Je la trouve tellement...vaste à aborder que ce titre m'est venu.
Nous parlons d'une auteure, alors, comme dit en MP, le mieux est de commencer par l'oeuvre. Je vous propose donc deux humbles chroniques que j'ai faites l'une pour la rentrée littéraire de 2012 et l'autre, hummm, dans le courant de cette même année.
Procédons chronologiquement :Mercure :Dans la France des années 20, à Cherbourg, sur une petite île exactement, nous suivons les aventures de Françoise, jeune infirmière au tempérament zélé et à l’aube du féminisme. Elle se voit confier la tâche de soigner une jeune femme à peine plus jeune qu’elle qui se révèle orpheline et enfermée dans le château, sur l’île. Château d’un Monsieur plus près de la mort que du début de sa vie, ancien marin qui séquestre donc la jeune Hazel depuis cinq ans. Le roman raconte le combat de Françoise pour aider la pupille à se sortir de cette situation puisque Monsieur Loncour, non content de la priver de liberté, jouit de ses faveurs bien coquinement. Précisons de suite le subterfuge du licencieux vieillard, il n’existe aucune possibilité pour Hazel de voir son reflet car tous les miroirs ont été bannis, proscris, tout ce qui pourrait refléter le visage de la jeune femme.Le livre débute sur les confidences de Hazel à son journal, confidences fugaces mais qui posent de suite le décor de la vie sur l’île et des rapports complexes entre Omer et Hazel. Sans plus de précision, le premier chapitre s’ouvre sur Françoise et sa mission auprès du Capitaine : soigner l’orpheline sans rien lui révéler de son physique. Première tromperie qui ne fera pas long feu, en effet, l’infirmière ayant des yeux, elle comprendra bien vite la ruse ridicule que Loncour a tenté d’user avec elle en jouant sur les mots. En fait deuxième tromperie puisque le propriétaire demandait soi-disant une infirmière pour lui. Va s’en suivre une série de péripéties pour tenter de tromper le vieux loup de mer et de sortir Hazel de sa cage.
Intriguée à la sortie de L’hygiène de l’assassin, juste après mon bac, je me souviens l’avoir lu mais c’est à peu près toutes les réminiscences que j’ai. Dans ma tête, le tout tendait vers du positif. J’ai abordé cette lecture de mon second Nothomb à moitié objective, si tant est qu’on peut l’être. Je la sais très critiquée négativement et pourtant mon expérience et certaines autres me faisaient dire qu’il pouvait y avoir du bon.
Que nenni dans ce roman là tout du moins. J’y ai retrouvé tous les écueils dont on m’avait parlé…
Si tant est que j’ai trouvé des défenseurs à Nothomb, j’ai aussi remarqué que les détracteurs s’accordaient aussi à lui reconnaître l’usage d’un vocabulaire que je nommerais « intéressant » faute de recherché…et bien moi je l’ai cherché, j’ai fouillé et n’ai rien trouvé. Je suis peut-être tombée sur le mauvais bouquin, qu’on m’avait pourtant chaudement recommandé et donc je lirai les autres que je possède mais sur ce point, Nothomb a un style absolument enfantin. Le mot est fort, certainement mais pour l’avoir entendue s’exprimer au cours d’interviews télévisuelles, je m’attendais à un niveau supérieur donc je ne serai pas clémente. La construction des phrases est on ne peut plus basique, aucune recherche stylistique, j’ai envie de dire : sujet, verbe, complément. Alors oui ça se lit en quelques minutes, on tourne les pages à un rythme endiablé mais force est de dire qu’on n’a pas vraiment le choix au vu du nombre ridicule de pages.
Ah ! j’ajoute ce besoin de citer avec force de détails des œuvres comme Le comte de Monté-Christo, La chartreuse de Parme, Hugo et j’en passe qui, je dois en convenir, peuvent servir ce que Nothomb tenterait de nous démontrer mais qui donne l’impression de vouloir étaler la confiture sur une tartine bien trop large pour le peu de chair qu’on possède. Encore une fois, je pense que ça manque de simplicité de ce point de vue là et de profondeur pour tout le reste.
