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En attendant les autres

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Message  Invité Mer 13 Aoû - 22:36

Préambule :
Ce texte vient du désir d'écrire autour des thèmes nés de l'oeuvre de Tolkien, réveillé sur Autres Vies par le défi estival lancé par le Dévoreur avec la scintillante Queste des Sept Gemmes. Les absences liées aux vacances entraînant actuellement un ralentissement de cette Queste, voici donc donc un petit exercice de deux plumes ayant envie de s'agiter en attendant  les retours.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Ce soir là, Moun vit qu'entrait dans son auberge, un jeune homme un peu efflanqué, engoncé dans un manteau de voyageur d'un gris beige incertain. Le gourdin taillé dans une branche d'if, le chapeau fatigué, un peu roussi sur les bords  et prétendant être pointu... L'oeil exercé de l'aubergiste devina immédiatement dans cet inconnu une source de trouble, un pourvoyeur d'ennuis, un envoyé de Melkor, l'Engendreur du Chaos.  Envoyé inconscient sans doute, à voir son air légèrement ahuri mais rempli de bonne volonté. Moun  le salua tout en lui tendant le registre, l'encrier et une plume un peu fatiguée :

- Bienvenue au Troll Endormi ...'Savez écrire ?

- Bien évidemment ! Je suis Mage !  

Moun lui jeta un coup d'oeil suspicieux et se retint de dire : "Voui ! Toi, mage et  moi, général des Orcs. A la retraite, bien sûr ! Faut pas exagérer." Mais un client est un client. Il  enchaîna donc sur un ton neutre :
-Vous écrivez votre nom, d'où vous venez, où vous allez et le motif de votre voyage. C'est le maire d'Esgaroth qui l'exige, vu les troubles actuels. Pour le motif, ne mettez pas : "Je vais rendre visite à ma mère malade ." Ce n'est plus accepté.

Le jeune homme  prit le registre et écrivit, en une onciale distinguée, avec pleins et déliés, sériphs, paraphes et un petit graffiti mystérieux à la fin :
" Megarik Glorfindel Took, de la Comté. Je me rends ici pour y attendre des collègues, lesquels me diront où aller."
Moun, pourtant habitué à toutes sortes d'hurluberlus voyageurs, fut un peu surpris. Il regarda l'échalas enroulé dans son manteau et remarqua :

-Je connais les Took de la Comté. fit-il. Tous des Hobbits ! Vous n'êtes pas un Hobbit.

-Je suis un enfant adopté. Dites-moi, auriez-vous vu passer un groupe de voyageurs avec au moins un mage vénérable, un hobbit un peu joufflu, un nain assez grand et des elfes, lesquels vous auront peut-être demandé où on pouvait trouver des gemmes ?

- Non ! Mais en  attendant cesquels, vous prendrez quoi ?

- Un lait-grenadine, s'il vous plaît.

Il vit l'air outré de Moun et ajouta précipitamment : "Avec de la bière !"
A ce moment entra un nouveau voyageur et le visage de Megarik Glorfindel Took s'éclaira. Ce n'était pas un de ceux qu'il attendait mais il connaissait très bien le nouvel arrivant !
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En attendant les autres Empty En ouvrant la porte.

Message  Invité Jeu 14 Aoû - 23:01

Il faisait tellement froid dehors, que la jeune femme n'avait pas sortit le nez de sa fourrure de loup depuis des lieues. C'était véritablement étrange, tant de vent à cette période de l'année. Surtout ce vent si glacial qu'il vous gelait jusqu'au fond des poumons. Terrible. Fort heureusement, elle n'avait pas eu à faire son chemin à pied depuis Fondcombe, mais sur le dos du valeureux Canya. Ce cheval docile savait économiser ses forces pour ne jamais faiblir, ce qui faisait de lui la monture préférée de la jeune elfe. Pourtant, elle n'avait pas hésité à troquer sa place avec une couverture pour protéger l'animal du froid mordant. Autant ne pas sur - exploiter son meilleur allié. Finalement, elle se décida à faire une pause dans son voyage. Un hennissement de fatigue lui confirma qu'il était grand temps de s'accorder une halte. Elle leva les yeux. Un courant d'air lui tira aussitôt un frisson. Ses grands yeux verts n'étaient plus désormais que deux fentes scrutant les bâtiments autour d'elle. Elle reconnu l'enseigne d'une auberge, et s'y précipita. Canya attaché et couvert, elle resserra les doigts sur sa cape, donna une tape sur l'encolure de l'animal, puis enfin, poussa la lourde porte de bois.

A l'intérieur, il faisait nettement meilleur. Elle soupira d'aise en repoussant la porte sans bruit. L'aubergiste lui lança un regard peu amène. Elle s'évertua à l'ignorer, et ne fit pas plus attention au jeune homme qui l'observait d'un oeil brillant. Rapidement elle noua ses longs cheveux corbeau à l'aide d'un ruban qu'elle avait détaché de son poignet. Puis les yeux rivés sur ses bottes, elle s'approcha des deux hommes. Ce qu'elle espérait, c'était ne pas trop attirer l'attention sur elle. Bien q'une elfe des Monts Brumeux soit ici bien loin de chez elle, ce n'était pas une raison pour être dévisagée ? Une fois devant le comptoir, elle daigna relever les yeux vers celui qu'elle jugea bon de surnommer "grincheux" et lui accorda même un éclatant sourire.

- Bonsoir, fit elle d'une voix douce. Je voudrais une chambre pour la nuit.

Elle avait été très polie, assez pour que Grincheux ne lui rétorque pas que "ben oui, c'était évident" ! Ce qui étaient pourtant les exactes pensés de ce cher homme. D'une main lourde il fit glisser le registre de devant l'homme à sa gauche à devant elle, et lui passa mécaniquement plume et encrier.

- 'Soir. Bienv'nu au Troll Endormi. J'suppose qu'vous aussi, vous savez écrire ?

La jeune femme hocha seulement la tête en attrapant la plume.

- Ben vous m'mettez votre nom, d'où vous venez, où vous allez et le motif de votre voyage.

Il renifla. Il avait dit ça sur un ton monocorde, comme habitué à réciter toujours la même rengaine. Il ajouta autre chose, mais la brune n'écoutait plus, faisant seulement courir la plume sur le papier jauni.
" Raza Yeolla, en chemin depuis Imladris pour les Monts du Fer. Je porte avec moi une lettre pour un ami qui s'y cache. "
Après le point final, la plume resta un instant en suspend au - dessus de la feuille, les yeux de Raza relisant chacun des mots écrits. Elle jugea cela bien, posa la plume, repoussa le livre. A côté d'elle, elle ne sembla toujours pas remarquer le sourire hilare d'un jeune homme amusé de n'avoir pas été reconnu.

- Vous v'nez de loin, observa l'aubergiste, légèrement suspicieux.
- Certains messages ont besoins d'être transmis malgré les distances.

L'elfe avait répliqué du tac au tac, sans lever ses yeux de la contemplation de ses mains rougies par le froid. Grincheux avait grogné, rangé le registre, l'encrier et sa plume, et s'était éloigné, laissant seuls un instant les deux voyageurs.
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Message  Invité Mer 20 Aoû - 10:44

Mégaric laissa Raza Yeolla remplir sa fiche. Elle était toujours aussi belle, toujours aussi posée et comme un peu lointaine, ainsi que le sont les Elfes, êtres de lumière et de dons merveilleux. Il se sentait heureux de la revoir et un peu triste, non parce qu'elle ne l'avait pas reconnu, mais parce que c'était une image venue d'autrefois , que le temps des Hommes n'est pas celui des Elfes et qu'il est déjà passé avant même qu'on l'ait senti présent.
Il avait changé, elle non. Les siècles passeraient sur son lisse visage avant que les marques de l'âge ne viennent s'y inscrire sans ternir sa beauté. Et alors, qui se souviendrait encore de Mégaric Glorfindel Took ? La mémoire du jeune mage se peupla un instant d'une suite de figures chères à son coeur, jalons essentiels de ses vingt-deux années d'existence:
D'abord, Gandalf qui, se rendant à Rivendell, trouva sur sa route un enfançon de trois ans environ, visiblement perdu. Il le prit avec lui et le confia à Elrond qui accepta de l'élever parmi les siens en attendant de pouvoir le rendre à ses parents si on les retrouvait. Il  appartenait aux Hommes  malgré ses cheveux couleur de sable blanc et des oreilles suffisamment pointues pour donner à penser.
 Un des résidents de Rivendell, Glorfindel le blond, fut son parrain et lui donna son nom. Mais on l'appelait Mîw (Petit en sindarin ). Raza Yeolla avec d'autres jeunes filles, selon l'usage des Elfes, s'occupaient d'instruire les très jeunes enfants. Mîw l'avait adorée, toujours traînant derrière elle, cherchant une occasion de lui plaire. Et puis, comme il venait d'avoir 8 ans, Gandalf vint le reprendre. Il ne devait pas rester chez les Elfes car il avait des dons pour devenir Magicien. Mais sa magie n'était pas celle des Elfes et son destin serait d'agir parmi les races mortelles. Comme Raza était alors absente depuis quelques temps, selon la coutume des Elfes d'aller visiter longuement les parents et amis, la séparation fut moins difficile qu'elle aurait pu l'être.
Pour des raisons mystérieuses qu'il promit d'élucider un jour, Gandalf le confia à un couple de hobbits et Mîw devint Mégaric Glorfindel Took, fils adoptif d'Edelgrim et Saradonna, de la puissante famille des Took. Mais il n'avait jamais oublié sa chère Raza. Qu'il était heureux de la revoir ainsi, par un hasard qui tenait du miracle, mais sait-on jamais en Terre du Milieu?
Il se doutait bien qu'elle ne pouvait reconnaître le gentil blondinet de la Maison d'Elrond dans cet homme de vingt-deux ans, pas laid garçon mais quand même, maigre comme un chat écorché malgré les tourtes au hachis de Saradonna Touque.
Il toussota pour attirer son attention :
- Bonsoir Raza... Pourriez-vous encore m'appeler Mîw si ce nom vous dit toujours quelque chose? J'ai quand même beaucoup grandi !
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En attendant les autres Empty Mîw, ou quand le hasard rapproche deux êtres.

