[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Ensuite, on pourra faire ça dans l’ascenseur … Il avait dit ça avec un tel naturel … En l’écoutant parler, Abigail était passée du rouge tomate au rouge écrevisse, en passant par le garance et le sanguin. Elle savait qu’il ne lui faisait aucune proposition indécente en disant cela, mais la proximité d’Ann – Katrin lui retournait le cerveau d’une façon dont elle se serait bien passé. A croire que cette jeune fille détraquait tout ce qu’elle approchait. La blonde se racla la gorge, relevant les yeux sur son amie qui s’était rapprochée. Vladimir se leva presque au même moment, récupéra ses cigarettes sur la table, et quitta l’établissement. Seule avec son amie, Abby se détendit légèrement.
- Dans l’ascenseur, hein ? Ann jeta un regard lascif à la blonde.
- Arrêtes, Ann, c’est pas ce que tu crois.La jeune femme leva les bras en signe d’abandon. La vie privé d’Abigail Oska Leroy était un dossier classé secret défense.
- Je ne crois rien, Daffy…Abby esquissa un sourire. Elle glissa une main dans son sac, qu’elle avait attiré sur ses genoux. Rapidement, elle en tira son porte monnaie. Elle saisit un billet de cent dollars entre deux doigts et le tendit à la serveuse.
- Tu garderas la différence pour toi, puis sans laisser la brune répliquer elle ajouta,
je pense que tu en as plus besoins que moi. Je pars pour un moment de la plateforme. Je ne sais pas quand je reviendrais. Et je serais injoignable d’ici là … Tu préviendras les filles pour moi ?La belle allemande observait son amie d’un œil perplexe. Abby quittait Néo New York ?! Elle aurait tout vu … Elle attrapa le billet sans se faire prier, et le glissa dans son soutien – gorge.
- Je peux savoir où tu vas ? Abigail ouvrit les lèvres pour parler, mais elle resta muette. Certes, l’hypothèse de « l’ami de Franck » aurait pu être une bonne idée. Seulement, les seuls véritables amis que son père avait eu étaient morts avec lui, cette nuit là, sur la route du grand aéroport. Et ça, Ann le savait. Il fallait trouver autre chose, et si possible une chose
crédible. Ann – Katrin haussa un sourcil devant l’éloquent silence de la jeune américaine.
- C’est … Compliqué ?
- Et tu penses vraiment t’en tirer avec ça ?Non, bien sur que non. Elle savait parfaitement que la curiosité mal placée de sa meilleure amie allait lui pourrir la vie. Elle songea qu’elle avait dit plus tôt que Vladimir était
son rencard. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie ? Bien que cela lui semble plus qu’étrange qu’elle puisse « sortir » avec un parfait inconnu, elle compta sur la nymphomanie d’Ann pour lui faire avaler la couleuvre.
- Vladimir. Il m’emmène en voyage.Ann ouvrit de grands yeux admiratifs.
- Ce type ? couina – t – elle en désignant l’entrée du Matrix du pouce.
Abigail se glissa une main dans les cheveux, un peu gênée.
- Oui, lui …
- Mais …
- Ecoute, Ann, je suis pressée. Tout ce que tu dois savoir c’est qu’il est adorable, que je l’aime de tout mon cœur et que nous partons loin pendant un temps indéterminé, ok ?La brune fronça les sourcils. Elle aurait aimé poser des tas de questions à son amie qu’elle découvrait nouvellement en couple. Il fallait avouer qu’elle n’aurait jamais cru cela possible, tant la jeune fille comparait les hommes aux qualités fantasmées qu’elle attribuait à son père décédé. Alors elle était aussi heureuse pour elle qu’inquiète. Mais elle n’eut pas le temps d’approfondir la question : Abby se leva, l’embrassa rapidement sur la joue, et dépliant sa combinaison thermique, elle s’enfuit loin des potentielles interrogations hors du restaurant. Dehors, Vladimir patientait. Il semblait perdu dans ses pensées quand la jeune femme s’approcha de lui. Elle n’osa d’abord rien dire, l’observant presque admirative. Mais il dû ressentir le regard pesant d’Abby sur lui, car il releva les yeux, et lui fit un petit sourire en coin, qui ne manqua pas de faire rougir la blonde.
