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Targoviste : L'arrivée d' Abigail

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Targoviste : L'arrivée d' Abigail Empty Targoviste : L'arrivée d' Abigail

Message  Invité Sam 27 Déc - 5:45

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Ensuite, on pourra faire ça dans l’ascenseur … Il avait dit ça avec un tel naturel … En l’écoutant parler, Abigail était passée du rouge tomate au rouge écrevisse, en passant par le garance et le sanguin. Elle savait qu’il ne lui faisait aucune proposition indécente en disant cela, mais la proximité d’Ann – Katrin lui retournait le cerveau d’une façon dont elle se serait bien passé. A croire que cette jeune fille détraquait tout ce qu’elle approchait. La blonde se racla la gorge, relevant les yeux sur son amie qui s’était rapprochée. Vladimir se leva presque au même moment, récupéra ses cigarettes sur la table, et quitta l’établissement. Seule avec son amie, Abby se détendit légèrement.

- Dans l’ascenseur, hein ?

Ann jeta un regard lascif à la blonde.

- Arrêtes, Ann, c’est pas ce que tu crois.

La jeune femme leva les bras en signe d’abandon. La vie privé d’Abigail Oska Leroy était un dossier classé secret défense.

- Je ne crois rien, Daffy…

Abby esquissa un sourire. Elle glissa une main dans son sac, qu’elle avait attiré sur ses genoux. Rapidement, elle en tira son porte monnaie. Elle saisit un billet de cent dollars entre deux doigts et le tendit à la serveuse.

- Tu garderas la différence pour toi, puis sans laisser la brune répliquer elle ajouta, je pense que tu en as plus besoins que moi. Je pars pour un moment de la plateforme. Je ne sais pas quand je reviendrais. Et je serais injoignable d’ici là … Tu préviendras les filles pour moi ?

La belle allemande observait son amie d’un œil perplexe. Abby quittait Néo New York ?! Elle aurait tout vu … Elle attrapa le billet sans se faire prier, et le glissa dans son soutien – gorge.

- Je peux savoir où tu vas ?

Abigail ouvrit les lèvres pour parler, mais elle resta muette. Certes, l’hypothèse de « l’ami de Franck » aurait pu être une bonne idée. Seulement, les seuls véritables amis que son père avait eu étaient morts avec lui, cette nuit là, sur la route du grand aéroport. Et ça, Ann le savait. Il fallait trouver autre chose, et si possible une chose crédible. Ann – Katrin haussa un sourcil devant l’éloquent silence de la jeune américaine.

- C’est … Compliqué ?
- Et tu penses vraiment t’en tirer avec ça ?


Non, bien sur que non. Elle savait parfaitement que la curiosité mal placée de sa meilleure amie allait lui pourrir la vie. Elle songea qu’elle avait dit plus tôt que Vladimir était son rencard. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie ? Bien que cela lui semble plus qu’étrange qu’elle puisse « sortir » avec un parfait inconnu, elle compta sur la nymphomanie d’Ann pour lui faire avaler la couleuvre.

- Vladimir. Il m’emmène en voyage.

Ann ouvrit de grands yeux admiratifs.

- Ce type ? couina – t – elle en désignant l’entrée du Matrix du pouce.

Abigail se glissa une main dans les cheveux, un peu gênée.

- Oui, lui …
- Mais …
- Ecoute, Ann, je suis pressée. Tout ce que tu dois savoir c’est qu’il est adorable, que je l’aime de tout mon cœur et que nous partons loin pendant un temps indéterminé, ok ?


La brune fronça les sourcils. Elle aurait aimé poser des tas de questions à son amie qu’elle découvrait nouvellement en couple. Il fallait avouer qu’elle n’aurait jamais cru cela possible, tant la jeune fille comparait les hommes aux qualités fantasmées qu’elle attribuait à son père décédé. Alors elle était aussi heureuse pour elle qu’inquiète. Mais elle n’eut pas le temps d’approfondir la question : Abby se leva, l’embrassa rapidement sur la joue, et dépliant sa combinaison thermique, elle s’enfuit loin des potentielles interrogations hors du restaurant. Dehors, Vladimir patientait. Il semblait perdu dans ses pensées quand la jeune femme s’approcha de lui. Elle n’osa d’abord rien dire, l’observant presque admirative. Mais il dû ressentir le regard pesant d’Abby sur lui, car il releva les yeux, et lui fit un petit sourire en coin, qui ne manqua pas de faire rougir la blonde.

- Prête ?

L’interpelée, un peu gênée d’avoir été prise en flagrant délit d’observation, hocha seulement la tête, sans mot dire. Ils dirigèrent ensuite dans une rue presque déserte. Abigail n’avait pas besoins de repasser chez elle. Tout en marchant, elle se sentit obligée d’expliquer le pourquoi de ce soudain vide quand les autres rues de la plateforme étaient pleines de monde.

- Il y a un ascenseur qui emmène directement au niveau de la sphère. Les panneaux sont gérés dans des bureaux un peu plus à l’est de la plateforme. Il n’y a que les techniciens qui viennent ici, et les résidents des tours Elias, Dori et Phillips. Les trois que nous voyons, là, et elle désigna des bâtiments s’élevant sur une trentaine d’étages. Du coup, il n’y a quasiment jamais personne. On sera tranquilles.

