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Targoviste : Arrivée de Ludmilla

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Targoviste : Arrivée de Ludmilla  Empty Targoviste : Arrivée de Ludmilla

Message  Invité Sam 27 Déc - 5:35

Tout disparut.

 Ce fût si subit qu'elle sentit son souffle s'interrompre, sans qu'elle ne le veuille,non, juste comme si son cerveaux, pas prévenu du changement, avait tenté de bloquer le temps un seconde, juste de quoi concevoir ce qui se passait. Mais il lui fallait sans doute beaucoup, beaucoup de temps pour concevoir cela, bien plus qu'une seconde, une minute, ou même une année entière. Parce que c'était tout simplement inconcevable.

 Un tunnel de lumière mouvante et précipitée se jetait en avant dans une course effrénée. Il n'y avait plus de sol sous ses pieds, plus rien pour la soutenir, et pourtant elle se tenait debout. Tout autour d'elle, dans une lueur éclatante cisaillée de nervures brusques et aux chemins anarchique défilaient, enchâssées les unes aux autres, ballottées, des images, des choses mouvantes, du bruit émanant de chacune d'elle, entremêlé avec celui qui venait des autres ; mais cela n'agrippait pas son regard, parce que tout se précipitait si vite qu'elle ne parvenait pas à se concentrer. Trop de choses. Ses yeux clignotaient, abasourdis, sautant d'image en image, tentant de tout parcourir, de tout attraper. C'était impossible mais elle le voulait. Elle voulait comprendre, elle voulait savoir. Ce qui se produisait là et qui n'était pas censé se produire, c'était inimaginable. Et pourtant, c'était là, maintenant. Ses pensées se turent, s'effacèrent, pour laisser de la place à ce qu'elle voyait, entendait, ce qu'elle sentait, qu'elle n'avait jamais sentit. C'était tout ce qui comptait. Ses yeux s'écarquillèrent, reflétant le flux tourbillonnant et précipité qui charriait avec lui des images défilantes , certaines complètement inconnues, certaines appelant vaguement sa mémoire – mais elle n'essayait pas de se souvenir.

 Et ce fut finit. Le tunnel s'effaça brusquement, avalé par un paysage fixe qui s'écrasa brutalement sur sa rétine. Elle expira d'un coup, comme si elle sortait de l'eau. Se mit à trembler.

 C'est alors qu'elle prit véritablement conscience de ce qu'il s'était produit. Elle avait voyagé dans le temps. Elle observa autour d'elle, et oui, oui, elle n'était plus au même endroit, ce n'était pas une blague, ce n'était pas un rêve, c'était vrai, elle avait voyagé dans le temps. Elle fouilla en vain, avec crainte, terrifiée à l'idée de découvrir que tout était faux. Mais ce n'était pas faux. Nulle trace de la forêt qu'elle connaissait bien, pas plus que du ciel nocturne marbré de nuages épais qu'elle venait de quitter. Un parc entourait ce qui ressemblait à un espèce de petit chateaux en ruines, et la nuit était claire. Elle fit un pas, presque sûre de sentir le décor trembler, s'effacer, parce que non, décidément , ce n'était pas possible. Mais ça ne bougea pas.

 Merveilleux.

 Un immense sourire éclaboussa son visage, incontrôlable, presque un rire. Merveilleux. Le voyage dans le temps existait, des choses incroyables existaient. On pouvait entrer dans le temps comme dans un objet tangible, on pouvait peut-être même le toucher, oh ! Qu'est ce qui était possible, encore ? Tout. Elle pouvait aller quand elle voulait. La durée de la vie n'avait plus aucune espèce d'importance, les limites avaient disparu. Qui savait jusqu'où on pouvait remonter ? Au commencement du monde ? De l'Univers ? Y'avait-il seulement un commencement ? Et une fin ? Et le lieu, oui, le lieu ? Il n'y avait jamais eu de châteaux de ce genre dans son village, et tout lui paraissait plutôt ancien, pas futur, donc...Étaient-ils ailleurs?Alors, jusqu'où pouvait-on aller ?

 Un bruit la fit sursauter. Elle se tourna, étonnée, vers son origine – en réalité, le Dévoreur, qui lui parlait. Elle avait complètement oublié son existence. Son visage glissa vers une expression étonnée, tant il lui paraissait étrange que quelque chose d'aussi absurde que des paroles puissent s'échanger après un tel événement. En vérité, elle pouvait à peine se concentrer tant il lui paraissait qu'il y avait des milliards, non bien plus, de choses à penser. Elle n'avait qu'une envie, voyager. Mais elle ne savait même pas par où commencer. Et elle savait aussi que dans un tel excitation, elle ne serait pas capable de grand chose. Mais c'était plus fort qu'elle : elle le désirait.

 Elle nota à peine l'arrivée d'une vieille femme, et ne constata que vaguement, perdue dans ses propres dilemmes, qu' une discussion s'engagea entre les deux personnages. Subitement, la femme s'adressa à elle, la contemplant avec un sourire dont elle ne voyait pas la raison. Puis, elle s'empressa de comparer Ludmilla à « de la jeunesse et une femme », assurément dans un sens très restrictif. La jeune fille sentit la violence de cette petite phrase assassine la percuter instantanément. Peut-être parce qu'elle était dans une bulle d'exaltation rêveuse, elle sentit le choc d'autant plus puissamment comme celle-ci explosa. Pendant quelques minutes, elle avait oublié combien son genre était perçu comme un défaut, combien son âge était motif à rire de son sérieux. Pendant quelques minutes, elle avait pu être une personne. Mais c'était finit. A nouveaux, elle était l'éternel sujet de discriminations inévitables, à nouveaux elle devrait essuyer les remarques, les regards, et toutes les violences qui lui étaient réservées, à nouveaux elle devrait vivre l'impossible malédiction d'être une femme. C'était tout ce qu'elle était. De la jeunesse, et une femme.

 De la viande fraîche, quoi.

Elle en voulut à la vieille dame, mais elle en voulait surtout au monde entier, et c'est pourquoi elle baissa ses yeux assombris vers le sol. Sa joie s'était effacée, dominé par le profond sentiment d'indignation qui l'habitait chaque fois que ça arrivait, et qui brûlait d'autant plus qu'elle sentait qu'elle venait de perdre quelque chose d'incroyable à cause de cette saleté d'injustice. Et ces idées aliénantes, si absurdes, si destructrices, étaient admises par tous et se relayaient dans les voix depuis des siècles. Dans beaucoup trop de cervelles, être une femme ne permettait pas l'entente avec le genre masculin. Ils pouvaient partager le même language, et donner le même sens aux même mots, mais non, non, la communication était quand même impossible. Pourquoi ? Mystère. Probablement à cause d'ondes magiques qui se repoussaient mutuellement ? Non, mais vraiment. Ok, le voyage dans le temps existe, mais quand même. C'est niveaux Père-Noël, là. Et encore. C'était si vide de sens qu'elle ne comprenait pas que ça ait pu même se concevoir, et pourtant, cela courait sur ces lèvres souriantes. Elle avait envie, terriblement envie, de démontrer l'idiotie de cette idée...La présence du Dévoreur lui rappelait néanmoins son erreur. Non, ça ne servait à rien.. Pas question de reproduire sa bêtise une seconde fois. Il fallait. Elle releva la tête, esquissa un semblant de sourire qui lui faisait mal au cœur. Elle espéra que c'était crédible. Après tout, elle venait de voyager dans le temps pour la première fois de son existence...Elle ouvrit la bouche pour répondre, d'une voix à peine vibrante :

– Istvan ? Oh, je le connais. Bien, faites comme vous le voulez, vous êtes chez vous.  