- Prête ?L’interpelée, un peu gênée d’avoir été prise en flagrant délit d’observation, hocha seulement la tête, sans mot dire. Ils dirigèrent ensuite dans une rue presque déserte. Abigail n’avait pas besoins de repasser chez elle. Tout en marchant, elle se sentit obligée d’expliquer le pourquoi de ce soudain vide quand les autres rues de la plateforme étaient pleines de monde.
- Il y a un ascenseur qui emmène directement au niveau de la sphère. Les panneaux sont gérés dans des bureaux un peu plus à l’est de la plateforme. Il n’y a que les techniciens qui viennent ici, et les résidents des tours Elias, Dori et Phillips. Les trois que nous voyons, là, et elle désigna des bâtiments s’élevant sur une trentaine d’étages.
Du coup, il n’y a quasiment jamais personne. On sera tranquilles.En quelques pas supplémentaires, ils furent à l’intérieur de la cabine en verre. Et effectivement, pas une âme à l’horizon. Abigail pressa le bouton « top ». Cet ascenseur était l’un des rares de Néo New York à fonctionner encore avec des boutons. Ils commencèrent à monter. Elle pouvait voir la ville s’éloigner doucement sous elle, comme un souvenir soufflé par le temps. Elle inspira profondément. Cette fois, elle allait faire une chose folle ; elle allait quitter son petit univers et partir à l’aventure. Un pic de douleur lui fit songer aux cachets abandonnés sur son lit. Elle ferma les yeux une seconde avant de se tourner vers le mystérieux Vladimir Stanzas. Il l’observait, silencieux. Abby trouva cela très galant. Elle appréciait qu’il ne la presse pas, ou ne l’embrouille pas avec tout un tas de recommandations qu’elle n’aurait, de toute façon, pas comprises. L’ascenseur montait toujours, dépassant bientôt les derniers étages des tours qu’il desservait.
Alors il faut que … Je le touche ? Comme pour répondre à sa question muette, Vladimir lui tendit la main. Abby resta interdite. C’était surement pour cela qu’il lui avait crié de ne pas le toucher, un peu plus tôt sur le pont. Car sinon, elle se serait retrouvée elle ne savait trop où, et elle ne savait quand. Elle remercia le ciel d’avoir été assez rapide pour l’éviter.
Il me tend la main. Se rappela – t – elle. Ce geste était le plus naturel du monde, car le contact le plus banal qui soit. Mais Abby regardait cette main avec des yeux ronds, un peu perdue. Elle releva les yeux sur le visage de l’homme. Comme il était patient… Elle fit un pas pour se rapprocher de lui, et se donner du courage. En le regardant maintenant, elle se demandait ce qui, sur le moment, lui avait fait pensé à Franck. Et elle se souvint. Il avait cette même allure de prince perdu, et la naturelle autorité que possédait tout parent. La jeune fille sentit son cœur battre un peu plus fort. Il lui avait fait de si belles promesses … Elle avait hâte de voir ce que son aide allait changer en elle, et elle commençait déjà à sentir ses angoisses s’envoler. Finalement, elle fut prête. Elle leva doucement la main. Quand elle ne lui prit pas la main, Vladimir sembla surpris. Mais il le fut encore plus quand elle la posa délicatement sur sa joue. Elle tremblait légèrement. Puis il y eu un flash de lumière bleue, et les portes vitrées de l’ascenseur s’ouvrirent, mais il n’y avait déjà plus personne pour descendre.