Message  Invité Jeu 21 Aoû - 20:09

Que le jeune homme lui parle était inévitable, mais ce qu'il lui dit s'avéra une surprise bienvenue. Raza tourna le visage vers lui, un sourire étirant ses lèvres sans qu'elle puisse le retenir. Un instant, elle se remémora le visage de l'enfant qu'elle avait quitté, l'imagina grandissant, et ne pu plus douter qu'il s'agissait en effet de l'adorable Mîw. Elle avait plissé les yeux en l'observant, et les ouvrit en grand tant sa joie était forte. Elle qui avait pensé passer une longue soirée à ruminer de noires pensées consacrées à la mauvaise météo, ou bien à ce maudit courrier qu'elle avait à transmettre ... Cette rencontre annonçait plutôt qu'elle dormirait peu, et parlerait beaucoup.

- Mîw ? Je n'y crois pas, c'est vraiment toi !

Un rire léger s'échappa d'entre ses lèvres.

- Tu n'as pas juste grandi, tu as littéralement poussé ! Regarde toi, je n'ai pas même reconnu ton joli sourire !

Le hasard faisait tellement bien les choses. De tous les enfants qu'elle avait pu voir galoper dans les couloirs d'Imladris, ce petit homme aux oreilles pointues avait toujours été son préféré. Bien sur, elle avait fait attention à ne jamais laisser paraitre cette préférence, par soucis d'équité. Parfois, elle avait même été un peu plus sévère avec lui. La jeune elfe ne comptait plus le nombre de fois où elle l'avait surpris cent pas derrière elle, tentant de la suivre "discrètement". Elle trouvait cela mignon, alors elle ne l'en avait jamais vraiment empêché. Lorsque Gandalf l'avait repris avec lui, elle avait été profondément peinée, assez pour jeter des regards furtifs par dessus son épaule; cherchant à capter l'éclair blond d'une chevelure, qui bien évidemment n'était plus jamais là.
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Message  Invité Mar 26 Aoû - 0:59

Mîw !  Megaric se sentit tout ému d'entendre son ancien nom prononcé avec l'accent mélodieux des voix elfes. Il y avait si longtemps qu'on ne l'avait pas appelé ainsi. En famille, selon l'usage hobbit, on l'appelait par un diminutif : Mekky. Ce qui valait bien le "Pippin "de son cousin, Peregrin Took. On ne l'appellerait Megaric que lorsqu'il serait reconnu magicien par le Conseil des Mages d'Eriador et ce n'était pas pour demain.
Il ne savait pas si Raza était au courant de ce qu'il était devenu et il précisa :

-On m'appelle Megaric maintenant, mais je suis toujours Mîv au fond du coeur. Je viens de terminer mon apprentissage de la magie des runes et des forces élémentaires auprès de la völva Heddi, la prophétesse de Brée. Maintenant, je dois me trouver un Maître pour me rendre réellement efficace. C'est pourquoi je cherche Gandalf pour lui demander conseil et aussi...

Il s'arrêta, son regard s'assombrit et il retint difficilement un soupir, mais il ajouta aussitôt :

-Quel plaisir de vous avoir vue entrer ! Ces quatorze années passées vous ont-elles été douces ? Je vois que votre équipement est celui d'une voyageuse aguerrie.

A ce moment, Moun l'aubergiste s'approcha, apportant un verre de lait et une chope de bière Il les posa devant Megaric, l'air réprobateur. Le jeune homme regretta d'avoir un peu anticipé sur sa formation professionnelle en disant qu'il était magicien. Apprenti magicien aurait été plus juste et l'autre le prenait vraisemblablement pour un petit escroc. Il y avait plus de charlatans et de faux devins en Terre du Milieu que de vrais mages et, de toutes façons, le peuple se méfiait de tout ce qui touchait à la magie. Mais c'est à Raza que Moun fit remarquer, avec cependant la déférence que les humains observaient envers les Elfes dont ils redoutaient la puissance :

- Désirez-vous une boisson, un dîner ? Nous avons une excellente omelette aux morilles et de la fricassée de poulet .

Et après une petite hésitation, il ajouta :

-J 'espère que vous n'allez pas m'attirer d'ennuis, Demoiselle. Un ami qui se cache dans les Collines de Fer, ça ne veut pas dire que messire Elrond est fâché contre lui ? Ou un autre Seigneur Elfe ? Ou que des Orques sont après lui ? Je ne suis qu'un simple humain ..Je ne veux pas d'histoires, vous comprenez. Déjà que ce jeune homme se déclare magicien …
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En attendant les autres Empty Omettre n'est pas mentir.

Message  Invité Dim 31 Aoû - 23:42

Grincheux ne leur avait laissé que peu de répit. Après la déclaration de Mîw, il choisissait vraiment mal son moment pour revenir. Elle aurait aimé le questionner sur sa phrase inachevée et l'air sombre qu'il avait eu. Depuis quand lui faisait - il des cachotteries ? Quatorze années s'étaient écoulées, il l'avait lui même dit. Le temps était passé si vite pour elle. Elle poussa un soupire avant de porter son regard sur l'aubergiste.

- Merci mais je n'ai envie de rien. Vous n'aurez pas d'histoires, ne vous inquiétez pas.

Elle plissa doucement les yeux, comme pour aiguiser son regard.

- Quant au sort de mon ami des collines, il ne vous regarde en aucune façon.

Elle espéra que l'homme les laisse tranquilles, mais elle ne put obtenir de lui que quelques pas de distance. Non sans avoir grogné avant, bien entendu. Néanmoins elle décida qu'il fallait s'en contenter: les oreilles espionnes était le lot de ce genre d'endroit.

- Pardon Mîw. Nous parlions de toi c'est ça ?

L'elfe éluda consciencieusement les questions concernant son voyage et son passé, préférant faire ce pour quoi elle était le plus douée: fouiner. Elle n'aimait pas les cachotteries. Aucun des enfants sous sa garde ne lui avait jamais fait de cachotteries ! Mais elle oubliait déjà les longues années qui les avaient séparés.

- Tu parlais de Gandalf. Cela fait bien longtemps que je n'ai plus eu de ses nouvelles ... Tu n'as pas fini ta phrase tu sais. Pourquoi le cherches - tu ?

Son regard se voulait intense et pesant. Elle lui demandait comme elle aurait tenté de questionner un enfant. Pour autant il n'était pas en son habitude de mettre ainsi les pieds dans le plat, aussi s'en voulut - elle un peu. Mais elle pensa aussi que le destin l'avait envoyé vers Mîw, et qu'il se devait d'y avoir une raison valable à cela. Elle espérait surtout que ce visage du passé devienne celui d'un ami, et non plus d'un élève. Pas une seconde elle ne se dit cependant qu'il puisse tout simplement avoir son jardin secret ...  

HRP:
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Message  Invité Dim 7 Sep - 0:01

En voyant la façon dont Raza avait remis l'aubergiste inquiet à sa place, l'apprenti mage sentit une fois de plus combien sa nature était partagée. Mîw, l'enfant éduqué dans le cercle magique d'Elrond, était intimement persuadé de l'essence supérieure de la race des Eldars et  n'en ressentait qu'admiration et désir de les servir. Il admettait que les voies des humains puissent côtoyer parfois celles des Elfes, mais elles ne se confondaient jamais et vouloir demander des comptes à la race immortelle était présomptueux et stupide.
Mais d'un autre côté, Megaric Took  comprenait parfaitement le mécontentement de celui qui se voyant en constant état d'infériorité est obligé de se soumettre à plus beau, plus sage, plus habile, plus brillant et plus puissant que lui.
Mégaric regretta que  Raza n'ait pas tu le motif de son voyage. Coincé qu'il était entre  les brigands, les petits tyrans locaux,  les mystérieux seigneurs elfes,  les magiciens  ambitieux,  les Orcs et les Nains  et autres races querelleuses, quel  homme simple et laborieux n'aurait pas demandé à être rassuré ? L'aubergiste avait peur, il ne voulait qu'être tranquille chez lui, il se sentait fragile, démuni devant l'âpreté de la vie et il se savait mortel. Oui, les elfes étaient souvent hautains, traitant les humains en enfants maladroits et dissipés. Les elfes étaient les Aînés, les préférés des dieux, et les autres races ne pouvaient que les jalouser.
Lui-même d'ailleurs aurait bien voulu en savoir plus sur ce mystérieux ami de l'Elfe mais il n'allait pas risquer de paraître indiscret et pour détendre l'atmosphère, il commença à répondre à la question que Raza lui avait posée :

-Gandalf s'intéresse beaucoup aux menaces qui pèsent sur les frontières de la terre du Milieu. Il vient presque tous les ans dans la Comté pour la fête des moissons et il nous offre un splendide feu d'artifice. Il ne manque pas de visiter ma famille, s'enquiert de mes progrès. S'il ne  peut venir , il envoie un autre mage et je reçois une lettre d'encouragement. Or, voici deux ans que nous ne l'avons pas vu et pourtant j'ai tant besoin de ses conseils ! Un voyageur est passé récemment par chez nous et a dit avoiraperçu le mage en compagnie de nains, d'elfes et de hobbits du côté de Mirkwood . Alors j'ai décidé de tenter de retrouver sa piste.

La porte d'entrée s'ouvrant avec fracas coupa net le discours de Mégaric. Une étrange compagnie venait d'envahir la salle dans le cliquetis des cottes de mailles, le claquement des bottes ferrées et la bousculade immédiate  des clients  vers les coins sombres de la salle. Une table fut violemment renversée, deux ou trois tabourets volèrent à travers l'allée centrale, des vociférations et des glapissements de terreur se mêlèrent dans ce qui, quelques instants auparavant, était un endroit paisible, protégeant ses commensaux des dangers du dehors.
Mégaric, éberlué, identifia deux guerriers humains, dont l'un de taille plus que respectable et à la chevelure d'un roux flamboyant. Derrière eux se glissait un être longiligne, vêtu d'une robe noire à capuchon rabattu sur les yeux mais laissant apercevoir un teint d'un jaunâtre malsain et une bouche sinueuse presque sans lèvres. Ses longues mains maigres qu'il tournait et frottait  lentement, étaient particulièrement inquiétantes, comme si l'individu se réjouissait à l'avance de ce qui allait se passer et qui semblait lourd de menaces sinistres.
Mais ce qui sidéra et effraya Mégaric, ce furent les quatre créatures puissamment difformes qui suivaient ce trio insolite,tirant avec eux deux nains barbus, tressés mais hirsutes, vêtus de lambeaux de vêtements souillés, mains entravées, enchaînés et baillonnés. Il souffla à Raya :

-Des  Orcalons ! Ici !