J’en viens à l’histoire. Certes, le thème est intéressant, un thème parait-il cher à l’auteure : l’amour pervers, le romantisme morbide. Je vous cite Madame Figaro. Oui la beauté, la vieillesse, le tout conjugué, l’attirance pour l’esprit plutôt que le corps, l’enfermement, la cruauté, la complexité de l’amour, la domination…auraient pu être et sont des concepts captivants mais pour cela, aurait-il fallu donner un peu plus de soi et de son temps. Toutes ces idées ne sont que survolées, mélangées pour finir par un amas de considérations qui se voudraient philosophiques et en ont l’envergure ou plutôt une certaine intention mais bien trop pauvrement argumentées pour pouvoir faire réellement méditer. De ce constat, il devient difficile de parler de la qualité de l’histoire. Rien de bien original sorti de l’intérêt pour ce questionnement que j’aurais voulu voir développé mais que fatalement j’irai chercher ailleurs. L'amour excuse-t-il tout dont l'égoisme ? Est-on toujours égoiste en amour ? Peut-on aimer l'esprit sans le corps ? L'intelligence prévaut-elle sur la beauté et inversement ? Jusqu'où l'amour pour son geolier peut-il aller ? Autant de questions restées sans réponse...
En gros, des dialogues soi-disant intellectuels sur l’amitié, l’amour, le sexe, (on tourne en rond) et la petite partie réservée aux manœuvres avortées de Françoise pour libérer la bagnarde, si vous me permettez ce terme. Rien de consistant. Quant à cette fin, dont je ne vous parlerai que très peu, laissons le suspense si tant est que je puisse employer un tel mot, quelle qu’elle soit (ceux qui l’ont lu comprendront), elle est insipide, attendue et fatigante.
Me faut-il aborder les personnages ? Hazel est une créature naive, romantique, chétive, apeurée et pourtant on n’y croit qu’à moitié même si on était prévenus dès le début par l’auteure. Apeurée et pourtant donneuse de leçons, volubile – certes en manque de contacts humains – joyeuse…un personnage tout en contradiction du début à la fin. Omer (ah le jeu de mot sur le nom…Omer Loncour car Capitaine de bateau, fut un temps, je vous laisse apprécier…) n’a de libidineux que le titre, je le trouve fort courtois, dans le pathos, amoureux transi et ses tentatives de maître chanteur m’ont fait beaucoup rire tant elles sont sabordées par sa fausse autorité. Françoise aurait pu tirer son épingle du jeu mais elle finit par être atteinte par la nigauderie ambiante malgré ses bonnes intentions.
Je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer devant ce roman. Il y avait tant à dire sur l’amour libidineux, le vrai, sur le sadisme, le harcèlement sexuel, le traumatisme…le fait de ne faire qu’effleurer le tout dessert totalement le roman et ne lui donne aucune consistance. Rarement j’ai été aussi négative face à un livre et j’en suis bien navrée mais je n’ai trouvé aucun point positif auquel me raccrocher. Cela ne m’empêchera pas de lire les trois qui m’attendent en croisant les doigts.
En conclusion, si vous êtes fan peut-être aimerez-vous sinon essayez un autre !
Barbe bleue :Saturnine n’en peut plus de sa colocation inconfortable en banlieue parisienne chez son amie belge Corine, dans un « bouge » comme elle aime le nommer. Une annonce de colocation au prix fort raisonnable voire indécent dans le 7ème arrondissement l’attire malgré sa crainte de beaucoup de visites pour une seule élue. Oui ce sera une femme. Finalement, elles ne sont que quelques une à attendre leur entretien avec le propriétaire des lieux et Saturnine est prévenue, huit femmes ont été colocataires de cet homme étrange et ont disparu. Forte de sa personnalité imperturbable et certainement naive, Saturnine accepte donc d’être la neuvième colocataire de l’occupant qui se révèle être un noble espagnol déconcertant.C’est donc dans la capitale française que l’action se déroule, au centre de Paris et plus particulièrement dans l’appartement aux proportions saisissantes de Don Elemirio, un noble d’origine espagnole. Intriguée mais surtout ravie d’avoir trouvé du bien-être quotidien dans un grand appartement, Saturnine se lance dans l’aventure de partager la vie de cet homme conte lequel on l’a mise en garde. En effet, huit femmes l’ont précédée dans les lieux et toutes sont portées disparues. Rien ne semble vouloir effrayer la jeune femme même lorsque son bienfaiteur la menace de représailles coûteuses si elle ouvre une certaine chambre noire.