En quelques pas supplémentaires, ils furent à l’intérieur de la cabine en verre. Et effectivement, pas une âme à l’horizon. Abigail pressa le bouton « top ». Cet ascenseur était l’un des rares de Néo New York à fonctionner encore avec des boutons. Ils commencèrent à monter. Elle pouvait voir la ville s’éloigner doucement sous elle, comme un souvenir soufflé par le temps. Elle inspira profondément. Cette fois, elle allait faire une chose folle ; elle allait quitter son petit univers et partir à l’aventure. Un pic de douleur lui fit songer aux cachets abandonnés sur son lit. Elle ferma les yeux une seconde avant de se tourner vers le mystérieux Vladimir Stanzas. Il l’observait, silencieux. Abby trouva cela très galant. Elle appréciait qu’il ne la presse pas, ou ne l’embrouille pas avec tout un tas de recommandations qu’elle n’aurait, de toute façon, pas comprises. L’ascenseur montait toujours, dépassant bientôt les derniers étages des tours qu’il desservait. Alors il faut que … Je le touche ? Comme pour répondre à sa question muette, Vladimir lui tendit la main. Abby resta interdite. C’était surement pour cela qu’il lui avait crié de ne pas le toucher, un peu plus tôt sur le pont. Car sinon, elle se serait retrouvée elle ne savait trop où, et elle ne savait quand. Elle remercia le ciel d’avoir été assez rapide pour l’éviter. Il me tend la main. Se rappela – t – elle. Ce geste était le plus naturel du monde, car le contact le plus banal qui soit. Mais Abby regardait cette main avec des yeux ronds, un peu perdue. Elle releva les yeux sur le visage de l’homme. Comme il était patient… Elle fit un pas pour se rapprocher de lui, et se donner du courage. En le regardant maintenant, elle se demandait ce qui, sur le moment, lui avait fait pensé à Franck. Et elle se souvint. Il avait cette même allure de prince perdu, et la naturelle autorité que possédait tout parent. La jeune fille sentit son cœur battre un peu plus fort. Il lui avait fait de si belles promesses … Elle avait hâte de voir ce que son aide allait changer en elle, et elle commençait déjà à sentir ses angoisses s’envoler. Finalement, elle fut prête. Elle leva doucement la main. Quand elle ne lui prit pas la main, Vladimir sembla surpris. Mais il le fut encore plus quand elle la posa délicatement sur sa joue. Elle tremblait légèrement. Puis il y eu un flash de lumière bleue, et les portes vitrées de l’ascenseur s’ouvrirent, mais il n’y avait déjà plus personne pour descendre.

Le flash de lumière avait éblouit Abigail, et elle avait tout d’abord était aveugle à ce qui se passait autour d’elle. Puis doucement, par taches sombres, des images lui parvinrent. Etrangement, la première image qui s’imposa à elle ne fut pas le visage de Vladimir, mais les feuilles secouées par le vent d’un grand arbre. Juste après cela, ses autres sens se réveillèrent, et elle sentit la peau de l’homme aux cheveux blancs sous ses doigts, et une pression sur son bras gauche. Il l’avait attrapé comme s’il avait craint qu’elle ne s’envole pendant le voyage. C’est alors qu’Abigail remarqua qu’il se passait une chose étrange. Elle jeta un regard à Vladimir, puis de nouveau au paysage changeant qui défilait autour d’eux : elle ne voyait plus les couleurs. Plus rien. Le monde qui s’offrait à elle n’était fait que nuances de gris plus ou moins sombres. L’arbre devant elle s’était changé en montagne, puis la montagne avait fondue et était devenue océan. Le tout balancé dans une vague de flou, un peu comme si la blonde avait observé cela avec un appareil photo ne faisant pas correctement le focus. Si le fait de se sentir soudainement plus légère qu’une plume et de voir des paysages dont elle n’avait fait que rêver ne l’affolèrent pas plus que ça, le fait de voir en noir et blanc lui donna envie de crier. Que se passait – il ? Etait – ce normal ? Elle espéra que oui. Les ondulations du décor attiraient son regard. Elle tenta d’y discerner quelque chose, mais tout ce qu’elle parvint à faire, c’est à avoir un peu plus mal à la tête. Effrayée, elle ferma les yeux. Le voyage lui sembla terriblement long, alors qu’il fut au contraire presque instantané.

- Ouvrez les yeux, Abigail, vous voici chez moi, à Targoviste.

Il avait dit ça si doucement, que la jeune femme se demanda si elle ne s’était pas endormie, et qu’il tentait de la réveiller. Elle ouvrit un œil, un peu inquiète de voir comme dans un film de Charlie Chaplin. Mais c’est un homme bien en couleur qu’elle retrouva. Elle poussa un soupir de soulagement en ouvrant l’autre œil. Il se détacha d'elle, un peu trop rapidement au goût d'Abby qui serait bien resté un peu plus longtemps dans ses bras …

- Je vais devoir vous laisser maintenant. Mais ne vous en faite pas, je vous laisse aux bons soins de ma gouvernante, Dame Gertie.

Abby suivit son regard pour voir une femme aux allures de chanteuse d’opéra s’approcher d’eux, souriante. Ce chaleureux accueil ne lui fit pourtant pas oublier que Vladimir disait devoir la quitter déjà. Elle eut un pincement au cœur, mais fut réconfortée par l’idée de le revoir plus tard.

- Je pense que vous avez besoins de repos. Vous aviez l’air effrayée… Vous pourrez vous détendre dans votre nouvelle chambre. Elle ne possède peut – être pas toutes les technologies dont vous disposiez sur Néo New York, mais elle a tout le confort nécessaire, et une bibliothèque qui vous plaira surement.
- J’ai hâte de voir ça !
s’enthousiasma la jeune femme.

