voyageurs, il était sans âge même si son corps continuait à vieillir au gré de ses voyages, à son grand désespoir, lui rappelant sans répit comme le temps lui était compté pour mener à bien sa quête. Bien que Samuel fut un bel et grand homme, dans la force de l'âge pour son époque, le Dévoreur, assis à ses côtés le dépassait encore d'une tête, de ses cheveux de neige coupés courts à présent. Par commodité mais pas par goût. Arborant une abondante chevelure fort longue dans sa jeunesse, et aussi noire que celle du Gardien de l'Antichambre, il n'avait pas souhaité la conserver lorsqu'elle avait viré au blanc au soir de son premier voyage temporel chaotique. Il en avait fait d'autres avant qui s'étaient bien passés, mais celui-là, particulièrement périlleux, l'avait mené à affronter des choses qu'aucun humain n'est prêt à voir et il en avait perdu un peu de jeunesse et de ferveur ainsi que sa carnation brune et mate .

- Je crois que vous m'attendiez, Samuel Black ... Murmura-t-il doucement.
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Message  Invité Sam 29 Sep - 21:04

La nuit était en train de tomber, plongeant le vaste monde dans la nuit la plus noire et la plus totale. Pas tout le monde, néanmoins ; l'on savait maintenant que la Terre n'était pas plate, mais ronde. A un certain endroit du monde, le jour se levait, tandis qu'ici c'était la nuit qui tombait. Le froid commençait à venir sur ces lointaines contrées désertiques et, dans quelques heures seulement, sa froide morsure envelopperait tout et dérangerait les habitants, autant que les soldats d'ailleurs, dans leur sommeil, si profond soit-il. En effet, dans le désert, il faisait horriblement chaud le jour et horriblement froid la nuit. En une journée, on passait d'un extrême à un autre. Les hommes, pour essayer de résister à l'ennui implacable que procuraient ces conditions, mangeaient autour d'un feu de camp. Les provisions étaient purement ignobles et certains -beaucoup d'ailleurs- devenaient malades ou, pire, fous en les mangeant ! Samuel n'y touchait que bien rarement. De toute manière, il ne parvenait plus à tromper son ennui. Cet ennui implacable, terrible, pouvant même se révéler... mortel, l'avait pris d'assaut depuis maintenant longtemps. L'ancien noble ne supportait plus de voir tout ce sable autour de lui, ce désert s'étendant sur l'horizon et qui donnait l'impression d'aller jusqu'au bout du monde connu, ce sable tantôt chaud, tantôt froid, abritant de nombreux rongeurs et serpents divers.
Le regard du Colonel se perdit dans le brasier alimentant le feu de camp. Il n'écoutait plus réellement les hommes qui le côtoyaient. Son esprit était perdu dans l'abîme insondable des rêveries. Il regardait le feu mais voyait plus loin, bien plus loin. Il voyait jusque dans un monde où il ne s’ennuierait plus, il rêvait qu'il pouvait encore vivre de fabuleuses et palpitantes aventures comme autrefois, quand il n'était pas perdu dans ce désert. Cet endroit était le pire enfer qu'il ait jamais connu. Samuel ne se sentait plus lui-même ici, dans cette armée qu'il avait autrefois chérie, qu'il avait auparavant considérée comme sa seule et véritable famille. Il s'était battu pour obtenir cette place dans l'armée, il avait affronté le Roi de France et l'avait destitué avec les autres Enfants de la Mère Patrie. Le Colonel s'éloignait peu à peu du groupe de soldats, sans que ceux-ci ne le remarquent. Il finit par totalement disparaître au milieu des tentes, aussi nombreuses qu'identiques ; là, il sécha une larme qui avait commencé à perler sur sa joue avant de faire demi-tour et de se diriger vers la sortie du camp. Cette vie n'était pas pour lui. Enfin, elle n'était plus pour lui.

Ce soir, il avait un rendez-vous. "Il" devait venir le chercher pour que le jeune Black puisse connaître de nouveau une vie aventureuse. Mais qui était-"Il" ? Un homme ou un envoyé de Dieu ? Le Jeune officier n'en avait strictement aucune idée. Et il s'en fichait. Cette personne pouvait l'aider, alors il n'hésiterait même pas. Il sortit du campement et gravit une dune assez haute ; de là-haut, il fixa son regard sur le ciel noir, visage de l'espace infini. Il commençait à se tapisser d'étoiles plus lumineuses les unes que les autres. Alors, Samuel imagina quelque chose d'insensé : l'aventure dans l'espace. C'est sûr qu'il y avait à faire là-haut ; trop, sûrement.
Alors qu'il contemplait ce magnifique ciel étoilé, une voix étrange, qu'il ne reconnut pas, engagea une conversation avec lui. Cette voix qui, alors, lui paraissait totalement inconnue et si lointaine, cette voix qui ne relevait pour lui que de l'optionnel, allait irrémédiablement transformer sa vie. Cette voix allait changer sa vie du tout au tout et cela car il l'avait lui-même souhaité.