Mais déjà le géant roux avait extirpé l'aubergiste de derrière le comptoir et beuglait d'une voix qui fit vibrer  les chopes alignées sur les étagères :

-Où est  le nommé Branco, avec la rançon ?
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En attendant les autres Empty Le poids des mots.

Message  Invité Mar 9 Sep - 19:00

Les nouveaux venus avaient mis une sacrée pagaille autour d'eux. Dire que Raza avait promis à l'aubergiste de ne pas lui attirer d'ennuis ... Mais comment aurait – elle pu deviner ceci ? Elle était bien embêtée d'ailleurs, car ce remue - ménage lui avait coupé toute occasion de questionner Mîw avec plus de précision. Comme ça Gandalf avait disparut ? Avait – ce un rapport avec le départ si soudain du fils de Thranduil ? Tant de mots lui brûlaient la langue, mais ce n’était plus le moment de l'interrogatoire. La scène se déroula très vite. Il y eu d'abord ces trois hommes étranges, puis les monstres, et les nains.

- Des orcalons ! Ici !

La jeune elfe avait déjà entendu parler de ces créatures hybrides entre l'orc et le troll, mais jamais elle n'avait eu la "chance" d'en voir un. Voilà qui était désormais accompli. L'un des hommes, celui aux cheveux couleur de feu, s'approcha à grands pas du bar où elle était assise avec son ami. Rapidement, elle jeta un regard examinateur à l'individu caché sous une cape noire. Un long et sinistre frisson la secoua. Une seconde lui avait suffit à comprendre que, en fin de compte, elle aurait surement pu deviner tout ce qui arrivait. Elle porta machinalement une main à son cœur, tâtant, à travers la fourrure qui couvrait encore ses épaules, l'épaisse enveloppe cousue dans la doublure. C'était comme si elle avait craint que sa lettre se soit fait la malle. Soulagée de la sentir toujours là, elle ne s'en réjouit cependant pas trop longtemps. Le colosse avait soulevé Grincheux de terre aussi facilement qu'on porterait un panier de fleurs, et ce qu'il demanda ne lui plut pas du tout !

- Où est  le nommé Branco, avec la rançon ?

Sa voix forte et sinistre avait finit d'inquiéter l'elfe. Branco, c'était le nom écrit en lettres fines sur le blanc du papier qu'elle portait avec elle. C'était lui, qu'elle devait retrouver. Mais visiblement, elle n'était pas la seule à le chercher. Et ce n'était pas bon signe, mais alors, pas du tout. Parce que si elle n'avait pas dit toute la vérité quant à l'endroit d'où elle arrivait, elle n'avait pas mentit sur sa destination ! Quelque chose lui fit alors penser qu'elle ferait bien mieux de s'éclipser, et de retrouver ce maudit personnage avant cette troupe effrayante. Avant que l’un d’entre eux n’ait la brillante idée de lire le registre. Pour peux que l’un des hommes soit pourvu d’intelligence, ils risqueraient de se douter de quelque chose. Elle avait mal choisit ses mots, finalement. Le pauvre aubergiste se débattait tant bien que mal, faisant du pédalo dans le vide, espérant un contacte de ses pieds avec le sol. Mais Raza n’écouta pas ce qu’il balbutiait, non, elle pensait à toute vitesse, cherchant un moyen d’échapper à toute question trop gênante. En quelques gestes rapides, elle dénoua ses cheveux. Ils retombèrent comme une cascade noire ; elle s’en servit pour dissimuler légèrement son visage aux regards potentiels. Puis elle saisît le bras du jeune homme à sa gauche, l’agrippant avec assez de force pour lui tirer une grimace de douleur. Il lui lança un regard intrigué et mima un « aie » silencieux. La brune plongea son regard dans le sien un instant, puis lui fit un léger signe de tête lui enjoignant de la suivre. Avec force prudence et discrétion, ils se levèrent et allèrent à reculons jusqu’à un coin plus sombre. Le mouvement furtif attira cependant le regard des nains prisonniers. Le plus fort des deux, aux tresses d’un ambré sale, plissa les yeux en reconnaissant le visage pâle de la jeune femme. Elle soutint son regard un instant, puis celui de l’autre nain, et finit par s’en détourner. Elle ne pouvait rien pour eux. Sur un autre plan de l’action, l’aubergiste se faisait toujours martyriser, tandis que les deux compagnons du géant aux cheveux roux l’observaient. L’elfe ne quittait pas l’homme encapuchonné des yeux.

- Mîw, tu as confiance en moi, n’est ce pas ?

Elle n’attendit pas de réponse, ne voulant pas se risquer à entendre un non – qui cependant lui semblait bien improbable. Elle continua, à voix basse.

- Je n’ai peut – être pas été tout à fait honnête avec ce pauvre homme, et je crains d’avoir en ma possession une chose qui ne doit pas m’être prise.

Tout en parlant, elle longeait le mur, une main suivant les sinuosités de la pierre pour s’orienter, l’autre toujours crispée sur le poignet de Mîw. Petit à petit, elle gagnait du terrain. Bientôt, elle du se glisser entre quelques clients apeurés.

- Il faut sortir d’ici.

Elle aurait pu s’éclipser sans peine, ou du moins elle le pensait, mais elle se refusait à abandonner ce petit garçon devenu grand qu’elle venait seulement de retrouver. Elle quitta une seconde son observation pour considérer le jeune homme. Il était mage, c’est ce qu’il avait affirmé. Apprenti mage, en fait. Mais cela voulait dire une chose : il n’était plus dépendant d’elle pour se protéger. Effectivement, c’était un jeune homme qui lui faisait face, et non plus un gamin aux cheveux trop clairs et aux oreilles trop pointues. Son cœur se serra un peu. Raza était le genre de femme qui n’aimait pas se sentir inferieure aux autres. Comme elle savait être sage, elle savait être orgueilleuse, et pouvait tirer jusqu’à faire preuve de mauvaise foi … Mîw devait avoir besoins de son aide. Sinon, elle risquerait de se vexer. Elle chassa rapidement toute pensée malvenue de son esprit alors qu’ils approchaient dangereusement des orcalons ; mais surtout, de la porte restée entr’ouverte.

- Tu étais plutôt agile, et rapide, quand tu était petit. Tu penses être encore capable de courir assez vite pour ne pas être rattrapé ?

Alors qu’elle finissait sa phrase, se demandant combien de temps Canya supporterait de les porter tous deux sur son dos, l’épaisse porte de bois se referma sous son nez dans un claquement funeste. Le même douloureux frisson que celui provoqué par la vision de l’homme en noir secoua sa colonne vertébrale. Très lentement, alors que le temps lui semblait filer au ralentît, Raza tourna la tête. Il y avait un soudain silence autour d’eux. Le genre de silence précédent la plus violente tempête. Figé droit comme un i entre les deux amis et les orcalons monstrueux, le quidam en robe sombre relevait doucement la tête. C’est alors que deux petits yeux d’un gris glacial semblèrent transpercer l’esprit de la jeune elfe. Sa gorge se noua rapidement. Comment avait – il fermé la porte sans même s’en approcher ?

- Comptiez vous nous fausser compagnie ? demanda l’homme d’une voix sépulcrale.

Bien qu’elle n’aurait jamais osé l’avouer, Raza était terrifiée. Dans la doublure de sa cape, elle avait l’impression que l’enveloppe brûlait.

HRP:
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Message  Invité Sam 20 Sep - 13:21

Le premier sentiment de panique passé, Megarik se souvient qu'il était un Took de coeur sinon de sang et bien qu'il n'eût pas de poils aux pieds, il pouvait en avoir ailleurs.  Il n'avait pas l'intention de se laisser faire, du moins pas sans protester. Il sentit l'indignation le gagner. Il fallait freiner un peu le sans-gêne de ces barbares..Il  se tourna vers sa compagne.
Elle observait la scène, apparemment calme, mais au nom de Branco, elle eut un léger frémissement des sourcils. L'Elfe était restée discrète sur le but de son voyage. Y avait-il des troubles vers les Montagnes de Fer et voyait-elle un lien possible avec sa propre mission ? En entrant,  le rouquin avait dévisagé la dizaine de clients attablés puis foncé vers le comptoir pour harponner le malheureux tenancier. Il connaissait ce Branco - ou tout au moins savait à quoi le reconnaître - et avait été furieux de ne pas le voir l'attendant.
Tandis que le pauvre Moun était secoué  sans ménagement, Megarik  essaya de se faire une idée un peu plus précise des soudards et de leurs prisonniers. Ces derniers étaient visiblement la contre-partie de la rançon exigée. Des écorchures récentes et des ecchymoses sur leur visage montraient que les Longues-Barbes  avaient été malmenés en plus d'être enchaînés. En tout cas pour qui connaissait la fierté ombrageuse des Nains et leur esprit batailleur, on ne pouvait qu'imaginer leur fureur à être ainsi traités. Malgré leur piteux état, ils paraissaient gens d'importance. Certes ils avaient été dépouillés de leurs armes et armure mais leurs chemises étaient richement brodées, et on leur avait retiré leurs anneaux de tresses. Ces anneaux, de cuir chez le simple guerrier, sont d'or et de gemmes chez les nains de haut lignage. le rouquin ne manquait pas d'audace.
L'homme en noir était fort inquiétant et il avait une affreuse expression de cruauté amusée en regardant l'aubergiste  dans la poigne du grand roux. Quant aux Orcalons, ils étaient aussi laids et difformes que leur légende les décrivait. De leurs crocs dépassant des mâchoires  à leurs petits yeux enfoncés sous des sourcils hérissés se dégageait une intense impression d'animalité et ils se faisaient un jeu de faire trébucher les nains en tirant d'un coup sec sur la chaïne qui les prenait au cou et aux pieds. Megarik sentit que  le poignard  qu'il portait sous sa veste ne ferait pas le poids.
A ce moment Raza se mit en mouvement à la manière fluide des elfes. Ses cheveux semblèrent se défaire d'eux-mêmes, dissimulant son visage et un pincement brusque au bras signifia à MégariK d'avoir à la suivre. Il obéit sans réfléchir comme le petit Mîv obéissait autrefois à la belle jeune fille chargée de l'éduquer.
La porte, se fermanr d'elle-même brusquement devant eux, lui fit l'effet de la foudre. Quelqu'un maniait ici les forces élémentaires ! Mégarik se  retourna ; l'homme en noir était là, son mauvais sourire étirant ses lèvres pâles mais ce fut son médaillon qui fit blêmir l'apprenti mage.  L'Ogriph ! Pas de doute : le cercle divisé en cinq parties avec les runes de l'eau, de l'air, du feu,de la pierre et du métal et au centre, l'Oeil de jais maléfique, L'homme était un magicien du Cercle Noir ! Un nécromancien de la pire espèce, tirant sa magie  des énergies négatives engendrées par le Mal et la souffrance et par là-même, destructeur de lumière et de vie ! Comment pouvait-on s'allier à des êtres pareils. Mais il se ressaisit presque aussitôt. L'esprit est lumière lorsqu'il oeuvre pour la vie et, sans attendre la réaction de Raza, il répondit avec aplomb à l'accusation du mage :

-Cette jeune dame se sentait mal, très apeurée.  J'ai offert de l'accompagner dans la cour. Où vouliez-vous que nous allions dans la nuit  ? Les bois cernent l'auberge et je ne suis pas un guerrier.