Le flash de lumière avait éblouit Abigail, et elle avait tout d’abord était aveugle à ce qui se passait autour d’elle. Puis doucement, par taches sombres, des images lui parvinrent. Etrangement, la première image qui s’imposa à elle ne fut pas le visage de Vladimir, mais les feuilles secouées par le vent d’un grand arbre. Juste après cela, ses autres sens se réveillèrent, et elle sentit la peau de l’homme aux cheveux blancs sous ses doigts, et une pression sur son bras gauche. Il l’avait attrapé comme s’il avait craint qu’elle ne s’envole pendant le voyage. C’est alors qu’Abigail remarqua qu’il se passait une chose étrange. Elle jeta un regard à Vladimir, puis de nouveau au paysage changeant qui défilait autour d’eux : elle ne voyait plus les couleurs. Plus rien. Le monde qui s’offrait à elle n’était fait que nuances de gris plus ou moins sombres. L’arbre devant elle s’était changé en montagne, puis la montagne avait fondue et était devenue océan. Le tout balancé dans une vague de flou, un peu comme si la blonde avait observé cela avec un appareil photo ne faisant pas correctement le focus. Si le fait de se sentir soudainement plus légère qu’une plume et de voir des paysages dont elle n’avait fait que rêver ne l’affolèrent pas plus que ça, le fait de voir en noir et blanc lui donna envie de crier. Que se passait – il ? Etait – ce normal ? Elle espéra que oui. Les ondulations du décor attiraient son regard. Elle tenta d’y discerner quelque chose, mais tout ce qu’elle parvint à faire, c’est à avoir un peu plus mal à la tête. Effrayée, elle ferma les yeux. Le voyage lui sembla terriblement long, alors qu’il fut au contraire presque instantané.
- Ouvrez les yeux, Abigail, vous voici chez moi, à Targoviste. Il avait dit ça si doucement, que la jeune femme se demanda si elle ne s’était pas endormie, et qu’il tentait de la réveiller. Elle ouvrit un œil, un peu inquiète de voir comme dans un film de Charlie Chaplin. Mais c’est un homme bien en couleur qu’elle retrouva. Elle poussa un soupir de soulagement en ouvrant l’autre œil. Il se détacha d'elle, un peu trop rapidement au goût d'Abby qui serait bien resté un peu plus longtemps dans ses bras …
- Je vais devoir vous laisser maintenant. Mais ne vous en faite pas, je vous laisse aux bons soins de ma gouvernante, Dame Gertie. Abby suivit son regard pour voir une femme aux allures de chanteuse d’opéra s’approcher d’eux, souriante. Ce chaleureux accueil ne lui fit pourtant pas oublier que Vladimir disait devoir la quitter déjà. Elle eut un pincement au cœur, mais fut réconfortée par l’idée de le revoir plus tard.
- Je pense que vous avez besoins de repos. Vous aviez l’air effrayée… Vous pourrez vous détendre dans votre nouvelle chambre. Elle ne possède peut – être pas toutes les technologies dont vous disposiez sur Néo New York, mais elle a tout le confort nécessaire, et une bibliothèque qui vous plaira surement.
- J’ai hâte de voir ça ! s’enthousiasma la jeune femme.
Déjà la – dite Dame Gertie les avait rejoints et échangeait quelques mots avec le professeur Stanzas. Abigail n’écouta pas véritablement ce qu’elle raconta, déjà bien loin dans ses pensées. Elle écoutait assez cependant pour suivre la marche quand ils se dirigèrent vers la porte de ce qui était logiquement la
maison de Vladimir Stanzas, mais pas encore suffisamment pour répondre à une question si on lui en avait posé une. A l’intérieur, elle salua Vladimir qui s’éloigna dans un couloir, la laissant seule avec la grosse dame. Celle – ci se mit à bavasser, mais la blonde n’écoutait rien. Elle songeait à cette expérience incroyable et terrifiante qu’avait été le voyage dans le temps. Elle pensait à Ann – Katrin, restée sur la plateforme sans plus d’explications. Elle se souvenait de ses parents, à qui elle n’avait même pas laissé un mot d’au revoir. Finalement, « Dame Gertie » lui ouvrit une porte. Abigail entra dans la chambre, sa douleur au crâne revenant soudainement la titiller.
- Je dois vous laisser maintenant. J’espère que vous avez bien compris tout ce que je vous ai dit…Abigail rougit, mais mentit et acquiesça.