Samuel se retourna d'un geste brusque et regarda l'homme qui venait d'arriver derrière lui. En face de lui se dressait un homme, un beau et grand jeune homme. Les yeux marrons, de beaux cheveux blancs assez courts qui seyaient parfaitement avec le reste de son corps, corps par ailleurs fort joli. Bref, un homme tout ce qu'il y a de plus beau. Il détacha la longue cape qui flottait derrière lui avec le vent et la posa sur le sol avant de s'asseoir dessus, à côté de l'officier de l'armée napoléonienne. Ce dernier l'imita, pensant sur l'instant que c'était lui qu'il attendait.

-Equidem exspectabam te iam...* Le Colonel racla sa gorge, fixant attentivement le vieillard se présentant en face de lui. Une question le démangeait. Dites-moi... Qui êtes-vous exactement ? D'où venez-vous ? Je vous préviens, malgré mes allures de noble je... Je...

Il ne savait plus quoi dire. Il était comme pétrifié. Qui était cet homme qui semblait déjà le connaître ? Était-ce... Dieu ?

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Message  Le Dévoreur de temps Lun 15 Oct - 20:01

Le silence est parfois chargé de bien des mots. Les mots qui restent coincés au fond de la gorge, les mots qui se cherchent pour être dits sans briser la magie de l'instant. Deux guerriers fatigués étaient assis côte à côte, contemplant la pureté des cieux d'Egypte. Deux hommes en quête d'absolu chacun à leur façon, deux êtres déçus par leurs engagements premiers.

- Ce que vous vivez est extrêmement dur. Cette inaction qui tue vos compagnons au quotidien, la mort sournoise qui rôde au côté de l'ennui. Il n'y a rien d'honorable et d'héroïque dans cette vie.

Un léger vent se leva et fit tourbillonner des volutes de sable. Le Dévoreur fixait le ciel, cherchant des yeux l'endroit où se situait l'étoile lointaine qui avait vu naître le gardien de l'Antichambre. Au bivouac, les hommes s'étaient mis à chanter une chanson révolutionnaire. Le regard changeant du Grand Voyageur se coula vers Samuel.

- J'ai entendu votre appel muet. Le coeur d'un homme porte parfois plus loin que sa voix. Ses pensées aussi. Surtout dans ce désert sans fin. Vos états de service dans l'armée sont exemplaires. Comment un homme tel que vous a pu s'accommoder aussi longtemps d'une telle situation ? J'en suis encore admiratif car je me doûte que ce n'est pas la seule peur d'être fusillé comme déserteur qui vous retient ?

Après un silence non rompu par l'homme, le Dévoreur poursuivit.

- Est-ce l'honneur qui vous retient ? La peur du déshonneur d'être considéré comme déserteur ? Parce que vous devez savoir une chose : si vous me suivez, ils vous prendront immanquablement pour un déserteur car on ne retrouvera ni vos os, ni vos vêtements. Je vous emporterais en entier.

Dans la pénombre qui s'épaississait, l'homme avait frémi. Peur, indignation, fatigue ? Tant de choses peuvent faire frémir un homme.

- Ecoutez-les chanter! C'est beau, non ? La Foi qui demeure à travers l'épreuve. Ce ciment des hommes dans les situations les plus folles! Ahh, ils le suivraient jusqu'en enfer, le petit Corse. Et vous ? Suivriez-vous un homme jusqu'en enfer ?

Le Dévoreur se souvint qu'il avait maintes fois noté en lisant les documents officiels qui jalonnaient le parcours du grand soldat que l'esprit aventureux avait toujours guidé ses choix. Noble de naissance, il avait rallié le peuple et fait sa révolution puis, de sans culotte, il était passé grognard de luxe avec des galons directement. Nul doute que s'il persistait dans cette voie, il pourrait devenir un Maréchal de Napoléon à l'instar d'un Murat ou d'un Beauharnais. Alors ? Avait-il le droit de l'arracher à tout cela au prétexte que ce soir, le jeune Black était lassé de manger du cactus et de s'essuyer les fesses avec une poignée de sable ?

- Vous m'avez appelé et je sais qui vous êtes et ce que vous semblez vouloir. Mais êtes-vous certain de savoir ce que vous voulez ? Renoncer à ce siècle d'action et de lutte pour une errance vers l'inconnu et l'incertitude. Ohh, bien sûr vous pourrez revenir en votre temps, mais vous en reviendrez irrémédiablement changé.

Le Dévoreur savait ce qu'il disait. Lui aussi avait risqué le tout pour le tout pour mener à bien sa quête, lui aussi avait renoncé à bien des facilités que lui procurait la vie dorée de savant universitaire sur la côte californienne, et cela ne comprenait pas que les nageuses top modèle qui peuplaient le campus mais il l'avait fait, lui, porté par le besoin irrépressible de défaire ce qui avait été fait et de retrouver une raison de vivre. Lâcher une vocation pour une envie soudaine était risqué et il devait absolument déterminer si le candidat potentiel était vraiment motivé pour le voyage par autre chose qu'une déception passagère.