Déjà  la – dite Dame Gertie les avait rejoints et échangeait quelques mots avec le professeur Stanzas. Abigail n’écouta pas véritablement ce qu’elle raconta, déjà bien loin dans ses pensées. Elle écoutait assez cependant pour suivre la marche quand ils se dirigèrent vers la porte de ce qui était logiquement la maison de Vladimir Stanzas, mais pas encore suffisamment pour répondre à une question si on lui en avait posé une. A l’intérieur, elle salua Vladimir qui s’éloigna dans un couloir, la laissant seule avec la grosse dame. Celle – ci se mit à bavasser, mais la blonde n’écoutait rien. Elle songeait à cette expérience incroyable et terrifiante qu’avait été le voyage dans le temps. Elle pensait à Ann – Katrin, restée sur la plateforme sans plus d’explications. Elle se souvenait de ses parents, à qui elle n’avait même pas laissé un mot d’au revoir. Finalement, « Dame Gertie » lui ouvrit une porte. Abigail entra dans la chambre, sa douleur au crâne revenant soudainement la titiller.

- Je dois vous laisser maintenant. J’espère que vous avez bien compris tout ce que je vous ai dit…

Abigail rougit, mais mentit et acquiesça.

- Si vous avez besoins de quoi que ce soit, il y a un téléphone ici. Vous n’avez qu’à décrocher. Je vous laisse vous reposer maintenant ! A bientôt, mademoiselle Abigail !

La jeune américaine sourit alors que l’autre femme refermait la porte. Elle appréciait énormément quand on l’appelait « mademoiselle ». Elle se sentait comme venir d’un autre temps, quand les femmes portaient encore de longues robes aux volants chatoyants. C’était un peu magique pour elle.
Abigail se tourna pour observer la pièce. Vladimir n’avait pas menti, la bibliothèque était impressionnante. Elle s’en approcha aussitôt, en retirant machinalement sa combinaison et laissant tomber son sac au sol. Je n’ai jamais vu autant de livres … Le chant d’un oiseau lui fit tourner les yeux vers la fenêtre. Elle fit quelques pas pour y jeter un coup d’œil. Dehors s’étendait un parc magnifique. Abigail se promis d’aller y faire un tour plus tard. Alors qu’elle se retournait pour s’approcher de son lit, un pic de douleur fulgurante lui coupa le souffle. Elle tomba a genoux, portant les mains à sa tête dans un cri muet. Elle détestait cette sensation. Il lui semblait qu’un étau de plomb lui enserrait le crâne et se resserrait de plus en plus pour faire exploser sa tête. Ça, plus les nausées qui commençaient à monter. Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle n’avait presque jamais eu aussi mal. Et si c’était à cause du voyage ? Je n’aurais peut – être pas dû … Je vais peut – être mourir ici ! Cette idée la fit paniquer. Inspirant comme elle pouvait, Abby se traina jusqu’à son lit. En se hissant sur le matelas, elle se dit qu’il était fait d’un matériau bien étrange, elle qui avait pour habitude de dormir dans un lit qui se moulait à son corps. Mais cette réflexion s’envola bien vite, pour ne laisser place qu’à de la douleur. Elle commença par respirer, doucement, les bras le long du corps comme le lui avait appris Mary. Puis, voyant que ça ne passait pas, elle se mit en boule et se laissa doucement glisser dans la douleur. Elle se mit à pleurer. Une angoisse lui tiraillait les entrailles, elle craignait que quelqu’un pousse sa porte et la trouve dans cet état. Elle aurait trop honte. Elle ferma ses paupières le plus fort qu’elle pouvait, tentant de contenir ses sanglots, se demandant soudainement si elle avait bien fait de partir. Maintenant qu’elle ne pouvait plus revenir en arrière, il lui semblait que son appartement de Giant Goose lui manquait atrocement. Et elle sentit des doigts fins se glisser dans ses cheveux.
La jeune femme eut un hoquet de stupeur. Elle se redressa soudainement, perturbée par ce contact inattendu. Elle n’avait pourtant entendu personne entrer ? Il y avait une fille assise en tailleurs devant le lit. Elle ressemblait beaucoup à Abigail, avec cette différence qu’elle avait les yeux couleur chocolat. La blonde fronça les sourcils.

- Q-Qui êtes vous ?

La jeune femme lui sourit.

- Ne pleure pas. Ça ne sert à rien de pleurer.

La jeune fille resta muette. L’autre était véritablement un sosie d’elle même.

- … Brittany ?

La jumelle éclata d’un rire mélodieux. Abigail était effarée. Ce qu’elle voyait était impossible. Aussi impossible que Vladimir soit Franck.

- Qu’est ce que …
- Ferme les yeux !
la coupa sa sœur.

Sans savoir vraiment pourquoi, la blonde s’exécuta. Elle ferma les yeux. Doucement, elle sentit la douleur dans sa tête s’estomper. Alors elle rouvrit les yeux. Elle était seule dans la chambre. La jeune femme resta interdite un moment, prostrée sur son lit à se demander ce qu’elle avait vu, ou cru voir. Mais elle ne parvenait à rien, si ce n’était à entrer dans une angoisse monstre. Incapable de rester en place plus longtemps, elle se glissa hors de sa chambre et se mit à arpenter les couloirs.

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Message  Invité Sam 3 Jan - 3:33

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 La dénomée Abby avait finalement accepté sa proposition, et maintenant, elles traversaient le couloir. Théoriquement, personne ne lui avait dit de rester enfermée dans cette chambre, pourtant, elle restait sur ses gardes. Les yeux dans le vague pour dissimuler ce qu'elle pensait, elle écoutait par dessus leurs bruits de pas pour tenter d'entendre si quelqu'un les suivait. C'était un vieux truc que Julie lui avait appris – ne pas regarder, écouter. Même une respiration, quand on était bien concentré, était audible. Et ce conseil s'appliquait parfaitement au silence qui les entourait. Elle agissait ainsi par habitude, car elle avait l'habitude , lorsqu'elle n'était pas sûre de ce qu'il se passait, de se méfier de tout. Et elle n'aurait pas pu être moins sûre de quoi que ce soit que maintenant.