Bien vite, Don Elemirio invite Saturnine a partager ses repas et s’en suivent des joutes verbales sur la religion, la noblesse, l’or, le champagne… En deux temps trois mouvements, cet homme d’âge mûr se dit amoureux de la belle ce qui ne fait que conforter notre héroïne dans son agacement voire son dégoût pour cet énergumène qui vit reclus depuis la mort de ses parents
Je n’en dévoilerai pas plus même si je suis persuadée que les habitués de l’auteure comprendront assez vite s’ils sont lucides quelle sera la fin de l’histoire ou plus précisément le déroulement de celle-ci.
Je dois bien avouer quand même que l’approche du conte de Perrault est une bonne idée même si totalement réexploitée et que Saturnine est loin de ressembler à la neuvième femme du Barbe bleue d’origine. Je souligne également la comparaison assez amusante entre le Christ et Don Quichotte de Cervantès, au moins j’ai souri à un moment.
Les « compliments » s’arrêteront là. Troisième roman, troisième schéma qui peut plaire, je veux bien le comprendre mais pas à moi. Une jeune femme érudite presque au-delà du possible, un homme enfermé par son bon vouloir dans sa grotte d’ermite, de longs dialogues qui une fois de plus survolent différents sujets nommés plus haut pour finir par une histoire d’amour tordue.
Quant à la fin. Mais quelle facétie !!!
Si je comprends bien la dévotion d’Amélie Nothomb pour le personnage initial de Barbe bleue, entendez-moi bien, si je comprends bien ce qu’elle en pense, il en résulte donc qu’elle cautionne presque le meurtre pour préserver un secret. Le secret est donc plus important que la vie, par là je suppose qu’elle entend que le jardin secret de quelqu’un (quel qu’il soit puisque celui de Barbe bleue est tout de même bien macabre) vaut autant que la vie d’une personne. Un membre du couple a donc le droit de garder ses secrets les plus vils s’il prévient sa moitié que ce secret ne doit pas être transgressé. Ne dit-on pas que le ciment du couple est l’honnêteté ? Je ne parlerai même pas du respect de la vie de l’autre…
J’ai déjà beaucoup disserté. Venons-en donc à Saturnine. Je vous rappelle l’amour de l’or de Nothomb qu’elle associe donc à la blondeur et dans ce roman à l’alchimie qu’elle reprend dans ses théories "philosophiques" comme un accomplissement de soi. C’est un point de vue que j’aborderai avec Don Elemirio. La jeune femme est donc prête à vivre avec un serial killer plutôt que la sécurité d’un appartement moins luxueux et l’auteure entend là se moquer du faste parisien (son héroine est belge) ??? Elle se dit même être une Saturnine, ou l’avoir été à son arrivée à Paris et dénonce tout en la défendant l’ambiguité de son personnage. Saturnine, comme Françoise dans Mercure finit par perdre de son caractère, par se laisser attendrir par les attentions du meurtrier si tant est qu’il la traite en princesse. Un personnage complexe ? C’est un euphémisme…mais ça reste dans la veine de l’auteure.
Don Elimirio est donc le Barbe bleue excusable et finalement gentil tel que le voit l’auteure. Fortuné, à une distance impressionnante de la réalité, avec une conception fort critiquable mais pour le coup réaliste de la religion, il ne déroge pas à la règle de l’érudition. C’est donc un alchimiste, amoureux des couleurs, surtout celle de l’or qui veut illuminer sa conscience en tuant.
Peut-être que je simplifie les choses. J’attends vos réactions.
Revenons sur le style. J’ai cette fois trouvé une dizaine de mots d’un registre un peu soutenu mais qui ne donnent à aucun moment un quelconque intérêt intellectuel du point de vue du style car trop "posés là sans raison". Les phrases sont courtes, très simples. J’ai encore une fois trouvé ça pauvre, sans fond ni fondement et la légèreté qu’on me propose de juste accepter en lisant ces livres, je ne peux la cautionner. On ne peut pas vouloir être léger et à la fois donner un sens caché philosophique à son bouquin en 180 pages. Bien sûr qu’un second degré est toujours possible si tant est qu’il soit travaillé et pas détourné.
En conclusion, je suis une entêtée, je lirai Acide Sulfurique et Stupeur et tremblements mais je m’arrêterai là…
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Voilà donc deux romans dits non auto-biographiques et il est vrai que je suis preneuse d'avis sur des romans parlant de sa vie au Japon que bien souvent on trouve meilleurs.