- Accepteriez-vous la solitude au travers de la multitude ? Si vous aviez le pouvoir de revenir en arrière ou d'aller en avant, qu'en feriez-vous?
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Message  Invité Sam 20 Oct - 15:32

Le silence. Quelque chose qui voulait dire à la fois tout et rien. Parfois, un geste, un regard servait à deux êtres humains pour qu'ils se comprennent, et un silence s'installait entre les deux. Ils avaient usé d'un autre moyen que la parole, un moyen plus... significatif. Le regard se croisant des deux hommes voulait, aujourd'hui, tout dire. Ils se comprenaient, et la parole n'avait rien à voir là-dedans. Un silence de plomb était présent, et l'on pouvait entendre les mouches voler. Mais qui était-il donc ? Que pouvait-il donc bien se passer en ce moment ? Ne sachant que répondre à ces questions qu'il se posait intérieurement, Samuel se contenta de les entreposer dans un coin de son esprit et regarda les étoiles. Une brise vint souffler sur le visage de l'ancien noble, faisant également voler quelques volutes du doux sable égyptien. Le défenseur de la Patrie n'avait, en cet instant, qu'une seule envie : voyager, refaire des aventures, comme lors de la Révolution ; se sentir libre, maître de lui-même... Ha, se battre pour la douce France, combattre pour détrôner le roi félon et pour sauver la Mater Matriae ! Et peut-être cet homme avait-il la solution...

Notre héros écouta son interlocuteur. Lorsqu'il en arriva à la raison qui le poussait à rester, il fit un véritable bond et sentit une colère monter en lui ; une colère, mais aussi un sentiment de remords... Il se rendait compte de la vérité, mais refusait de l'admettre... Néanmoins, il ne releva pas et laissa l'autre parler. Et enfin, lorsqu'il parla de son honneur, Samuel ne chercha même pas à comprendre les paroles de l'autre homme. Il frémit, tremblant légèrement et devenant peu-à-peu rouge de colère et d'indignation.

-Qui êtes-vous donc pour oser remettre en cause ma détermination à servir la Mère Patrie ? Puer ego sum Francie* ! Sachez-le, étranger ! Mon honneur est plus grand que le vôtre, car apparemment vous êtes Français ; où étiez-vous lors de la Révolution ? Avez-vous défendu notre Patrie ? Avez-vous donné votre sang pour elle ? Je ne le crois pas, sinon vous ne me parleriez pas comme cela sur ce ton ! Je suis...

Il fut interrompu par la suite du discours de l'inconnu. Il avait raison. Du moins jusqu'à ce qu'il ose parler de Napoléon. "Le petit Corse" ? LE PETIT CORSE ? L'ancien noble se leva brutalement et tira son épée d'un geste brusque et non moins brutal. Le bruit du métal de sa lame râpant contre le fourreau résonna dans l'air tandis que Samuel faillit perdre son équilibre tant ses gestes étaient irréfléchis. Il pointa le bout de son arme vers l'étranger, posant la pointe sur son cou. Il transpirait, les gouttes de sueur coulant le long de son front et venant s'écraser sur le sable chaud de l'Egypte. Sa colère guidait son acte. Cette même colère qui le faisait trembler telle une feuille morte. Mais en plus de transpirer, il pleurait. Il pleurait car il ne savait plus que penser. Il ne savait trop s'il devait le transpercer pour avoir osé parler de Napoléon Bonaparte de cette façon, ou s'il devait se contenter de le gifler en lui disant de s'en retourner d'où il venait.
Les Chants Révolutionnaires, que ses camarades soldats chantaient, le faisait vibrer. L'air froid de la nuit dans le désert, la colère, la honte et, enfin, les chants de sa patrie... Tout cela était trop pour lui. Il éclata en sanglot et lâcha son épée, qui tomba à terre. L'étranger continua à parler. Les larmes se firent plus fortes, plus insistantes. Il tomba lui aussi à terre, à genoux, soulevant un nuage de sable. Ses larmes séchaient immédiatement en tombant sur ce même sable, mais d'autres venaient les remplacer dans la seconde.

-Je ne supporte plus cette vie... Je n'en peux plus... Je voudrais pouvoir de nouveau me battre pour les miens, pour la Mère Patrie. Je voudrais connaître de nouveau l'aventure que procure ceci... Aidez-moi, je vous en supplie...

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Message  Le Dévoreur de temps Dim 28 Oct - 16:50

