Platerforme d'écriture sur le thème du voyage dans le temps, fantastique, historique, multi dimensionnel et ésotérique. Et si vous deveniez les Gardiens du temps ?
Autres Vies est confié à une nouvelle Fondatrice, Alysta, qui va bientôt lui redonner vie. Le forum intègre par ailleurs la ligue de Matie, une alliance de forums privés. Rendez-vous prochainement pour de plus amples informations ...
Prénom : Christiana Nom :Von Carter Surnom : Honey (uniquement par son père), 'Tiana (par ses "amis"), Princesse (par ses frères) Âge : 25 ans
Époque et lieu de naissance : Upadek, Etats-Unis, New-York, le 15 juin 1920.
Physique : Christiana était un petit brin de femme qui n'avait de petit que la taille. Du haut de son 1,58m, elle arborait une fierté sans pareil, résultant d'un port de tête hautain. La taille fine, des petites jambes, des hanches assez plate, une silhouette fluette qui lui était possible sans le port de l'inconfortable gaine. Seule "tâche" sur ce corps élancé, une poitrine un peu au dessus de la moyenne. Sa poitrine jouait comme un petit rappel à la féminité. Mais c'était aussi un atout pour elle, qui évoluait entourée d'hommes. Pour être écoutée, il fallait être vue. Sa poitrine, avec son bonnet D, faisait parfaitement l'affaire car physiquement, elle ne s'arrangeait pas pour être remarquée.
Tout le monde lui disait qu'elle était le portrait craché de sa mère. Même visage, même voix, mêmes mimiques. Elle portait même son prénom. Elle aurait pu être sa mère, si il n'y avait pas une telle froideur qui se dégageait de son visage. Elle était quasiment inexpressive. Toujours le regard droit, observateur, critique, sévère et autoritaire. Sa bouche pulpeuse et peu souriante était toujours close, comme si l'entrouvrir pouvait laisser sortir des mots, des pensées, des morceaux d'elle. Comme si sa bouche était le couvercle de la boite de Pandore et que l'ouvrir ferait sortir tous les maux de la Terre. Christiana avait la peau naturellement claire mais la noirceur de ses yeux et de sa longue chevelure accentuait la pâleur de ses traits. Elle se maquillait très peu, afin de ne pas entacher l'austérité qui se libérait d'elle. Pour parfaire son physique intransigeant, rude, inébranlable, Christiana évitait les tenues colorées. Elle ne passait pas une journée sans porter un vêtement noir. Le haut, le bas, les deux… elle en avait besoin. Après tout, c'était son arme. C'était son bouclier. C'était elle. Ne rien montrer, ne rien laisser sous-entendre.
A croire qu'elle faisait tout pour être l'opposée de sa mère, qui était enjouée, acidulée, bruyante, remarquable et remarquée. Christiana se parait pour être l'opposée de sa mère. Pour faire taire les comparaisons. En vain. Plus elle s'écartait du modèle maternel, plus on lui rappelait comment sa mère se comportait, se présentait, s'affichait. Mais Christiana n'aimait pas s'afficher. Elle préférait l'ombre à la lumière. Pour passer inaperçue dans l'ombre, il lui fallait donc s'habiller comme une ombre. Le noir était sa couleur. Le noir était sa profondeur. Noir de mélancolie.