-Ah oui ? Et qu'es-tu donc alors, compatissant jeune homme  qui suit les dames  apeurées dans la cour ?

-Je  suis un conteur ambulant et un amuseur public. Je fais des tours de magie aussi  et  peux soigner les  maladies . Enfin, les pas trop graves...

Mégarik avait un ton d'autant plus convaincant qu'il ne mentait pas et possédait tous ces talents, certes au niveau amateur. Si le nécromancien vérifiait le registre, il verrait écrit le mot "Mage " et ricanerait de l'outrecuidance de ce jeune bouffon. L'autre haussa les épaules :
- Retourne à ta place  et..
Mais laissant tomber Moun qui s'effondra derrière son comptoir, le rouquin s'était mis à hurler  en  se tournant vers le Mage sombre :

-Si ce Branco ne se montre pas, je vais tuer les Nains ici-même . Je ne veux pas m'encombrer d'un butin sans valeur et je veux rentrer en Eversad avant que les autres ne nous tombent dessus !

Il  s'approcha,  hors de lui , pointant un doigt accusateur  vers l'homme en noir :

-Le contrat précisait bien que la rançon serait remise ici, que nous toucherions la somme, que vous auriez la dague et que le Branco emporterait ses Nains ! Je hais les Nains ! S'ils ne s'étaient pas enfuis, on serait arrivé au jour dit . Quatre jours qu'il a fallu pour les rattraper , ils m'ont ratatiné les deux derniers types qui me restaient ! c'est pas possible ! Ils m'ont fait perdre le marché ! Les fils de porcs ! Les ordures !

Dans un grand bruit de fers secoués les Nains tentèrent de se débattre sous l'outrage . Mais ils ne poussaient que des grognements inarticulés. Mégarik remarqua alors avec horreur qu'on leur avait fermé la bouche avec une sorte de pince qui  devait les faire horriblement souffrir sitôt qu'ils tentaient d'ouvrir les lèvres. Les Orkalons tirèrent la chaîne et on n'entendit plus qu'un gargouillis étranglé.
Le colosse poussa un rugissement de colère, ouvrant et fermant ses poings comme pour broyer tout ce qui passerait à sa portée, des cous de préférence .

-Cet imbécile d'aubergiste ne sait même pas qui passe dans sa baraque ; le Branco se sera taillé avec la rançon !  Vos Orkalons  bouffent les provisions plus vite que des hyènes et je crève de faim ! … Aubergiste, sors-nous tout ce que tu as comme viande et fais-nous à manger. Eux – il montra les Orkalons – ils mangent cru et même vivant ; deux gros cochons feront l'affaire !

La tête de Moun reparut au dessus du comptoir mais il ne poussa pas l'audace jusqu'à se redresser complètement et proféra d'une voix peu assurée :

-Peut-être il est venu votre Branco ! .J'ai eu du va et vient cette semaine. Y a la foire à Midriver. Mais il n'aura pas dit son nom. Il ressemble à quoi ?

-J'en sais foutre rien ! Fallait juste demander Branco et il devait porter un chapeau vert avec une plume de corbeau , deux plumes de coq et une griffe d'ours.

Moun piailla, très excité :

-C'est lui ! C'est ce type inscrit dans mon livre ! Regardez ! Artie  Petipot !  Il avait un chapeau avec trois plumes et la griffe d'ours ! J'ai cru que c'était un braconnier et qu'il avait écrit "marchand de vin" pour donner le change ! Il est resté trois jours attendant un fût de brandy  qu'il disait et puis il est parti, pas content de ne rien avoir vu venir . Il allait à  Midriver ! Et même que son chapeau, il était vert !

 Le guerrier sembla réfléchir  mais ce dernier argument l'emporta. Le mage noir alla consulter le livre :

-Oui, il y a bien un  Artie Petipot, mais qui nous prouve que..

Le roux balaya l'objection :

-C'était lui ! Ça explique tout ! Il s'est taillé avec la rançon ! Il faut le rattraper. On tue les Nains et on y va.

Hrp :
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En attendant les autres Empty L'origine du mal.

Message  Invité Ven 24 Oct - 5:42

Il avait prit sa défense. Il n’avait pas eu besoins d’elle. En fait, tout ce qu’elle avait réussit à faire, c’était porter l’attention sur elle. Ce qu’elle ne voulait surtout pas. Dès l’instant où la porte s’était fermée, et où Mîw avait commencé à parler, Raza avait sentit une boule se former dans sa gorge. Comme une boule de nerfs, juste au niveau de la pomme d’Adam. Une colère sourde lui picotait les doigts. Elle déglutit. Ce n’était pas le moment d’être orgueilleuse. Vraiment pas. Pourtant c’était plus fort qu’elle. Ah, c’était beau de jouer les princesses pleines de bonnes intentions et de la naturelle grâce des Elfes si après l’on n’était pas capable de l’être en effet ! La jeune femme entrouvrit les lèvres. Elle avait déconnecté sa pensée de ce qu’il se passait devant elle, aussi ne voyait – elle plus ni le mage, ni son cher Mîw, ni rien d’autre en fait ; elle s’était réfugiée dans son palais mental pour penser librement. La situation était véritablement délicate. Elle pensait devoir protéger un trésor qui ne pouvait en aucun cas être découvert, vu sa cachette ; elle se voulait en charge d’un enfant qui n’en était plus un ; et sa « bravoure légendaire » semblait lui faire défaut face à une magie qu’elle ne maitrisait pas. C’en était presque risible à ce niveau. Son amour propre giflé par le retournement de situation ronchonnait dans un coin de son être. Une mèche glissa de derrière son oreille pour rejoindre ses semblables devant les yeux de Raza. Leur couleur si sombre lui rappela  soudainement sa mère. Ce n’était certes pas le moment, mais c’était ainsi, et la boule de sa gorge se fit plus douloureuse encore. C’était une chose à laquelle elle n’aimait pas penser : ses origines. D’autant qu’elle n’en parlait jamais, et ne voyait pas de raison de s’en souvenir. Mais parfois, cela remontait en elle tout simplement, et dans ces moments là, elle entrait dans une colère intense nourrie par le sentiment d’impuissance qui l’accompagnait. Voilà : Raza n’était Elfe que par le sang de son père, et c’était pour elle un poids à porter et surtout à supporter. Le visage tanné par le soleil de la femme qui l’avait mise au monde lui revint en mémoire. Elle la voyait souriante. Et elle disait « l’erreur est humaine ». Oui mais voilà, Raza ne l’était pas ; elle n’avait donc pas de droit à l’erreur. Elle n’avait jamais vraiment compris cette expression d’ailleurs ; mais peu importait, car elle n’avait passé que peu de temps parmi les Hommes. Quand elle avait eu à s’occuper du jeune Mîw, c’est tout d’abord à elle qu’elle avait pensé. Elle s’était dite qu’elle saurait faire de lui un être parfait. Qu’il n’aurait pas à connaître cet adage stupide. Une seconde, la brune pensa qu’elle avait réussi. Puis ses pensées dérivèrent de nouveau. Elle avait toujours eu ce penchant pour la colère. Son père disait que c’était « son côté humain ». Elle détestait quand il disait ça. C’était si … rabaissant. Tout le monde n’était pas de son avis, mais être humain était un réel problème aux yeux de la belle Raza. Car cela signifiait ne pas être parfait. Et rien n’était assez parfait pour elle. Sauf peut – être le prince disparu de Mirkwood, qu’elle avait eu le bonheur de rencontrer une fois et qui lui avait fait excellente impression. Quelques mots s’infiltrèrent dans sa bulle de souvenirs. Doucement, la réalité s’imposait à elle. Son regard se posant sur Mîw, elle se dit que lui aussi, en un sens, lui semblait parfait. Peut être à cause de tout ce qu’elle avait voulu mettre en lui. Peut parce qu’elle se perdait dans son humaine sentimentalité qui lui faisait porter un regard bien particulier sur la vie. Peut – être parce qu’il tendait à l’être. Ou peut être pas du tout. Mais il était évident maintenant que cette boule de nerf se nommait Jalousie, et que son objet était ce petit bout de magicien à ses côtés. Comment avait – elle pu se laisser devenir ainsi ?
Elle eut soudainement mal au crâne alors qu’elle retouchait terre, les voix des voyous s’imposant à elle. Ils parlaient de tuer les nains. Ils parlaient de Branco. Ils parlaient d’une rançon. Et alors sans qu’elle ne le décide vraiment, une idée se mit à germer dans son esprit. Une chose stupide, elle en avait bien conscience, mais c’était là, ça venait, ça s’enracinait doucement en elle. Les idées, c’est une chose dangereuse. Elle ne tenta pas de se raisonner, même si cela sonnait en elle comme sonnerait une vielle cloche rouillée. Faux. Ça sonnait faux. Elle battit des paupières, espéra être plus convaincante que convaincue. Et sa voix claire s’échappa d’entre ses lèvres comme un flot continu, sans qu’elle ne puisse rien faire pour s’en empêcher. Après tout, ces nains, elle les connaissait bien …

- Vous n’en ferez rien. Ce Branco que vous cherchez, c’est moi. L’homme au chapeau était chargé de me prévenir de votre venue, mais personne n’était au rendez – vous, alors je l’ai laissé reprendre sa route. Je n’aime pas vos manières, et vous avez du retard. Je demande à renégocier la rançon. Et faites sortir vos monstres, ils empestent !