Un véritable maelstrom d'émotions, voilà ce qu'était cet homme qui se tenait face au Dévoreur. Alors qu'il le menaçait de la pointe de son épée quelques minutes auparavant, sans heureusement l'avoir véritablement touché, voilà que le malheureux s'effondrait sur le sable indifférent du désert qu'il abreuvait de ses larmes. Le Grand Voyageur en fut ému mais pas choqué. Il avait vu tant de détresse, croisé tant d'hommes en perdition au cours de son périple. Souvent il les trouvait dans le plus grand dénuement moral, parfois physique et face à son calme, à son argumentation si posée, ils finissaient par craquer et se dévoiler complètement, parfois sans complaisance envers eux-même et la vie, parfois avec arrogance. Mais il n'y avait rien d'arrogant dans l'attitude de Samuel Black. Il y avait juste la détresse d'un homme ayant perdu ses illusions et cherchant vainement à ranimer la flamme qui le tenait debout, celle pour laquelle il se battait depuis toujours. Le Dévoreur savait bien sûr que le rêve napoléonien allait s'effondrer bientôt et que le désenchantement de Samuel n'en était que les prémices. Combien de soldats des troupes de l'Empereur se trouvaient dans le même état d'esprit aux quatre coins de l'Europe ? Combien, même de soldats, du camp adverse faisaient le même constat déjà face à cette monstrueuse boucherie qui dévorait les enfants des nations, oubliant par la même, l'idéal qui avait prévalu au début de l'aventure ? Réunir tous les hommes dans la même idée de justice et d'égalité. L'Aigle se souvenait-il lui-même de cet élan qui l'avait porté au pouvoir ?

- Pleurez, Samuel, pleurez ... Mais ne regrettez pas vos années de combat car elles étaient sincères et participaient à l'un des plus beaux élans des peuples que l'Histoire ait écrit. Le temps est passé, une autre page va s'écrire pour vous et je peux vous aider à l'écrire.

Le Dévoreur se leva doucement et fit signe à l'homme à terre de faire de même.

- Voyez vous cette étendue de sable infini qui vous emprisonne vous et les vôtres ? Certains ont déjà trouvé le moyen de s'en échapper et cela, vous n'avez pas manqué de le remarquer... Peu ont su mettre vraiment à profit cette opportunité, certains en deviennent fous. Mais je suis persuadé que vous avez l'étoffe pour faire de grandes choses si je vous ouvre les portes du Temps.

Le Dévoreur écarta les bras comme pour embrasser l'espace devant lui et poursuivit dans un murmure.

- Oui, ce que je vous offre, c'est une étendue d'exploration et de découvertes que vous ne pouvez même pas imaginer encore. Tant de causes pour lesquelles combattre existent dans le passé et le futur. Si vous pouviez voir ... Vous cherchez un idéal auquel offrir votre bras et votre lame... Des idées pour porter votre coeur et votre âme, des frères d'armes à épauler ? Je puis vous ouvrir les portes vers tout cela ... Mais il y a un prix à payer, une épreuve à passer. Y êtes-vous prêt, Samuel ?

Le Dévoreur ramassa son manteau et le plaça sur ses épaules. Le vent avait forci, balayant la crête de la dune et faisant voler les pans du vêtement. L'homme aux cheveux d'argent leva les yeux vers les étoiles, si belles, si brillantes en cette région du monde. Il se souvint des batailles, des révolutions qu'il avait partagées, des fumées des canons, qu'il avait humé, du bruit des mousquet comme des bombardements, de la clameur des charges des chevaliers , des cris de rage des chasseurs traquant l'ours qui décimait leur tribu, du sifflement des oiseaux de guerre qui quittaient l'appontement de leur vaisseau mère pour aller se battre contre les pléiades de bâtiments ennemis qui barraient la route à leur exode au coeur des étoiles. Oui, il avait vécu tout cela déjà, aux côtés des hommes, à travers le temps et il avait une certitude, il avait encore bien des aventures à partager avec eux avant de trouver ce qu'il cherchait, celle qu'il cherchait...

- J'étais comme vous à une époque et j'ai tout laissé derrière moi pour partir à la recherche de ce que j'avais perdu. Cela nécessite des sacrifices et je n'ai pas encore abouti dans ma quête mais je me sens plus vivant en la poursuivant que lorsque je pleurais sur ce que j'avais perdu. Voulez-vous connaître ce sentiment ? Voulez-vous savoir ce que je vous propose ? Etes-vous prêt à quitter vos compagnons d'armes, à laisser derrière vous vos rêves expirés pour en vivre d'autres ? Etes-vous prêt à affronter d'autres vérités, votre vérité et ce que vous êtes réellement pour y parvenir ?
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Message  Invité Mar 13 Nov - 22:54

Pleurant toujours, imbibant le sol des larmes qui perlaient désormais le long de sa joue en fines gouttelettes, perdu dans un véritable torrent d'émotions qui resurgissait d'un seul coup, d'un seul cri, sans prévenir et sans prendre le temps de venir, et qui l'agressait littéralement et le déchirait de l'intérieur, Samuel était un être perdu dans un monde semblant condamné à la destruction et à qui il ne restait plus qu'une seule chance de s'en sortir ; cette chance, il ne savait pas quelle était-elle. Ou du moins qui était-il, car c'était bien un homme qui représentait cette chance. Durant toute sa vie il avait ressenti énormément d'émotions différentes ; la joie de voir la Révolution arrivée, la panique, la peur, la haine lors des massacres dans la Bastille et en dehors, cette haine à l'encontre d'un roi qui osait massacrer son peuple, mais aussi un infini bonheur lors de la fin de la Révolution et la destitution de Louis Capet, mais jamais d'émotion aussi forte et aussi destructrice que ce qu'il ressentait actuellement. Il ne pouvait plus, ne supportait plus ceci. Il avait toujours combattu pour le Seigneur et pour la Terre, pour la Liberté, l'Egalité entre les Hommes et la Fraternité entre les peuples, pas pour qu'un homme s'élevant au-dessus de la masse et tentant d'apporter ces idées dans le restant de l'Europe fasse face à une bande de parjures ingrats tentant vainement de détruire ce rêve constitué par les Français. Ils ignoraient tout du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ne respectaient rien de rien ! Cet immense carnage qui ravageait maintenant toute l'Europe n'était en rien les idées qui étaient la base de cette guerre.
Mais il y avait autre chose. Le fait qu'il voyait de plus en plus Napoléon comme un traître à ses idées, à son peuple et à lui-même. Il voyait Napoléon comme un autre homme, comme une autre personne que celui qui avait mené les idées de Liberté à leur paroxysme. Peut-être finalement n'était-il rien d'autre qu'un... Petit Corse ?