 Cependant, l'autre fille l'écarta un moment de ses doutes. Les paroles qui sortaient de la bouche de la jeune fille avaient de quoi attirer toute son attention. Néo New-York ? Elle ouvrit de grands yeux. On aurait dit un nom de science-fiction. Mais ce fût autre chose qui la surprit tout à fait. Octobre 2049 ? Elle chancela – c'était encore plus énorme. C'était le futur. Son futur.

 Elle essayait encore de réaliser ce qu'il se passait quand la jeune femme s'arrêta devant sa porte, lui demandant d'entrer si elle voulait poursuivre la discussion. Elle hésita. Elle avait tout d'abord prévu de chercher des indices, n'importe quoi, sur le voyage dans le temps. Il fallait à tout prit qu'elle sache comment cela fonctionnait. Car, elle commençait à le penser, le Dévoreur n'avait peut-être pas tout dit. Elle l'avait tout d'abord cru sur parole quand à cette histoire de don, mais c'était avant de voir l'ego surdimensionné dont il avait été capable de faire preuve. Le caractère de cette personne, elle l'avait déjà constaté chez d'autres du même genre. Cette façon de penser était parmis les pires. Elle était celle de ces gens qui ronronnaient au sommet de la pyramide, allongés au millieux des ossements des victimes de leur volonté de domination, goûtant leur puissance, et jetant de temps à autre des regards choqués à ceux qui osaient se plaindre du poids qu'ils étaient obligés de porter pour les satisfaire. Ils ne comprennaient pas : n'étaient ils pas bien bon, eux ? Par exemple, ils ne leur infligeaient pas le pire – ah ! Bravo ! Alors, pourquoi toutes ces créatures s'obstinaient à criailler, là, en bas ? Ces personnes s'embêtaient vraiment pour des broutilles. Qu'ils supportent, un peu. Ce n'était pas si grave. La preuve : ils allaient très bien, eux .

 Oui, elle avait pu voir de ces individus tout bouffis de la puissance qu'ils avaient volés, et s'insurgeant que les personnes qu'ils avaient écrasées ne se satisfassent pas de ce sort. Aditionné à un grand complexe de sauveur, du style je-dois-sauver-tout-le-monde-car-tout-le-monde-est-incapable-sauf-moi , cela pouvait bien donner un mensonge. Or, le Dévoreur, qui se prenait probablement pour l'élu de ce monde, au vu du type de nom qu'il avait choisi de montrer, paraissait souffrir de ces deux tares. Il avait parlé de don...Mais comment savoir ? Il se sentait supérieur. Il se vivait supérieur. Et il pouvait vouloir que ses pairs se fassent ses inférieurs pour sentir plus divinement encore ce sentiment de supériorité. Il avait pu mentir. Une bouffée d'orgeuil aurait pu le faire cacher l'origine de ses pouvoirs. Il avait même pu masquer la nature de cet acte pour briller à ses propres yeux par une autre idée de sa supériorité, comme par exemple « mais ce serait trop dangereux de leur laisser savoir, ils feraient n'importe quoi. Moi seul sais m'en servir. » Oui, s'il en était bien au point qu'elle imaginait – et à n'en pas douter, il était déjà fort avancé sur cette route –, c'était possible.Alors, elle ne devait plus compter que sur elle-même. Il allait falloir qu'elle trouve. Qu'elle comprenne. Cela pourrait toujours l'aider à ramener son ami. Ensuite, un ego si développé avait pu cacher d'autres choses ; il fallait absolument savoir si c'était le cas, et si oui, ce dont il s'agissait. Puis, c'était encore plus profond que ça, c'était un sentiment habitué à se réveiller dans sa poitrine : ce n'était pas juste. La vérité comptait. Elle refusait de la laisser passer pour un bête gamin qui se prenait pour un dieu.

 Elle aurait donc pu refuser, et repartir à la recherche d'incides. D'un autre côté, cette fille venue du futur était tout à fait fascinante. Elle savait ce qu'il allait se passer. Un espoir la saisit – et si elle savait ce qui allait advenir de Lucas ? Et si elle avait des indices ? Oh, elle venait de loin, mais...qui sait. Et puis, elle connaissait le futur. Toutes ces choses qui faisait que Ludmilla hésitait à faire telle ou telle chose, qu'elle se demandait parfois ce qu'il se produirait, elle le savait. C'était incroyablement désirable. Trouver des indices qui avaient peu de chance d'être aussi prêts de ceux à qui on avait pu vouloir cacher la vérité était, à l'inverse, une perspective dont le succès bien difficile à imaginer. Surtout que, sans Julie et son intelligence particulière, elle n'était pas sûre d'y arriver. Finalement, elle se décida :

– Très bien. Nous partageons la même curiosité.

 Et elle entra, suivie par l'autre fille qui referma doucement la porte. A peine à l'intérieur, elle se tourna vers elle, les joues rosies par l'intérêt. Le futur! Elle avait une bizarre envie de rire, ou de faire n'importe quoi pour exprimer sa joie, tant elle sentait que quelque chose de formidablement intéressant allait se jouer d'un instant à l'autre. Elle se contenta de poursuivre :

– Donc, c'est à mon tour...Je viens de 2014. C'est à dire...

 Elle s'interrompit, puis ajouta, plus pour elle-même que pour son interlocutrice :

– 35 ans avant vous.

 C'était un assez gros morceaux pour qu'il lui faille bien l'assimiler avant de continuer. Elle sentait les mots s'inscrire dans son esprit : 35 ans. Ce n'était pas très long. Mais c'était innateignable, pour la personne qu'elle était pour l'instant. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait se produire en 2049. Ni même en 2048. Ni même simplement en 2015. Mais elle allait pouvoir y avoir accès maintenant. Un vertige la saisit. Est ce qu'elle voulait vraiment connaître son avenir ?