 Non, ça n'allait pas. Elle avait beau se concentrer de toutes ses forces, elle le sentait, il y avait quelque chose de faux dans son attitude. Là, ça pourrait passer pour le choc du voyage dans le temps -le voyage dans le temps ! - qui d'ailleurs la sonnait toujours un peu. Plus tard, ce serait inexcusable. Mais c'était une chose que, contrairement à Julie, elle n'était jamais parvenue à dissimuler. Sa colère.

 Et pourtant, elle allait devoir y arriver. Sauf que c'était impossible ! Oh, pourquoi, pourquoi donc ne pouvait-ils pas simplement la traiter comme une personne, pourquoi c'était si dur pour eux tous de la respecter ? Qu'est ce que ça pouvait bien leur apporter de lui faire ça ? N'étaient ils pas humains, eux aussi ? Qu'est-ce qui était si inconcevable dans leur esprit pour qu'ils croient qu'il faille forcément qu'ils écrasent les autres avec leur faux savoir pourri jusqu'à la moelle au lieu de simplement reconnaître qu'ils se trompaient ? Cela faisait longtemps qu'elle avait cessé de se poser ces questions. La réponse était en effet très évidente : la haine. Et cette haine était si confortablement installée dans les cervelles racornies, si doucement vivante dans les cœurs battants, si terriblement parfois dirigée vers leur porteuse elle-même, qu'elle ne parviendrait pas à l'enlever, quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise. Et pourtant, parce qu'elle le voyait, qu'elle n'arrivait pas à l'oublier, et que c'était dirigé contre elle, elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas laisser cette haine s'étaler tranquillement. Elle ne pouvait pas laisser ce crime contre l'humanité s'exercer, pourvu des soutiens complaisants des discriminations toutes morales et démocratiques qui s'écoutaient parler, repoussant tout le reste dans leur parures de cynisme.

 Inconscient de ces débats intérieurs, le Dévoreur donna quelques explications supplémentaires. Elle tressaillit au nom de Lucas. Cette fois, l'espoir de le retrouver fit renaître le sentiment chaleureux qui réchauffait sa poitrine, qui se diffusa jusqu'à son cerveaux en pétillant. Elle sourit de nouveaux, un vrai sourire. Oui ! Elle allait pouvoir le retrouver. Et son ami irait bien, parce que, quoi qu'il se passe, elle l'aiderait avant qu'il n'ait besoin d'aide. Lucas. J'arrive. Cette fois le son qui jaillit hors de ses lèvres fût véritablement léger.

– Merci .

 C'était un remerciement sincère, pour la vérité, pour Lucas, et pour tout le reste. Et sa petite taille l'était tout autant. Elle en avait vraiment assez de ce bonhomme qui s'empressa d'ailleurs d'afficher tranquillement son bon vieux sale petit paternalisme, après avoir poussé des cris d’orfraies sur le fait qu'il était si gentil et si respectueux et tu parles Charles. Chaque seconde en sa compagnie était une vraie torture, et elle devait se retenir pour ne pas exploser. Elle ne voulait même plus lui poser des questions. En fait, elle avait la désagréable impression qu'il ne lui aurait pas répondu plus que pour lui dire une gentillesse du style « mais vous êtes une simple femme très faible sur tous les plans car les femmes ne sont rien. Je le sais par ma science qui est infuse car je suis très intelligent. La preuve, je suis un homme. Vous voyez ! Si c'est pas de la preuve que je suis supérieur à tout le monde, ça !  Alors plutôt que de vous répondre je vais vous répétez dix mille fois que vous êtes faible parce qu'on ne sait jamais, si je ne vous le disais pas, vous agiriez peut-être ! Et là le monde entier verrait qu'une femme peut faire autant voire mieux que moi ! Alors que c'est une simple femme, ces créatures diaboliques et manipulatrices ! Ouh ! Ah ! Euh ! Non, non, au cas où, je vais détruire votre confiance en vous. Je vous ai déjà dit que vous étiez nulle en maths ? »

 Inutile. Son regard se porta sur l'escalier que la femme l'entraînnait à présent à monter, tandis que le Dévoreur disparaissait – enfin – pour quelque affaire mystérieuse qu'elle remerciait intérieurement. Mais déjà, elle avait oublié qu'il existait. Elle monta les marches avec précaution. Il lui semblait presque qu'elle ne touchait pas terre, qu'elle rêvait, qu'elle allait se réveiller – un pas après l'autre, et non, tout était toujours là. Elle avait une conscience terrible du simple fait de respirer, parce que c'était tellement vivant, tellement banal, et pourtant ça n'aurait pas du être possible, pas là, pas maintenant...

 Tout cela tournait dans son esprit en ébullition, et elle se sentait incapable de parler. Elle devait, à chaque seconde, maintenir dans sa tête l'idée de ce qu'il lui arrivait. Chaque mouvement lui rapellait cela, chaque pierre du mur qu'elle voyait, chaque son qu'elle percevait. Le monde extérieur était si présent qu'elle était incapable de lui retourner la pareille. Elle s'effaçait, parce qu'elle devait d'abord comprendre. Et alors, seulement, quand la vérité ne serait plus une notion aussi absurde, elle pourrait à nouveaux avancer avec ce semblant de certitude qui permettait aux stoïciens de marcher sans craindre que le sol ne disparaisse sous leurs pieds.

 Elle avançait sans vraiment faire attention, et failli oublier de s'arrêter quand l'autre femme le fit. Elle pila juste à temps, et lui jeta un regard égaré. C'est seulement à ce moment-là qu'elle se rendit compte qu'elle lui avait parlé – oui, si elle se creusait la cervelle, elle pouvait presque se souvenir de sa voix . Mais elle n'avait littéralement rien entendu. Heureusement, la femme ne sembla pas lui en tenir rigueur. Tout au plus lui jeta-t-elle un regard un peu hésitant. Elle devait penser qu'elle était bizarre. Comme à peu près tout le monde, songea Ludmilla, en habituée, avec amusement.

 Histoire de ne pas trop augmenter sa confusion, elle tâcha de se concentrer un peu sur ce qu'il se passait. Elles étaient arrivé devant une porte qui se découpait dans le mur de pierre, et aurait tout aussi bien pu servir de décor pour un film d'horreur façon château hanté.

- Allez y, entrez, dit la vielle femme en s'effaçant pour la laisser passer, souriante.

- Euh...merci...Répondit Ludmilla, hésitante.

 Parler ne faisait pas diparaître l'impression d'étrangeté qui l'habitait. En fait, elle avait le sentiment, au fur et à mesure qu'elle réalisait qu'elle pouvait voyager dans le temps, que tout devenait considérablement étrange. Elle entra avec lenteur dans la pièce, et considéra vaguement l'endroit. Elle remarqua à peine le bureau, les étagères bardées de tiroirs fermés qui couvraient les murs, ou la cheminée – éteinte .  Au contraire du lit, qui lui rappela soudain qu'elle n'avait pas dormi plus d'une heure la veille. Comme elle réalisait cela, tout le poids de sa fatigue lui tomba soudainement dessus, et elle se demanda si la sensation de flou qu'elle éprouvait n'y était tout simplement pas liée.