Tous les regards étaient vissés sur elle, et celui que lui lançait Mîw lui fit penser qu’elle aurait peut – être mieux fait de se taire.

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Message  Invité Lun 3 Nov - 10:38

Leur tentative de fuite avait échoué mais ils s'en tiraient à bon compte, du moins pour l'instant.  Fallait-il qu'il ait eu l'air benêt pour qu'on ait cru son histoire. Le jeune mage pensa qu'il était sage de continuer dans ce rôle  et de rejoindre, l'air penaud, le groupe des clients paralysés sur leurs sièges. Chacun évitait de le regarder, se désolidarisant ipso facto de ce jeune imbécile qui attirait l'attention sur lui.
Megarik  n'avait d'ailleurs aucun désir de s'opposer franchement aux brutes. Les hobbits sont gens pacifiques et se faire oublier était la solution que lui auraient recommandée Edelgrim et Saradonna Took, ses parents, mais aussi la sorcière Kathera  du Mont Barbu, sa dernière tutrice en magie qui l'avait mis à la porte voici peu en lui disant qu' elle n'avait plus rien à lui apprendre et qu'il devait se chercher un autre Maître. Un des principes favoris que Kathera  lui répétait était :  "Chat qui braille se fait échauder. Chat silencieux prend la souris. " Ceci dans l'espoir d'inculquer à son apprenti les vertus de la magie discrète, alors que Mégarik avait tendance à préférer les sorts explosifs et fumigènes. Sans regarder personne, il s'apprêtait à retourner à sa place quand il s'aperçut que Raza restait comme figée, l'air absente. Les elfes ressentent parfois de soudaines intuitions fulgurantes leur révélant la voie à suivre dans des situations de crise où tout semble perdu. C'était un don impressionnant mais dans les circonstances, coincés qu'ils étaient tous deux entre un colosse furieux, un magicien maléfique et quatre Orcalons baveux, ce silence pouvait, contrairement aux dires de Kathera, paraître fort suspect et réveiller l'hostilité des agresseurs.
Il poussa donc discrètement sa compagne vers leur table pendant que le rouquin  beuglait sa colère et interrogeait Moun, celui-ci ayant retrouvé à propos  l'usage de la parole.
Tandis que l'attention du mage noir était détournée et que l'homme à abattre s'appelait désormais Artie Petipot, Raza s'assit en silence et, après elle, Mégarik se coula discrètement sur sa chaise. D'où son émotion quand, d'une voix suffisamment forte et claire, l'Elfe s'adressa au rouquin avec autorité pour lui révéler que Branco... c'était elle !
Megarik Glorfindel Took se sentit liquéfié de crainte et en ferma même un instant les yeux pour ne pas voir se poser sur Raza le regard du pourfendeur de nains et encore moins, l'éclair froid filtrant entre les paupières à demi fermées du magicien des forces noires.
Mais une telle révélation, assortie de remarques désobligeantes,et d'ordres péremptoires, avait du mal à pénétrer la coquille de noix abritant les facultés cognitives de ce specimen particulier d' homo sapiens. Risquant un œil, l'apprenti vit que le malabar avait l'air quelque peu désarçonné et que la perplexité remplaçait la rage précédente. Surmontant sa surprise et sa peur, il tenta d'analyser au plus vite la situation.
 Raza  avait dû élaborer un plan durant sa transe. Evidemment, il ne fallait pas la croire mais aller dans son sens, même s'il ne voyait pas où elle voulait en venir. Tous les regards avaient convergé vers cette jeune femme qui proférait d'aussi ahurissantes paroles.
Ainsi l'homme au chapeau vert n'était qu'un messager, un truchement, une estafette, un leurre. Branco, le disparu que réclamait le terrible rouquin, était  là, devant eux, et c'était cette demoiselle qui avait, à l'évidence, voulu fuir tout à l'heure. Et maintenant, sa ruse éventée, elle passait à l'offensive avec aplomb et insolence.  Mégarik n'eut aucun mal à paraître aussi anxieux que le reste de l'assemblée en attendant la réaction du matamore. Il se sentait de plus en plus désireux de redevenir le petit Mîw se cachant derrière les jupes de sa protectrice quand l'orage grondait au dessus de sa tête. Mais n'était-ce pas justement Raza qui venait de déclencher le premier coup de tonnerre ?
Les circuits cérébraux sans doute bloqués par trop d'imprévus, le rouquin émit d'abord un grognement puis glapit :"De quoi ? "ce qui déçut un peu. On s'attendait à un rugissement suivi d'une explosion.
Les Nains s'étaient calmés aux premières paroles de Raza et sous leurs sourcils étonnamment broussailleux1, leurs prunelles brillantes fixaient celle qui prétendait être leur porteur de rançon. Les Orcalons levèrent leurs mufles, montrèrent les dents en un large rictus et exhalèrent un rhââââ de fauve flairant une piste toute chaude. C'est vrai qu'ils puaient !... Leur haleine fétide fit se détourner tous ceux qui n'avaient pas eu le temps de quitter leur place en bordure de l'allée centrale.
Le soudard répéta platement : "De quoi, de quoi. ?" mais à son air  menaçant, on sentait que  cet arrêt sur méninges n'était que provisoire. Il fit trois pas vers l'Elfe.  Mégaric s'affolait de ne pas savoir quoi faire quand soudain, le silence immobile du mage capta son attention. Son intuition ne l'avait pas trompé et il surprit le léger mouvement des mains effilées et blafardes dépassant à peine des longues manches évasées.  Le sort de vérité !
Ce sort exigeait une dépense magique extrême. L'apprenti de Kathera était totalement incapable de le lancer mais il savait  reconnaître les lettres de vent que le sorcier traçait sur l'invisible, et cela dans le langage même de l'ouvrage maudit d'Abdul al-Hazred , le livre dont on ne doit jamais prononcer le nom2.
Par contre, il savait lancer un sort léger de protection et il pouvait tenter de contrer l'attaque au moins contre lui. Il baissa la tête, se concentra, refusant toute intrusion dans le domaine privé de son mental en espérant que les défenses naturelles des Elfes contre la magie noire seraient suffisantes pour protéger Raza.

- De quoi ? Tu as la rançon ? Pas question de négocier. La dague du Roi Madius pour mon seigneur et trois cents florins pour moi, enfin, pour nous.  Pour vous, les nains en état de marche. S'il y a de l'embrouille, je tue tout le monde. On ne négocie rien avec Garok le Cruel !

Il sembla attendre une réaction à l'énoncé de son identité mais le silence pesant persista avec le grésillement des lampes à huile, les craquements du feu dans la vaste cheminée et le vent qui chuintait  aux vitres et sous les portes.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

NDT :
1-Ces sourcils montrent qu'il s'agit des Nains traditionnels du Clan des  Bushybrows, résidant aux Collines de Fer (versant nord). Ces sourcils sont suffisamment longs pour être tressés. Les Bushybrows ont une réputation de courage et de fierté qui les précède.
2- C'est le Nécronomicon, bien entendu.J'espère qu'il n'est pas interdit aussi d'écrire ce nom. Pour l'instant, tout va bien.
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En attendant les autres Empty Il faut parfois tenter l'impossible.

Message  Invité Lun 15 Déc - 18:45

Alors c’était de cela qu’il s’agissait ? Une dague et trois cent florins ? Raza songea que c’était bien peu payer pour sauver deux vies. Quelque chose clochait. Une chose qui devait être d'une importance capitale et qui échappait malheureusement à la jeune Elfe. La dague du Roi Madius ... Elle savait avoir entendu ce nom auparavant, mais où, et surtout quand ? Savoir cela l'aurait surement aidé à faire le lien nécessaire à sa totale compréhension ... Elle se permit de réfléchir un instant, mimant une moue contrite comme si elle avait voulu songer à la réponse du roux.
Madius ... Comme dans Madius le Devin ? Parlait - on bien de cette légende comptant les pouvoirs d'un Roi Nain ayant régné des millénaires avant toute chose connue ? Si seulement elle avait été plus attentive aux histoires que son père lui avait raconté ... Elle se mordit la lèvre inférieure. Comment allait - elle se sortir de ce pétrin ? Elle tourna les yeux vers Mégarik. Le jeune homme avait les yeux fermés et semblait luter contre elle - ne - savait quelle force invisible. C'est alors qu'elle la ressentit. Cette pression infime contre les barrières de son esprit. Elle jura, et releva les yeux sur le groupe, morte d'inquiétude. Si l'un d'entre eux lui jetait un sort, elle ne donnait pas cher de sa peau ! Bien que les Elfes soient réputés hermétiques à la magie noire, ses origines métissées la rendaient bien plus vulnérable. Si la pression n'était pas alarmante, elle préférait ne pas jouer avec le feu. Elle fronça les sourcils, prenant l'air le plus énervé qu'elle pu, et elle bondit sur ses pieds, frappant du poing sur la table.

- Ah ça non ! N'essayez pas de m'amadouer avec votre magie !

Elle pointa un doigt accusateur sur le rouquin, trop effrayée par l'homme encapuchonné pour tenter quoi que ce soit contre lui.

- Je me disais que j'allais accéder à votre demande, mais dans ces conditions, je ne suis pas certaine de le vouloir toujours !

Celui qui se faisait appeler Garok sembla si étonné d'être accusé - et surtout traité ainsi par une simple femme - que Raza comprit qu'il n'y était pour rien. Cela venait bien de l'autre alors ... Rassemblant son courage à deux mains, elle lui jeta un regard froid, et qu'elle voulu dissuasif.

- Cessez immédiatement, où c'est moi qui tue tout le monde !

La réplique de Raza n'eut pas vraiment l'effet escompté. Certe, la pression magique disparut soudainement. Mais le colosse aux cheveux roux sembla se mettre très sérieusement en colère.

- Tu me menaces ?! Tu refuses de payer ?! Ça suffit maintenant, ma patience est à bout ...