 Elle connaissait un certain nombre de documents sur le voyage dans le temps. Ou, même, simplement, sur le voyage dans le temps en esprit ; la voyance. Livres, films... Tout venait de Lucas. Ce sujet ne l'avait jamais particulièrement passionnée, en particulier parce que ça lui semblait complètement irréaliste. Einstein avait découvert que le temps se modifiait selon la gravité et fonctionnait en courbes, d'accord. Mais ça ne voulait pas dire que l'on découvrirait plus par la suite. Le temps lui paraissait sacré. Quelque chose d'incompréhensible et que l'on ne pouvait que sentir s'écouler par le fait que tout avançait toujours. C'était inimaginable, à ses yeux, de le prendre pour une matière, une route, que l'on pouvait parcourir dans tous les sens. Instinctivement, elle sentait une impossibilité à cela – c'était simplement finit .

 Mais, parce qu'elle aimait bien Lucas, elle avait accepté de lire les livres qu'il adulait passionément, feuilleter les bandes dessinées qu'il couvrait d'éloges, et passer des heures devant les films sur les boitiers desquels il projetait des regards émamourés. Et, malgré les signaux lancés par son cerveaux qui hurlaient « n'importe quoi », elle avait quand même retenu un certain nombre d'éléments. Elle s'était notamment aperçue quelque chose d'assez récurrent. Voir son futur était mauvais. Les personnages qui ne résistaient pas à la tentation finissaient invariablement par le regretter, ceux qui ne le faisaient pas prenaient leur décision à force de la crainte du risque qu'ils prendraient. Car, dès lors que l'on savait, les choses n'étaient plus pareil. Comment se battre par rapport à un objectif que l'on savait atteint ? Comment seulement y trouver de l'intérêt ? Et les catastrophes que l'on voyait venir, comment ne pas se torturer pour les éviter, quitte à les provoquer ? Tout cela paraissait bien peu engageant.

 Sauf que ce n'était pas son avenir. D'abord, elle doutait qu'Abby ait pu connaître la Ludmilla qui aurait dû vivre ces années-là. Elle venait d'un endroit où le mot « New York » était un puissant indicateur que leur chemin ne risquaient pas de se croiser, elle qui parlait anglais aussi bien que...que...C'était incomparable. Si elle connaissait quelque chose de son avenir, ce serait peut-être de vagues détails, quand à ce qu'il se passait dans le monde, rien de plus.

 Et puis, ensuite, elle ne vivrait jamais cet avenir. Le Dévoreur avait parlé de rentrer chez elle après en avoir finit avec tout ce qu'il s'annonçait – mais rien n'était moins sûr. Si son âge avançait trop, elle ne pourrait pas simplement pousser la porte et rentrer chez elle pour prétendre être l'adolescente qu'elle ne serait plus depuis longtemps. Elle ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour chercher Lucas, ni même pour que cette guerre se termine. D'ailleurs, comment se terminerait-elle ? Encore une chose à laquelle elle évitait de penser, parce que ça ne servait à rien. Et pour elle, qui n'était pas exactement une combattante hors pair, en voir la fin n'était peut être même pas envisageable. Non, non, je ne vais pas mourir là-bas. Et Lucas ? Mais d'ailleurs, quelles seraient les conséquences d'une telle guerre, avec pour opposants des entités dont les pouvoirs lui étaient inconnus ? Il fallait absolument qu'elle s'informe un peu plus. Elle avait assez profité de l'ivresse de faire quelque chose de merveilleux. C'était finit. Il n'était plus question d'éviter cette histoire. Se préparer sérieusement devait devenir sa priorité numéro un. Si je ne m'en sors pas...Qu'arrivera-t-il à Lucas ? Cette question se faisait de plus en plus pressante. Il ne fallait pas qu'elle échoue. Les enjeux étaient bien trop importants. Elle ne devait pas avoir peur d'un avenir qui n'arriverait jamais. Tout ce qui comptait à présent était son avenir véritable.

 Et d'ailleurs...Elle cligna des yeux. Oh, non, Ludmilla. Tu n'as pas fait ça ! Si. Elle s'était laissée absorber par ses pensées en pleine discussion. Mais quelle idiote ! Je vais passer pour une pauvre imbécile. Enfin, un pauvre imbécile. Mettant cela sur le compte de la fatigue, elle releva des yeux gênées. Elle avait dû faire une drôle de tête auparavant, car Abby ne lui avait rien dit pendant sa brève absence. Rapidement, elle se reprit :

– Désolé pour...euh...ça...C'est juste que...c'est dur à ..concevoir. Donc...Je ne sais pas si quoi que ce soit de ce que je pourrais dire pourrait être intéressant , car vous devez déjà le savoir. Mais je suis certaine …

 Oups !

– Je veux dire, certainement, euh, loin de connaître tout ce que vous avez vécu. Car pour moi...

 Elle se laissa tomber sur le lit derrière elle, les jambes tremblantes. Même si ce n'était pas son avenir à elle, même si elle ne le connaîtrait jamais comme elle aurait dû le connaître – et d'ailleurs, qui sait ? Elle aurait pu ne jamais le connaître- … C'était quelque chose qu'elle ne connaissait pas. C'était ce que le monde allait devenir. C'est pourquoi c'est toujours avec une expression fascinée qu'elle regarda finalement Abigail, comme elle achevait :

– Ce n'est pas encore arrivé.