Caractère Si elle ne souriait pas, Christiana n'était pas pour autant une personne triste, maussade. Ho non ! Elle avait de l'humour, quoi qu'un peu tranchant. Elle était relativement mélancolique, certes, mais elle savait parfois faire preuve d'optimisme, il lui arrivait d'être d'une grande motivation, voire enjouée. De nature, elle appréciait le calme. De temps en temps, elle sortait, s'amusait, ne s'ennuyait pas et appréciait même cela. Elle évitait juste de trop le montrer pour ne pas casser son austérité naturelle, un atout dans un monde d'homme. Et à ses yeux, rien ne valait le calme de sa chambre et son besoin de solitude la rappelait à l'ordre, quand elle était trop entourée. Peu bavarde avec des inconnus, elle savait tout de même s'ouvrir à ses amis proches, à sa famille. Et surtout, elle aimait espionner. Ecouter et suivre en douce. Surtout Drew, le plus âgés et cavaleur de la fratrie. Christiana était d’une telle curiosité qu’elle ne voyait jamais le danger qu’elle pouvait courir. Christiana n'aimait pas grand-chose, mais quand elle se passionnait pour quelque chose ou quelqu'un elle ne le faisait pas à moitié. Elle aimait ou elle détestait. Elle avait entièrement confiance ou elle se méfiait totalement. Elle méprisait ou elle adorait. Avec elle, c'était tout ou rien. Les extrêmes. C'étaient ce qui qualifiait le mieux Christiana. "Extrême". Son humeur pouvait aller d'un bout à l'autre. Elle était lunatique et travaillait sur elle pour le cacher. Pouvant s'énerver pour un rien ou s'émouvoir pour peu, pleurant ou fulminant intérieurement. Toujours tout intérieurement. Christiana n'était pas expansive en sentiment. Montrer ses sentiments, ses peines et ses joies était, selon elle, un signe de faiblesse. On ne montrait pas ses faiblesses, on les gardait pour mieux les maîtriser. Si elle voulait pleurer, elle se cachait. Si elle voulait rire, elle se contentait de sourire. Seule la colère sortait sans retenue. Elle serrait les poings, crispait les bras, serrait les mâchoires, et fulminait ouvertement sur l'objet de sa colère. Les rares signes d'affection, sourires et rires étaient pour son père et ses frères. Les hommes de sa vie. Quand ils étaient près d'elle, pas besoin de bouclier ou d'arme pour se défendre. Elle se laissait donc aller en émotion. Mais en leur absence, son bouclier était sa retenue et sa froideur, qualité de la jeune femme d'affaire qu'elle était. Son père et ses frères étaient là pour elle, rien que pour elle. Du moins, le temps qu'ils purent. Christiana avait leur affection et le leur rendait bien. Mais uniquement à eux et personne d'autre. Elle était assez débrouillarde, la vie ne lui avait pas laissé le choix. Quoi que vite perdue sans eux. Et capable du pire…
Ordre choisi : dans un premier temps, ce sera Explorateur. L'évolution et le temps diront si Christiana poursuivra sur cette voie.
Métier exercé dans l'époque d'origine : Gérante, puis copropriétaire d'un club (anciennement un speakeasy de son père).
Métier ou fonction après son premier voyage : tout va dépendre de son évolution, mais dans un premier temps, il ne vaut mieux pas qu'elle travaille
Histoire :
- Les jeunes années -
Christiana n‘avait pas de souvenirs très clairs de sa petite enfance. Juste quelques brides du Bacchus Club, leur speakeasy de New-York, comme le bureau paternel, la scène où sa mère chantait avant sa disparition, la ruelle de derrière où des hommes parfois bizarres faisaient des allées et venues. Christiana observait tout ça de la petite fenêtre d‘une cave du club. À 4 ans, elle grimpait en haut d‘une pile de cartons, avec l’aide de son frère Kyle, âgé de 6 ans, pour observer son père faire « affaire ». Il fallait avoir le cœur accroché pour rester à espionner sans avoir peur, sans pleurer, sans crier. C’était peut-être ce qui avait forgé le caractère introverti de Christiana. Et aussi, surement, le fait d’entendre son père scander aux deux frères aînés :
- Les pleurs, c’est pour les fillettes, pas pour les Von Carter !