- Si vous avez besoins de quoi que ce soit, il y a un téléphone ici. Vous n’avez qu’à décrocher. Je vous laisse vous reposer maintenant ! A bientôt, mademoiselle Abigail !La jeune américaine sourit alors que l’autre femme refermait la porte. Elle appréciait énormément quand on l’appelait « mademoiselle ». Elle se sentait comme venir d’un autre temps, quand les femmes portaient encore de longues robes aux volants chatoyants. C’était un peu magique pour elle.
Abigail se tourna pour observer la pièce. Vladimir n’avait pas menti, la bibliothèque était impressionnante. Elle s’en approcha aussitôt, en retirant machinalement sa combinaison et laissant tomber son sac au sol.
Je n’ai jamais vu autant de livres … Le chant d’un oiseau lui fit tourner les yeux vers la fenêtre. Elle fit quelques pas pour y jeter un coup d’œil. Dehors s’étendait un parc magnifique. Abigail se promis d’aller y faire un tour plus tard. Alors qu’elle se retournait pour s’approcher de son lit, un pic de douleur fulgurante lui coupa le souffle. Elle tomba a genoux, portant les mains à sa tête dans un cri muet. Elle détestait cette sensation. Il lui semblait qu’un étau de plomb lui enserrait le crâne et se resserrait de plus en plus pour faire exploser sa tête. Ça, plus les nausées qui commençaient à monter. Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle n’avait presque jamais eu aussi mal.
Et si c’était à cause du voyage ? Je n’aurais peut – être pas dû … Je vais peut – être mourir ici ! Cette idée la fit paniquer. Inspirant comme elle pouvait, Abby se traina jusqu’à son lit. En se hissant sur le matelas, elle se dit qu’il était fait d’un matériau bien étrange, elle qui avait pour habitude de dormir dans un lit qui se moulait à son corps. Mais cette réflexion s’envola bien vite, pour ne laisser place qu’à de la douleur. Elle commença par respirer, doucement, les bras le long du corps comme le lui avait appris Mary. Puis, voyant que ça ne passait pas, elle se mit en boule et se laissa doucement glisser dans la douleur. Elle se mit à pleurer. Une angoisse lui tiraillait les entrailles, elle craignait que quelqu’un pousse sa porte et la trouve dans cet état. Elle aurait trop honte. Elle ferma ses paupières le plus fort qu’elle pouvait, tentant de contenir ses sanglots, se demandant soudainement si elle avait bien fait de partir. Maintenant qu’elle ne pouvait plus revenir en arrière, il lui semblait que son appartement de Giant Goose lui manquait atrocement. Et elle sentit des doigts fins se glisser dans ses cheveux.
La jeune femme eut un hoquet de stupeur. Elle se redressa soudainement, perturbée par ce contact inattendu. Elle n’avait pourtant entendu personne entrer ? Il y avait une fille assise en tailleurs devant le lit. Elle ressemblait beaucoup à Abigail, avec cette différence qu’elle avait les yeux couleur chocolat. La blonde fronça les sourcils.
- Q-Qui êtes vous ?La jeune femme lui sourit.
- Ne pleure pas. Ça ne sert à rien de pleurer.La jeune fille resta muette. L’autre était véritablement un sosie d’elle même.
- … Brittany ?La jumelle éclata d’un rire mélodieux. Abigail était effarée. Ce qu’elle voyait était
impossible. Aussi impossible que Vladimir soit Franck.
- Qu’est ce que …
- Ferme les yeux ! la coupa sa sœur.
Sans savoir vraiment pourquoi, la blonde s’exécuta. Elle ferma les yeux. Doucement, elle sentit la douleur dans sa tête s’estomper. Alors elle rouvrit les yeux. Elle était seule dans la chambre. La jeune femme resta interdite un moment, prostrée sur son lit à se demander ce qu’elle avait vu, ou cru voir. Mais elle ne parvenait à rien, si ce n’était à entrer dans une angoisse monstre. Incapable de rester en place plus longtemps, elle se glissa hors de sa chambre et se mit à arpenter les couloirs.
- HRP:
Me voilà arrivée ! En espérant ne pas avoir trop mal PNJiser ce très cher Dévoreur...
Je préviens que Abby se dirige chez Ludmilla. Je reviendrais plus tard !