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Message  Invité Sam 3 Jan - 16:26

Lou avait très justement fait remarquer que trente cinq années les séparaient. Puis il s’était plongé dans une longue et silencieuse réflexion intérieure, qui avait pour le moins fortement étonné Abigail. Elle - même était une adepte de la réflexion en apnée, plongeant souvent dans les profondeurs abyssales de sa mémoire. Ce n’était pas toujours des souvenirs joyeux qui remontaient. Et d’ailleurs, que le jeune homme parle de 2014 la secoua un peu. Après tout, elle n’était née que bien plus tard, soit en 2029… Elle observa Lou, pensive, se rendant compte qu’il était logiquement son aîné d’une trentaine d’année. Pourtant, il avait l’air plus jeune qu’elle. Elle sourit. Le voyage dans le temps et ses tours de magie, ça avait quelque chose de fascinant ! Puis doucement, une idée assez amère vint se glisser dans le fil de ses pensées. Si Lou avait vécu à la même époque que la blonde, il aurait surement le même âge que Franck. Une soudaine mélancolie s’empara d’elle. Elle aurait tellement aimé connaître les Leroy en famille soudée … Le visage de Vladimir vint interférer dans ses pensées. Abby fronça les sourcils, irritée de ne plus se souvenir du visage de son père. La Brittany adulte s’immisça à son tour, ses longues mèches blondes tombant sur ses épaules. La jeune femme baissa les yeux pour observer l’endroit où l’hallucination était apparue, en tailleurs près du lit. Quelques larmes sadiques lui picotaient les yeux. Elle les chassa bien vite alors que son nouveau compagnon de discussion émergeait doucement. Il s’excusa de l’absence momentanée. Abigail se retint de rire. Lui demandait – il réellement pardon pour s’être enfui dans ses pensées ? C’en était presque comique. De plus, elle trouvait que c’était une chose très agréable, que de voir quelqu’un capable de se taire pour réfléchir. Ses pensées volèrent distraitement jusqu’à Ann – Katrin, qui décidément n’était pas de ce genre là… Un sourire étira les lèvres pales de la Néo New Yorkaise. Lou avait l’air perdu entre fascination et effroi quand il parlait du futur. C’est mignon… Il se laissa tomber sur le lit, un peu fébrile. La blonde mit ça sur le compte du choc produit par ses prises de consciences. Elle l’observa encore un instant avant de proposer d’une voix douce :

- Je peux vous raconter, si vous voulez ?

A peine avait – elle prononcé ces mots, qu’elle les regretta amèrement. Qu’est ce que tu vas lui dire, Abby ! Tu es stupide ou quoi ? Elle venait seulement de se souvenir qu’une nouvelle guerre mondiale avait été déclarée, peu de temps avant que le docteur Stanzas n’ait la bonne idée de venir la sauver. Elle frissonna, se disant que si la tumeurs ne l’avait pas tuée, peut – être aurait – elle connu la guerre ? Elle se mordit l’intérieur de la joue. Quoi qu’il en soit, la guerre, elle savait ce que c’était. La guerre dans un être. Le déchirement qui secouait les âmes. Elle savait ce que c’était. Un peu fatiguée, Abby rejoignit Lou sur le lit. Elle se mit en tailleurs et s’adossa au mur. Lui raconter 2049 … Mais quelle idée étrange. Autant lui lire un de ces livres de science – fiction décrivant un monde post – apocalyptique … Elle allait lui décrire la fonte des glaces, les tsunamis de 2021, l’extinction des tigres de Sumatra, les poussées de violence relatées aux informations de la plateforme ? Et d’ailleurs, les plateformes, elle ne devait pas connaître. Elle ne savait surement pas, que tout le monde allait bientôt mourir de faim, et que seuls les privilégiés auraient une vie agréable. Abigail déglutit. Elle se rendit soudainement compte de la fortune colossale dont elle disposait, et qu’elle n’avait absolument jamais songé à partager. Pas par méchanceté. C’était seulement qu’elle n’avait pas réelle conscience de ce qu’était l’argent, puisqu’elle n’en avait jamais manqué. Elle baissa les yeux, un peu honteuse. Elle aurait du laisser ses cartes de crédit à Ann – Katrin. Elle poussa un soupir discret, de sorte que Lou ne le remarque pas. Puis se souvenant d’une unique et mémorable virée shopping avec son amie, elle secoua la tête et se félicita de ne l’avoir pas fait, sous peine d’être ruinée en moins d’une journée. Elle releva les yeux finalement, tirée de sa rêverie par la voix du jeune homme près d’elle.

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Targoviste : L'arrivée d' Abigail Empty Re: Targoviste : L'arrivée d' Abigail

Message  Invité Sam 3 Jan - 20:02

Par chance, la blonde ne lui avait pas tenu rigueur de s'être absentée quelques temps dans les profondeurs de son esprit. Mieux, elle lui proposait carrément de tout raconter. Il n'y avait même pas à hésiter.

– Oh, ce serait génial ! Merci !

 Mais la réponse ne fût pas celle qu'elle attendait. Plus exactement, son interlocutrice ne lui répondit pas. Elle la regardait – non, elle ne la voyait plus. Ses yeux étaient perdus dans le vague. Ludmilla l'observa avec inquiétude. Pourquoi ce silence soudain ? Qu'est ce qui empêchait Abigail de parler ? Elle mourrait d'envie de l'accabler de question, mais savait parfaitement que ce serait inutile. Si l'autre était perdue dans ses pensées, c'était pour une bonne raison. Et c'était sur cette bonne raison qu'elle s'interrogeait à présent. Et si elle hésitait à tout dire parce qu'elle savait qu'une chose horrible allait se produire ? Cette idée lui paraissait une explication beaucoup trop convaincante. Sous son poids, ses mains se crispèrent sur ses genoux tandis qu'elle baissait la tête. Elle commençait à ressentir celle qu'elle avait assez bien réussi à tenir à l'écart jusqu'ici ; la peur. Son poison s'infiltrait doucement dans ses pensées, s'enfonçait douloureusement dans son cœur, et y glissait une affreuse certitude.