- Donc, voici votre chambre. Et voici la porte de la salle de bain...Ah, oui...Vous avez faim ?

- Non, non, fit Ludmilla. Et, ne faites rien, je m'en charge. Vous n'avez pas besoin de faire ça, enfin...Je crois que l'autre imb...Je veux dire...Le Dévoreur de Temps...Il vous avait demandé quelque chose, non ? Je vous en prie, allez y, je ne voudrais pas vous retarder.

 Elle avait soudainement envie d'être seule. Parce qu'être seule voulait dire pouvoir se laisser tomber sur la couverture de ce merveilleux lit, qui lui apparut soudain vraiment très attirant. Et, accessoirement, essayer de réaliser un peu ce qu'il se passait. La compagnie d'une autre personne l'empêchait plus qu'autre chose de se laisser aller à ces deux tentations.

- Très bien , répondit la femme, réalisant probablement l'état de fatigue de la jeune fille. Je vais vous laisser vous reposer alors. Ah, oui, et...Vous voyez, cette porte ? (elle en indiqua une autre, qui se trouvait sur le mur à gauche de l'entrée  ). Elle donne sur la pièce d'à côté. C'est là que dors ce cher Istvan !

- Ah bon , répondit Ludmilla, avec la pensée fugitive qu'il fallait qu'elle soit bien fermée, histoire de ne pas risquer qu'un guerrier somnambule ne débarque pas dans sa chambre au milieux de la nuit, armé, et pas très-très content.

 Puis, elle se demanda pourquoi la vieille dame lui disait cela. Oui, ils se connaissaient, mais bon. Ils s'étaient vu quoi, quelques heures ? Et surtout, tout cela avait finit par elle lui donnant un coup dans la figure. Après cela, elle doutait fort que l'homme souhaite devenir ami avec elle. Peut être plutôt la transformer en hachis avec son épée, histoire de venger son honneur ou un truc comme ça. D'ailleurs, elle même ne souhaitait pas vraiment faire plus ample connaissance avec ce qui restait après tout pour elle un inconnu. Elle ne savait pas du tout quel genre de personne il pouvait être. Qui sait ? Et si c'était un Dévoreur numéro 2 ? Mieux valait être prudente.

 Mais apparemment, la vieille femme - dont elle n'avait pas retenu le nom – avait l'air d'avoir conclut tout autre chose de leur brève entrevue, puisqu'elle ajouta avec un étrange sourire :

- Vous voulez aller le voir ?

 Ludmilla la regarda un instant, interdite. Pourquoi donc? Est ce qu'elle voulait vraiment qu'ils deviennent amis ? Mais pour quelle obscure raison ? Peut-être cet Istvan n'avait il pas beaucoup d'amis. Enfin, elle non plus, et elle n'obligeait pas pour autant les gens à venir la voir – c'était plutôt le contraire. Ou alors, c'était juste le fait de cette femme ? Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien y gagner ? Ca n'avait aucun espèce de sens.

- Euh...Il dort, non ? Répondit-elle.

 Ici aussi, il faisait nuit. Il devait être tard.

- Oui, oui. Il n'est pas très bien, il dort beaucoup. Mais vous voulez peut-être le voir ? Insista la femme, les yeux brillants, et toujours ce grand sourire étrange aux lèvres.

 Ludmilla l'observa, étonnée.

- Je ne comprends pas, lâcha-t-elle finalement, lassée d'essayer de se sortir d'un jeu dont elle ignorait pas les règles. S'il dort, quel intérêt de le voir ?

 Ce qui était, du reste, parfaitement logique. Autant parler avec quelqu'un d'un autre temps pouvait être une idée intéressante, autant regarder un presque inconnu dormir, ben, non . Surtout quand on avait simplement envie de se retrouver à sa place.

 Pourtant, l'autre lui lança un regard surpris, comme si elle venait de dire une chosede proprement incroyable. Puis, finalement, un éclair de compréhension traversa son regard.

- Ahhh, je vois. Vous savez, vous n'avez pas besoin d'être aussi timide , fit elle en posant sa main sur le bras de Ludmilla, le tout assortit d'un hochement de tête complice.

- Euh...Je ne le suis pas , répondit la brune, qui comprenait de moins en moins ce qu'il se produisait, et avait la désagréable impression qu'on se moquait d'elle.

- Oh, la, la ! La jeunesse ! Conclut la dame avec un grand sourire toujours aussi étrange, avant de sortir de la pièce. Bon, je vous laisse, bonne nuit !

 Après avoir marmonné un vague salut et refermé la porte , Ludmilla resta debout cinq minutes à essayer de comprendre avant de décider que de toute façon, elle s'en fichait et de se laisser tomber sur son lit. Et là, enfin, elle se souvint. Ce sourire lui était familier. Elle l'avait déjà vu quelque part.

  En fait, c'était plutôt quelques parts. Ce type de sourires la poursuivait depuis un certain temps, décliné sur différents visages et il la mettait extrêmement mal à l'aise, parce qu'elle savait qu'ils se trompaient tous. Ce n'était en effet pas de simples expressions, c'était des signes de reconnaissance. Elle avait appris à les percevoir, parce que c'était le genre de regard qu'elle ne s'attirait que dans certaines cironstance, et il n'était pas bien difficile d'en deviner le sens. Par exemple, Julie le lui avait adressé après qu'elle lui ait présenté Lucas, la première fois. Cependant, ces messages silencieux qu'ils lançaient avaient torts. C'était faux. Mais elle n'avait jamais eu de mot pour expliquer pourquoi tous ces gens n'avaient pas compris. Elle ne pouvait pas vraiment se l'expliquer à elle-même, non plus. La réalité qu'elle éprouvait ne l'était pas par assez de personnes pour qu'on ait inventé quoi que ce soit pour la décrire. Pour ce qu'elle en savait, elle pouvait tout aussi bien être la seule à ressentir de telles choses. Et c'était peut-être pour ça qu'elle avait hésité avant d'inventer ce mensonge particulier pour ses parents, parce qu'elle savait qu'il lui faudrait affronter ces sourires-là par la suite, et c'était quelque chose qu'elle trouvait vraiment désagréable. Il lui semblait que c'était comme autant de mensonges qu'on l'aurait forcée à dire, et comme autant de coups que l'on portait à son identitée déjà bien blessée.

 En tout cas, tout s'éclairait. Cette femme la croyait amoureuse d'Istvan. Rien qu'à y penser, elle ne se sentait pas bien. Elle soupira. Quand est ce que les gens allaient arrêter de la croire amoureuse de quelqu'un ? C'était passablement énervant. Et passablement faux. Et passablement bizarre, de toute façon. Qu'est ce qu'ils croyaient, qu'on tombait amoureux de quelqu'un juste parce qu'il était du genre opposé ? Ben voyons. C'est pas comme ça que ça marche. Et les gens qui aiment tous les genres, ils n'ont jamais d'amis, c'est ça ? Enfin...Ce n'était peut-être pas à elle de dire comment ça marchait. Après tout, elle ne le savait pas, ne l'ayant jamais expérimenté par elle-même. Et c'était tant mieux. Quand elle voyait l'état dans lequel cela pouvait mettre les gens autour d'elle, elle se sentait extrêmement chanceuse. C'était comme si un espèce de sort maléfique les avait rendu complètement fous. Il suffisait de voir Julie pleurer pour des inconnus, et Lucas faire exactement pareil .  Là, on pourrait croire à la magie.