Il amorça un geste pour saisir une lourde épée qui pendait dans son dos. Raza tendit la main vers lui pour l'interrompre. Le mot patience ne doit pas signifier grand chose pour lui ...

- Attendez, je n'ai pas fini ! J'ai demandé une négociation à armes égales, je ne vois pas en quoi c'était déplacé. Bon. Revenons aux choses sérieuses: vous voulez être payé, oui ou non ?

Raza réfléchissait à toute allure. Cette fameuse dague, elle n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle pouvait bien ressembler. Elle déglutit. Comment savoir ? Comment sortir de cette situation vaseuse ?
Une pensée vint soudainement illuminer son esprit: avec de la chance, peut - être que ces sauvages ne savaient pas non plus à quoi s'attendre ! Peut - être qu'ils ne connaissaient de cette dague que le nom de son propriétaire ! Il fallait tenter le coup. Recouvrant de l'assurance, elle se redressa un peu plus, prenant cet air supérieur dont seuls les Elfes avaient le secret et croisa les bras. D'un ton sec elle demanda:

- Des dagues, j'en ai plusieurs. A quoi ressemble la vôtre ? , puis elle ajouta, Quant aux trois cent florins, je ne les ai pas. Pas ici. Vous auriez dû être à l'heure...

Elle allait peut être un peu trop loin. Mais il fallait ce qu'il fallait.

- Si vous voulez votre dû, vous devrez me laisser sortir d'ici !

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Message  Invité Lun 12 Jan - 12:33

Mégarik savait parfaitement ce qu'était la dague du Roi Madius car il avait entendu Gandalf en raconter l'histoire. La dernière fois qu'il était passé par la Comté, le magicien s'était plu à réjouir ses amis hobbits par le récit de la Saga de Madius, belle légende comme lui seul savait en raconter. La fête s'était terminée par l'habituel feu d'artifice magique et celui-ci avait été mirobolant. Des fusées multicolores jaillissaient de toutes les cheminées  tandis que les chevelures hobbits crépitaient d'étincelles argentées et que leurs pieds velus devenaient phosphorescents. Tout le monde s'était mis à danser et Gandalf, comme on s'y attendait, avait disparu au milieu des réjouissances.
Du roi Madius, Mïw avait appris ceci :
Madius- dont le vrai nom était  Harkendr Glockenspiel Hoofhoof Madius – appartenait aux premiers temps du monde quand la magie le dominait encore.
Dans les fournaises du Volcan Krakathor, Madius avait forgé sa grande épée Thorindaa, son arc à triple courbure, sa hache, sa masse, son bouclier, tous décorés de noms fatidiques quelque peu oubliés mais avec beaucoup de "aa" , de "th" et de  "kr" menaçants.
Ces armes magiques furent déposées sur le bûcher funéraire du puissant souverain, sauf une qu'on ne retrouva pas : sa dague Thiryggo. Elle avait le pouvoir de se mettre à luire quand un ennemi  s'approchait de celui qui la tenait en main. Et elle était dangereuse, très dangereuse, comme l'anneau de Sauron.
Le Hobbit d'adoption se demandait maintenant si Gandalf n'avait pas choisi de raconter cette histoire spécialement à son attention car c'était peu après  cette visite que la sorcière qui le formait lui avait dit de se chercher un autre Maître et d'aller voir du côté des Nains de l'Est. Il avait obtempéré et voilà que, cherchant Gandalf pour lui demander conseil, il avait appris qu'on l'avait aperçu justement sur cette route, ce qui l'avait conduit à rencontrer Raza, à être mêlé à une affaire de Nains et à mettre la dague du Roi Madius au centre de ses soucis actuels. Hasard ou prédestination ?
Durant son séjour chez les Elfes, il avait appris  que les destins humains sont entre les mains des dieux et de ceux qui en descendent. Etait-il  écrit que lui, Mégaric, homme de naissance, elfe d'éducation et hobbit d'adoption, jouerait un rôle dans les plans secrets des Puissances qui réglaient la marche du monde ? Il en eut froid dans le dos, d'autant que l'un des orcalons se mit à  le regarder, plissant les yeux d'une façon lubrique tout en tirant une horrible langue noire, tubulaire et pointue. Le pauvre Mîw se sentit pâlir et détourna le regard vers Raza qui au moins ne semblait pas se laisser impressionner.
Les déclarations, menaces et sarcasmes sortaient de l'Elfe comme les éclairs d'un nuage d'orage. Mégaric se sentait  aussi terrifié que le jour où, au temps où on l'appelait Mïw, il avait jeté une bouteille d'encre à la tête d'Elilel qui venait de le traiter de sale petit rat d'humain. Mïw l'avait manqué mais avait atteint en pleine tunique immaculée le grand Druide Omagadrix venu rendre visite à  la classe.
Mais depuis il avait décidé d'être un homme et il se dressa pour prendre la parole. Fort de ses connaissances concernant la dague, il venait d'élaborer sinon la vérité vraie, du moins une version plausible de ce qui avait pu arriver.  
Malgré son aplomb, Raza semblait ignorer ce qu'était la dague du Roi Madius. Or, le nécromancien lui le savait à coup sûr, rompu comme tous ceux de son engeance aux secrets maléfiques, ce qui expliquait d'ailleurs sa présence dans l'expédition. Les hésitations de Garok révélaient par contre qu'il ne connaissait pas l'exacte nature de la dague et d'ailleurs s'en moquait, intéressé seulement par les 300 pièces d'or. Raza commençant à manquer d'arguments, Mégarik annonça donc en essayant de faire venir deux plis verticaux entre ses sourcils, ce qui donne toujours du poids à ce qu'on affirme : 

- Je sais ce que peut la dague magique de Madius. Elle se met à briller quand un  ennemi mortel est à proximité, faiblement s'il est loin, de plus en plus fort quand vous vous en rapprochez. Et votre nécromancien, qui ne vous l'a peut-être pas dit, doit savoir aussi que ceux qui la sortent de son fourreau en deviennent l'esclave : s'ils sont hardis, ils courent le monde pour se débarrasser de ceux qui en veulent à leur vie. S'ils sont prudents, ils cherchent à s'en éloigner le plus possible, mais rares sont les porteurs de dague qui n'ont qu'un seul ennemi, ils sont donc condamnés à fuir constamment. La dague n'est en repos qu'entre les mains d'un être sans malice ou d'un esprit très sage. Le premier en général l'oublie dans un tiroir car elle est très ordinaire d'aspect. Le second l'enferme soigneusement de façon à ce que personne ne soit tenté.
Elle disparaît alors pendant de longues périodes. La voici réapparue. Et c'est un grand danger. Elle causa la perte du Roi Madius, le Père des Nains, qui se sacrifia en s'en servant pour découvrir où se cachait l'immonde dragon Farfafell et périt glorieusement dans l'affrontement.


Les Nains s'agitèrent, grognèrent et  hochèrent la tête pour montrer qu'ils étaient d'accord. Au moins, Gandalf n'avait pas exagéré la légende, comme il est d'usage chez les conteurs, ce qui rend extrêmement difficile le travail de l'ethnographe et de l'historien sérieux mais assure le succès du récit pour les siècles à venir. Le mage noir demeura impassible mais ne fit rien de menaçant. Garok gratta sa tignasse en essayant de suivre.Les Orcalons bavèrent un peu plus.
Mégaric poursuivit, la voix plutôt ferme mais les jambes beaucoup moins :

-Je crois que  Artie Petipot connaissait la légende et a sorti la dague de son fourreau pour voir si ce qu'on racontait était vrai. Et, ayant vu briller la lame, il est parti à la recherche de ses ennemis, oublieux de toute autre chose.. sinon peut-être des trois cents pièces d'or.

Il se tourna vers Raza et lui dit sévèrement :

-Et vous, qui prétendez être Branco, reconnaissez que vous avez été envoyé par le Roi Nain pour savoir pourquoi on ne lui rendait pas les princes nains otages, ses fils peut-être ? - alors que la date était passée.
Artie Petipot a cédé à la magie de la dague, et a gardé pour lui les 300 pièces d'or destinées à  payer cette bru.. enfin,  messire Garok, comme celui-ci l'a précisé. Ce point n'est pas sans remède et je pense que le généreux et puissant seigneur Elrond, dont je suis le protégé et qui apprécie mes talents , voudra bien avancer la somme pour satisfaire à la justice et me libérer. Je propose en effet  de rester ici comme garant sous la surveillance de … heu.. votre collègue le mage.


Mégaric avala sa salive, effrayé de cette perspective, mais il tint bon et  revint à Raza :

- Il faudrait que vous partiez vite demander à Elrond de vous remettre le salaire de messire Garok et reveniez ici avec l'or..

Mégarik sentait que le tremblement de ses jambes commençait à gagner sa voix mais finalement, ce qu'il venait de dire avait beaucoup de chance de se rapprocher de la vérité. Raza ne pouvait être le vrai Branco. Même Garok avait dû s'en rendre compte : elle ignorait tout de la dague et ne possédait pas les 300 pièces. Elle avait sans doute quelque chose à cacher pour avoir ainsi détourné l'attention. En tout cas au nom d'Elrond un murmure respectueux et un peu inquiet parcourut l'assemblée et les Orcalons qui se distrayaient en tirant sur les barbes des Nains, s'arrêtèrent net et le fixèrent de leurs yeux de crocodiles. Encouragé, il ajouta :

-Quant à la Dague, messire Garok, si vous voulez la récupérer pour votre seigneur, il vous reste à courir derrière Petipot, avec vos  monst.. hmmm, gardes, sans perdre davantage de temps ici.  Votre ami le mage vous dira si j'ai raison. Lui connaît ce qu'est la dague du Roi Madius !