-Comment... Pourriez-vous m'aid... M'aider ?

L'interlocuteur de l'officier se leva d'un geste ample et souple. L'admirant dans cette nuit, sombre et prenante, le voyant comme quelqu'un de grand et qui allait tout changer dans sa vie et celle du monde, Samuel se leva. Ce fut presque un automatisme, comme s'il voyait en cet homme un autre homme. Comme pour l'ancien et le nouveau Napoléon...
Les portes du Temps ? Qu'était-ce encore que cette folie de sorcier ? Etait-ce quelque chose qui lui permettrait d'aider de nouveau la Mater Matriae ? Pourrait-il de nouveau aider les siens ? Il était prêt à tout pour cela, comme autrefois. Il était prêt à refaire comme lors de la Prise de la Bastille, comme lorsqu'il combattait les Prussiens aux côtés des Marseillais et des Bretons. Il était prêt à tout, à tout. Les larmes disparurent de ses yeux et, après les avoirs essuyées d'un revers de main, il répondit au Dévoreur.


-Ce que je suis prêt à faire, c'est aider les miens, aider mes frères et mes soeurs pour les sortir de ce marasme dans lequel ils sont empêtrés. Ce que je veux faire, c'est propager les idées de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, en supprimant le "Ou la Mort". Ce que je désire ardemment, c'est faire renaître -ou bien naître, qui sait ?- cette idée du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Et pour cela, je suis prêt à prêter mon dos et ma lame. Je n'ai rien d'autre à offrir que ma sueur et mon sang, mais je l'offrirais volontiers si l'on m'en donne l'occasion. Mais comment pourriez-vous m'offrir cela ? Et de quelle étendue parlez-vous donc ?

Soudain, pris d'une colère inexplicable en repensant à ses années passées, à ce qu'il avait fait avant, à tout ce qui s'était passé dans sa vie, Samuel planta sa lame dans le sol. Puis il l'enleva et recommença. Il refit ceci plusieurs fois, avant de planter plus fermement encore l'épée. Il était énervé, ressentait de la haine, mais ne savait pas pourquoi ; et cette colère, cette haine, il devait la faire ressortir en se défoulant. Or, seul son interlocuteur était présent. Sans se contrôler, il commença à crier après que l'autre eût formulé sa phrase.

-QUEM ME TOLLE* ? POUR QUI ME PRENEZ-VOUS ? Je ne suis pas un fou, un cinglé tel que vous ! Vous n'êtes qu'un malade mental, encore un des membres de ce bataillon qui s'est perdu dans le désert en désertant et qui fut frappé d'une folie inconnue ! Vous n'êtes qu'un fou, un pauvre taré qui a perdu tous ses repères et qui cherche à embobiner les autres pour qu'ils tentent de déserter eux-aussi ! Vous n'êtes qu'un traître ! UN SALE TRAÎTRE !

L'ancien noble donna un coup de pied par terre mais trébucha. Il hurla sa colère, fit ressortir toutes les émotions qu'il avait accumulé depuis des années et des années dans ce hurlement, puis respira par à-coup. Il était désormais calme. Des gouttes de sueur coulaient sur son front et il ressentait une honte telle qu'il en rougissait. Il n'osait pas se relever ni regarder son interlocuteur. Il préféra rester à terre, la tête tournée et se remit à parler, sur un ton plus calme, plus posé, beaucoup plus... respectueux. Il voulait s'excuser et parla au Dévoreur comme il aurait parler à Napoléon lui-même.