 Le problème, c'était qu'elle savait qu'elle n'allait rien pouvoir faire pour enlever cette idée de la tête de qui que ce soit. Il suffisait de voir l'expression de ses parents, quand elle parlait de Lucas, exactement comme s'il était impossible qu'elle soit juste en train de parler de Lucas, mais qu'elle était forcément en train de secrètement rêver d'une relation romantique avec le même Lucas. Ce qui n'arrivait pas quand elle parlait de Julie, tiens donc.

 Elle se redressa soudain. Julie. Ils ne l'embêtaient pas avec Julie, parce qu'ils pensaient qu'elle ne pouvait pas en tomber amoureuse. Enfin,c'était vrai, aussi, mais pas pour les raisons qu'ils pensaient. Mais ce n'était pas ça qui l'avait réveillée. En fait, l'idée qui venait de lui traverser l'esprit lui paraissait soudain brillante.

 Si j'étais un garçon, ils ne penseraient pas ça.

 Ce n'était qu'une pensée anodine, et assez véridique. Sauf que c'était aussi une clé. Ludmilla sentit son esprit se réveiller peu à peu comme l'excitation qu'elle connaissait bien courait dans ses veines. Ce n'était pas celle d'avoir découvert quelque chose de nouveaux. C'était celle qu'elle rencontrait chaque fois qu'elle sentait les rouages du mécanisme s'emboîter parfaitement. Chaque fois qu'elle trouvait la solution.

- Mais oui...

 Elle se leva. L'idée n'était pas vraie que pour ses parents. Elle était vraie pour beaucoup, beaucoup d'autres gens. Elle eût presque envie d'éclater de rire, tant cette simple pensée était presque universellement réelle. C'était véritablement cela, qu'il fallait savoir sur le monde, quand on était elle.

 Dans un coin de la pièce, il y avait une armoire, qui ressemblait bizarrement à celle de sa chambre. Elle s'en approcha, hésitante. Elle sentait presque un vœux se formuler dans son esprit. Il fallait qu'il y ait ce qu'elle cherchait. Il le fallait. Elle tira la poignée de la porte, qui trembla sur ses gonds. Des dizaines de vêtements se trouvaient là, bien rangés sur des cintres, comme  si la chambre était déjà habitée. Ca avait sûrement été le cas, car elle ne s'expliquait pas autrement leur présence. Elle farfouilla un instant. Ces habits étaient ceux que l'on aurait pu décrire comme étant « de garçon », quoique ça n'ait pas vraiment de sens de dire cela. Mais le plus étrange était qu'ils paraissaient à sa taille. Elle saisi un pull, ota son tee-shirt l'enfila. Non...Elle l'enleva, ôta son soutien-gorge, et l'enfila de nouveaux. Le résultat n'était pas trop mal, mais elle sentait qu'il manquait quelque chose. Elle enfila un jean bien large. Ses hanches disparurent. Elle sourit, satisfaite.

 Alors, elle se dirigea avec hésitation vers la pièce que la femme avait désigné comme étant la salle de bain – enfin, elle supposait que c'était cette pièce-là qu'elle avait désignée, et elle l'espérait très fort. Par chance, c'était bien le cas. L'endroit était petit, fonctionnel, et contenait exactement ce dont elle avait besoin : un grand miroir en pied. Elle s'y regarda. Avec surprise, parce qu'elle n'avait pas cru qu'elle pourrait réellement réaliser son idée, elle constata que ça marchait. Oui. Ca peut le faire. Mais...Son visage. Non, ça n'allait pas. Il ne serait pas perçu comme elle le souhaitait. Mais que faire ? Elle ne mit pas à longtemps à trouver.

 Vite, elle alla récupérer sa sacoche qu'elle avait oublié sur le sol. Elle en enleva sa trousse à outil, puis farfouilla jusqu'à ce qu'elle trouve dans un « Aïe » énervé sa paire de ciseaux. Contre un mur, entre deux étagères de livres, se trouvait un bureau, surmonté d'un  miroir. Elle se laissa tomber sur la chaise qui lui faisait face et contempla son reflet.  Sa main hésita un instant, laissant les ciseaux se balancer au bout de ses doigts. Il fallait bien réfléchir. Ce n'était pas que quelques vêtements. Ce serait irréversible.

 Et si c'était inutile ? Elle fût prise d'un doute. Au moins deux personnes savaient ce qu'elle était. Elle avait clairement laissé passé le « femme » de tout à l'heure. Mais...Non, c'était bon. Elle pouvait facilement inventer une histoire pour la vieille dame. Après tout, cette dernière en avait déjà une en tête. Quand au Dévoreur...Bon...Il était très occupé. Il avait mieux à faire. Et puis qu'allait il faire d'autre, d'abord ? S'écrier quand il la verrait : « Mais oh what c'est pas des vêtements de fille han ! Regardez tout le monde c'est une femme qui met pas des vêtements de femme omg j'ai peur aaahhh !  » Non, il n'est quand même pas débile à ce point. Enfin, j'espère. Bon, elle allait compter sur le fait qu'après tout, il avait une guerre à gérer. Et il y avait d'autre personnes ici. Peut-être un grand nombre. Il avait dit qu'il était un espèce de sauveur de gens. A moins qu'il ne se vante, c'était très possible qu'il ne la repère pas dans cette foule. Et même si tous ces gens n'étaient pas vraiment présents,il pouvait l'oublier quand même, parce qu'elle ne devenait alors qu'un visage parmis les milliers à qui il avait offert le voyage dans le temps. Oui, elle pouvait compter là-dessus. Un regard à gauche lui rappela cependant qu'il n'était pas le dernier à savoir. Il y avait aussi la personne qui dormait de l'autre côté. Elle hésita. Alors là...Pas de doutes, si son voisin pouvait lui nuire, il le ferait. Elle lui avait fait sacrément mal, quand même. Mais...La vieille dame avait dit qu'il dormait beaucoup. Il devait être malade. Donc, il n'allait pas sortir énormément. Elle pouvait toujours l'éviter. Et sinon...

 Et sinon, elle n'avait pas le choix. Etre une femme n'était pas bon dans le passé, autant que dans son présent, et, elle le craignait, jusque loin après elle, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun être humain sur terre. Elle ne savait pas ce qu'elle aurait pu faire si elle était née quelques années en arrière – elle se serait tuée, probablement. Elle ne pouvait pas concevoir ce que serait une vie faite entièrement d'interdits, de corvées répétitives et épuisantes, de dégoût de son propre corps, de violences, de viols, de meurtres, de haine. Rien que cela, toujours cela. Elle ne pouvait déjà pas accepter d'en vivre la version d'aujourd'hui. Peut-être que si elle n'avait connu que ce passé atrpce, alors elle l'aurait accepté. Les femmes avaient, incroyablement , réussi à survivre à tout cela, après tout. Et elles y parvenaient toujours, car ce n'était pas finit. Aujourd'hui, cela semblait pourtant normal, mais c'était quelque chose de commun : la haine s'était offert les apparâts de l'habitude, comme elle le faisait tout le temps.

 Autrefois, elle aurait pu survivre à autrefois. Mais si elle retournait dans le passé en étant elle, alors...Non. Elle ne voulait même pas y penser. Elle ne devait jamais apparaître comme elle. Elle devait devenir un il .