Kyle et elle étaient trop petits pour avoir droit à ce genre de sermon. Quoi que Kyle commençait à recevoir les « conseils » du grand papa mafieux. Seule Christiana avait droit aux conseils les plus doux :
- Sois une gentille fille et tu auras tout ce que tu voudras, tu entends Honey, reste notre jolie princesse et quand tu seras grande, tu seras la femme la plus heureuse, la plus belle, la mieux habillée, la mieux parée, la plus adulée de New-york. Tu seras l’Etoile du Bacchus ! Comme maman. Toute la ville viendra pour te voir, et peut-être pour t’écouter chanter. Comme maman.
Comme maman. Christiana aurait aimé la rencontrer, cette maman. Drew, Jared et Kyle, ses trois frères aînés, lui parlaient souvent de « maman ». Une belle femme rigolote, souriante, aimante, quoi qu’un peu sévère. Une maman parfaite, selon leurs dires. Une maman française, à la voix et au visage inconnus pour Christiana. Dans l’appartement au-dessus du Bacchus, rien ne laissait présager la présence d’une femme par le passé. Plus de photo, plus de maquillage et de parfum sur la coiffeuse. Plus de robe dans le placard. Plus de chaussures dans l’entrée. Et sur scène, il n’y avait plus son tabouret. Un jour, lors de sa cinquième année, suite à une chute dans l‘escalier de la cave, entrainant une belle entorse, Christiana resta inconsolable. Drew avait eu la bonne idée de sortir de grenier un disque phonographique bien caché par leur père. Protégé comme une relique, mis hors d’atteinte pour le préserver du temps et des oreilles indiscrètes, juste à côté des robes, des chaussures, des parfums et des bijoux. Ce disque était un trésor. Comme le reste des affaires maternelles. C’était le seul et unique disque de leur mère. Il avait été enregistré en 1920, un soir où le Bacchus était plein à craquer, avant la naissance de Christiana. Egoïstement, leur père l’avait caché à la disparition de sa femme. Il le gardait surement pour lui. Mais l’idée que sa fille ait besoin d’une chose de sa mère, d’une simple photo ou d’une simple odeur, ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Drew, lui, avait compris. Sans réfléchir, il avait lancé le disque. Dans le salon privé des Von Carter, la voix de leur mère raisonnait à nouveau. 5 ans qu‘elle ne l‘avait pas fait.
une chanson du disque:
Préférant éviter les foudres de leur père, Jared et Kyle s’étaient déchargés de toutes responsabilités en allant tout simplement dénoncer leur frère ainé. Le coup de ceinture aurait pu tomber. Ce qui épargna Drew, ce fut le sourire radieux de Christiana. Malgré les larmes séchées sur ses joues, elle souriait, les yeux brillants. Ce jour-là, Georges Von Carter descendit du grenier les cartons. Que ne ferait-il pas pour sa princesse. Les robes retrouvèrent un placard (celui de Christiana), les photos eurent de nouveau des tables où trôner (dont la table de chevet de la petite fille), le disque était une nouvelle fois chatouillé par le phonographe.