Mégarik se tut, à court d'idées. Ce qui le soulagea un peu fut que les regards de l'assistance se détournèrent d'un seul mouvement vers Garok le Cruel et non vers Raza. Elle avait le temps de préparer sa réponse.
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En attendant les autres Empty Les débuts d'une fin prometteuse

Message  Invité Dim 1 Mar - 21:50

Au début, Raza avait pensé que Mîw était en train de ratatiner tous ses plans. Puis finalement, elle songea qu’il lui offrait une possibilité de s’échapper bien mieux présentée. En effet, son histoire de Branco était bancale. Si Garok le Stupide … euh … le Cruel ne s’en rendait pas compte, le mage quant à lui ne semblait pas dupe. Quoi que l’elfe ait cru un instant avoir embobiné tout le monde avec son histoire … Elle avait donc patiemment écouté les indices fournis par son ami aux cheveux blancs, et attendu son tour de parole. Elle n’apprécia pas forcément qu’il lui crie dessus comme s’il ne la connaissait pas, d’autant qu’il s’approchait dangereusement de la vérité quant à son périple et qu’elle ne trouvait pas bon d’en informer les attaquants, mais mieux valait conserver une certaine couverture … Alors elle commençait doucement à entrevoir un plan, un peu plus sage que l’hérésie de se faire passer pour Branco – ou Artie Petitpot, elle ne savait plus. Peut – être était – ce plus judicieux, en effet, d’aller chercher du renfort auprès du Seigneur Elrond ? Ou peut – être pas, après tout. Il n’était pas au courant de l’affaire, et risquait de se mettre très en colère. Bien entendu, s’attirer les foudres de son Roi était très loin de ses intensions. Dans tous les cas cependant, il lui semblait urgent de prendre connaissance du contenu de ce courrier si bien caché qu’on lui avait remis. Après tout, cela pourrait peut – être les sortir d’affaire, vu que le nom de Branco était inscrit dessus.
Autour d’elle, les regards s’étaient tournés vers le rouquin, passablement énervé, et dont les soudaines rougeurs ne présageaient rien de bon.

- Attendre, toujours attendre… C’est ça de traiter avec des nains ! Où qu’il est vot’ Seigneur là ? J’veux pas attendre des plombes moi ! Et puis ça sent l’embrouille vot’machin. Pourquoi qu’on devrait nous aller la chercher cette dague ? Si elle doit partir, qu’elle la ramène, elle !

Ca pour une surprise … Soit cet homme était réellement stupide, soit il était réellement las de courir les plaines. Ce qui se concevait très bien d’ailleurs. Raza balaya toute autre éventuelle question d’un signe de la main.

- Je n’en aurais pas pour longtemps. Attendez ici.

Et sans plus épiloguer, elle sortit avec une rapidité étonnante de l’endroit, avant que quiconque ne se rende vraiment compte de l’action. En se hissant sur le dos de Canya, Raza songea au regard apeuré de Mîw quand elle lui avait tourné le dos pour sortir, sans même un au revoir, sans une promesse de retour. Mais elle était toujours un peu vexée de son intervention, et elle se renfrogna en se disant que ça lui ferait les pieds ! (Ce qui était d’ailleurs un comble pour un Hobbit d’adoption…) Bien décidée à régler l’affaire, l’Elfe talonna sa monture, qui partit dans un galop acharné à travers la nuit glacée.

**

Elle se réveilla au petit matin, alors qu’elle atteignait les abords du Royaume de Thranduil. Elle songea que Canya avait été d’une rapidité assez extraordinaire, et en remercia sa monture en lui flattant l’encolure. Elle était assez loin maintenant, et à l’abri d’un regard indiscret. D’un geste expert, elle attrapa la dague accrochée à sa selle. Puis d’un mouvement sec, elle trancha les coutures de sa cape, séparant sur dix centimètres la doublure de la fourrure. Elle glissa une main dans le trou, chercha l’enveloppe, puis mettant les doigts dessus, la tira hors de sa cachette. Enfin. Elle allait voir ce que cachait cette enveloppe. Elle observa comme hypnotisée l’écriture droite qui dessinait le nom de Branco sur le papier. Puis, elle brisa le sceau de cire qui scellait l’enveloppe. Il y eu soudainement un vif flash de lumière qui aveugla la jeune femme un instant. Qu’est ce que c’était ? Un sortilège ? Quand sa vue lui revint, l’enveloppe fine un instant plus tôt avait désormais une forme improbable, de celles que prennent le papier lorsqu’il contient un objet. Raza entrouvrit les lèvres. Etait – ca là ce qu’elle devinait ? Etait – ce réellement possible ? Elle écarta les deux parties de l’enveloppe, découvrant avec stupeur qu’elle avait visé juste : elle tenait entre ses mains une dague, et une de ces bourses enchantées qui pouvaient contenir la totalité du trésor d’un royaume sans jamais être remplie. La rançon ! Elle l’avait sur elle depuis tout ce temps ? C’était improbable comme situation … D’un autre côté, ça semblait logique, car on lui avait dit de rejoindre les montagnes, où elle serait contactée par une autre personne à qui elle devrait remettre l’enveloppe. Cette personne, c’était certainement ce fameux Branco, qui devait poiroter au même moment dans les monts du Fer. Que devait – elle faire ?

Toute cette histoire avait été inventée pour que Danilin et Narvur, nains de haut lignage et de sang royal, héritiers du Roi Korond souverain du Clan des Bushybrows, qui avaient été enlevés puissent être renvoyés dans leur royaume. C’était l’un de leurs cousins qui avait engagé Raza pour cette mission, l’ayant croisée alors qu’elle quittait Fondcombe pour rejoindre la Forêt Noire où l’attendaient les fils d’Elrond, Elladan et Elrohir. Elle n’avait bien sur pas hésité un instant, étant amie avec Narvur depuis plusieurs années déjà.

Elle avait rencontré le nain lors d’un de ces voyages que les Elfes ont pour coutume de faire pour visiter la famille éloignée. Ils avaient discutés une partie du chemin, et échangés des courriers par la suite.

Donc tout cela la touchait d’assez près, d’autant que lui et son frère se trouvaient retenus prisonniers par une bande de mercenaires fous et assoiffés de sang, d’un mage Ténébreux tout aussi fou et tout aussi assoiffé de sang, et enchainés à des orcalons plus assoiffés de sang que fous. Cela ne présageait très clairement rien de bon.

Perdue dans ses élucubrations de folie sanguinolente, Raza n’avait pas fait attention et s’était enfoncée plus en avant sur le territoire des Elfes de Mirkwood. Aussi ne fut-elle pas réellement étonnée d’être hélée par deux elfes à cheval. Ce qui l’étonna cependant, fut que ce soit les jumeaux Elladan et Elrohir, et non des soldats de Thranduil.

- Raza ?! Bon sang cela fait des jours que nous t’attendions !

Les jeunes princes semblaient rassurés de la voir saine et sauve.

- Pardonnez moi, j’ai eu un léger contretemps…

Poussé par la curiosité, Elladan tira l’enveloppe des mains de Raza, qui n’eut pas le temps de réagir. En voyant ce qu’elle contenait, l’Elfe ouvrit de grands yeux.

- Comment … Raza, où as – tu eu cette dague ? C’est la légendaire Thiryggo, la dague ensorcelée du Roi Nain Madius !
- Comment est-elle tombée entre tes mains ?
ajouta Elrohir, presque choqué.

La jeune femme soupira. Il devenait évident qu’elle avait besoins d’aide, et surtout qu’elle n’échapperait pas à un interrogatoire musclé. Autant exposer la situation à ses princes telle qu’elle était. Alors après un bref silence pour chercher ses mots, la belle Raza se mit à raconter sa mésaventure sans en oublier un seul détail. Au fur et à mesure de son récit, les jumeaux semblaient de plus en plus dépités. Et quand finalement elle eut terminé, le silence qui suivit fut lourd, et long. Personne ne dit un seul mot pendant au moins une bonne minute. Puis finalement, Elladan prit la parole.

- Ce mage ne doit pas mettre la main sur cette dague. Et nous devons récupérer ces Nains. Cependant, si ce que tu nous as dit est vrai, il ne serait pas sage de demander l’aide de notre père, il serait furieux d’apprendre ce que tu as fait. Il me semble que la seule façon de nous tirer de ce mauvais pas est de battre cette bande de brutes.

Raza sentit ses oreilles pointues frissonner. Ce ne serait pas facile, si les deux frères décidaient de prendre l’auberge d’assaut. Pourtant, elle devait avouer que l’idée était fondée, et qu’avec l’aide de ses amis, c’était même jouable. Elrohir ajouta qu’ils pourraient demander à une certaine Anarielle de leur donner un peu d’une poudre magique qu’elle fabriquait elle-même, et qui aurait le pouvoir d’assommer quiconque la respirerait. Ce serait pratique pour ne pas avoir à s’encombrer avec les Orcalons. Rapidement, le plan fut mis au point, et ils scellèrent l’idée en talonnant leurs montures, s’enfonçant toujours plus dans le sous-bois.

**

Ils avaient repris la route le soir-même, plus nombreux que ce qu’ils avaient prévus au départ. La compagnie se composait donc des jumeaux, de Raza, de la fameuse Anarielle, ainsi que de deux humaines pour fermer la marche. Ces deux filles s’étaient retrouvées au milieu de la conversation concernant l’attaque de l’auberge et n’avaient pas trouver mieux que de s’imposer. Alors que la petite troupe avançait joyeusement vers le combat, armes affutés, l’air grave et le cœur battant, ces deux énergumènes chantaient à s’en rompre les cordes vocales, riant, plaisantant, et tapant sérieusement sur les nerfs des autres. Fort heureusement pour elles, les Elfes avaient la patience en don inné, ce qui leur évita de finir leur vie pendues par les pieds aux branches d’un arbre ou jetées en pâture aux araignées géantes. Pour autant, les regards dépités que se jetaient les Elfes ne trompaient pas ; ils avaient tous hâte d’arriver. Oui, un combat serait surement plus agréable que de supporter les éclats de voix incessants …

Il fallut à cette charmante compagnie la nuit et une bonne journée pour regagner les murs d’Esgaroth. Le spectacle du vent battant les rues quasi désertes rappela à Raza son arrivée à l’auberge quelques jours plus tôt. Elle commença à se demander si Mîw était toujours en vie. Le rouge lui monta aux joues, un peu honteuse de n’y avoir pas songé avant. Ils arrêtèrent les chevaux un peu avant d’arriver. Ils ne devaient pas être repérés. Raza vérifia que l’enveloppe soit toujours dans la doublure, elle vérifia ses armes, le flacon de poudre magique qui pendait à son cou, puis elle descendit de Canya. Tout le monde mit pied à terre.

- On fait comme prévu. J’entre la première. Je neutralise les orcalons, puis j’entraine la team biceps à l’extérieur.
- Ça c’est facile,
couina l’humaine aux cheveux courts, mais on ne sait toujours pas comment gérer le problème « mage Noir » !