 Sa main saisit résolument la paire de ciseaux. Elle coupa lentement, précautionneusement, la première des mèches sombre. Puis, de plus en plus vite, et finalement un tac-tac régulier emplit la pièce silencieuse pendant un moment. Finalement, elle eût terminé. Elle posa l'objet sur le bois du bureau, et balaya vaguement les cheveux qui étaient tombés sur lui. Face à elle, son reflet la regarda, calme. Son visage n'avait pas beaucoup changé depuis tout à l'heure. Sa raie était presque la même. Mais, maintenant, elle n'avait plus cette longue traîne noire qu'elle s'était habituée à voir derrière elle. C'était un peu étrange, parce qu'elle en avait toujours eu l'habitude. Mais, en même temps, elle se sentait presque soulagée d'avoir fait ça. Pourquoi avait elle gardé ses cheveux longs aussi longtemps ? Ils la gênaient souvent, en plus. C'était juste une vieille habitude. Et elle s'en était débarassée.

 Son image continuait de la fixer, aussi calme qu'elle. Il n'y avait plus de quoi s'inquiéter, en effet. Cette image était débarassée de toutes les malédictions. Elle respirait la chance d'être née comme il le fallait en ce monde. C'était l'image où beaucoup verraient un homme, blanc, qui plus est,valide, que l'on supposerait à première vue hétérosexuel parce que l'on supposait toujours tout le monde hétérosexuel à première vue, et de même, cisgenre. Et qu'importait si, en son for intérieur, Ludmilla savait pertinemment que c'était l'image d'une femme pas vraiment douée pour être hétérosexuelle. Ca n'avait aucune espèce d'incidence. Ce qui comptait, c'était ce que le beaucoup percevrait. Et maintenant, elle pourrait avoir le beaucoup dans sa poche. Ce beaucoup qui refusait de voir son existence, elle la lui imposerait. Il ne pouvait supporter sa vérité ? Eh bien, elle l'amadouerait. Elle serait vraie en par le mensonge qu'il réclamait à corps et à cris pour pouvoir soutenir sa vie. Et elle espérait, tout au fond d'elle même, qu'elle pourrait un jour ne plus mentir. Mais, et c'était peut-être cela qui faisait frémir le visage dans la glace – ce jour n'arriverait peut-être jamais. Et, éternellement, les femmes seraient punies parce qu'elles étaient des femmes. Le seul moyen d'y échapper, c'était disparaître. Alors elle allait disparaître.

 Elle se releva. La fatigue la rattrapa comme elle se retrouva debout. Elle chancela, tâtonna dans l'entrée pour trouver l'interrupteur, éteignit la lumière, et alla se laisser tomber sur le lit qu'elle devinait dans la pénombre. Ce ne fût que lorsqu'elle ferma enfin les yeux que les larmes cessèrent de rouler sur ses joues.

HRP:
AnonymousInvité
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Targoviste : Arrivée de Ludmilla  Empty Quand Abby rencontre Lu...

Message  Invité Mar 30 Déc - 3:38

Sa vision l’avait chamboulée. Elle n’aurait pas dû voir cette chose. Car ce ne pouvait être qu’une chose et non une personne, Brittany Leroy étant morte bien des années avant. C’était terrifiant. La porte claqua derrière la blonde. Je suis sortie. Je fais quoi, maintenant ? Abigail regarda autour d’elle. Elle fut tentée de remonter le couloir pour voir ce qu’il y avait plus loin. Mais elle n’était pas chez elle. C’était un sentiment très étrange, d’ailleurs, que de se savoir ailleurs que chez soi. Abigail réalisait seulement que c’était la première fois de sa vie qu’elle allait dormir dans une autre chambre que la sienne. Cette idée lui faisait un peu peur. Mais elle ne réalisait pas encore tout à fait ce que cela signifiait. Elle ne voulait pas y penser, pour le moment. Trop d’émotion tue l’émotion.  Elle s’adossa à la porte. Qu’avait – elle soudainement ? N’avait – elle pas toujours préféré être seule ? Aimé se tenir à l’écart de tout être humain ? Mais il lui semblait que cette solitude si longtemps pratiqué lui pesait terriblement. Elle savait, au fond, que c’était la culpabilité d’avoir quitté la maison qui la tiraillait. Ses parents allaient mourir d’angoisse. Elle espéra qu’Ann – Katrin parvienne à les calmer. Mais alors elle apprendrait pour la tumeur, elle saurait tout le chagrin que cette annonce avait apporté, et très certainement qu’elle ne comprendrait plus. Peut – être même qu’elle finirait par s’en vouloir d’avoir laissé son amie partir. Qu’elle s’inquièterait finalement. Abigail s’en voulait de ne pas lui avoir dit la vérité. Aussi folle qu’elle puisse être, la vérité valait toujours mieux qu’un mensonge. Elle soupira. Oui, elle avait omît de dire que le voyage en question ne l’emmènerait pas seulement hors du pays, mais aussi hors du temps, hors de leur temps à elles. Elle ne m’aurait pas crue, de toute façon. La jeune femme tentait de se déculpabiliser. Il fallait que je pense à moi, se dit elle. C’était évident maintenant. Elle avait fait ce qu’il fallait, car c’était le seul choix à faire. Et qui, d’ailleurs, aurait refusé une opportunité de vivre ? Personne bien entendu. Elle ne faisait pas exception. N’était – ce pas une promesse de renouveau qui l’avait poussée à partir ? A bien y réfléchir, Abigail songea que c’était ce que les Goldstein auraient voulu pour elle, eux aussi. Alors il n’y avait pas à s’en faire ? Tout était bien plus clair. La blonde soupira. Un faible sourire étira ses lèvres. Oui, ce devait être ça. Et pour ce qui était de sa… « sœur », il ne s’agissait que d’une hallucination. Elle avait lu quelque part que ça risquait de lui arriver. Ses cachets auraient pu éviter cela … Mais ils étaient restés à Giant Goose, alors autant ne plus y penser. Et puis finalement, ce n’était pas si mal de revoir Brittany. Abby se rendit soudainement compte qu’elle avait imaginé sa sœur adulte. Pourtant, elle ne pouvait pas savoir à quoi sa jumelle aurait bien pu ressembler … Elle se promit d’essayer de lui parler un peu plus si elle la revoyait, oubliant un instant qu’il ne s’agissait que d’une image produite par son cerveau malade.
Après plusieurs minutes de réflexion, elle se détacha finalement de la porte de sa chambre. Elle marcha jusqu’à l’escalier qui donnait sur le hall, descendit les marches, puis se planta devant le début du couloir où avait disparu Vladimir à leur arrivée. Un instant, elle fut tentée d’aller le chercher. Mais il lui avait dit avoir du travail, non ? Elle allait le déranger. Cette idée la fit frissonner. Rapidement, elle retourna sur les marches, les remontant deux à deux. Elle retourna dans son couloir. Elle ne voulait cependant pas se cloîtrer dans sa chambre jusqu’à ce que quelqu’un daigne venir la chercher. Elle préférait tenter une visite secrète des lieux. Ou au moins du couloir dans lequel se trouvait sa chambre. A chaque nouvelle pièce, elle tentait d’ouvrir la porte. Parfois elles s’ouvraient sur des endroits vides, parfois elles restaient fermées. La septième porte qu’elle ouvrit – elle ne les ouvrait pas vraiment dans l’ordre, celle – ci se trouvait plutôt en avant du couloir – donna sur une chambre semblable à la sienne. Ce qui fit qu’elle ne referma pas aussitôt la porte, c’est qu’elle vit dans la pénombre une montagne de ce qui semblaient être des cheveux sur le sol. Qu’est ce qu’ils faisaient ici, ces cheveux ? Elle cligna des yeux. Non, elle ne rêvait pas. C’était bien des cheveux. Elle entra discrètement dans la chambre. Des cheveux … Non c’était vraiment trop étrange. Une angoisse monta en flèche en elle. Et si elle avait eu tord de suivre ce type ? Si elle avait eu raison de le prendre pour un psychopathe ? Elle porta une main à son cœur, sentant ses douleurs cérébrales menacer de refaire surface. Non. Je dois encore rêver… Elle déglutit, et fit quelques pas vers le tas de cheveux. Elle se baissa ensuite, pensant qu’ils disparaitraient quand elle essaierait de les saisir. Mais au lieu de ça, elle attrapa une belle poignée de ces cheveux noirs, et les serra entre ses doigts. Elle poussa un petit cri. Au même moment, la porte dans son dos claqua, plongeant la pièce dans le noir. Affolée, Abigail fit volte face, voulant courir hors de la pièce, mais une vive lumière l’éblouit. Elle leva machinalement un bras devant ses yeux. C’est alors qu’elle le vit. Il y avait un garçon allongé sur le lit. Ou du moins, il lui sembla que c’était un garçon. Elle l’observa, un peu intriguée. Est ce qu’il avait été amené ici par Vladimir, lui aussi ?  Le garçon cligna des yeux et se redressa en voyant Abigail. Il fronça les sourcils, et elle se demanda si elle ne lui avait pas fait un peu peur. Elle se souvint de l’apparition de Brittany. Alors elle s’empressa de parler pour lui montrer qu’elle n’était pas un fantôme.