-Je suis extrêmement confus sire. Je ne comprends pas ce qui m'est arrivé et, s'il me fallait être puni pour mon imprudence et mon manque de contrôle, alors punissez-moi de la pire manière que vous connaissez ; vous serez alors sûr que je ne le referai point de nouveau...
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Message  Le Dévoreur de temps Sam 24 Nov - 21:18

Le Dévoreur de temps ramena son ample manteau sur ses épaules et fit quelques pas dans le sable, tout en écoutant les variations d'émotions de Samuel. Il ferma les yeux, pris d'une soudaine lassitude. Le poids des siècles semblait tomber sur ses épaules et peser très lourd, comme révélé par la violence des propos du lieutenant Black. Un traître, il le voyait comme un traître. La naïveté pouvait-elle s'orner de clairvoyance ? Etait-ce le cadeau fait à ceux dont les intentions sont finalement pures que de voir dans l'âme de ceux qui sont dévorés par le remord, ou bien Samuel usait-il, au hasard de sa colère, de tous les mots qu'il pouvait trouver infamants pour blesser l'homme qui le mettait face à un miroir ? Le voyageur eut la vision furtive du petit visage triangulaire de Loudna, ses yeux mauves, les yeux de sa mère. Loudna accrochée à son long manteau "Ne pars pas, Papa ... Maman va encore pleurer. Les hommes vont revenir... Ils font du bruit dans l'escalier avec leurs bottes. Ils nous font peur."

Mais il était parti, il devait partir pour en sauver plus et tant à la fois, il l'espérait. Et lorsqu'il était revenu, il n'avait pas encore réussi. Loudna avait été envoyée à la campagne, loin de Bucarest, par une mère prévoyante. Il était passé en coup de vent dans le petit appartement, le temps d'un baiser, d'une étreinte, de l'oubli du temps meurtrier qu'ils vivaient. Et quand, quelques mois plus tard, il avait revu son aimée, c'était lui qui portait des bottes terrifiantes, et elle était parmi les prisonniers, en attente de déportation. Il avait fallu feindre l'indifférence, uniforme parmi les uniformes, parfait officier détaché au service scientifique de Reich. Il avait fallu accepter de la voir assise sur une paillasse pleine de vermine, amaigrie déjà, ses beaux yeux mauves cernés de fatigue. Il avait fallu se retenir de serrer ce corps si mince entre ses bras une dernière fois. Feindre de choisir des sujets d'expérience pour pouvoir lui glisser deux mots dans le laboratoire. " Je touche au but... Je vais revenir et vous emmener tous loin d'ici et j'irai chercher notre fille." En silence, elle avait secoué doucement la tête dans un signe négatif. Non, pour dire :" Tais-toi, ces mots peuvent te perdre!" ou "Non, ne pars pas ! Ne me laisse pas ici !"

Un regard suppliant... Il n'avait jamais su ce qu'elle voulait dire et peut-être ne le saurait-il jamais. Il pouvait remonter le temps mais comment enrayer son mécanisme et le dévier au moment où tout avait déraillé ? Qui devait-il abattre et quand ? Assez tôt pour empêcher la peste brune de se répandre, assez tard pour ne pas faire naître un autre désespoir. Et surtout comment remplacer les pages d'Histoire qu'il voulait gommer ? Quelle alternative proposer au Destin avide de changement qui gouvernait les hommes dans ce début de XXième siècle, à l'issue d'une première guerre si cruelle et dévastatrice ? Il avait trahi les yeux violine qui le suppliaient, et le rire brisé de Loudna. Il avait manqué à sa promesse, terrible promesse, donnée aux trésors de sa vie et il les avait perdues, toutes les deux. Que pouvait perdre Samuel si, une fois encore, lui, l'homme aux multiples identités, manquait à sa parole ? Le français n'avait pas de femme, ni d'enfant, juste une foi irraisonnée en la souveraineté des peuples et un amour aveugle de la Liberté. C'était déjà beaucoup à perdre.

Le Dévoreur eut envie de redevenir simplement Vladimir Stanzas, lieutenant colonel dans l'armée du Reich, sujet roumain dévoué à la cause du Führer et de crier à Sam " Mais mon pauvre ami, croyez-vous vraiment ce que vous dites ? La souveraineté des peuples ? Croyez-vous qu'ils sauraient quoi en faire si on la leur offrait ? Tout ce qu'ils attendent, c'est un maître pour les asservir, les plier à sa vision du monde et les guider vers la barbarie, la négation de ce qui est différent d'eux, le massacre du coupable désigné. Regardez Napoléon. Ils l'ont vu comme un sauveur, un Messie et ils l'ont suivi des années durant sur les champs de la mort. Et l'Histoire se répétera encore et encore! " Il avait envie de montrer à ce soldat plein d'illusions de grandeur à quel point l'homme n'apprend pas de ses erreurs, à quel point il se fourvoie toujours dans les mêmes travers ... Mais il leva les yeux vers la voute céleste, déglutit péniblement son amertume et respira un grand coup. Lui aussi n'avait été qu'un rouage entraîné par les autres au début. Les allemands arrivaient avec des fonds, du matériel scientifique. Le centre de recherche en physique appliquée de son pays était si mal équipé, dans des locaux vétustes, les équipes du labo travaillant souvent sans salaire assuré. On l'avait mobilisé comme tous les hommes valides de Roumanie. Qu'importait si le gouvernement acceptait le tutorat allemand, qu'importait s'il devait faire des rapports réguliers de l'avancée de ses travaux à la Kommandantur. Les membres de son équipe mangeaient à leur faim, pourraient même fêter un peu le prochain Noël avec leur famille, leur travail était reconnu et rétribué. Il n'avait vu le piège se refermer que trop tard et lorsqu'il l'avait compris, saboter les travaux, fausser les calculs, et retarder l'avancée des choses avaient été les seuls moyens qui lui restaient. L'exil, il y avait songé. Mais les frontières étaient verrouillées. La Pologne voisine était déjà annexée et de grands travaux organisés y débutaient. La mort ... Il y avait aussi pensé. Mais un père de famille ne se suicide pas, un homme amoureux non plus. Il avait été lâche, traître à lui-même. Samuel avait raison sans le savoir.