Raza se mordit l’intérieur de la joue. Elle comptait plus ou moins sur son petit Mîw pour régler ce problème là. Si il n’y parvenait pas, elle ne savait pas trop comment cette bataille pouvait tourner…

- Je m’occupe de ça. Mettez les chevaux en sécurité.

Et elle s’éloigna en direction du Troll Endormi.

**

Quand elle poussa la porte, Raza trouva Garok en grande conversation avec ses deux acolytes. Décidément, ils ne lui avaient pas manqué ! N’ayant pas été des plus discrètes, les yeux se tournèrent vers elle quand la jeune femme referma la porte. Raza poussa un long soupire silencieux. Balayant la salle du regard, elle sentit son cœur se serrer, remarquant avec angoisse l’absence de son ami un-tiers-humain-un-tiers-elfe-un-tiers-hobbit. Le large sourire malsain du roux ne la rassura pas le moins du monde.

- Tiens donc ! La v’la r’venue ! C’est b’en vrai que t’as pas lambiné sur l’chemin ! Alors ? T’as la rançon ?

Raza resta muette. Elle nota la position des orcalons, celle des nains, et apprécia qu’il n’y ait plus un seul client dans les parages. Sans plus épiloguer, la jeune femme détacha la fiole de poudre de son cou, et la lança au pied des orcalons. Aucun des ravisseurs ne songea à réagir, se demandant ce que cette Elfe bornée pouvait bien être entrain de trafiquer. Ils suivirent la course de la fiole, laquelle explosa en atteignant le plancher, faisant s’envoler les spores magiques. Presque aussitôt, les monstres s’effondrèrent sur le sol. Garok poussa alors un rugissement si fort que les murs de l’auberge tremblèrent.

- Tu essayes de pigeonner Garok le Cruel ! Tu veux mourir !

Tout en grondant, il avait tiré de son dos une lourde épée, et son partenaire une lame fine de sa ceinture. Aussitôt, Raza se tourna vers la sortie pour fuir, et enchainer le plan comme prévu. Sauf que voilà, c’était sans compter sur l’aide du gentil magicien, qui s’empressa de verrouiller la porte. Elle était prise au piège. Son sang se glaça. Elle fut juste assez rapide pour éviter un coup aussi lourdaud que mortel, se décalant un peu plus sur la droite de la salle. Elle tira sa propre dague du fourreau sanglé à sa cuisse, et la longue épée qui pendait à son côté.

- Qu’avez – vous fait de l’homme qui est resté avec vous ? Celui qui disait être magicien !

Pas de réponse, seulement un grognement et les pas lourds du colosse vers Raza. Un mouvement plus en arrière lui apprit que les princes Nains tentaient de se désentraver. Ce qui, en soit, serait une bonne chose. La brune était terriblement inquiète. Seule, elle ne pourrait pas se sortir de cette mauvaise passe. Et si les orcalons étaient assoupis, les gestes énigmatiques que traçait le mage Noir ne présageaient rien de bon pour elle. Elle se demandait combien de temps elle aurait à tenir avant que les autres ne songent à défoncer la porte. Mais elle ne pu pas rester plus longtemps dans ses pensées. Elle para un coup hasardeux du roux, recula encore, fit un bon sur le côté, évita le complice. Deux contre une, c’était jouable. Mais son regard émeraude ne pouvait s’empêcher de glisser vers l’homme encapuchonné, inquiète. Elle devait tenir bon. Les coups se succédaient, et Raza passait plus de temps à esquiver qu’à réellement tenter une attaque, car si Garok était un piètre combattant plutôt bourrin, son bras droit était rapide et rusé, et avait le coup juste et précis. Au bout d’un temps qui lui sembla terriblement long, et c’est normal quand on risque une feinte mortelle à tout moment, la lame de l’associé réussit à glisser à travers sa défense et laissa une longue estafilade sur la joue pâle de l’Elfe. Etonnée par le coup, elle fut déstabilisée, perdit l’équilibre, et s’effondra sur le sol, à la merci des deux combattants essoufflés. Le roux posa sa lame sur la gorge de la jeune femme.

- T’aurais pas dû essayer de berner Garok le Cruel !

Et alors qu’il allait lui donner le coup fatal, la porte vola en éclats. Raza remercia les dieux, et ses amis, et s’échappa de justesse. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Elrohir décocha deux flèches qui clouèrent le compagnon de Garok au mur. Une troisième se ficha dans le bras du colosse qui lâcha son arme en poussant un cri de douleur et de fureur. La quatrième vola vers le mage, mais celui – ci choisit cet instant précis pour se dématérialiser. Elle fila donc tout droit pour se planter dans le mur. L’humaine aux cheveux les plus longs en avait profité pour se rapprocher de Raza.

- On dirait que j’ai bien fait d’insister pour venir jeter un œil !

L’Elfe n’était pas certaine de bien comprendre le sens exact de l’expression utilisée, se disant que « jeter un œil » semblait bien douloureux, mais elle n’y redit rien. Elle remercia ses sauveurs. Anarielle en profita pour souffler de sa poudre magique sur un Garok en rogne, qui s’effondra admirablement sur le plancher poussiéreux. Raza s’approcha du camarade épinglé au mur et l’assoma. Puis de nouveau, elle balaya la salle du regard. Non, décidément, Mîw n’était pas là. Il lui sembla que son cœur cessa soudainement de battre. Puis des grognements réjouis lui firent reprendre conscience. Elle releva les yeux pour croiser le regard plein de reconnaissance des deux nains. Un large sourire éclaira alors son visage. Il ne gagna cependant pas ses yeux. Elle se précipita vers eux ; la fille aux cheveux courts se débâtait déjà avec les chaines. Rapidement, les deux princes furent libérés, et heureux de l’être.

- Nous avions finit par penser que tu allais nous abandonner ! ironisa Narvur.
- Jamais mon ami ! Je cherchais seulement un moyen de sauver la précieuse lame de votre ancêtre.

Tout en disant cela, la belle Elfe récupéra l’enveloppe dans sa cape, et en tira Thiryggo. Les frères Nains eurent comme un soupir de soulagement. Oui, ils étaient sains et saufs, et ce sans verser la moindre rançon. Ils s’en tiraient à bon compte. Les minutes qui suivirent furent un assortiment de longues embrassades et accolades chaleureuses, sans sembler remarquer l’absence totale de vie dans l’auberge.

Les compagnons en étaient à partager une choppe bien méritée et impunément dérobée de bière quand un éclat anormal attira le regard de l’Elfe brune. Il lui semblait que la dague scintillait. Doucement, elle saisit le manche de l’arme, et retira la lame de son fourreau. Une vive lumière bleue s’échappait du métal ensorcelé. Cette découverte jeta un froid sur l’assemblée. Ils savaient tous ce que cela signifiait. Tous les regards se posèrent sur Raza, qui était vraisemblablement maitresse de l’arme pour le moment. Elle entrouvrit les lèvres sans qu’aucun son ne s’échappe d’entre ses lèvres. Et malheureusement pour eux, ils n’eurent pas assez de temps pour se demander à quel danger ils allaient devoir se confronter. Un tourbillon de fumée noire se déroula dans la salle, faisant se lever toute la petite troupe d’un bond. En voyant apparaître le nécromancien et son sourire mauvais, Raza déglutit péniblement. Mais ce qui la terrifia au point de lui glacer le sang, ce fut de voir son cher Mîw entre les griffes de ce monstre. Devant ce spectacle, elle poussa un petit couinement désespéré et porta ses mains à sa bouche, horrifiée. Elle songea une seconde que ça n’était pas là une réaction digne d’une Elfe, mais elle fit bien vite taire la petite voix, préférant se concentrer sur son désarroi. Comment allait-elle le sortir de cette mauvaise passe ? Comme s’il avait entendu la question muette, le sorcier déclara :

- Donnez moi la dague si vous souhaitez le récupérer en vie.

N’écoutant que son cœur, des larmes plein les yeux, la jeune femme tendit son poing serré autour de Thiryggo vers l’homme en noir, provocant de violentes réactions chez les autres.

- Ne fais pas ça ! Tu es folle !
- Je dois sauver Mîw !
- Votre amie est plutôt sensée…


Tout le monde retenait sa respiration. Donner la dague serait une réelle catastrophe. Mais ne pas la donner reviendrait à mettre à mort le protégé de Raza. Il fallait se rendre à l’évidence. Anarielle n’avait plus de poudre. Les deux humaines ne seraient bonnes qu’à se faire tuer. Les Nains avaient déjà eu leur dose d’esclavage. Quand aux Elfes, s’ils étaient naturellement résistants à la magie noire, ils ne seraient pas de taille pour affronter un si puissant membre du Cercle Noir. Alors que le mage tendait la main pour attraper la dague légendaire, Elladan esquissa un geste pour tenter d’empêcher la transaction. Mais son jumeau posa une main ferme sur son épaule pour lui indiquer de ne pas intervenir. Sauver une vie était prioritaire. Ainsi donc, le vilain sorcier récupéra son dû, puis dans une nouvelle tornade de fumée bleuâtre, il disparut, ainsi que les deux barbares et les orcalons assoupis. Dès qu’ils furent partis, Raza se jeta sur Mîw qu’elle serra contre elle aussi fort qu’elle le pouvait.

- Oh mon dieu, tu es sain et sauf ! J’ai eu tellement peur…

Son cœur ne semblait pas vouloir cesser de battre la samba. Il était là, elle pouvait le tenir contre elle. Il était sauvé. Malgré tout, le jeune homme semblait un peu hébété, et ses beaux cheveux blancs étaient tout emmêlés. Rien de trop inquiétant cependant. Derrière eux, Danilin se laissa retomber lourdement sur une chaise, soulagé de n’avoir plus un seul ennemi aux alentours, mais inquiet quand au sort de cette dague perdue. Cependant personne n’osa faire la moindre réflexion à se sujet voyant combien leur amie aux yeux verts pouvait être heureuse d’avoir retrouvé le jeune homme. Ils échangèrent simplement un regard entendu qui signifiait :

- Nous retrouverons la légendaire Thiryggo. Nous irons à sa recherche dès demain !

Mais cette quête constituerait une nouvelle histoire …

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