1929. Cette année marqua la fin de sa vie de princesse. Les responsabilités et une révélation allaient tout bouleverser. Janvier, Drew perdit la vie dans un accident de voiture. Mars, Georges Von Carter tombait malade. Une pneumonie dont il ne se remettra pas vraiment. Elle l’affaiblira. Novembre, le Krach boursier. Le Bacchus était au bord de la faillite. Mais l’ingéniosité de Jared sortit les Von Carter des ennuis financiers. Le « nouveau » frère aîné avait réussi à récupérer de l’argent prêté à un clan afro-américain. L’accueil fut musclé, haches et armes à feu. Les hommes de Jared prirent le dessus. L’argent prêté fut récupéré et le Bacchus sauvé. A quel prix ? Au prix d‘un bras droit. Celui de Jared. Un coup de machette, une blessure grave, une amputation. Jared devint infirme. Une honte pour le gros bras de la fratrie. Le voilà aux soins de celle qu’il protégeait. Les rôles entre Jared et Christiana s’étaient inversés pour certaines choses. Le protecteur devenait le protégé. Ce qui, à l’adolescence de Christiana, n’empêchait pas Jared de tabasser les hommes trop entreprenants. Décembre, en pleine prohibition, alors que les affaires marchaient bien, le Bacchus faillit partir en fumée. La faute à qui ? À Christiana et sa manie de grimper sur les cartons. Une petite bougie, du carton et des vieux journaux. Il ne fallut rien de plus pour enflammer la cave. Heureusement que Kyle était là. Il était toujours là. Il ne regardait plus les rixes, les échanges et manigances dans la ruelle. Il se contentait d’être dans le couloir, à attendre sa fouine de sœur. Elle n’en serait jamais ressortie sans Kyle. Cette mésaventure avait valu la punition du siècle à son frère, qui en bon protecteur, s’était dénoncé pour lui épargner les douloureuses corrections de leur père. Depuis ce jour, Christiana n’espionnait plus dans la cave. Non. Mademoiselle allait dans la rue, pour voir de plus prêt les « affaires » de papa Von Carter. Cela ne déplaisait pas à son père. Il la trouvait courageuse, sa petite Honey. À tel point qu’elle avait maintenant droit à ses sermons d’homme :
- Si on ne peut pas vivre, alors il faut survivre. Mais choisir la mort, c'est le principe des faibles ! Un Von Carter ne pleure pas. Même une jolie princesse comme toi. Il te faut comprendre une chose Honey : Si tu es heureuse, ne le montre qu’à ceux qui le méritent. Si tu es en colère, explose et fais-le comprendre à la terre entière ! Mais si tu es triste, ne pleures que pour toi. Comme je l’ai fait quand maman est partie. Quand elle a disparu de la circulation, je n'ai pas chialé. J’étais fort, pour toi et tes frères. Pour toi surtout. Tu étais encore qu’un petit bébé fragile. Mon petit Honey. Regarde-toi ! 9 ans et tu oses descendre dans la ruelle ! Je suis fière de mon brin de princesse. Même Drew ne l’aurait pas fait à cet âge. Ha Drew…
Partie ? Disparu de la circulation ? Christiana ne comprit pas ce qu’il voulut dire. Ou plutôt, elle refusa de comprendre. Pour elle, et selon ce qui lui avait été raconté, sa mère était morte quelques jours après sa naissance. Pour elle, sa mère n’était qu’une voix sur un disque, un visage sur une photographie, l’odeur d’un vieux parfum, les couleurs des vieilles robes du soir. Christiana oublia ces mots. Et elle continua de grandir en occultant volontairement la possibilité que quelque part, dans une rue, une ville, un pays… sa mère vivait.
Christiana continua de grandir. Elle allait à l’école, parce qu’il le fallait. Mais son éducation se faisait surtout au Bacchus. Dans l’ombre de son père et de Jared, qui reprenait peu à peu les affaires administratives. Toujours dans un coin sombre du bureau, elle écoutait les conversations. Jared étant infirme, souvent malade et un peu dépressif, Christiana devait être à la hauteur pour le seconder, en cas de crise dépressive importante. Il lui était arrivé, vers 13/14 ans, de gérer toute une soirée, juste parce que son père était alité et Jared en pleine tourmente, dû au syndrome du membre fantôme. Les responsabilités lui tombaient dessus rapidement, sournoisement. Cela avait taillé son caractère froid, hautain, autoritaire. Une Von Carter avait été forgée. Un contenant à l’image de sa mère pour un contenu identique à son père. Seul Kyle « sortaient » du Bacchus pour suivre des études. Médecine. Kyle était intelligent. Christiana l’admirait. Il était sa fenêtre sur le monde extérieur.