 Elle sentit une brève secousse qui la sortit de cette désagréable sensation. Elle se tourna vers son origine, qui n'était autre qu'Abigail qui s'était assise sur le lit. Son visage ne semblait toujours pas conscient de ce qui l'entourait. Elle paraissait préoccupée par quelque chose. Ludmilla hésita. Devait-elle lui demander des réponses ? Est-ce que la jeune femme n'était pas occupée, après tout, exactement comme elle, quelques instants plus tôt ? Cette idée la rendit, étonnamment, heureuse, malgré la crainte sourde qui ne l'avait pas quittée. Elle ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi. C'était la même chose que quand elle était avec Lucas, Julie, son grand père, sa sœur, et quelques fois ses parents...L'impression d'une compréhension, d'un lien. C'était quelque chose qu'elle affectionnait presque malgré elle, parce qu'elle avait appris que ce n'était qu'une illusion, dont elle ne pouvait jamais être sûre. Mais c'était une sensation vraiment agréable.

 Et elle se rendit compte que ça lui avait manqué. Depuis que Lucas avait disparu, elle s'était peu à peu coupée du monde. Elle ne parvenait plus à écouter ceux qui l'entouraient. Ce qui ne pouvait pas aider Lucas l'énervait, et elle ne pouvait pas supporter une conversation banale tant ces mots lui apparaissent stupides. Tout était si inutile. Mais, maintenant qu'elle sentait qu'elle pouvait faire quelque chose, cet état n'était plus le sien. Elle n'avait plus à user ses pensées sur du vide. A présent, même si l'issue était ténue, elle pouvait faire quelque chose. La colère, avec son amie la peur, domestiquées, lui servaient d'énergie pour poursuivre ses recherches . Alors, de nouveaux, elle pouvait ressentir autre chose. Si elle cherchait Lucas, c'était peut-être aussi égoïstement. Quelque part, aussi, elle ne voulait pas le perdre plus, parce qu'elle voulait ressentir ce qu'elle percevait quand il était là, cette idée que l'on pouvait compter sur quelqu'un, parce que ce quelqu'un nous comprend.

 Et puis il y avait cette sensation de proximité avec Abigail, qui semblait d'ailleurs toujours en pleine réflexion. Cette sensation qui l'avait trompée plus d'une fois. Tu crois pas que tu vas un peu vite, là? se demanda-t-elle. Au fil des années, elle avait battit un bouclier de méfiance qui se plaçait devant elle chaque fois que quiconque l'approchait, parce qu'elle savait qu'ils risquaient de la décevoir. Il était très dur, même pour elle, de le briser, pour laisser passer ne serait-ce que quelques bribes de confiance. Pourtant, maintenant, elle éprouvait une sorte de vague sympathie pour cette fille qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes, comme si elle venait de retrouver une amie de longue date. Elle avait le sentiment qu'elle pouvait se fier à elle, elle qui ne se fiait pas à grand monde . C'était très bizarre. Troublée, elle se mordilla la lèvre. Elle détestait ne pas comprendre ce qu'il lui arrivait, et c'est pourquoi, pressée de mettre fin à cette impression étrange, elle se dépêcha de dire  Abby :

– Euh... Excusez moi ?

 Puis, par anticipation de la réaction qu'elle-même aurait pu avoir si on l'avait interrompu en pleine réflexion, elle se dépêcha d'ajouter :

– Je suis désolée de vous déranger...Vous deviez penser à quelque chose d'important..Mais je dois vous demander...Je ne sais pas si j'aurais jamais l'occasion d'en apprendre plus, et...

 Oui. Elle ignorait combien de temps elle avait à sa disposition pour parler avec l'inconnue. Elle ne savait même pas si elle réussirait à véritablement voyager dans le temps avant cette fichue guerre. Quand à ce qu'il se passerait après...S'il y en aurait un pour elle... Non, ce n'est pas le moment. Elle inspira profondément, pour chasser tout ce que ce qu'elle venait de dire impliquait, et, ayant réussi, continua :

– Et si vous savez quelque chose d'important, je...J'aimerais beaucoup que vous me le disiez. Même si c'est grave, ou horrible, ou je ne sais pas. Il y a des gens que je connais qui...Enfin, vous comprenez...Bref, j'aimerais savoir.

 Elle songea alors que c'était peut-être une autre raison qui empêchait la jeune femme de lui répondre. Elle n'y avait absolument pas pensé, mais , et si c'était quelque chose de traumatisant qu'elle lui demandait ? Elle aurait dû se rendre compte que c'était possible, pourtant. Après tout, elle avait envisagé que l'avenir puisse être atroce . Si c'était le cas, comment cela aurait pu ne pas toucher la personne en face d'elle ? Elle s'en était sentie proche – tu parles ! Elle n'avait pas du tout pris en compte ce que cette autre pourrait ressentir, elle. Ludmilla, tu es définitivement une imbécile. Une imbécile égoïste. se dit-elle avec dégoût. Elle se sentait soudain aussi mal que si elle avait causé du tort à l'un de ses amis. Elle croisa les bras, terriblement gênée. Cette fille acceptait gentiment de l'aider, elle lui était curieusement sympathique, et elle n'avait aucune envie de lui nuire. Pourtant, c'était peut-être ce qu'elle venait juste de faire. Elle murmura, sur un ton d'excuse :

– Oh...Enfin...Je...Si ça vous gêne de parler de...Pardon . Je devrais peut-être vous laisser tranquille.