- Euh … Salut ?

Bon d’accord. Elle aurait pu faire mieux.

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Targoviste : Arrivée de Ludmilla  Empty Re: Targoviste : Arrivée de Ludmilla

Message  Invité Mar 30 Déc - 5:18

Il paraît que lorsque les choses sont sur le point de s'arranger, l'on se sent soulagé.

Après avoir voyagé dans le temps et découvert qu'elle pouvait retrouver son ami, Ludmilla aurait dû se sentir soulagée. Théoriquement, après avoir compris comment ne plus être méprisée par quelque triste individu, elle aurait dû se sentir encore plus soulagée. Et, quand elle s'était endormie, oubliant tout ce qui pouvait détruire quelqu'un et qui se produisait en cet instant même, elle aurait dû être une parfaite définition du soulagement.

Eh bien, c'était complètement faux. Oh, il y avait sans doute quelque chose comme du soulagement qui l'habitait. Une espèce d'abandon face à l'effacement de tous ces problèmes. Mais ce sentiment était malheureusement complètement dominé par une extrême excitation. Et, malgré toute la fatigue que Ludmilla éprouvait, quand elle était dans cet état, elle pouvait se réveiller pour n'importe quoi. Un pas, dans le couloir. Un murmure. Un bruit de vent. Alors, une porte qui claque suivie d'un cri...

Dès qu'elle entendit le bruit, elle sursauta. Ses yeux s'agrandirent, tandis que son cœur affolé se mettait à battre au même rythme que les « quoi » qui traversaient son cerveaux à toute vitesse. Il lui fallu quelques secondes pour se souvenir de l'endroit où elle était. Quelques autres encore pour réaliser que cri = quelqu'un. Quelques unes de plus pour tâtonner sur le mur à côté d'elle, pour trouver un interrupteur – oui, il y'en avait un.

Elle commença par être aveuglée par la lumière. En se redressant, elle cligna des yeux, grimaçante, jusqu'à ce que sa vision se réveille à son tour. C'est alors qu'elle la vit.

Le quelqu'un était une quelqu'une – c'était du moins ce qu'il semblait, songea-t-elle – qui la regardait fixement, sans un mot. Sa première pensée fût que cette inconnue était plutôt jolie. Sa seconde, que c'était complètement débile de penser ça maintenant . Sa troisième, que ce n'était heureusement pas un Istvan en quête de vengeance musclée. Puis, elle fronça les sourcils, tant cette situation était bizarre. Qu'est-ce que cette fille fichait ici ? Elle l'observa avec méfiance, s'attendant à presque tout, sauf à ce qu'elle dit, d'une voix hésitante. « Euh..Salut . » Ludmilla s'assit complètement, l'air passablement surprise. « Euh...Salut. » Hein ? Sérieusement ? Euh, Salut ? Genre, bonjour, je passe chez vous au milieux de la nuit, pendant que vous dormez, mais tout va bien, c'est une situation parfaitement ordinaire, et sinon comment vous allez ?

- Non, mais, ça va pas ?! S'écria Ludmilla, scandalisée.

Elle n'avait pas assez dormi pour mettre les formes, et elle était trop énervée pour rester calme. La seule chose qui la retint de poursuivre immédiatement sur sa lancée fût sa voix. Au moment où elle sortait de sa bouche, elle réalisa qu'elle ne devait pas être une voix aïgue – sinon, elle ne serait pas perçue comme elle le voulait. Par chance, elle était encore enrouée par le sommeil, et ce fût un son plutôt grave qui résonna dans la pièce. Elle allait devoir prendre garde à ne plus commettre la même erreur.

Mais ce n'était pas ça qui allait l'arrêter.

- Qu'est ce que vous faites là, au juste ? Ca vous prend souvent d'entrer dans la chambre d'inconnus, comme ça, pendant qu'ils dorment ? C'est une espèce de blague, c'est ça ? Parce que, spoiler : les trucs comme ça, c'est pas drôle pour la moitié de l'assistance. Genre, la personne qui dormait, vous voyez ?

Malgré la spontanéïté de ses mots, elle avait bien fait attention à parler avec la bonne voix. Aussi bizarre que soit cette fille, elle était là, et il n'était pas question que sa couverture soit détruite à cause de son manque de vigilance pour cause de colère. Mais prendre cette précaution n'était pas quelque chose qui allait la démonter. Elle avait l'habitude. Cette voix, elle s'était longuement entraînée à la faire. C'était Julie qui lui avait appris à pouvoir parler ainsi, quand elles avaient besoin de se déguiser pour ne pas se faire reconnaître d'une cible. La blonde l'appellait l'appellait sa « voix de garçon ». Et Ludmilla la maîtrisait parfaitement. C'est donc tout naturellement qu'elle conclut :

- Vous êtes aussi sympathique que votre grand ami, cet id...le Dévoreur ! Non, mais franchement ! Vous êtes tous comme ça ici ? Et qui vous êtes, d'abord ?

Puis, croisant les bras, elle s'interrompit, attendant une réponse.




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Targoviste : Arrivée de Ludmilla  Empty Premiers mots

Message  Invité Mar 30 Déc - 22:48

Se faire crier dessus n'était certes pas une des choses auxquelles elle s'était attendue ... Des questions, ça oui. Un étonnement, c'était évident. Mais la réaction de ce garçon était assez déroutante pour Abby. Pas qu'elle ne comprenne pas qu'il puisse être en colère, mais elle se sentait plutôt secouée par le voyage, et elle était loin de penser que qui que ce soit puisse la secouer. Elle cligna des yeux. Il avait l’air passablement remonté … La blonde l’écouta la sermonner, jusqu’à ce qu’il se taise finalement pour lui laisser la parole. Sur le moment, aucun son ne sortit d’entre ses lèvres. Elle restait là, hébétée, à fixer le jeune homme qu’elle avait malencontreusement tiré du sommeil…

- P-Pardon …

Elle avait dit ça tellement doucement qu’elle douta qu’il ait pu l’entendre. Elle déglutit, reprit plus fort.