Depuis 1929, Christiana n’avait pas connu d’année sombre. Et si des malheurs arrivaient, elle les accueillait avec plus de maturité, de force. Néanmoins, elle avait le sentiment que quelque chose lui échappait. Chaque dimanche matin, elle se forçait à accompagner Jared à la messe. Le seul Von Carter véritablement croyant. Et après cette escapade pieuse, avant de déjeuner, elle s’accordait une écoute du disque de sa mère. Toujours assise près de la fenêtre donnant sur l’entrée du Bacchus, un foulard de sa mère autour du cou, un collier de perles en main, qu’elle faisait glisser comme un chapelet, elle l’écoutait. Avec le temps, le son avait perdu en qualité. Qu’importe, il était gravé dans sa mémoire. Christiana avait cette habitude. Mais un jour, de sa fenêtre, elle vit son père et Jared sortir, se chamailler et s‘engouffrer dans la fameuse ruelle où bien des hommes avaient failli perdre la vie. Quelque chose lui revint en mémoire. Une partie du sermon de ses 9 ans, entendu dans cette ruelle : « Si on ne peut pas vivre, alors il faut survivre. Mais choisir la mort, c'est le principe des faibles ! » Mais que penser quand la vie qui nous entourait ne nous attirait plus. Ne nous captivait plus. Quand elle endormait, ennuyait et tuait à petit feu ? Christiana coupa le phonographe et pour la première fois, un dimanche midi, elle alluma la radio. C’était le dimanche 7 décembre 1941. La base de Pearl Harbor venait d’être attaquée par les Kamikazes japonais. Christiana avait 21 ans. Kyle arriva dans le salon. D‘habitude il écoutait en douce le disque. Cette fois-ci il sortit de sa cachette et fit la déclaration qui changea la vie de Christiana :
- Si nous entrons en guerre, je pars pour me battre.
La réaction de Christiana fut immédiate. Sourcils froncés, regard empli de reproches, souffle fort, doigts crispés. La colère montait. La petite fille capricieuse avec ses frères avait laissé place, avec le temps, à une jeune femme autoritaire et exigeante. Les Von Carter n'étaient plus sous le joug du père "parrain", mais plutôt sous un matriarcat, avec à sa tête : Christiana. Le Bacchus était la tour de la princesse.
- Cette fois-ci, je ne cèderai pas, conclut Kyle. Pas la peine de me faire ces yeux. On ne peut pas vivre éternellement au Bacchus. Un jour, il faut sortir. Dans les contes pour enfants, tôt ou tard, les princesses doivent quitter leur château. Tu devrais profiter de cette guerre pour t'émanciper du Bacchus, de papa, de Jared… même de moi.
- La maturation -
Après moultes menaces, ordres, jurons de la part de sa sœur, Kyle quitta le Bacchus en tant que médecin militaire. Elle le quitta sur des mots douloureux. Sur des derniers mots difficiles. Derniers, car il ne reviendra jamais. Il fut porté disparu lors de sa première permission, dans un village français. Aucun corps n'avait été retrouvé. Aucune trace de lui. Il avait disparu de la circulation, comme leur mère. Juste disparu. Quelques mois après cet évènement, Georges Von Carter mourut d'un cancer qu'il avait soigneusement caché à ses enfants. Sur quatre, celui-ci était le deuxième enterrement de la famille où un corps meubla le cercueil. Deuxième enterrement où il y avait véritablement quelqu'un à pleurer. Enfin… pleurer était un bien grand mot pour des Von Carter. Ruminer la tristesse était plus significatif. Jared et Christiana étaient maintenant seuls, au Bacchus, dans leur château doré.