Alors, oui, il comprenait Samuel Black et ses renversements de sentiments, sa déchirure, son dégoût de lui-même, l'atroce désillusion qui se faisait jour en lui. "Ce que je croyais, ce pour quoi je me battais n'était qu'une chimère, une illusion grotesque et sanglante, une mise en scène macabre planifiée par un fou ! " ... Un fou ? Le Dévoreur était-il fou ? Sans aucun doute, pour qui n'entrevoyait qu'une partie de ses actes et de ses choix. Peut-être même si un témoin éclairé avait pu saisir l'ensemble de son dessein, l'aurait-il pris pour un dément. Et si le remède était pire que le mal ? Y songer plongeait le grand voyageur dans un abattement profond qui le tenait loin des voyages des jours durant, replié dans un recoin sombre et inaccessible, alors que les âmes en perdition appelaient, attendaient un sauveur, alors que ses "hommes" le cherchaient fébrilement pour lui soumettre l'interminable liste des candidats au voyage. Où allait-il les mener ? Dans quel but ? S'il le savait, il doutait parfois de son droit à disposer de ces égarés pour satisfaire à ses objectifs. En quoi était-il finalement différent de Napoléon, ou pire, du petit chancelier allemand ? Est ce qu'il n'utilisait pas, lui aussi, la détresse de ses semblables, est-ce qu'il ne les berçait pas de visions magnifiques, de promesses de jours meilleurs ?

Il baissa la tête et son regard se porta sur l'homme qui se trainait au sol, pantelant, écartelé par ses doutes et il pria fort pour que les hommes fussent assez forts pour l'arrêter si un jour il devait verser dans la folie mégalomaniaque des deux autres.

- Calme-toi, Samuel Black et relève-toi. Je n'ai jamais accepté d'aider un homme qui se traîne à genoux devant moi. Ta décision, tu devras la prendre en homme et affronter les épreuves qui en découlent en homme! Lança-t-il en jetant un oeil sombre à l'officier.

Il poursuivit avec plus de douceur.

- Nous avons tous des moments de doute et de faiblesse. Pourtant sois certain que si tu me suis, tu devras être fort pour affronter l'Antichambre du Temps et son gardien Zorvan. Il a vécu bien des injustices, souffert mille morts et son esprit ne connait pas la compassion. Sois faible, larmoyant et tu périras dans l'un des mondes où il va t'envoyer faire tes preuves. Tu me prends pour un fou et tu en as le droit. Laisse-moi te montrer ce que je dois te montrer et tu verras que je ne suis pourtant pas un menteur.

Pour prouver à Samuel qu'il ne lui tenait pas rigueur de ses insultes, il lui tendit la main, se gardant toutefois de le toucher.

- Que veux-tu tenter tout d'abord ? Revivre tes rêves, ceux dont tu as souvenir comme les autres,en allant explorer [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], ou remonter le fil de tes souvenirs en commençant par les plus récents en allant vers le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ? Zorvan t'y suivra, comme un témoin qui t'évaluerait, mais il ne faudra compter que sur toi-même pour te sortir des pièges de ces mondes. Ou alors peut-être voudrais-tu voir les alternatives que les mondes parallèles proposent à ton histoire personnelle ? Peut-être voudrais-tu voir une autre version de ton monde connu ? Une version où absolument tout est possible et que le Gardien de l'Antichambre connait sous le nom d'[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ? Réfléchis bien, Samuel, car lorsque je t'aurai touché, lorsque tu saisiras ma main, il sera trop tard pour reculer.

[HRP]
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Message  Invité Sam 8 Déc - 11:44

Toujours allonger dans le sable, pleurant toutes les larmes de son corps et ne sachant plus que faire, totalement perdu dans un abîme de pensées toutes plus floues les unes que les autres. Il avait tant donné pour sa patrie et pour ses frères que l'idée même de les abandonner maintenant le rebuté. Mais qu'y pouvait-il ? L'esprit de la France, la Liberté même se perdait un peu plus chaque jour. Peu de gens se souviennent encore de la véritable Révolution, celle qui a chassée le tyran, qui a réunie la nation toute entière dans une seule et même lutte contre l'absolutisme royal. Trop peu de gens s'en souviennent. Il ne savait plus à qui parler et se sentait bien seul dans ce monde désormais tourné vers l'impérialisme. Napoléon lui-même semblait perdu dans l'impérialisme le plus noir qui soit. Samuel tremblait de tout son corps et de toute son âme, et il ne savait plus qui il était lui-même. Devait-il abandonné ce pourquoi il se bat depuis tant d'années ? Devait-il suivre cet étrange personnage pour aider ses frères et ses soeurs en d'autres endroits ? Les idéaux même de la République se perdent et, chaque jour, l'on oublie un peu plus les idées de Liberté et d'Egalité qui ont construits une France unie et indissoluble. La Souveraineté des peuples était son idéal personnel. Et qu'importe si personne ne le suivait dans cette idée, folle peut-être, mais bien plus belle que toutes les autres. Les paysans et les ouvriers étaient la nation. Les nobles n'étaient rien. Jamais plus il ne laisserait un régime tyrannique et absolutiste exploité jusqu'à la mort de pauvres bougres qui n'avaient même pas la notion de Liberté. Plus jamais.