- Excusez moi, je ne voulais pas vous réveiller. C’est juste que je… Enfin je viens d’arriver et … Je voulais visiter, et puis j’ai vu les cheveux, elle désigna le monticule dans son dos, j’ai eu peur et …

Elle s’arrêta, se souvenant soudainement d’une chose qu’il venait de dire. Le dévoreur ? Elle fronça les sourcils. De quoi parlait – il ? Qu’est ce que c’était que ça, un dévoreur ? Une sorte de machine ? Non, plutôt un animal, car il avait l’air de supposer qu’elle pouvait être amie avec. Alors peut – être une personne ? Mais c’était bien étrange comme nom … Qui pouvait bien oser porter un nom aussi ridicule ? Non mais vraiment… Ça sonnait faux – super héro vaniteux … Abigail secoua la tête. Rapidement, elle reporta son attention sur le garçon qui la fixait, bras croisés.

- Qu’est ce que vous avez dit ? Le dévoreur ? C’est quoi ça ? Excusez moi, mais je ne suis pas ici depuis très longtemps, et le docteur Stanzas n’est pas resté assez longtemps pour m’expliquer … Euh … Ce qu’il se passait ici …

Abigail hésita. Le jeune homme face à elle semblait étonné. Elle songea qu’il ne connaissait peut – être pas Vladimir.

- Vous connaissez le docteur Stanzas, n’est ce pas ?

Elle rougit légèrement en se remémorant le voyage dans le temps.

- Au fait, pardon, je ne vous ai pas répondu. Je m’appelle Abigail Oska Leroy, fille de …

Elle se stoppa. Non. Juste, Abby. Elle avait pour habitude de décliner son CV identitaire complet ; c’était la coutume sur les plateformes, à cause des robots – policiers de contrôle. Il fallait donner le plus d’informations pour être retrouvé dans les fichiers… La jeune femme eut un pincement au cœur. Elle changea vite de sujet de pensée, ne voulant pas se rappeler Néo New York.

- Abby. Je m’appelle Abby. Désolée de vous avoir réveillé.

Elle glissa une main dans sa nuque, et ramena les quelques mèches évadées dans son dos sur son épaule droite. Elle plongea son regard dans celui du jeune homme. Un frisson la secoua.Comme c’est étrange …  Alors qu'elle aurait habituellement tout fait pour s'échapper de cette chambre et éviter tout contact humain, elle se surpris à vouloir discuter avec le garçon. Les invités du docteur Stanzas sont - ils tous aussi attractifs ? Un peu chamboulée, Abby risqua une question. Après tout, le non était assuré ; tout ce qu'elle risquait c'était un oui !

- Je peux vous demander votre prénom ?

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Targoviste : Arrivée de Ludmilla  Empty Re: Targoviste : Arrivée de Ludmilla

Message  Invité Mer 31 Déc - 4:07

L'inconnue avait l'air un peu secouée. Elle la regarda un moment, comme pétrifiée, avant de finalement dire « pardon » si faiblement qu'elle faillit ne pas l'entendre. Probablement n'avait elle pas prévu de se prendre l'acide ludmillesque dans la figure. Mais Ludmilla n'avait pas prévu non plus de se faire réveiller en pleine nuit parce que cette fille avait décidé que c'était super cool de se promener la nuit dans la chambre des autres, et elle se contenta de hausser les épaules à l'écoute de ses explications.

 La suite la rendit beaucoup moins tranquille. La mention que l'autre fit de ses cheveux abandonnés par terre lui fit l'effet d'une douche froide. Et m... Comment avait-elle pu oublier ça ? Bon, elle n'avait pas vraiment prévu que quelqu'un puisse rentrer pendant qu'elle dormait, mais quand même. Elle évita de jeter un œil coupable à son oubli. Prends l'air normal. Tout doit avoir l'air normal. Elle réfléchit à toute vitesse à un moyen de trouver une explication logique pour cela.

 Pendant ce temps, l'autre fille, après quelques instants de réflexion, poursuivi. Ludmilla, malgré le problème qui l'occupait, faillit éclater de rire lorsqu'elle demanda ce qu'était un Dévoreur. Si rire au milieux de la nuit – il était quelle heure, d'ailleurs ? - n'était pas très indiqué, rien ne l'empêcha néanmoins d'afficher un sourire amusé. La suite la renseigna un peu. Si elle n'avait pas la moindre idée de qui pouvait être le docteur Stanzas, elle comprit rapidement que l'inconnue n'était certainement pas une habituée des lieux. Peut-être une nouvelle arrivante, comme elle ? Une nouvelle arrivante qui devait bien aimer ce docteur, décidement, puisqu'elle insista pour savoir si Ludmilla le connaissait. Pourquoi aurait-t-elle dût savoir qui il était ? Mais la jeune fille était déjà passée à sa présentation. Elle était donc Abigail – non, Abby. Et elle voulait savoir son prénom.

– Mon prénom ? C'est L...

 Elle s'interrompit. Et re m... Un prénom ! Elle avait complètement oublié de se choisir un prénom qui donnerait bien l'impression qu'elle voulait. Ludmilla, ça ne passerait pas. Prise au dépourvue, elle hésita, essayant désespérement de trouver une idée. Il lui semblait que son cerveaux avait soudain décidé de faire la sieste qu'elle n'avait pas pu avoir. Aucun prénom en L ne lui venait à l'esprit. Non, non, c'est pas vrai...

– C'est euh...L...hmm...

 Oh, non ! Il fallait absolument qu'elle trouve, sinon...Ca lui ferait une bizarrerie de plus à expliquer, avec le tas de cheveux. Et c'était une bizarrerie de trop.

– L...Euh...Lo...Lou ! C'est Lou ! s'exclama-t-elle enfin.

 Puis, consciente qu'elle devait trouver une justification pour avoir mit si longtemps à se rappeler son propre prénom, elle ajouta rapidement :

– Ah, vraiment, je suis trop distrait, quand je viens de me réveiller...

 Abby ne paru pas particulièrement interpelée . Ouf ! Elle poursuivit :

– Et, euh, j'accepte vos excuses. Je crois que si je n'avais pas été fatigué, j'aurais peut-être fait pareil .

 Après tout, elle était dans un lieu et un temps inconnu. Quelle personne saine d'esprit aurait pu rester sereinement enfermée dans une chambre alors qu'elle se trouvait dans un endroit aussi étrange ? C'était proprement impossible. Maintenant qu'elle commençait à être un peu réveillée, elle ne se sentait plus si énervée qu'on l'ait sortie du sommeil. Plus du tout, en fait. Ou plutôt, d'une toute autre manière. A mieux y réfléchir, elle n'avait plus vraiment envie de dormir. Il y avait tout un tas de choses inconnues derrière cette porte. Et ce n'était pas en rêvant qu'elle allait les connaître. Oui, décidément, elle approuvait presque ce que l'autre avait fait, et c'est pourquoi elle poursuivit ainsi :

– Je pourrais presque vous remercier, en fait. J'ai pas trop envie de dormir, finalement...

 Et elle avait vraiment pas mal de choses à faire...Du genre faire disparaître le tas qu'elle entrapercevait derrière la jeune femme.