Pearl Harbor. La Guerre. Le départ de Kyle puis sa disparition, la perte d'une moitié, en quelque sorte, presque d‘un jumeau. La perte de son père, la vie avec un frère de plus en plus triste, la gestion du Bacchus… Christiana ne vivait pas. Elle survivait et se terrait davantage en son sein. Son enfermement s'accentuait. Les rires et les sourires disparurent peu à peu. Il ne restait plus qu'une enveloppe austère. Trop austère pour une jeune femme de 22 ans. Célibataire, n'ayant eu que très, trop, peu d'amants, protectrice d'un frère de 15 ans son aîné, qui ne savait rien faire d'autre que se lamenter. Propriétaire d'un club renommé mais qui lui bouffait littéralement l'existence et l'énergie. Son château se transformait en prison dorée. Christiana errait dans le Bacchus Club. Fini les dimanches midi dans le fauteuil à écouter sa mère chanter. Fini les espionnages dans la ruelle. De toute façon, elle n'avait plus personne à espionner. Personne à part son reflet dans le miroir. Reflet qu'elle fuyait. Trop réaliste, trop représentatif de la réalité. Il montrait à Christiana que sa vie lui échappait.
À la fin de la guerre, la liesse exaltait les foules. Même au Bacchus. Jared semblait heureux. Il avait fait une rencontre. Celle d'une aide soignante de la croix rouge. Il avait une nouvelle infirmière. Son infirmière. Christiana redevint la petite sœur. Même pas une princesse, juste la petite sœur de Jared. Il quitta alors l'appartement au-dessus du Bacchus et reprit les affaires en main, avec sa sœur. La guerre étant terminée, tout le monde était heureux, tout le monde s'embrassait, chantait, dansait, buvait. L'oisiveté s'emparait de la jeunesse. Mais Christiana était seule dans son club. Elle y voyait bien ses "amis", buvait un peu mais pas trop, pour garder l'esprit clair dans les affaires qu'elle cogérait avec Jared, elle dansait un peu, quand un gros client l'invitait. À 25 ans sa vie se résumait toujours au Bacchus. Pas de mari, pas d'amant, un semblant de famille qui ne vivait plus près d'elle. Personne à part son reflet dans le miroir de sa chambre. Son fief, dont la porte n'était que l'avant-dernier rempart à franchir pour accéder au plus profond de son être. Sa chambre, qui sentait les effluves du vieux parfum de sa mère, dont le placard regorgeait des vieilles robes.
Un soir d'automne 1945, le Bacchus était plein, elle sortit du bureau où, comme son père, Jared et elle y passaient leurs soirées enfermés à travailler. Elle tenta de se mêler aux clients.
La soirée qui remet en question:
La soirée qui remet en question (soirée type au Bacchus)
Elle ne se sentait pas à sa place dans ce monde de joie. Là, se lève le voile. Et si en réalité, sa place n'avait jamais été là où elle se trouvait. Pourquoi cette illusion ? Cette sensation d'être là alors qu'en réalité, cette place n'était pas la bonne ? La noirceur qui l'avait entourée pendant 25 ans, celle des affaires de son père, celle de son frère Jared, celle du fantôme de sa mère… cette noirceur s'était logée au plus profond d'elle. Sa seule lumière était Kyle. Elle s'était éteinte, laissant une pleine liberté au noir qui la mangeait de l'intérieur, peu à peu.
- Rupture -
Il lui fallait mettre fin à cette illusion de vie. Son père avait souvent raison. Mais il eut tort sur une chose. Il était préférable de vivre que de survivre. Et la mort était parfois la seule échappatoire. Disparaître de la circulation aussi. Peut-être que Kyle avait déserté l'armée, fui le Bacchus et les siens, pour vivre heureux sans le poids noir des Von Carter. Quitte à abandonner sa princesse de sœur.