Et si... et si c'était lui-même qui se trompait ? Et si l'ancien noble, qui avait participé à la Révolution, se trompait ? Les hommes avaient sans doute besoin d'un chef. Oui, ils avaient besoin d'un chef ; cette question ne se posait même pas. Mais devait-il s'imposer et plier les autres à sa seule et unique volonté pour cette seule raison ? Danton ne l'a pas fait ; Danton a été porté au pouvoir. Mais Danton a perdu un temps le contrôle de son propre peuple, lorsque celui-ci investit les prisons pour massacrer tout ceux qui étaient prétendus "opposants au régime". Les souvenirs resurgirent alors dans la tête de cet homme, torturé, abattu et à terre. Cet homme qui pleurait toutes les larmes que son corps lui permettait de pleurer revit alors cette foule inquiète, devenue folle à cause de la peur de revivre la tyrannie. Cette foule qui courait jusqu'aux prisons de la capitale, fourches et marteaux à la main. Dans la nuit du 2 au 3 Septembre, Samuel fit parti de ces gens-là. Il portait alors un fusil dans la main droite et une torche dans la gauche. La pluie s'était abattu sur la ville la veille, et la populace, terrifiée, prête à tout pour sauvegarder leur liberté -ou peut-être tout simplement leur vie, peut-être n'en eurent-ils rien à faire des autres ce jour là, la question grandissait dans la tête de Samuel- marchait dans la boue, se traînant à terre. Les bruits des bottes remuants le sol et les cris des révolutionnaires retentirent dans tout Paris. Les massacres avaient commencés. On fit sortir violemment les prisonniers et on les plaque ventre au mur avant de leur tirer dans le dos. On leur fracassa le crâne à coup de marteau, leur brisa les côtes à coup de faux. Mais ce ne fut pas tout. Les anciennes tables de tortures, qui n'étaient plus en service depuis la chute de l'ancien régime, furent réutilisées. Les prisonniers furent allongés de force dessus et on leur infligea mille souffrances. Les gardes de prisons se joignirent aux Révolutionnaires. Mais le noble trouva que cela allait trop loin. Il lâcha son arme et repartit, discrètement. Se traînant dans la boue le long des rues, rongé par le remord de ce qu'il avait fait et détruit par la folie de ses frères Français, qui massacrait tout le monde dans les prisons, ennemis du régime ou pas. Plus d'un millier de personnes périrent durant la nuit et les jours qui suivirent. De chez lui, Samuel pouvait parfois voir des prisonniers, torse nu, dégoulinant de sang courir dans les rues pour échapper à ses tortionnaires. Mais ils se faisaient invariablement rattrapés...

Sortit de sa torpeur par un violent choc mental, celui de ce souvenir, le lieutenant releva brusquement la tête. Il transpirait. Il voyait le Dévoreur qui le fixait d'un oeil étrange. Ses paroles furent comme une lame tranchante pour lui. Oui, il était un homme ; il était même plus, il était un Libérateur. Un de ceux qui ne se laissent pas corrompre, qui se battent pour les leurs et n'abandonnent jamais leur combat avant d'avoir perdu ou gagner. Voilà ce qu'il était.
Alors, il se releva. Les larmes quittèrent son visage pour laisser la place à un sourire. Il ne comprit pas vraiment ce que voulait lui dire l'homme qui se trouvait en face de lui. Quelques mots ressortirent de ses paroles, quelques mots qui sonnèrent comme les coups de feu des révolutionnaires lors de la prise de la Bastille. Il tendit la main au Dévoreur et, avant de la touchée, lui dit ceci.


-J'aimerais revivre mes rêves. J'aimerais revivre la Révolution. Tibi gratias ago pro omnibus*.

Alors, il prit la main de son interlocuteur et tout disparu. Il se sentait comme aspirer dans un monde étrange ou tout est différent. Il n'était alors plus de ce monde, et seul les yeux bienveillants de la République savaient ce qui allait lui arrivé...

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Message  Le Dévoreur de temps Jeu 7 Fév - 1:16

Bonsoir Sam,

Fiche archivée en l'absence d'activité et de réponse au mp qui a été adressé à son sujet. Nous la désarchiverons sur demande, au retour du joueur et s'il effectue la correction demandée. Dans un mois sans manifestation de sa part, elle sera archivée dans Tace sed momento et le compte sera supprimé.


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