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Message  Invité Dim 4 Jan - 1:32

Finalement, elle s’était laissée absorber par ses souvenirs, un peu trop.  Ça avait dû être long, car Lou l’avait rappelé à l’ordre. Il était très attentionné, car bien que montrant un intérêt tout particulier pour le futur dont elle venait, il s’était empressé de la rassurer sur sa liberté à conter ce qu’elle savait. Abigail s’était sentie touchée de l’attention.  Mais il insista sur le fait qu’il voulait savoir. Alors elle soupira. Oui. Oui peut – être qu’il méritait de savoir. Un garçon aussi jeune que lui ne pouvait avoir décidé de voyager dans le temps que pour une excellente raison, et celle – ci était certainement un mal de son époque. Abigail ne put s’empêcher de penser avec amusement que ça avait peut – être à voir avec ses longs cheveux qu’il avait coupés. Oui, décidément, c’était un droit pour quiconque que de savoir jusqu’où la bêtise humaine allait les mener. Elle posa un regard infiniment triste sur le jeune homme, mais lui sourit tout de même, pour ne pas trop l’inquiéter. Il était si gentil avec elle… Ça lui donnait chaud au cœur.

- C’est adorable, mais je vais vous raconter si cela vous tien à cœur. Mais c’est un peu dur, je pense qu’il faut vous le sachiez.

Elle tourna la tête vers la fenêtre.

- Remarquez, vous êtes un homme. Vous ne comprendrez surement pas mes états d’âme …

Elle frissonna. Soudainement, elle se demanda pourquoi elle avait dit une chose si stupide. Pourquoi Lou ne comprendrait – il pas ? Il ne semblait pas être le genre de garçon à prendre les femmes de haut. Elle esquissa un sourire.

- Pardon. Je n’aurais pas dû dire ça. C’est seulement que … Les seules hommes à qui j’ai pu parler de notre situation me disent que je m’en fais trop.

Elle haussa les épaules. Puis délaissant finalement sa contemplation de la fenêtre, elle retourna le visage vers Lou, qui avait froncé les sourcils.

- Tu es en 2014, c’est ça hein ? Et bien, commença Abby dans un sourire énigmatique, d’ici euh … Deux ans, tu … Enfin, ton « monde » va être secoué par un nouveau genre de musique. On appelle ça le « Daffy » … Parce que c’est … Un peu fou, tu vois ?

Abigail se surprit à se redresser, se sentant étrangement mieux. Elle n’aurait jamais cru que repenser à son père et surtout en parler à quelqu’un pouvait devenir aussi … plaisant

- Le groupe qui va inventer cette musique s’appelle Black Toy. Je suppose que tu t’en fiches pas mal, mais je me permets de te demander d’acheter un disque, si tu en as l’occasion. Le chanteur du groupe s’appelle Frank Leroy. Il a le même âge que toi, à ton époque ! Et euh …

Abby eut un petit rire nerveux. Elle glissa une main dans ses cheveux.

- C’est accessoirement mon père.

Elle jaugea la réaction de Lou. Le jeune homme, étrangement, semblait intéressé du détail, et l’encouragea même à continuer son histoire.

- Ça c’était pour le côté sympa. Mais je crains que la suite ne soit pas aussi amusante. Il va y avoir une croissance démographique énorme. Le problème, c’est que la planète va s’épuiser. De là d’où je viens, j’ai la chance de vivre sur ce que l’on a appelé une « Néo cité ».  C’est à dire que… Je fais partie des privilégiés, tu vois ? Sans ça, je n’aurais très certainement pas de quoi manger à ma faim. Ni une vie très agréable. Le climat va changer. Il va faire très chaud. Sur les Néo cités, nous sommes protégés par un dôme qui régule la température. Et puis il y a aussi les combinaisons thermiques … J’ai la mienne, si tu veux je te montrerais. Elles sont faites d’un matériau intelligent qui … Oh non, c’est pas important… Euhm … Il y a … Ah oui il y a ça aussi.

Abigail hésita. Fallait – il tout lui dire ? Elle observa les yeux pétillants de Lou. Non. Non, même s’il avait le droit de savoir, elle ne se sentait pas le cœur de briser l’innocence qu’elle voyait, dans ses yeux là. Ils étaient si beaux, ses yeux. Ils ressemblaient à ceux de Brittany. Ils brillaient de curiosité, ils pétillaient d’intelligence et de gentillesse. D’amour ? Elle avait bien trop peur de briser cela, en lui annonçant ce qu’elle savait, bien que ce ne soit que très peu, étant donné qu’elle n’avait jamais vraiment fait attention à ce qu’il se passait autour d’elle. Alors elle se résigna à omettre le plus horrible.

- Les gens s’entretuent un peu partout, à cause du racisme. C’est encore vague, mais les spécialistes disent que ça pourrait empirer. Tu vois, c’est pas bien beau chez moi. Mais je ne fais que survoler tous ces détails, il y a peut être des questions précises que tu voudrais me poser ? Je te préviens tout de suite, les voitures volantes n’ont pas encore été mises en vente !

Elle gloussa, mais son allusion à la science – fiction ne sembla marquer Lou. Il se mordit la lèvre inférieure. Abby attrapa machinalement ses cheveux qu’elle divisa en trois grosses mèches, et qu’elle commença à tresser. Son invité avait l’air en proie à un violent combat intérieur, qui faisait encore plus pétiller ses yeux. Abigail se demandait quelles questions allaient passer la barrière de ses lèvres …

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Message  Le Dévoreur de temps Dim 25 Jan - 21:59

Bonsoir Ludmilla & Abigail

Une possibilité de rebondissement vous est offerte [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Vous êtes libres de l'ignorer ou d'y prendre part. Je modifierai la fin de mon message en fonction.

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