Octobre 1945. Un soir, Christiana décida de ne pas aller travailler. Jared n'allait pas le lui reprocher, après tout ce qu'elle avait fait pour lui. Il lui laissa même les clés de sa voiture. Ce soir-là, il pleuvait. Christiana sortit. Elle roula. Loin du Bacchus. Elle roulait sans savoir où aller. Elle était certaine d'une chose : elle avançait. Sous des trombes d'eau. Elle avançait. Elle filait jusqu'à ce que, devant elle, un pont apparut. Elle ne savait pas où elle avait atterri. Mais ce pont lui fit du bien. Elle voyait ce pont comme la fin d'une chose et le début d'une autre. Quelles choses ? Elle n'en savait rien. Peut-être la vie et la mort. L'obscurité et la lumière. Le bien et le mal. Elle descendit de voiture, sans couper le contact. S'éclairant des phares du véhicule, avançant sous la pluie glacée, elle s'approcha de la rambarde métallique. Elle se pencha et vit l'eau, plus bas. Elle respira profondément, la tête penchée en arrière, les yeux levés vers les étoiles, elle laissa aller sa tristesse accumulée au fil des années. Les larmes coulèrent. 25 années de larmes. Mêlées à la pluie, personne n'allait les voir. Elle pouvait se laisser aller sans montrer qu'elle baissait ses barrières. Il n'y avait rien qu'elle, la voiture qui tournait, ses larmes et la pluie. Personne. Pas âme qui vive. Elle porta une main à son cou et saisit le pendentif qu'elle portait. Une croix. Cadeau de Jared après avoir rencontré sa femme. Cette croix lui appartenait. Il disait ne plus en avoir l'utilité. Qu'elle devait guider une autre âme perdue. Sur ce pont, la croix entre ses mains, Christiana cria son désespoir, sa peine d'être perdue et seule sans pour autant l'être, sa colère de se sentir vide dans un monde pourtant plein. Elle hurla et demanda pourquoi ce temps et ces lieux lui semblaient ne pas être les siens. Elle cria contre celui que Jared appelait Dieu et lui demanda pourquoi il lui faisait subir ça. Elle lui demanda un signe. N'importe quoi. Quelque chose. Un signe qui pourrait la retenir, l'empêcher d'enjamber la balustrade et de sauter dans l'eau, pour ne jamais en sortir et disparaître, à son tour, comme bien des gens. Comme sa mère. Comme Kyle. Comme les portés disparus. Partir sans laisser de trace.
Possessions : -> Sa toilette : - tailleur noir - un chemisier noir à motif carrés blancs - des gants en cuir noir - un chapeau noir avec petit voile noir - chaussures noires à talon - des bas couleur chair - des sous-vêtements (lingerie fine) bien entendu ! -> Son sac à main contenant : - une trousse à maquillage - un carnet d'adresse peu rempli - un crayon - un petit couteau suisse hérité de son père - un portefeuille comprenant la photo de sa mère, de ses frères et de son père, 10 dollars. - des bonbons à ma menthe forte - Colt Bankers Special contenant 6 cartouches (petit cadeau de Kyle avant son départ)
Permissions :Autorisez-vous la pnjisation de votre personnage par vos partenaires ? Merci de spécifier sur le pnjisomètre votre tolérance.
aucune : "je suis absolument et définitivement allergique à toute pnjisation" ( auquel cas lors d'une absence prolongée dans un RP multi-joueur, vos partenaires devront faire comme si vous aviez disparu de leur champ de vision mais sans le dire, libre à vous ensuite lors de votre retour dans le rp, de trouver une explication plausible à votre "disparition")
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Bienvenue sur Autres Vies ! J'ai lu ta fiche avec beaucoup de plaisir. Le caractère de ton personnage est très intéressant. J'aime bien l'ambiance sombre qui se dégage de son histoire. Le style est original, concis et percutant.
Quelques petites fautes persistent que je t'ai signalées par mp. Une fois corrigées, je ne verrais aucun obstacle à ta pré validation et le Dévoreur viendra te rejoindre sur le pont. Je t'expliquerai la marche à suivre ensuite. Fais moi savoir quand tu auras apporté les modifications.
A très bientôt en jeu.
Edit du 26/09/12 Fiche prévalidée. Tu as apporté toutes les corrections demandées. Bon jeu à toi !