– Quand aux cheveux s'empressa-t-elle d'ajouter, En fait … Je me disais juste que ça serait plus pratique pour voyager dans le temps, parce que, hm...Ils étaient beaucoup trop longs, et je ne voulais pas me faire repérer. Je me suis dit que ce serait mieux de passer inaperçu. Des cheveux courts, ça se fond plutôt bien dans la foule, et puis, on peut mettre une perruque si besoin, alors que des cheveux longs...

 Stop ! Tu vas trop loin. Ça va se voir à dix kilomètres que tu racontes des mensonges! Elle s'interrompit, et se dépêcha de changer de sujet :

- Pour ce qu'est un Dévoreur...C'est une personne, en fait. C'est ce type qui a le pouvoir d'envoyer les gens dans le temps quand il les touchent...Eh, d'ailleurs...

 Elle s'assit en tailleurs, les yeux brillants de curiosité.

– Comment ça se fait que vous ne le connaissiez pas ? Il n'y a que lui qui a pu vous permettre de voyager jusqu'ici...Enfin...Il m'a dit qu'il était le seul à pouvoir...

 Ou alors, le Dévoreur de Temps lui avait mentit pour se faire mousser ? Ah oui, alors là, il est vraiment débile, quand même. C'était pas possible que je ne découvre pas la vérité. Non, non, exagérons rien. Sa prétention doit quand même avoir des limites. Forcément. Enfin, il y avait plus important.

– Mais d'ailleurs...Si vous êtes là...C'est que bien que vous avez voyagé dans le temps, n'est ce pas ?

 C'était tellement évident qu'elle n'avait pas besoin de poser la question, en fait – mais elle voulait juste dire ces mots, pour les sentir s'ancrer délicieusement dans la réalité . Et comme ils se déployaient, la jeune fille en face d'elle se couvrit soudain d'une aura de mystère. D'un seul coup, elle devint une nouvelle énigme. Fébrilement, elle demanda :

– Du coup...d'où vous venez? Je veux dire...de quand ? Et...C'est comment...là-bas ?

 Elle détailla rapidement la tenue de la jeune femme : un pull, un leggin, et des bottes, le tout en noir . Rien qui ne lui semblait pas commun – mais ça ne voulait peut-être rien dire. Elle réalisa alors qu'elle était peut-être en train d'aller un peu loin. Il était tard, et il y avait des chances que cette inconnue soit fatiguée, malgré son envie de chercher à comprendre ce qu'il se passait. Tant pis, elle allait à nouveaux devoir renoncer à son besoin de savoir...

- Désolée si je vous embête avec mes questions...Mais c'est que moi non plus, je n'ai pas beaucoup de réponses...Et d'ailleurs...

 Finalement, elle n'allait peut-être pas avoir besoin de renoncer. Elle était trop agitée pour dormir, de toute façon. Elle le sentait. Alors...Elle se leva, et se dirigea vers la porte, qu'elle entrouvrit doucement. Dans le couloir, aucun bruit. Personne pour la repérer.

 Elle ne savait pas trop ce qu'elle allait pouvoir chercher. Après tout, tout cet endroit pouvait tout aussi bien n'être qu'un bête dortoir pour voyageurs dans le temps. Mais elle en doutait. Cet endroit devait plutôt être une sorte de base. Et dans ce cas là, il y aurait forcément quelque chose. Des indices. Des échanges. Des voix. Le moyen de savoir comment sauver Lucas. Et de savoir, simplement.

 Elle se retourna vers la jeune femme, qui était restée derrière elle :

– Si vous voulez...Je peux vous raccompagner .

 Elle sourit, espiègle :

– J'en profiterais...pour voir.

 


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Targoviste : Arrivée de Ludmilla  Empty Une rencontre intéressante

Message  Invité Mer 31 Déc - 5:20

Mission accomplie ! Il avait accepté ses excuses. Tant mieux, songea – t – elle. Elle était heureuse de voir cette rencontre devenir un peu plus agréable. Encore un peu endormi, Lou avait mis un petit moment à lui révéler son prénom. C’était court, net, précis. Ça plaisait beaucoup à Abby. Cependant, en observant le jeune homme, la blonde songea qu’il avait un visage à porter un prénom plus original. Peu importait. C’était son nom, c’était ainsi. Sans qu’elle ne le demande, il avait aussi parlé des cheveux. Alors comme ça c’était les sien ? Mais d’où venait – il, ce garçon qui portait des cheveux si longs ? Elle repensa à Ann – Katrin, qui lui avait un jour dit, en se moquant d’un acteur, que les hommes qui portaient les cheveux longs étaient à éviter. Ils étaient plus prétentieux que les autres, selon elle. Pourtant, Lou ne semblait pas désagréable. Ou en tout cas, pas plus que ça, à premier abord. Il était même plutôt charmant. Il était de bien meilleure humeur maintenant qu’il était bien réveillé…Il parla ensuite du dévoreur. Non, pardon, du Dévoreur, puisqu’il s’agissait en effet d’un nom. Et pas de n’importe quel nom ! L’explication donnée par Lou lui donna à penser qu’il parlait de Vladimir sans le savoir. Après tout, il était tout à fait possible qu’il se soit donné un surnom. La jeune femme fut touchée de remarquer qu’il s’était présenté à elle sous sa véritable identité, et nom sous ce sobriquet ridicule. Le rouge lui monta aux joues, honteuse de penser du mal du nom que s’était donné son sauveur. Car c’était bien cela qu’il était finalement pour elle, un sauveur. Abby voulu remercier le jeune homme de l’information, mais il ne lui en laissa pas le temps, enchaînant sur tout un tas de question. Il devina très justement qu’elle venait d’un autre temps, et voulu savoir lequel. C’était tout à fait justifié. Et même, la Néo New Yorkaise apprécia la curiosité. Ce garçon était vraiment adorable. Et dire qu’il lui avait fallu attendre Vladimir Stanzas et ses voyages dans le temps pour rencontrer des personnes dignes d’intérêt. A bien y réfléchir, ça n’était pas réellement les gens qu’elle n’aimait pas, mais leur façon d’être toujours similaire. Lou semblait différent. Finalement, il s’approcha de la porte, et galamment, il proposa à Abigail de la raccompagner à sa chambre. Las de sa solitude, elle apprécia énormément le geste. Peut – être allait – elle se faire un nouvel ami ? Après tout, ils étaient déracinés l’un et l’autre, et avaient très certainement bien plus de points communs qu’elle ne pouvait l’imaginer. Souriante, elle sortit de la chambre.

- C’est très gentil de me raccompagner ! Je n’avais pas envie de rester seule …

Lou  éteignit la lumière de sa chambre et tira la porte.

- C’est par où ?
- Par là, suivez moi.


Et ils s’éloignèrent ensemble dans le couloir.

- Je suis heureuse de vous avoir trouvé. C’est ben d’avoir quelqu’un avec qui parler. Vous m’avez demandé d’où je venais. Eh bien, j’arrive tout juste de la plateforme de Néo New York. Si je ne me trompe pas, nous étions en octobre 2049. Ou peut – être en novembre ? Je dois avouer que je n’ai pas fait attention à la date depuis un moment, désolée … Je peux vous raconter, mais ça risque d’être long. Tenez, ma chambre est là, on sera plus à l’aise !

Abigail s’arrêta devant la porte de sa chambre, et l’ouvrit pour laisser son invité entrer.

- Vous me parlerez aussi de votre temps ! Je suis curieuse de savoir dans quel monde vous avez bien pu grandir …

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